Jacques Frédéric Kirstein

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Jacques Frédéric Kirstein
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Jacques Frédéric Kirstein, né le 25 mai 1765 à Strasbourg et mort le 4 juin 1838 dans la même ville, est un orfèvre en argenterie et ciseleur actif à Strasbourg au début du XIXe siècle[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils de l'orfèvre Jean-Jacques Kirstein, il effectue son apprentissage chez Georges Frédéric Imlin et chez son père. Il s'installe en 1795 et se marie la même année à Strasbourg avec Suzanne Barbe Kraemer (1774-1807), la fille d'un orfèvre en argenterie, Carl Philipp Kraemer. Le couple a quatre enfants, dont Joachim-Frédéric Kirstein. Après son veuvage, il se remarie en 1808 avec sa cousine Marie Louise Griesinger (1780-1845), fille de pasteur. Ils ont deux enfants, dont le peintre Gustave Adolphe Kirstein[1].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Dans l'atelier paternel il a appris le travail des métaux, puis se tourne vers la ciselure. Habile dessinateur, il fait de rapides progrès et sa réputation devient bientôt européenne. S'étant formé lui-même par le travail et l'observation, il n'a pas eu l'occasion de voyager pour étudier les chefs-d'œuvre de l'Antiquité, une lacune de son éducation artistique qu'il a souvent regrettée. Il aborde néanmoins le genre classique en concevant des vases et des coupes monumentales"[2].

Par ailleurs, c'est un grand chasseur, amateur de courses pédestres dans les Vosges et la Forêt-Noire, il puise volontiers ses modèles dans la nature, les paysages et les animaux pris sur le vif. Ces sujets pittoresques lui servent à orner tabatières, médaillons et broches, ouvrant ainsi une approche originale[2].

Collections[modifier | modifier le code]

Cabinet des estampes et des dessins de Strasbourg[modifier | modifier le code]

Le cabinet des estampes et des dessins de Strasbourg détient de nombreux dessins d'orfèvrerie : particulièrement des scènes de chasse, des animaux, des cavaliers, mais aussi des coupes, des vases et divers motifs décoratifs[3].

Musée historique de Strasbourg[modifier | modifier le code]

Le musée historique de Strasbourg expose les clés de la Ville de Strasbourg présentées à Napoléon lors son entrée dans la ville le 22 janvier 1806, à son retour d'Austerlitz, puis à Charles X en 1829, à Napoléon III en 1852, également au président Poincaré en 1918. Réalisées par Jacques Frédéric Kirstein vers 1805, elles sont couchées sur un coussin de velours rouge, lui-même déposé sur un présentoir dû à François Daniel Imlin. Les deux illustres dynasties d'orfèvres strasbourgeois, les Kirstein et les Imlin, sont ainsi représentées[4].

Le même musée présente une coupe offerte par les habitants de Strasbourg en reconnaissance des services rendus par le préfet du Bas-Rhin, Adrien de Lezay-Marnésia (1769-1814), pendant le blocus de 1814[5].

Musée des Arts décoratifs de Strasbourg[modifier | modifier le code]

Le musée des Arts décoratifs de Strasbourg conserve son chef-d'œuvre, un grand vase couvert d'une hauteur de 75 cm. Le piédouche porte la signature et la date « Composé et exécuté par Kirstein Orfèvre à Strasbourg 1825 ». Le bas-relief est également signé : « par Kirstein d'après Thorwaldson ». L'artiste strasbourgeois copie en effet la frise en stuc, très connue à l'époque, que Thorvaldsen réalisa en 1812 pour l'appartement de Napoléon dans le palais du Quirinal à Rome. Elle représente le triomphe d'Alexandre le Grand à Babylone. La ville de Strasbourg acquiert aussitôt ce vase qui est présenté comme pièce d'apparat à l'hôtel de ville. Kirstein l'expose à Paris, au salon de 1834, où il est salué par le public, notamment pour les techniques manuelles traditionnelles utilisées. Le vase revient au musée en 1842[6].

Le MAD expose également une saucière sur son présentoir, une cafetière[7], une paire de salières[8], deux coupes couvertes avec leur plateau, l'une de 1815[9], l'autre de 1821[10], une pipe et son cure-pipe dans leur gainage d’origine[11], deux calices et leur patène[12], une boîte à hosties de 1838, attribuée à Jacques Frédéric ou à Joachim Frédéric[13], une pince à gâteaux ciselée et gravée[14].

Le musée présente également des bas-reliefs ciselés représentant des animaux ou des sujets de chasse[1], tels que La Remise de chevreuils[15] ou Le Brame du cerf[16], dont s'inspira aussi Charles Raeuber.

Les collections du musée des Arts décoratifs de Strasbourg comprennent en outre un album de dessins, la médaille d’or qui lui a été décernée au Salon de 1810, ainsi qu'une étiquette de firme imprimée en or sur papier violet foncé avec la mention « Ciselure au repoussé, Médaille d’or 1834[1]».

De nombreuses autres pièces sont conservées dans des collections particulières.

Postérité[modifier | modifier le code]

Le nom d'une rue de Strasbourg rappelle la place de la famille Kirstein dans la vie artistique de la ville[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Jean-Daniel Ludmann, « Kirstein (Kirstenstein dit) », Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 21, p. 1973, [lire en ligne]
  2. a et b René Ménard, « Les Kirstein », L'Art en Alsace-Lorraine, Paris, Baulle et Delagrave, 1876, p. 173-175, lire en ligne sur Gallica
  3. « Kirstein Jacob Friedrich (dessinateur, orfèvre) », base Joconde [1]
  4. « Clés de la Ville de Strasbourg et leur présentoir », Musées de la Ville de Strasbourg [2]
  5. Louis Spach, Adrien comte de Lezay-Marnésia, préfet du Bas-Rhin, Huder, 1854, p. 78
  6. « Vase (à couvercle) », Musée des Arts décoratifs de Strasbourg, base Joconde [3]
  7. « Cafetière », MAD de Strasbourg, base Joconde [4]
  8. « Salière (2) », MAD de Strasbourg, base Joconde [5]
  9. « Coupe (à couvercle), présentoir », MAD de Strasbourg, base Joconde [6]
  10. « Coupe (à couvercle), présentoir », MAD de Strasbourg, base Joconde [7]
  11. « Pipe », MAD de Strasbourg, base Joconde [8]
  12. « Calice, patène (2) », MAD de Strasbourg, base Joconde [9]
  13. « Boîte à hostie », MAD de Strasbourg, base Joconde [10]
  14. « Pince à gâteaux », MAD de Strasbourg, base Joconde [11]
  15. « Tableau, relief », MAD de Strasbourg, base Joconde [12]
  16. « Tableau, relief », MAD de Strasbourg, base Joconde [13]
  17. Maurice Moszberger, Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Barr, Le Verger éditeur, 2012, p. 226

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Jacques-Frédéric Kirstein » (notice biographique), Album alsacien, 24 juin 1838
  • Jean-Daniel Ludmann, « Kirstein (Kirstenstein dit) », Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 21, p. 1973, [lire en ligne]
  • Hans Haug, Le siècle d’or de l’orfèvrerie strasbourgeoise, Paris, 1964
  • Hans Haug, L'orfèvrerie de Strasbourg dans les collections publiques françaises (tome 22 de l'Inventaire des Collections publiques françaises), Éditions des Musées nationaux, Palais du Louvre, , 225 p. (ISBN 9782711800742, lire en ligne)
  • Étienne Martin (dir.), Deux siècles d'orfèvrerie à Strasbourg : XVIIIe – XIXe siècles dans les collections du musée des Arts décoratifs, Musées de Strasbourg, , 304 p. (ISBN 978-2901833802)
  • René Ménard, « Les Kirstein », L'Art en Alsace-Lorraine, Paris, Baulle et Delagrave, 1876, p. 173-175, lire en ligne sur Gallica
  • Édouard Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, F. Sutter, Rixheim, 1909-1910, tome 2 (KZ), p. 33 lire en ligne sur Gallica

Articles connexes[modifier | modifier le code]