Élections fédérales suisses de 1896

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Élections fédérales suisses de 1896
147 sièges du Conseil national
(Majorité absolue : 74 sièges)
44 sièges du Conseil des États
(Majorité absolue : 23 sièges)
Type d’élection Élections législatives
Corps électoral et résultats
Inscrits 713 367
Votants 398 625
55,9 % en diminution 2,5
Parti radical-démocratique
Voix 181 028
48,7 %
en augmentation 6,9
Députés élus 86 en augmentation 12
Sénateurs élus 24 en augmentation 4
Parti populaire catholique
Voix 85 484
23,0 %
en augmentation 3
Députés élus 30 en augmentation 1
Sénateurs élus 15 en stagnation
Libéraux Modérés
Voix 54 012
14,5 %
en diminution 2,3
Députés élus 23 en diminution 4
Sénateurs élus 1 en diminution 2
Parti socialiste suisse
Voix 25 304
6,8 %
en augmentation 0,9
Députés élus 1 en stagnation
Sénateurs élus 0 en diminution 1
Parti démocratique
Voix 19 946
5,4 %
en diminution 4,9
Députés élus 7 en diminution 9
Sénateurs élus 1 en diminution 1
Droite Évangélique
Voix 0
0,0 %
en diminution 4,4
Députés élus 0 en stagnation
Sénateurs élus 1 en stagnation
Conseil national
Diagramme
Conseil des États
Diagramme2

Les élections fédérales suisses de 1896 se sont déroulées le . Ces élections permettent d'élire au système majoritaire les 147 députés répartis sur 52 arrondissements électoraux eux-mêmes répartis sur les 22 cantons, siégeant au Conseil national (chambre basse), pour une mandature de trois ans.

Le corps électoral composé de citoyens ayant droit de cité élit désormais directement les membres du Conseil des États dans les cantons d'Appenzell Rhodes-Extérieures, de Glaris, de Nidwald et d'Obwald et d'Uri et pour la première fois dans le canton d'Appenzell Rhodes-Intérieures (à travers la Landsgemeinde), et à l'urne dans les cantons de Bâle-Campagne, de Bâle-Ville, de Genève, des Grisons, de Soleure, du Tessin, de Thurgovie, de Zoug et de Zurich. Dans les 7 autres cantons, les élections au Conseil des États sont quant à elles toujours non régulées et certains cantons ont renouvelé leurs Sénateurs parfois plusieurs fois sur les trois années écoulées. Dans ces 7 autres cantons, les Conseillers aux États continuent d'être élus, nommés ou désignés par les Grands Conseils, et ce à des dates variables.

Ces élections sont les premières où le nombre de partis organisés est supérieur à de vagues alliances entre obédiences concordantes. En effet, après le Parti démocratique suisse (1867) et le Parti socialiste suisse (1888), c'est au tour de l'Union conservatrice de se muer en Parti populaire catholique[1] en 1894. C'est également en 1894 que les Radicaux actent la création officielle d'une structure fédérale partisane au sein du Parti radical-démocratique[2]. Seuls les Libéraux Modérés ne sont pas encore officiellement constitués en parti.

Les campagnes référendaires des votations du , c'est-à-dire trois semaines avant les élections, ont influencé la campagne électorale dans une large mesure. Les trois sujets ont été très controversés. La Loi fédérale sur les peines disciplinaires dans l'armée suisse fut nettement rejetée (NON à 80,1 %), de même que la Loi fédérale sur la garantie des défauts dans le commerce des bestiaux (NON à 54,5 %) alors que la Loi fédérale sur la comptabilité des chemins de fer fut approuvée à 55,8%[3]. Les Radicaux avaient estimé que le nombre croissant de référendums et d'initiatives populaires présentés à la fois par la droite et l'opposition de gauche était un obstacle à la réussite du développement de l'État. Afin de contrer la concurrence croissante du Parti socialiste mais également de nouveaux groupes d'intérêt économique tels que les agriculteurs et les commerçants, les Radicaux estimèrent qu'une organisation à l'échelon national était devenue indispensable, d'où la création en 1894 du Parti radical-démocratique (PRD).

Le PRD se vit alors comme un parti populaire centriste, puisqu'il recouvrait une partie de l'électorat de la droite du Parti démocratique suisse à sa gauche et de l'aile gauche des libéraux modérés à sa droite[4].

Pour ces élections depuis 1848, les Radicaux, sous la nouvelle bannière du Parti radical-démocratique (centre-gauche), remportent pour la dix-septième fois consécutive le scrutin fédéral avec 86 sièges (+12) et 48,7 % des voix (+6,9 %). Ce sont à nouveau les vainqueurs incontestables de ces élections, en remportant tant le vote populaire que le nombre de sièges, et conservent ainsi la majorité absolue gagnée en 1881. Le Parti socialiste suisse n'obtient quant à lui qu'un seul siège mais avec 6,8 % des voix (+0,9 %), il dépasse en nombre de voix le Parti démocratique, grand perdant de ces élections avec ses 7 sièges (-9) mais n'ayant récolté que 5,4 % (-4,9 %) du vote populaire.

Ces élections ont débouché sur la 17e Législature qui s'est réunie pour la première fois le .

Sur les 713 367 hommes âgés de 20 et plus et ayant droit de cité, 398 625 d'entre eux prirent part à ce scrutin, ce qui représente un taux de participation de 55,9%[5] (-2,5 %).

Le taux de participation le plus élevé est dans le canton de Nidwald avec 90,3 %, dépassant de peu le résultat de la participation dans le canton de Schaffhouse où le vote obligatoire fait déplacer 89,3 % du corps électoral (-2,2 %). À l'inverse, dans le canton d'Obwald, seulement 21,4 % du corps électoral prend part au vote.

Législature 1896 -1899[modifier | modifier le code]

Les liens (et couleurs) renvoient sur les partis héritiers actuels.

Formations («Partis») Sigles Tendances politiques Sièges au CN[6] Sièges au CE [7]
Parti radical-démocratique PRD radical, centre-gauche 86 24
Parti populaire catholique PPC conservateur catholique, droite 30 15
Libéraux Modérés LM libéral, centre 23 1
Parti démocratique DEM progressiste, gauche 7 1
Parti socialiste PSS socialiste 1 -
Droite Évangélique DE Conservateurs réformés, Droite - 1
Vacant - n/a - 2

Les élections au CE étant du ressort des cantons, les chiffres ne reflètent que les apparentements lors de la première journée de la Législature.

Résultats au Conseil national dans les cantons[modifier | modifier le code]

Canton Total Parti socialiste Parti démocratique Parti radical-démocratique Libéraux Modérés Parti populaire catholique
Zurich 17 0 (-1) 2 (-7) 9 (+9) 6 (-1) -
Berne 27 - - 25 (-1) - 2 (+1)
Lucerne 7 - - 2 - 5
Uri 1 - - - - 1
Schwytz 3 - - - - 3
Nidwald 1 - - - - 1
Obwald 1 - - - - 1
Glaris 2 - 1 (+1) 1 (-1) - -
Zoug 1 - - 1 (+1) - 0 (-1)
Fribourg 6 - - 1 0 (-1) 5 (+1)
Soleure 4 - - 3 0 (-1) 1 (+1)
Bâle Campagne 3 - 1 2 - -
Bâle-Ville 4 1 (+1) 0 (-2) 2 (+2) 1 (-1) -
Schaffhouse 2 - - 2 - -
Rhodes-Extérieures 3 - - 3 (+3) 0 (-3) -
Rhodes-Intérieures 1 - - - 1 -
Saint Gall 11 - 2 3 1 5
Grisons 5 - 1 0 (-1) 3 (+1) 1
Argovie 10 - - 7 (+1) 2 1 (-1)
Thurgovie 5 - 0 (-1) 2 (-1) 3 (+2) -
Tessin 6 - - 6 - -
Vaud 12 - - 9 3 -
Valais 5 - - 1 - 4
Neuchâtel 5 - - 4 (-1) 1 (+1) -
Genève 5 - - 3 (+1) 2 (-1) -
147 1 (±) 7 (-9) 86 (+12) 23 (-4) 30 (+1)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Parti démocrate-chrétien (PDC) » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  2. « Parti radical-démocratique » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
  3. Votation populaire du 04.10.1896, Chancellerie fédérale, consulté le 25 juin 2015
  4. Erich Gruner: «Die Wahlen in den Schweizerischen Nationalrat 1848–1919» Tome 1, Deuxième partie, p. 738, Ed. Francke, Berne 1978, (ISBN 3-7720-1443-7)
  5. Erich Gruner: «Die Wahlen in den Schweizerischen Nationalrat 1848–1919» Tome 3, p. 369, Ed. Francke, Berne 1978, (ISBN 3-7720-1443-7)
  6. Élections au Conseil national 1848 - 1917: répartition des mandats par parti ou par orientation politique, Office fédéral de la statistique, consulté le 25 juin 2015
  7. Banque de données recensant les membres des conseils depuis 1848, Assemblée fédérale, consulté le 22 juillet 2015