Pink Bloc

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Le Pink Bloc (« bloc rose » en français) désigne une tactique de manifestation ou une forme d'action collective qui combat le patriarcat et la catégorisation des genres.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le mot pink bloc fait référence au mouvement contre le capitalisme rose pour le terme pink et au black bloc pour le terme bloc [1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

Cette tactique est née, sous son nom actuel, lors du contre-sommet du FMI et de la Banque Mondiale — tenu à Prague en septembre 2000 —[1] où elle avait connu un grand succès et permis à une partie des manifestants d'arriver jusqu'au Centre de congrès[2]. Des actions de ce type menées par le FHAR et plus précisément son sous-groupe les Gazolines dans les années 70, peuvent également être considérées comme les débuts du pink bloc[3].

En France, la tactique du pink bloc est utilisée en 2010 contre la réforme des retraites[4], puis en 2016 dans le cadre de la mobilisation contre la loi travail[3]. Elle a été réutilisée plus tard dans un grand nombre de manifestations et actions directes et se base sur une résistance festive, rythmée et colorée[5]. Elle vise à promouvoir le queer (dépassement des genres sociaux masculins et féminins et de l'oppression patriarcale)[6] et le travestissement dans le cadre de manifestations sociales et revendicatives, mais s'en démarque en proposant d'autres modes d'actions et des revendications intersectionnelles fortes[4].

Mode de fonctionnement[modifier | modifier le code]

Le pink bloc n'a pas de leader ni de représentants, mais se base sur un ensemble de groupes affinitaires et d'associations et collectifs divers (CRF, Act up[7], QPT, Inverti·e·s[4]...) qui manifestent ensemble et se rassemblent derrière des symboles communs comme les drapeaux, char avec une sonorisation ou autre en fonction des formes de la manifestation[2]. Les paillettes, le rose, le doré et l'arc-en-ciel sont les codes couleurs également utilisés par les pink blocs pour mobiliser pour les luttes sociales et sensibiliser à la question des droits et des oppressions spécifiques que subissent les personnes LGBTQI+[4].

Le pink bloc détourne avec humour les armes du système et ses modes d'oppressions[1]. On peut noter ainsi dans les modes d'actions le détournement de slogans traditionnels de manifestation jugés oppressifs, la réutilisation d'images et références à la pop culture et au militantisme plus traditionnel[3]. Les pink blocs ne privilégient pas mode d'actions spécifiques mais se rassemblent sur les oppressions communes que subissent ses membres et la volonté de mettre fin à celles-ci à travers une ligne révolutionnaire et joyeuse[3]. S'inspirant d'autres courants non-violents[2] dans leurs moyens d'actions, on y retrouve un climat d'humour, de fête et d'inclusion des minorités[1].

Queer Radical[modifier | modifier le code]

No gender, No Master, Activiste anarcho-queer en lutte contre "l'oppression patriarcale et sexiste".

Les Pink blocs s'inscrivent dans une mouvance politique plus large, souvent nommée « anarcho-queer », ou plus fréquemment, « queer radicale ». Il n'existe pas de définition consensuelle au terme « queer radical », à partir du moment où le terme queer lui-même demeure intrinsèquement et volontairement indéfini. Cela dit, l'expression a été appropriée depuis les débuts du mouvement altermondialiste par sa fraction qui se réclamait critique de l'hétérosexisme et du clivage masculin/féminin.

Tout en gardant cette méfiance par rapport au système des sexes et des genres, le mouvement queer radical insiste néanmoins pour se différencier de la théorie queer, qui comporterait à ses yeux une origine académique — et élitiste — trop affirmée. D'où l'importance selon ce mouvement de réaffirmer une allégeance et une affinité avec des courants dits davantage populaires : l'anarchisme, le marxisme et le féminisme radical entre autres.

Parmi les chevaux de bataille récurrents chez les activistes queers radicaux, notons par exemple les droits des sans-papiers, le droit à l'avortement, la dénonciation du « capitalisme gai », la décriminalisation de la prostitution [référence demandée : allant à l'encontre du féminisme abolitionniste (du travail du sexe- préférer d'ailleurs l'expression "Travail du sexe", favorisant la reconnaissance de cette activité comme un travail et non un statut nécessairement victimaire] et une reconnaissance des changements de sexe.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « "Le Medef au feu, les machos au milieu" : le Pink Bloc, version féministe du Black Bloc », sur L'Obs (consulté le ).
  2. a b et c Francis Dupuis-Deri, « Penser l'action directe des Black Blocs », Politix. Revue des sciences sociales du politique, vol. 17, no 68,‎ , p. 79–109 (DOI 10.3406/polix.2004.1639, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c et d Leane Alestra, « Avec les Inverti·e·s : comment expliquer le succès de ce pink bloc historique ? », sur Manifesto XXI, (consulté le ).
  4. a b c et d Célia Mebroukine, « Retraites : le « pink bloc » veut réconcilier luttes LGBTQI+ et luttes sociales », sur Mediapart (consulté le ).
  5. David Graeber, Les nouveaux anarchistes, [The new anarchists], New Left Review, no 13, janvier-, en français, en anglais.
  6. « Le Pink Bloc à Lyon : la version féministe et queer du Black Bloc cherche sa voie », sur Rue89Lyon, (consulté le ).
  7. « TÊTU | Pink bloc : Ces LGBT qui se mobilisent et défilent contre la politique Macron », sur tetu.com (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]