Jacques Fruminet

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Jacques Fruminet
Tueur en série
Image illustrative de l’article Jacques Fruminet
Information
Nom de naissance Jacques Maurice Fruminet
Naissance
Évaux-et-Ménil (Vosges)
Décès (à 54 ans)
Vandœuvre-lès-Nancy
Surnom Le « Jacques »
Le « tueur de femmes »
Condamnation
Sentence réclusion criminelle à perpétuité
Actions criminelles Meurtres
Victimes au moins 3
Période -
Pays Drapeau de la France France
Régions Lorraine, Alsace
Ville Évaux-et-Ménil, Colmar
Arrestation

Jacques Maurice Fruminet, né le à Évaux-et-Ménil dans les Vosges et mort le [1] à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), est un tueur en série français.

Meurtrier récidiviste, Fruminet a tué au moins trois femmes. Sa première victime, en , est une femme âgée de 78 ans, tuée dans le village dans lequel il habitait. La deuxième et la troisième sont tuées à une semaine d'intervalle, les et , alors qu'il était sorti de prison six mois plus tôt.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jacques Fruminet naît le à Évaux-et-Ménil, près de Charmes dans les Vosges.

Benjamin d'une fratrie de sept enfants, il connaît une enfance difficile et grandit au sein d'une famille violente consommant régulièrement de l'alcool avec de nombreux abus. Il raconte qu'il n'est pas aimé, ni de son père, ni de sa mère. Son père, raconte-t-il toujours, le réveille pratiquement toutes les nuits pour le frapper et lui dire qu'il ne voulait que six enfants : étant le septième, il est victime de cette « injustice ». Sa mère, qui le bat régulièrement, vit avec son mari et avec son amant.

Il s'avère être un élève médiocre, ne sachant ni lire, ni écrire, incapable de décrocher le moindre diplôme. Il est traité de « fou » par les habitants du village et décrit comme étant un cas social. Fruminet est placé dans un institut médico-psychologique afin d'y découvrir le monde du travail : il est satisfait de ce séjour durant lequel il y apprend la peinture et la maçonnerie et s'épanouit pour la première fois de sa vie[2].

Lorsqu'il atteint l'âge de 16 ans, le , Jacques Fruminet est retiré de l'institut médico-psychologique, à la décision de ses parents, dans le but qu'il trouve du travail. L'adolescent y parvient difficilement et est rapidement licencié[2].

En 1976, Fruminet s'engage dans l'armée[2].

Premiers délits[modifier | modifier le code]

À la fin des années 1970, Jacques Fruminet, à peine majeur, commence par commettre de petits vols à l'étalage. Malgré son très jeune âge, il est condamné par le Tribunal des Forces Armées pour désertion. Il est par la suite renvoyé de l'armée du fait des délits qu'il a commis[2].

Au cours de l'année 1979, Fruminet plonge à nouveau dans la délinquance en commettant plusieurs vols avec violence. Il est finalement arrêté et inculpé mais est laissé en liberté en l'attente de son jugement[2].

En , âgé de 20 ans, Jacques Fruminet comparaît libre devant le Tribunal correctionnel qui le condamne à huit mois de prison ferme. Il est incarcéré, il s'agit de son premier séjour en prison.

Après sept mois de détention, Fruminet est libéré le et retourne à Évaux-et-Ménil, son village natal[2].

Premier meurtre[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du , Jacques Fruminet commet un meurtre. Il se rend chez une vieille dame du village âgée de 78 ans, Lucie Perrotez, veuve Bottini, dite Andrée Bottini ou généralement Mme Bottini[3], et pénètre par effraction dans sa chambre à coucher. Fruminet la déshabille, la ligote, la bâillonne et l'étrangle à mort. Pensant trouver une grande somme d'argent, il met en désordre la chambre mais ne parvient à dérober que 21 francs. Après avoir tué et dépouillé Mme Bottini, Fruminet se retourne vers sa victime décédée et tente de la violer. Il quitte les lieux et retourne chez ses parents où il passe la nuit[2].

Au matin du , un habitant d'Évaux-et-Ménil s'étonne que Mme Bottini n'ait pas ouvert ses volets, comme elle le fait systématiquement. Inquiet, le voisin de la vieille dame se rend chez elle et la découvre morte à l'étage. Dans le village, on pense à Fruminet, qui vient juste de sortir de prison. Selon l'autopsie, la victime aurait été violée car on retrouve des traces de sperme sur l'édredon et sur son corps. Interpellé l'après-midi même, Fruminet avoue avoir tué la veuve Bottini, mais nie le viol qui s'avérera être une tentative de viol. Le jeune homme est inculpé de vol et de viol suivi de meurtre puis placé en détention provisoire, alors qu'il n'est libre que depuis la veille[2].

En , Fruminet comparaît devant la Cour d'assises des Vosges. Il bénéficie de circonstances atténuantes en raison de son enfance chaotique et est condamné à 15 ans de réclusion criminelle. Pendant son séjour en détention, il est un détenu exemplaire qui ne fait pas parler de lui et que l'on remarque pour sa bonne conduite. Durant sa détention, Fruminet passe son permis de conduire ainsi qu'un C.A.P. de cuisinier[2].

Fruminet se marie au milieu des années 1980.

Libération et ré-incarcérations[modifier | modifier le code]

Jacques Fruminet est libéré en , après 9 ans de détention, bénéficiant d'une libération conditionnelle pour bonne conduite. Il décide de quitter les Vosges afin de s'installer à Colmar (Alsace) où personne ne le connaît[2].

En , alors qu'il n'est libre que depuis trois mois, Jacques Fruminet agresse une autre femme âgée dans la gare de Colmar. Sa victime dépose plainte au commissariat de police et reconnaît Fruminet lorsque l'on lui montre un cliché de lui. Âgé de 30 ans, il est de nouveau arrêté, inculpé d'agression suivie de vol avec violence en état de récidive, puis placé en détention provisoire. Il comparaît devant le Tribunal correctionnel en 1990 et est condamné à 4 ans de prison ferme[2]. Fruminet est alors considéré « dangereux pour la société », mais avec un risque de récidive mineur, bien qu'il soit capable de commettre des actes d'agressions lorsqu'il en a l'occasion[2].

En , Jacques Fruminet bénéficie de deux jours de permission de sortie. Le lendemain soir, armé d'un révolver, il commet deux agressions sexuelles sur deux femmes à Colmar, la première dans le centre-ville et la seconde sur un parking de la ville. À la suite des plaintes de ses nouvelles victimes, Fruminet est de nouveau arrêté, inculpé d'agressions sexuelles sous la menace d'une arme, puis placé en détention provisoire à la Maison centrale d'Ensisheim où les détenus sont décrits comme étant « d'une extrême dangerosité » et « difficilement curables »[2]. Au terme du jugement rendu en par le tribunal correctionnel, Jacques Fruminet est condamné à 9 ans de prison ferme.

Lors de sa détention, à la Prison centrale d'Ensisheim, Fruminet est de nouveau décrit comme un détenu exemplaire[2].

Libération et nouveaux meurtres[modifier | modifier le code]

Le , Jacques Fruminet est libéré de prison pour bonne conduite, après 6 ans et 5 mois de détention. Il est en liberté conditionnelle, mais sans aucun suivi judiciaire. Il semble se réinsérer dans la société et exerce le métier de concierge. Selon toutes constatations, il ne commet pas de faits délictuels ou criminels durant six mois, bien que le contraire ne soit pas impossible[2].

Dans la nuit du 12 au , Nicole Kritter, une mère de famille de 41 ans, disparaît. Elle devait travailler le matin de sa disparition mais n'arrivera jamais à son lieu de travail. On retrouve son véhicule, une Peugeot 205 blanche, stationné dans une rue se situant entre son domicile et son lieu de travail. L'enquête menée plus tard suppose que Jacques Fruminet a tenté de lui imposer un rapport sexuel. Nicole Kritter l'a repoussé. Il s'est énervé, l'a attachée à l'aide de fil électrique et tenté une seconde fois un rapport sexuel qu'elle a refusé également. Jacques Fruminet la tue alors par strangulation, enveloppe son corps dans des sacs-poubelle, puis l'attache à deux grilles d'égouts, avant de le jeter dans le canal du Rhône au Rhin, à Mulhouse où il est retrouvé par sept mètres de fond le 4 décembre[2].

Dans la soirée du , Sylvie Arcangeli, 33 ans, démarre sa voiture sur le parking de la gare de Colmar. Jacques Fruminet l'arrête et la menace de son couteau (ou de son arme). Il la jette à terre et l'installe sur le côté passager de sa voiture, la ligote en prenant soin de rabattre le siège, dans l'intention de lui imposer un rapport sexuel. Face au refus de la jeune femme, Fruminet la tue par strangulation. À la suite de ce nouveau crime, Jacques Fruminet dépose le cadavre de sa victime dans le coffre et incendie la voiture. Ce faisant, Fruminet se brûle les mains de manière involontaire. Les débris de la voiture sont retrouvés le soir même et le corps sans vie de Sylvie Arcangeli est découvert entièrement calciné.

Le , Fruminet se rend de lui-même au poste de police et déclare qu'il a été agressé par une personne. Il raconte qu'à la suite de cela, il s'est rendu en direction de la voiture carbonisée pour essayer d'éteindre le brasier. Le comportement de Fruminet est jugé « suspect » et suscite l'intérêt des policiers qui le retiennent en garde à vue. Ils découvrent qu'il s'agit d'un multirécidiviste âgé de 39 ans, qui a déjà passé plus de 18 ans de sa vie en prison. Ses multiples condamnations sont examinées (meurtre, agression avec violence et agressions à caractère sexuel) et concordent avec le meurtre de Sylvie Arcangeli[2].

Lorsqu'il avoue ce crime en garde à vue, Fruminet déclare qu'il entretenait une relation avec la victime puis déclare l'avoir tuée parce qu'elle aurait mis un terme à cette relation. Sa version des faits n'est pas retenue et au terme de sa garde à vue, le , il est mis en examen pour assassinat et agression sexuelle en « état de récidive légale » ainsi que pour destruction de preuves. Il est placé en détention provisoire à la Maison d'arrêt de Strasbourg, après seulement six mois de liberté.

La similarité des deux affaires éveille les soupçons des policiers qui attribuent à Jacques Fruminet le meurtre de Nicole Kritter. En , Fruminet est soumis à un interrogatoire : il nie l'avoir tuée, prétend comme dans le précédent meurtre qu'il avait une relation avec la victime et attribue sa mort à la prise d'un antidépresseur[2].

Procès, emprisonnement et mort[modifier | modifier le code]

Le procès de Jacques Fruminet débute le , devant la Cour d'assises de Colmar. Il est alors âgé de 42 ans et apparaît comme souffrant d'obésité après avoir pris trente kilos depuis ses trois ans de détention préventive. La défense de Jacques Fruminet est assurée par Marie-Paule Debes-Lochner. Thierry Moser est l'avocat de la famille de Nicole Kritter. Le procès dure cinq jours, au cours desquels Fruminet n'avoue à aucun moment comment ni pourquoi il a tué les deux femmes. Le , Jacques Fruminet est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.

Jacques Fruminet meurt le [4], à la prison de Vandœuvre-lès-Nancy, alors qu'il aurait pu demander à bénéficier d'une liberté conditionnelle à partir de . Il a passé 34 ans de sa vie en prison.

Liste des victimes connues[modifier | modifier le code]

Les faits Découverte Identité Âge Profession / Activité / Statut
Date Lieu Date Lieu
Évaux-et-Ménil Évaux-et-Ménil Mme Bottini 78 Veuve
parking de la gare de Colmar parking de la gare de Colmar femme âgée ? Retraitée
Colmar parking de la gare de Colmar femme ? ?
parking de Colmar parking de Colmar femme ? ?
rue du Maroc à Mulhouse Grand canal d'Alsace à Mulhouse Nicole Kritter 41 Responsable de rayon
parking de la gare de Colmar parking de la gare de Colmar Sylvie Arcangeli 33 ?

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r « Episode 94 : Jacques Fruminet Tueur de femmes », sur fela.5v.pl (consulté le )
  3. « Généalogie de Lucie Marie "Andrée" PERROTEZ », sur Geneanet (consulté le )
  4. « FRUMINET : tous les avis de décès », sur avis-deces.linternaute.com (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Documentaire télévisé[modifier | modifier le code]

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Articles de presse[modifier | modifier le code]