Siegfried August en Bavière

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Siegfried August en Bavière
(de) Siegfried in Bayern
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Siegfried August en Bavière en 1898.
Biographie
Titulature Duc en Bavière
Dynastie Maison de Wittelsbach
Nom de naissance Siegfried August Maximilian Maria Herzog in Bayern
Naissance
Bamberg, Allemagne
Décès (à 75 ans)
Munich, Allemagne
Sépulture Église Saint-Quirin de Tegernsee
Père Maximilien-Emmanuel en Bavière
Mère Amélie de Saxe-Cobourg-Gotha
Conjoint aucun
Enfants sans
Religion Catholicisme romain

Le duc Siegfried August en Bavière (en allemand, Siegfried August Maximilian Maria Herzog in Bayern), né le à Bamberg, et mort le à Munich, aîné des trois fils de Maximilien-Emmanuel en Bavière et d'Amélie de Saxe-Cobourg-Gotha, est un membre de la maison de Wittelsbach de la branche des Biederstein.

Fiancé en 1902 à l'archiduchesse Marie Annonciade, surnommée « Miana », demi-sœur de François-Ferdinand, et nièce de l'empereur d'Autriche François-Joseph, la princesse rompt son engagement moins de deux mois après sa conclusion. Cette rupture est due à l'état psychique délétère de Siegfried.

À l'automne 1903, Siegfried quitte officiellement le service militaire actif dans l'armée bavaroise. Au cours des deux années suivantes, Siegfried participe encore à la vie du Gotha en se rendant en représentation dans les cours européennes.

Après une alternance entre moments de calme et épisodes de démence, l'état psychique du duc, soigné par différents psychiatres, requiert son internement à partir de 1912 au sanatorium Neufriedenheim à Munich. Il ne recouvre jamais la raison et demeure interné en Bavière jusqu'à sa mort, en 1952.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille des Biederstein[modifier | modifier le code]

Le duc Siegfried August, né le à Bamberg, appartient à la branche ducale et non régnante de la maison de Wittelsbach. Par son père, Maximilien-Emmanuel en Bavière (1849-1893), il est le petit-fils de Maximilien en Bavière et de Ludovica de Bavière, et donc le neveu de l'impératrice Élisabeth d'Autriche (Sissi)[1]. Tandis que par sa mère, Amélie de Saxe-Cobourg-Gotha (1848-1894), il est le petit-fils du prince Auguste de Saxe-Cobourg-Gotha et de la princesse Clémentine d'Orléans, et donc le neveu du tsar Ferdinand de Bulgarie. Il a deux frères cadets : Christoph et Luitpold-Emanuel[2].

Siegfried August Maximilian Maria, filleul de son grand-père paternel, le duc Maximilien en Bavière, est baptisé à la fin du mois de [3]. Son prénom s'inspire du drame lyrique Siegfried de Richard Wagner[3] joué pour la première fois au premier Festival de Bayreuth le [N 1]. À la fin de la même année, Maximilien-Emmanuel, son épouse et leur premier né, Siegfried, s'établissent au château de Biederstein, ce qui vaut désormais à cette branche de la famille le surnom de Biederstein[3].

Éducation et formation militaire[modifier | modifier le code]

Le , son père meurt inopinément d'une hémorragie à l'estomac. Siegfried contracte peu après la scarlatine. Il est soigné par sa mère laquelle, inconsolable depuis la mort de son mari meurt également subitement après une péritonite le . Un conseil de famille statue sur le sort des trois orphelins[4]. Siegfried, qui vient tout juste de réussir brillamment ses humanités, suit à partir de 1894, des cours à l'école militaire, où il gravit les échelons : sous-lieutenant au 1er régiment de cavalerie Prinz Karl von Bayern, lieutenant en 1897, puis premier lieutenant en 1900[5]. Ses frères et lui demeurent dans le Château de Biederstein où ils ont grandi et sont élevés par une dame d'honneur, Maria Fugger von Glött, sous la supervision de leur oncle paternel Charles-Théodore en Bavière et de son épouse Marie-Josèphe qui séjournent parfois à Biederstein[6]. Les trois frères sont en contact étroits avec leurs cousins Wittelsbach, enfants de Charles-Théodore. Une amitié, qu'attestent une correspondance suivie et des goûts anticonformistes similaires lie tout particulièrement Siegfried à sa cousine Élisabeth en Bavière, future reine des Belges, qui choisira Siegfried comme témoin à son mariage à Munich en [7].

Voyages et rôle dans le Gotha[modifier | modifier le code]

Jeune, Siegfried voyage, d'abord en Bulgarie, en 1895, avec sa grand-mère Clémentine qui s'y rend chaque année auprès de son fils puîné Ferdinand, prince souverain depuis 1887[8]. Ensuite, Siegfried se serait rendu en Amérique, au Japon, en Chine et aux Indes, mais l'accomplissement de ce long périple, est sujet à caution car il n'est pas documenté par les archives[9]. Lorsqu'il atteint sa majorité, en 1894, Siegfried s'occupe désormais progressivement des affaires de famille à la place de la comtesse Fugger. Son aide de camp, Max von Redwitz, l'assiste dans la gestion des domaines familiaux[10]. Le duc Siegfried bénéficie d'un réseau familial étendu aux Habsbourg, aux Cobourg et aux Orléans. De surcroît, à partir de 1897, les Biederstein fréquentent régulièrement les fils de l'empereur allemand Guillaume II, accroissant leur prestige[11].

En sa qualité d'aîné, dès 1893, Siegfried représente fréquemment sa « branche » lors des audiences auprès de l'empereur d'Autriche-Hongrie, ainsi que des missions de représentation dans les cours européennes : funérailles, mariages et baptêmes[12]. Si ses deux frères Christoph et Luitpold, paraissent évoluer de manière équilibrée au fil des ans, Siegfried change graduellement de personnalité : jeune homme certes parfois foncièrement taciturne, son amabilité et son physique avantageux lui valent de nombreuses sympathies avant que son caractère subisse une série de métamorphoses qui commencent à l'affecter aux alentours de ses vingt ans[12].

Accident équestre et fiançailles rompues[modifier | modifier le code]

La grande passion de Siegfried, héritée de son père, est le sport équestre. Il se ménage sans compter, ni physiquement, ni financièrement pour assouvir ce loisir lors des courses d'obstacles auxquelles il participe assidûment[12]. Le , à l'Hippodrome de Munich Riem, après une grave chute de cheval lors d'un concours hippique à Munich, il subit quelques blessures légères à la tête et une grave commotion cérébrale avant d'être transporté en ambulance au domaine de Biederstein[13]. À son réveil, il souffre de séquelles cérébrales qui agissent, selon divers historiens, irréversiblement sur son état mental[14].

Photo en noir et blanc d'un couple : la fiancée est en longue tenue claire, appuyée sur une ombrelle fermée, aux côtés de son fiancé en costume de ville sombre.
Le duc Siegfried en Bavière et sa fiancée en .

Il partage sa passion pour la chasse avec l'archiduc François-Ferdinand, héritier au trône austro-hongrois qu'il côtoie fréquemment. En 1902, durant un séjour auprès de l'héritier austro-hongrois, Siegfried revoit l'archiduchesse Marie Annonciade, surnommée « Miana », demi-sœur de François-Ferdinand, et nièce de l'empereur d'Autriche François-Joseph. Les jeunes gens se connaissent depuis de nombreuses années et avaient même déjà envisagé de se fiancer avant d'abandonner ce projet à la fin de l'année 1900 car, aux yeux de Siegfried, la dot de Marie Annonciade était insuffisante pour mener le train de vie envisagé par le prince amateur, notamment, de chevaux de courses et de chasse[15]. En , le jeune sportif avait dû se séparer de son écurie de course, sur ordre, semble-t-il, du chef de la maison de Bavière, le prince-régent Luitpold[16].

En 1902, un nouveau projet de mariage est évoqué entre Siegfried et Marie Annonciade, après une dispense papale car les mariés sont cousins issus de germain[17],[N 2],[16]. Les fiançailles sont conclues le . Cependant, moins de deux mois plus tard l'engagement est rompu car l'archiduchesse remarque combien l'état psychique de Siegfried est instable[9]. Il lui arrive de porter un revolver chargé en permanence, tirant depuis les fenêtres de sa demeure et évoquant son suicide. Siegfried se plaint également d'hallucinations et est sujet à des idées de persécution qui ont pour objet principal le prince-régent de Bavière[18].

L'archiduchesse Marie Annonciade décide de devenir religieuse régulière après la rupture de ses fiançailles. Son oncle l'empereur François-Joseph refuse et lui accorde seulement de demeurer, comme elle l'était depuis 1893 déjà, abbesse séculière de l'ordre des nobles dames de Prague[19].

Entre raison et folie[modifier | modifier le code]

L'état psychique de Siegfried oscille entre périodes de lucidité et accès de démence. Le psychiatre Hubert von Grashey, jadis mandaté - en 1886 - afin de participer à la commission médicale chargée d'établir l'expertise psychiatrique du défunt souverain Louis II, et devenu depuis lors président de la commission médicale de Bavière déconseille le placement forcé et permanent du duc Siegfried en institution psychiatrique. Son patient continue dès lors à vivre entre son domaine de Biederstein et le sanatorium Neufriedenheim de Munich[9].

À l'automne 1903, Siegfried quitte officiellement le service militaire actif dans l'armée bavaroise[20]. Au cours des années 1903 à 1905, Siegfried participe encore à la vie du Gotha[21]. C'est ainsi qu'il représente son oncle Charles-Théodore à Bruxelles lors du baptême du prince Charles, second fils du futur roi Albert et filleul de Charles-Théodore, en décembre 1903, prolongeant son séjour auprès du couple héritier de Belgique[21]. Retiré de la vie publique depuis 1905, et privé de son écurie de chevaux de courses, Siegfried se consacre à la gestion de son domaine de Biederstein, au sport automobile et à l'élevage de chiens Boxers[22].

Internement et mort[modifier | modifier le code]

Photo en couleurs d'un long bâtiment à la façade rose pâle et aux baies murées sur les deux premiers niveaux.
Le sanatorium Neufriedenheim en 2019.

En 1906, l'état psychique de Siegfried requiert de plus longues périodes de confinement, avant d'être régulièrement traité dans une maison de santé, le sanatorium Neufriedenheim de Munich. Le directeur de l'établissement est le psychiatre Ernst Rehm, adepte des théories psychanalytiques de Sigmund Freud, qui y soigne le prince, avant qu'il soit définitivement interné en 1912[19],[23].

Le , le duc Siegfried est officiellement frappé d'incapacité et placé sous tutelle par le ministre d'État bavarois, Ferdinand von Miltner. Le sanatorium Neufriedenheim ferme ses portes à la fin de l'année 1941[23].

À l'âge de 75 ans, tandis qu'il est interné depuis 40 ans, Siegfried meurt sans alliance et sans postérité à Munich le [2]. Il est inhumé dans la crypte familiale de l'église Saint-Quirin de Tegernsee auprès de ses parents[24],[25].

Phaléristique[modifier | modifier le code]

Siegfried August en Bavière est[26] :

Ascendance[modifier | modifier le code]

Titulature[modifier | modifier le code]

  •  : Son Altesse Royale le duc Siegfried en Bavière.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le troisième enfant de Richard Wagner et de Cosima von Bülow se prénomme Siegfried (1869-1930).
  2. La grand-mère paternelle de Siegfried August, Ludovica de Bavière, et la grand-mère paternelle de Marie Annonciade, Sophie de Bavière, sont sœurs.

Références[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • (de) Norbert Nemec, Erzherzogin Maria Annunziata (1876–1961) : Die unbekannte Nichte Kaiser Franz Josephs I, Vienne, Böhlau Verlag, , 313 p. (ISBN 978-3-20578-456-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Olivier Defrance, La Médicis des Cobourg : Clémentine d’Orléans, Bruxelles, Racine, , 368 p. (ISBN 978-2-87386-486-6 et 2-87386-486-9, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Nicolas Énache, La descendance de Marie-Thérèse de Habsburg, Paris, Éditions L'intermédiaire des chercheurs et curieux, , 795 p. (ISBN 978-2-908003-04-8). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles[modifier | modifier le code]

  • Damien Bilteryst, Olivier Defrance et Joseph van Loon, « Les Biederstein, cousins oubliés de la reine Élisabeth, années 1875-1906 », Museum Dynasticum, vol. XXXIV, no 1,‎ , p. 2-26 (ISSN 0777-0936, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Damien Bilteryst, Olivier Defrance et Joseph van Loon, « Les Biederstein, cousins oubliés de la reine Élisabeth, années 1907-1973 », Museum Dynasticum, vol. XXXIV, no 2,‎ , p. 20-50 (ISSN 0777-0936). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens externes[modifier | modifier le code]