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Utilisateur:Goubault/Brouillon

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Edme Jean Alfred Goubault, dit Edmond, Capitaine au long cours[modifier | modifier le code]

Edme Jean Alfred Goubault

Edmond est né le 22 février 1864 à Dampierre-sur-Salon en Haute-Saône. Son père, Edme Jean, était un Notaire établi à Dampierre mais qui a dû officier à Troyes. Sa mère s'appelait Françoise Amicie Villefranche; ils se sont mariés à Gray le 18 septembre 1853. Edmond fût le dernier de 4 enfants et le seul garçon; ses soeurs se prénommaient Marthe, Marie et Anna.

Vers l'âge de 16 ans, il quitte le domicile familial. Ne s'entendait-il pas avec son père, au caractère difficile, pour partir si jeune ? Toujours est-il que son premier embarquement répertorié remonte à 1880 comme pilotin sur l’« Amiral-Jurien-de-la-gravière ». Puis en 1882, il est morier sur le « Josselin », un navire de commerce de 448 tonneaux; ces deux bateaux sont rattachés au port de Nantes.

Sur sa feuille individuelle aux Messageries Maritimes[1], il est indiqué que Edmond fit 53 mois au service de l'Etat (service militaire dans l'artillerie à Clermont-Ferrand), puis 73 mois au commerce; il est matelot, timonier puis capitaine d'armes, gravissant les échelons grâce aux concours internes. Il fit 15 voyages de St Nazaire à Colon comme capitaine d'armes à la Compagnie Transatlantique sur le « France », l' « Actif » et le « Washington » de 1888 à 1892.

Début de carrière[modifier | modifier le code]

Du 13 au 16 février 1893, il passe l'épreuve théorique de l'examen de Capitaine au long cours. Il est reçu premier sur 6 parmi 13 candidats. Le 28 mars, il obtient son brevet. Son ambition est d'entrer aux Messageries Maritimes, mais il doit accomplir 6 mois de stage qui sont exigés par cette compagnie pour être apte à un poste d'officier.

Du 16 mai 1893 au 31 octobre 1893, il est lieutenant et second sur les vapeurs « Languedoc » et « Touraine » de la Société Générale des Transports de Marseille.

Sur le « Languedoc », il assure alors des liaisons entre l'Afrique du nord et l'Arabie via le canal de Suez, transportant des pèlerins de et vers La Mecque. Le voyage dure 2 mois et sur place, pendant le pèlerinage, il fait du cabotage.

Les conditions de ces voyages sont assez pénibles car de nombreux pèlerins sont victimes du choléra (il nous les décrit « sales et remplis de vermine ») et doivent être jetés à la mer, quand ils embarquent (Il en manque cent à l'embarquement). Mais fataliste, il préfère encore cela au risque des fièvres des Antilles.

Plus tard, sur le « Touraine », il effectue le service hebdomadaire entre Marseille et Philippeville, au départ de Marseille tous les dimanches à 14h00. Il se plaint du service difficile car il est souvent en mer et passe des nuits blanches. Malgré ces conditions de voyage, il se dit qu'il devrait emmener lors d'un de ces voyages son neveu Maurice afin de lui faire visiter l'Algérie.

Mais à la fin d'octobre la compagnie est au bord de la faillite et ses navires sont désarmés. Edmond doit chercher un nouvel embarquement pour compléter son stage.

A la suite d'une nouvelle disposition gouvernementale du 15 septembre qui instaure deux classes dans la profession de capitaine au long cours, il envisage de passer au printemps l'examen de 1ère classe. Il pense que cet examen ne devrait pas être trop difficile et que cela lui sera favorable pour l'avenir.

Le 17 ou le 18, il se rend au Havre et de là il se rend à Rouen où il embarque comme lieutenant sur le « Sephora Worms » de la « Worms Josse & Cie » qui doit faire du cabotage de Bordeaux à Hambourg en passant par Anvers.

Du 24 novembre 1893 au 16 janvier 1894, il est Lieutenant sur les vapeurs de la maison Worms du Havre.

Aux Messageries Maritimes[modifier | modifier le code]

Le 12 mars 1894, il est en escale à Marseille où il loge chez M. Carbon, 82 boulevard La Major. Il écrit enfin au directeur des Messageries Maritimes pour solliciter un poste. Sans doute dépose-t-il la lettre lui-même car elle porte un tampon de la compagnie avec la date du même jour. Le directeur lui répond favorablement et le 28 avril 1894, il obtient un poste de lieutenant stagiaire avec un traitement de 1800 francs.

Il embarque alors comme passager sur le « Saghalien » qui assure la liaison entre l'Europe et Singapour. Il voyage en première classe, jouissant des plaisirs culinaires en compagnie de l'état-major du navire qui l'accueille avec bienveillance. Sachant que son séjour en Extrême-Orient sera long, il envisage sérieusement d'apprendre l'anglais et même le malais.

Le vapeur Godavéry vers 1895

Pendant plusieurs mois, il navigue à bord du vapeur « Le Godavéry » qui assure la ligne de Batavia. Son service lui procure de nombreux loisirs qu'il occupe en allant chasser en compagnie du médecin du bord. Il apprécie grandement la ville de Singapour, mais il trouve la vie chère. Il pense à faire commerce de corail en espérant faire voyager la marchandise à peu de frais. En octobre 1894, en l'absence de deux officiers du pont et du commissaire, il assure brillamment les fonctions de second. Mais surtout, le navire semble avoir eu des problèmes et doit faire escale pour des réparations. Edmond fait preuve alors de sérieuses connaissances, ce qui incite son commandant à le recommander pour être admis dans les cadres de la compagnie, dans une lettre postée de Singapour le 15 octobre 1894. Le 14 novembre 1894, il est donc admis dans le cadre des lieutenants par décision du conseil d'administration; il porte le numéro de matricule 1000. Son premier poste semble être celui de second sur le vapeur « Le Godavéry » qu'il n'a donc pas quitté.

En janvier 1895, il souffre pour la première fois de fortes fièvres paludéennes qui le fatiguent tellement que son commandant songe à le renvoyer en France. Pendant tout le voyage du vapeur, Edmond ne peut pas tenir son poste. Le 17 juin 1895, le commandant écrit de Singapour au directeur de la compagnie pour demander le remplacement de son second qui arrivera de Natal (Brésil) le mois suivant. Rapatrié à Marseille, Edmond écrit à sa compagnie pour solliciter un congé de convalescence de deux mois, ce qui lui est accordé avec solde entier.

Cette période, alors qu'il vient à peine de débuter sa carrière, est dramatique pour Edmond. Son père est décédé le 27 février 1895, puis sa mère le 1er janvier 1896. Etant le seul homme de la famille, il doit s'occuper de régler la succession.

Edmond doit alors prendre un congé d'un mois en demi-solde pour régler ses affaires. Le 1er avril 1896, il débarque du paquebot « Dordogne » alors en attente de départ de Marseille et se rend à Champlitte. Le 21 avril, il sollicite une prolongation de 15 jours de son congé, sans solde cette fois. Il était prévu que la « Dordogne » quitte Marseille le 29 avril. Edmond ne pourra donc pas être à son poste et il est conscient que cela posera un problème à la compagnie.

Il écrit donc aussi au commandant du paquebot pour s'en excuser et le prier d'appuyer sa demande auprès de la direction. Mais quelques jours plus tard, le 24 avril, Edmond écrit à nouveau à son commandant et tout confus, lui propose de permuter son affectation avec le lieutenant Guillet, également sur la « Dordogne » et qui devait prendre un poste à Bordeaux. Apparemment, la demande vient de ce Lieutenant qui a proposé cet arrangement à Edmond. Et cela l'arrange bien : il n'aurait pas besoin de prolonger son congé car cela était justement pour régler des affaires à Bordeaux; étant sur place, il profiterait de sa présence pour ce faire. Par une lettre du 29 avril qu'Edmond envoie au directeur de l'exploitation, on apprend qu'il est muté à Bordeaux et qu'il devra prendre son poste le 8 mai.

Quelques mois plus tard, nouvelle demande de congé, mais cette fois pour un heureux événement : Edmond veut célébrer son mariage avec Claire Julia de Brugière. Il est alors lieutenant à bord du « Médoc ». Avec l'avis favorable du commandant Fournier qui le remplace par un officier du dépôt, il lui est accordé 2 mois de congés à compter du 22 octobre. Le mariage sera célébré le 10 novembre 1896 en l'église de St-Vivien en Dordogne. La famille de Claire y possède une propriété vinicole « Renaudie » qui est toujours dans la famille à ce jour. Cette propriété sera désormais un havre de paix pour Edmond. Mathias, le père de Claire, est maire de la commune de St-Vivien.

Le 16 octobre 1897 naît leur premier enfant, Edme Jean, mon grand-père. Edmond, en poste sur la « Charente » est alors en permission et c'est lui qui déclare son enfant à la mairie.

Le 20 août 1898, Edmond est à nouveau en poste sur le « Médoc »; il sollicite encore un congé d'un mois à compter du 26 août pour une affaire familiale.

Le 25 mai 1899 naît Marcel, le deuxième enfant de Edmond et Claire. D'après l'acte de naissance, Edmond est alors lieutenant sur le « Cordouan ».

Le 14 mars 1900, Edmond est en poste sur la « Cordillère ». Il demande à nouveau un congé de deux mois pour affaire de famille. Mais cette fois, le ton est beaucoup plus dramatique : dans la lettre que l'agent général écrit à la direction pour transmette la demande, il évoque une situation « pénible » de sa famille.

De plus, cette demande tombe mal car l'état-major du navire n'est pas au complet et le commandant Richard doit le compléter absolument. Finalement, il trouvera 2 officiers en poste sur d'autres navires et Edmond pourra prendre ce congé tellement nécessaire à partir du 18 mars.

Le 17 septembre de la même année, Edmond sollicite un congé de 2 mois sans solde à compter du 24 septembre pour affaire de famille. L'agent général ne jugera même pas utile de le remplacer sur « La Plata ». Edmond passera ce congé à Reynaudie.

Le 16 octobre 1902, Edmond demande un congé de 2 mois pour affaires personnelles à compter du 17 octobre. Son remplacement à bord du « Brésil » ne semble pas poser de problème. Le 15 décembre, Edmond sollicite une prolongation de ce congé d'un mois.

Toutes ces demandes de congé peuvent presque apparaître abusives, mais la vie d'un capitaine au long cours n'est pas de tout repos : Edmond partait pour de longues traversées sans voir sa famille. Entre deux affectations, il bénéficiait certes de permissions, mais sa femme et ses enfants devaient lui manquer cruellement. Par ailleurs, ces congés étaient à solde réduite : le premier mois à demi-solde du dépôt; au delà, c'est sans solde. Sa direction n'a semble-t-il jamais rechigné à les lui accorder et Edmond était bien noté.

Le 22 juillet 1903, M Morin, commissaire en chef de 1ère classe de la Marine écrit une lettre de recommandation pour une nomination au grade de second capitaine.

Or, le même jour, Edmond ne peut reprendre son service car il souffre d'une sciatique d'origine rhumatismale à la jambe droite qui lui interdit de se déplacer. Il est soigné par le docteur Record de Vélines qui recommande à son patient une cure à Dax. Edmond doit donc demander un congé de 2 mois pour raison de santé à compter du 1er août. Mais le 5 octobre, le docteur Record signe un certificat médical demandant le prolongement de ce congé sans lequel la reprise des voyages conduirait à une rechute.

L'année 1903 n'est décidément pas une bonne année, puisqu'elle est marquée par le décès de Mathias de Brugière, beau-père d'Edmond. C'est vraisemblablement à cause de cela qu'Edmond demande la prolongation de son congé par une lettre datée du 4 décembre. Mathias a toujours été d'un grand soutien pour la famille d'Edmond et sa disparition va lui causer de gros soucis.

Du 29 janvier au 6 avril 1904, Edmond est affecté sur le « Congo ».

Le 22 juillet 1904, Edmond sollicite un congé pour affaires de famille. Mais cette fois, sa direction ne le lui accorde pas au prétexte qu'il a déjà joui de nombreux congés. De plus, Edmond est depuis le 19 juillet en poste sur l' « Amazone » en remplacement d'un autre officier en congé. Il faudrait alors remplacer le remplaçant. Alors Edmond demande à être mis en disponibilité hors-cadre pour une durée de 6 mois à partir du 5 octobre. Et le 4 avril 1905, il demande une prolongation de 8 mois de cette mise en disponibilité.

Entre temps, Maurice, 3ème fils d'Edmond et Claire naît le 7 février 1905.

Le 8 novembre 1905, Edmond demande sa réintégration dans les cadres de la compagnie. Le 15 novembre, la direction lui répond favorablement car malgré tous ces congés, Edmond est bien noté. Au moment de sa réintégration, il n'est plus qu'au 21e rang dans le tableau d'avancement de la compagnie; il était au 9e rang avant sa mise en disponibilité.

Vers le grade de capitaine[modifier | modifier le code]

C'est alors qu'intervient le docteur Jeannel, un ami très proche de la famille Bruyar, eux-mêmes amis intime de Claire de Brugière. Jeannel écrit le 12 février 1907 à un des ses amis, commandant aux Messageries Maritimes, pour qu'il favorise la candidature d'Edmond à un poste de second capitaine. Mais cette intermission ne s'arrête pas là; elle est relayée par tout un réseau d'hommes influents : l'amiral de la Jaille, le 15 mars, puis en avril le député de la Gironde Chaumet.

A ce moment, Edmond est second sur le « Chili », sur la ligne de Buenos-Aires depuis 1 an; il est remonté au 17e rang dans le tableau d'avancement grâce à cette période d'activité relativement longue.

En marge d'une des lettres de recommandation, il est dit qu'Edmond est : « Très bien noté sous tous les rapports et d'une façon constante par tous les commandants. Très sérieux, caractère droit, énergique, dévoué, instruction étendue, tenue excellente, apte à faire un très bon second capitaine »

Toute cette agitation autour de son possible avancement a fortement contrarié Edmond qui s'en ouvre au commandant auquel le docteur Jeannel s'était adressé en février. Il avoue que cette intervention lui avait procuré une certaine satisfaction. Par contre, il tient à bien préciser qu'il n'a jamais sollicité les autres interventions, plus politiques et qu'il ne voudrait pas qu'elles aient un effet inverse. Il explique que tout est venu du fait qu'on lui a confié le fils de M. Orteille, commissaire spécial de la navigation et des ports de Bordeaux. Ce fils voulant faire l'école d'hydrographie, il devait faire une année de navigation en qualité de novice et c'est sur le paquebot où officiait Edmond qu'il a embarqué. Edmond l'a alors pris sous son aile bienveillante, le considérant presque comme son propre fils. En remerciement, M. Ortille est alors intervenu auprès de ses amis hauts placés pour favoriser l'avancement d'Edmond. Edmond termine sa lettre en priant son interlocuteur d'agir pour atténuer les effets, qu'il craint désastreux, de ces multiples intermissions.

Le conseil d'administration le nomme second capitaine le 20 octobre 1907, puis second commandant le 14 décembre 1910 et enfin commandant le 23 juillet 1913.

Quai des Messageries Maritimes à Marseille

Après une longue période calme sans prendre de congés particuliers, le 14 mars 1910, il est sollicité pour prendre son premier vrai commandement. Il se trouve alors sur le « Chili » en station à Lisbonne et terminera son voyage avant de pouvoir prendre son nouveau poste. Il embarque à Marseille le 22 mai 1910 pour prendre le commandement du « Haïphong » en station à Singapour.

Alors qu'il est en poste sur le « Haïphong », Edmond reçoit le 15 décembre sa nomination au grade de second commandant. Il en remerciera son directeur par deux fois, le 16 décembre de Batavia et le 23 janvier 1911 de Singapour lorsqu'il reçoit l'annonce officielle.

Malheureusement, cette période heureuse dans sa carrière professionnelle est assombrie par des ennuis de santé. Le 24 janvier, il est victime d'une attaque violente de coliques néphrétiques et doit débarquer du « Haïphong » pour se faire soigner à l'hôpital de Singapour.

Malgré tout, le 10 juin, Edmond reprend son poste sur le « Congo » jusqu'au 8 août 1912, puis il prend le commandement du « Bosphore » jusqu'au 24 novembre et enfin du « Caucase » jusqu'au 30 juin 1913. Ces trois commandements sur des lignes de cabotage lui permettent de reprendre pied dans la profession. Le 1er juillet, il prend le commandement de l' « Australien », un long cours. Le 24 juillet 1913, il apprend sa nomination au grade de commandant alors que le navire est en station à Shanghaï. Il restera en poste sur ce navire jusqu'au 12 octobre 1913.

Le Calédonien

Le 14 octobre 1913, il prend ensuite le commandement du « Calédonien ». En escale à Beyrouth, il profitera de la présence de ses deux fils aîné pour visiter la région. Un carnet de voyage écrit de sa main ainsi que des photographies attestent de cela.

La première guerre mondiale[2][modifier | modifier le code]

Rapatriement des mobilisés[modifier | modifier le code]

Affiche du programme de la soirée du 16 août 1914 à bord du paquebot "Le Calédonien"

Il fait escale à Alexandrie lorsqu'il apprend la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne en août 1914. Le navire est dérouté pour prendre en charge les français qui doivent être rapatriés en Europe. Il remonte le long de la côte orientale de la Méditerranée en passant par Jaffa, Beyrouth et Lataquié.

Rencontre avec Clara Bonnel[modifier | modifier le code]

C'est à l'escale de Beyrouth qu'il rencontre Clara Bonnel, directrice du Lycée de Tours[3], une femme exceptionnelle par son intelligence et grande voyageuse surprise par la guerre. De cette rencontre naîtra une grande amitié entre les deux familles. Plus tard, Edme Jean, le fils aîné d'Edmond, épousera Jeanne Bonnel, une nièce de Clara.

Le navire regagnera le port de Marseille le 19 août 1914.

Rapatriement d'étrangers en Europe Centrale[modifier | modifier le code]

Peu après, le 24 août, Edmond prend le commandement de l' « Ernest Simons ».

Départ Retour Mission
29 août 1914 21 sept 1914 Rapatriement d'expatriés russes, roumains et serbes
26 sept 1914  19 oct 1914 Rapatriement de russes, roumains, serbes et bulgares
21 oct 1914   8 nov 1914 Rapatriement d'occidentaux venant de Constantinople
(Les alliés ne déclareront la guerre à la Turquie que le 5 novembre)

En décembre 1914, il prend le commandement de l' « Océanien » sur la ligne de l'océan indien (Madagascar, Maurice, La Réunion) via le canal de Suez.

Départ Retour Mission
10 déc 1914  12 fév 1915 Marchandises et troupes coloniales
4 mars 1915   5 mai 1915 Marchandises et passagers dont hommes de troupe
27 mai 1915  28 juil 1915 Marchandises et passagers


Le navire hôpital « Sphinx »[modifier | modifier le code]

Le 29 août, Edmond est mobilisé avec le grade de Lieutenant de Vaisseau pour prendre le commandement du paquebot « Sphinx » transformé en navire hôpital. Ce navire est flambant neuf; c'est donc une marque de confiance de sa hiérarchie qui lui en confie le commandement. Il se rend à St Nazaire pour superviser l'embarquement des appareils de transmission et procéder aux derniers essais.

Départ Retour Mission
23 sept 1914 28 sept 1914 Livraison du navire au départ de Penhoët
29 sept 1914  6 oct 1914 Essais en mer et militarisation du navire

Pendant toute la guerre, les missions du navires sont de convoyer du matériel médical ou rapatrier les soldats blessés ou malades du front d'orient regroupés à Corfou ou Salonique. Beaucoup de ces soldats sont ensuite envoyés dans les hôpitaux en Tunisie (Bizerte) ou en Algérie (Alger). Le navire quitte Toulon avec du matériel médical, puis effectue ses transports sanitaires avant de regagner Toulon. A peine revenu d'une mission, il repart pour une nouvelle. En 1917, les choses se compliqueront lorsque l'Allemagne déclarera une guerre à outrance sans respect pour les transports sanitaires. Des prisonniers allemands de haut rang seront même embarqués pour dissuader l'ennemi de procéder à ce genre d'attaque.

Départ Retour Mission
7 oct 1915  16 oct 1915 Mondros, puis Bizerte (rapatriement de soldats malades)
21 oct 1915  22 nov 1915 Salonique (rapatriement de soldats blessés)
26 nov 1915  16 déc 1915  Salonique (mission Rothschild et rapatriement de soldats blessés)
20 Dec 1915  25 Jan 1916 Salonique (transport sanitaire)
 2 fév 1916  16 fév 1916 Corfou (matériel médical), puis Bizerte et Matifou (rapatriement de soldats serbes)
26 fév 1916 1 avr 1916  Corfou, Bizerte, Matifou et Bône (matériel médical)
24 avr 1916  16 juin 1916 Salonique
 3 juil 1916  15 juil 1916  Salonique
25 juil 1916  12 août 1916  Corfou (matériel médical) et Salonique (transport sanitaire)
 20 août 1916  4 sept 1916  Corfou (matériel médical) et Salonique (transport sanitaire)
 10 sept 1916  25 sept 1916  Salonique (transport sanitaire)
 1 oct 1916  15 oct 1916  Corfou (embarquement de matériel médical) puis Salonique (transport sanitaire).
Le « Sphinx » aura une pale de l'hélice tribord cassée et devra faire réparation
26 oct 1916  6 nov 1916 Mikra (matériel médical), puis Salonique (transport sanitaire)
13 nov 1916  22 nov 1916 Salonique (transport sanitaire).
Le « Sphinx » recueillera des naufragés d'un voilier italien « Maria di Pompeï »
- coulé au canon par un sous-marin allemand - et les débarquera à Messine
30 nov 1916  10 déc 1916 Mikra (matériel médical), puis Salonique (transport sanitaire).
11 déc 1916 22 déc 1916  le « Sphinx » est immobilisé pour réparer une chaudière
22 déc 1916  1 jan 1917 Mikra (matériel médical), puis Salonique (transport sanitaire)
19 jan 1917  30 jan 1917 Mikra (transport sanitaire)
9 fév 1917  20 fév 1917 Mikra (matériel médical et transport sanitaire)
2 mars 1917  14 fév 1917 Mikra (matériel médical), puis Salonique (transport sanitaire)
29 avr 1917  2 juin 1917 Alger (Sidi Abdallah), puis Mikra (transport sanitaire), Salonique et Milo.
Le « Sphinx » doit naviguer en convoi avec le « André Lebon » et le « Navarre »
en compagnie des torpilleurs « Pique » et « Fronde » tant le danger des sous-marins est grand

Le conflit ouvert avec la direction des Messageries Maritimes[modifier | modifier le code]

A défaut de pouvoir obtenir un congé auquel il aurait normalement droit en temps de paix, il demande, dans une lettre datée du 16 décembre 1916, qu'on lui octroie une somme d'argent en compensation. Puis, fatigué par ces longs mois de navigation sans congé ainsi que très éprouvé par les horreurs de la guerre, soit qu'il les ait lui-même vécues, soit qu'il pense à son fils Edme jean engagé dans la bataille de la Somme, il demande à être remplacé sur le « Sphinx ». Dans une lettre du 2 juin 1917, il avertit sa direction qu'il doit être hospitalisé à Toulon pour cause de fatigue générale et il propose son second, M. de Catalano, comme successeur à son poste, mais c'est M. Cousin, commandant de 1ére classe qui est désigné le 21 juin.

Le « Sphinx » est un bâtiment très récent. En fait, il a été mis en service au début de la guerre et immédiatement réquisitionné pour être transformé en navire hôpital. Or, le commandant Cousin aurait normalement dû prendre ce commandement s'il n'y avait pas eu la guerre. La direction des Messageries Maritimes n'a donc pas voulu donner le commandement d'une unité aussi importante à un simple second capitaine. Cousin est alors commandant de l' « Océanien », en station à Marseille depuis le 9 juin. Dès lors, il est tout désigné pour prendre rapidement le commandement du « Sphinx ». De Catalano ne sera toutefois pas oublié étant donné l'éloge qu'en fit Edmond dans le carnet de bord.

Le 11 juin, Edmond est licencié par dépêche ministérielle. De ce fait, il est de nouveau sous la responsabilité de la compagnie des Messageries Maritimes. Mais toujours sous le coup d'une fatigue générale pour laquelle il était entré à l'hôpital militaire de Toulon le 3 juin, il demande un congé de 3 mois qu'il compte passer dans sa famille.

Mais la direction de l'exploitation de la compagnie à Marseille, dans une note du 14 juin, se demande quelles sont les vraies raisons du licenciement d'Edmond alors que quelques jours plutôt, le conseil de santé de Toulon l'avait admis pour un repos de 3 mois à l'hôpital militaire. Elle diligente alors une enquête auprès du ministère de la guerre à ce sujet, supputant que tout ça n'est qu'une nouvelle crise de neurasthénie provoquée par les événements mais surtout par son profond désaccord avec le médecin-chef de l'hôpital embarqué sur le « Sphinx ». Dans cette même note, elle revient sur la demande de solde demandé par Edmond le 16 décembre dernier, en compensation des congés qu'il n'a pas pu prendre. A ses yeux, le « Sphinx » étant mobilisé ainsi que son équipage, nul ne pouvait donc prétendre à une disposition du code de commerce.

Mais ce point de vue n'est pas partagé par la direction centrale à Paris qui estime que Edmond n'était mobilisé que de par sa présence sur le « Sphinx » et qu'une fois débarqué, il n'y avait plus aucune raison qu'il le fût encore.

Edmond ne pouvant pas prétendre à la solde de dépôt, puisqu'indisponible pour un embarquement, la direction de Marseille propose alors qu'il soit soumis à un contrôle médical tous les quinze jours et si le congé devait dépasser 4 mois, il serait alors mis en disponibilité hors cadres. Cette proposition est acceptée par le direction centrale le 6 juillet 1917; Edmond en est informé dès le 9 juillet. Le 31 juillet, Edmond décline une proposition de prendre le commandement du « Sydney » sur la ligne de Madagascar tout en espérant pouvoir reprendre le service à la fin d'octobre.

Arrivé au terme des 4 mois d'indisponibilité, Edmond se juge hors d'état de reprendre son service et demande un congé sans solde. Sa demande doit être confirmée par le conseil d'administration car son cas ne relève plus du code du commerce. Ce congé lui est accordé le 16 octobre à compter du 3. De plus, en cas de reprise d'activité, Edmond serait rétrogradé au rang de commandant de 2ème classe. Le 29 novembre, Edmond demande une prolongation de son congé, puis une autre encore en février.

Bien qu'en congé sans solde, Edmond bénéficiera toutefois d'une décision bienveillante qui lui accorde une indemnité de vie chère de 125 francs par mois prenant effet rétroactivement le 3 octobre.

Finalement, le 1er avril 1918, pensant ne plus pouvoir reprendre son service, de l'avis même des médecins, il présente sa démission qui est acceptée par la direction centrale.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Archives des Messageries Maritimes, Association “French Lines”, Le Havre
  2. Carnet de notes - Mes impressions de voyage et mes souvenirs pendant la guerre, Edme Jean Alfred Goubault, 1914-1917, Munken Print, Beernem, Belgique, 26 avril 2013
  3. Liste des chefs d'établissement du Lycée Balzac de Tours