Élections fédérales suisses de 1908

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Élections fédérales suisses de 1908
167 sièges du Conseil national
(Majorité absolue : 84 sièges)
44 sièges du Conseil des États
(Majorité absolue : 23 sièges)
Type d’élection Élections législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits 809 508
Votants 426 752
52,7 % en diminution 3,8
Parti radical-démocratique
Voix 202 732
50,9 %
en augmentation 1,7
Députés élus 105 en augmentation 1
Sénateurs élus 25 en augmentation 1
Parti populaire catholique
Voix 81 733
20,5 %
en diminution 2
Députés élus 35 en stagnation
Sénateurs élus 16 en stagnation
Parti socialiste suisse
Voix 70 003
17,6 %
en augmentation 2,9
Députés élus 7 en augmentation 5
Sénateurs élus 0 en stagnation
Libéraux Modérés
Voix 23 597
5,9 %
en diminution 0,8
Députés élus 15 en diminution 4
Sénateurs élus 1 en stagnation
Parti démocratique
Voix 14 414
3,6 %
en diminution 0,8
Députés élus 5 en diminution 1
Sénateurs élus 2 en augmentation 1
Conseil national
Diagramme
Conseil des États
Diagramme2

Les élections fédérales suisses de 1908 se sont déroulées le . Ces élections permettent d'élire au système majoritaire les 167 députés répartis sur 49 arrondissements électoraux eux-mêmes répartis sur les 22 cantons, siégeant au Conseil national (chambre basse), pour une mandature de trois ans.

Le corps électoral composé de citoyens ayant droit de cité élit désormais directement les membres du Conseil des États dans les cantons d'Appenzell Rhodes-Extérieures, d'Appenzell Rhodes-Intérieures, de Glaris, de Nidwald et d'Obwald et d'Uri (à travers la Landsgemeinde), et à l'urne dans les cantons d'Argovie, Bâle-Campagne, de Bâle-Ville, de Genève, des Grisons, de Lucerne, de Schwytz, de Soleure, du Tessin, de Thurgovie, de Zoug et de Zurich. Dans les 4 autres cantons, les élections au Conseil des États sont quant à elles toujours non régulées et certains cantons ont renouvelé leurs Sénateurs parfois plusieurs fois sur les trois années écoulées. Dans ces 4 autres cantons, les Conseillers aux États continuent d'être élus, nommés ou désignés par les Grands Conseils, et ce à des dates variables.

Depuis 1905, le contraste entre les Radicaux et les Socialistes marque la vie politique du pays. Dès lors, les Radicaux sont obligés de prendre en compte des politiques publiques sociales notamment en préconisant une législation complète en matière de sécurité sociale. Toutefois, l'Assurance-vieillesse et survivants (AVS) ne sera réellement actée que bien des années plus tard en 1946. En raison d'un début de récession, plus de 200 grèves eurent lieu entre 1905 et 1908. Dès lors, l'aile gauche du PRD prônait la liberté d'association et la création d'un tribunal arbitral ce qui a eu pour effet de provoquer immédiatement une résistance de l'aile droite du parti. De plus, les gouvernements cantonaux de Zurich, Berne et des Grisons avaient promulgué des lois anti-grève, ce qui eut pour effet d'exacerber les tensions entre Socialistes et Radicaux[1].

En outre, l'utilisation de l'armée pour mater les grèves, ce qui était principalement une réaction excessive des autorités locales dépassées par ces nouvelles grèves de masse, conduit à une méfiance de l'armée de la part des Socialistes. Beaucoup de militaires socialistes refusèrent de servir, ce qui permit aux Radicaux de qualifier leurs adversaires socialistes d'être anti-patriotiques. Dans le camp catholique-conservateur, ces derniers ont exhorté l'aile chrétienne-sociale de soutenir un syncrétisme entre entrepreneuriat et monde ouvrier, ce qui les rapprocha des Démocrates[2].

Pour la vingt-et-unième fois consécutive et ce depuis 1848, le Parti radical-démocratique (centre), remporte le scrutin fédéral avec 105 sièges (+1) et dépasse la moyenne avec 50,9 % des voix (+1,7 %). Ce sont à nouveau les vainqueurs incontestables de ces élections, en remportant tant le vote populaire que le nombre de sièges, et conservent ainsi la majorité absolue gagnée en 1881. Le Parti socialiste suisse obtient quant à lui 7 sièges (+5 ce qui fait le plus grand gain de sièges) mais paradoxalement, avec 16,6 % des voix (+2,9 %), s'il obtient la meilleure progression en nombre de voix et dépasse désormais le Parti démocratique, il se rapproche du Parti populaire catholique en nombre de voix mais reste loin derrière le PPC en nombre de sièges (35).

Ces élections ont débouché sur la 21e Législature qui s'est réunie pour la première fois le .

Sur les 809 508 hommes âgés de 20 et plus et ayant droit de cité, 426 752 d'entre eux prirent part à ce scrutin, ce qui représente un taux de participation de 52,7%[3] (-3,8 %).

Le taux de participation le plus élevé est dans le canton d'Argovie où 83,1 % de la population se rend aux urnes, dépassant ainsi le canton de Schaffhouse où le vote obligatoire fait déplacer 80 % du corps électoral (-16 %). À l'inverse, dans le canton de Zoug, seulement 16,1 % du corps électoral prend part au vote.

Législature 1908 - 1911[modifier | modifier le code]

Les liens (et couleurs) renvoient sur les partis héritiers actuels.

Formations («Partis») Sigles Tendances politiques Sièges au CN[4] Sièges au CE [5]
Parti radical-démocratique PRD radical, centre 105 25
Parti populaire catholique PPC conservateur catholique, droite 35 16
Libéraux Modérés LM libéral, centre 15 1
Parti socialiste PSS marxiste[6] 7 -
Parti démocratique DEM progressiste, gauche 5 2

Les élections au CE étant du ressort des cantons, les chiffres ne reflètent que les apparentements lors de la première journée de la Législature.

Résultats au Conseil national dans les cantons[modifier | modifier le code]

Canton Total Parti socialiste Parti démocratique Parti radical-démocratique Libéraux Modérés Parti populaire bernois Parti populaire catholique
Zurich 22 2 (+2) 0(-1) 18 2 (-1) - -
Berne 29 1 (+1) - 24 2 0 (-1) 2
Lucerne 7 - - 4 - - 3
Uri 1 - - - - - 1
Schwytz 3 - - 1 - - 2
Nidwald 1 - - - - - 1
Obwald 1 - - - - - 1
Glaris 2 - 2 - - - -
Zoug 1 - - 1 - - -
Fribourg 6 - - 1 - - 5
Soleure 5 - - 4 - - 1
Bâle Campagne 3 - 1 2 - - -
Bâle-Ville 6 1 - 3 2 - -
Schaffhouse 2 - - 2 - - -
Rhodes-Extérieures 3 1 (+1) - 2 (-1) - - -
Rhodes-Intérieures 1 - - - 0 (-1) - 1 (+1)
Saint Gall 13 1 1 5 - - 6
Grisons 5 - - 3 1 - 1
Argovie 10 - - 7 0 (-1) - 3 (+1)
Thurgovie 6 - 1 4 - - 1
Tessin 7 1 (+1) - 5 - - 1 (-1)
Vaud 14 - - 11 (+1) 3 (-1) - -
Valais 6 - - 1 - - 5
Neuchâtel 6 - - 5 1 - -
Genève 7 - - 3 (+1) 4 - 0 (-1)
167 7 (+5) 5 (-1) 105 (+1) 15 (-4) 0 (-1) 35 (±)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Erich Gruner: «Die Wahlen in den Schweizerischen Nationalrat 1848–1919» Tome 1, Deuxième partie, p. 768–769, Ed. Francke, Berne 1978, (ISBN 3-7720-1443-7)
  2. Erich Gruner: «Die Wahlen in den Schweizerischen Nationalrat 1848–1919» Tome 1, Deuxième partie, p. 770-772, Ed. Francke, Berne 1978, (ISBN 3-7720-1443-7)
  3. Erich Gruner: «Die Wahlen in den Schweizerischen Nationalrat 1848–1919» Tome 3, p. 369, Ed. Francke, Berne 1978, (ISBN 3-7720-1443-7)
  4. Élections au Conseil national 1848 - 1917: répartition des mandats par parti ou par orientation politique, Office fédéral de la statistique, consulté le 26 juin 2015
  5. Banque de données recensant les membres des conseils depuis 1848, Assemblée fédérale, consulté le 22 juillet 2015
  6. « Lang, Otto » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.