Prélude et fugue en ut mineur (BWV 871)

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Le Clavier bien tempéré II

Prélude et fugue n°2
BWV 871
Le Clavier bien tempéré, livre II (d)
Do mineur
Do mineur
Prélude
Métrique 4/4
Fugue
Voix 4
Métrique 4/4
Liens externes
(en) Partitions et informations sur IMSLP
(en) La fugue jouée et animée (bach.nau.edu)

Le prélude et fugue en ut mineur, BWV 871 est la deuxième paire extraite du second livre du Clavier bien tempéré, une collection de préludes et fugues de Jean-Sébastien Bach, compilé de 1739 à 1744.

Le prélude en forme de mouvement perpétuel conduit à la fugue à quatre voix, plus complexe que la précédente, mais son plan clair et logique, en fait une fugue formellement exemplaire. Elle combine notamment le sujet simple et sa version en augmentation.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

\score {
  \new Staff \with {

  }
<<
  \relative c'' {
    \key c \minor
    \time 4/4
    \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

     %% INCIPIT CBT II-2, BWV 871, ut mineur
     r16^\markup{Prélude} g16 f g aes f ees f g ees d ees f d c d \bar ".."
     \time 4/4
     r8^\markup{Fugue} g8 ees f g c, f ees16 d ees4

  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver"
     \override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/2)
       }
  }
  \midi {}
}

Prélude[modifier | modifier le code]

Le prélude noté 4/4. Il est de forme AA — BB, respectivement de douze et seize mesures. Cette forme est représenté dix fois dans les préludes de ce cahier II — alors que l'on ne le trouve qu'une fois, dans le prélude en si mineur du premier livre. Il s'agit d'une invention à deux voix, où quelques accords à trois sons apparaissent dans les mesures de conclusion[1]. Le rythme alterne très simplement les doubles-croches à la main droite aux croches aux intervalles disjoints de la main gauche et inversement. La forme est très proche de l'allemande de la sixième suite française BWV 817[2] (douze et seize mesures), ainsi que le style.

La seconde partie commence dans un clair en mi bémol majeur, mais rapidement devient chromatique.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

upper = \relative c'' {
  \clef treble 
  \key c \minor
  \time 4/4
  \tempo 4 = 84
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

   %% PRÉLUDE CBT II-2, BWV 871, ut mineur
   r16 g f g aes f ees f g ees d ees f d c d | ees8 c' f, c' ees, c' d, b' | 
   c,16 ees g c d, c' b a d, g b d ees, d' c b | ees, aes c ees f, ees' d c f, bes d f g, f' ees d ees
   
}

lower = \relative c {
  \clef bass 
  \key c \minor
  \time 4/4
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
    
   c8 c' f, c' ees, c' d, b'! | c,16 g' f g aes f ees f g ees d ees f d c d ees8 c f d g f g ees aes g a f bes a b g | c16
    
} 

\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #"BWV 871"
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
  \layout {
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
    }
  }
  \midi { }
}

Fugue[modifier | modifier le code]

Caractéristiques
4 voix — 4/4, 28 mes.
⋅ 23 entrées du sujet
réponse tonale
⋅ pas de contre-sujet
Procédés
augmentation, diminution, renversement, canon, strette, homophonie

La fugue à quatre voix, 4/4, est longue de 28 mesures.

Le sujet sur une mesure, expose les cinq degrés de la gamme d'ut mineur[1] :



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

\score {
  \new Staff \with {

  }
<<
  \relative c'' {
    \key c \minor
    \time 4/4
    \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

     %% SUJET fugue CBT II-1, BWV 870, ut majeur

     r8 g8 ees f g c, f ees16 d ees4

  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" 
        }
  }
  \midi {} 
}


Après la légèreté et l'insouciance du prélude, succède un propos grave. Les entrées se font selon alto, soprano, ténor, basse, toujours à l'intervalle d'une mesure[1]. Le dux ayant été présenté à la quinte du ton, le comes commence par la tonique, comme il se doit.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

Dux   = { r8^\markup{Dux} g8 ees f g c, f ees16 d }
Comes = { r8^\markup{Comes} c8 bes c d g, c bes16 a }

upper = \relative c'' {
  \clef treble 
  \key c \minor
  \time 4/4
  \tempo 4 = 63
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

   %% FUGUE CBT II-2, BWV 871, ut mineur
   R1 \Comes << { bes4 aes!4 g8 c f,4~ f8 ees16 d g8 f ees4 d c8 g' c4~ c8 bes16 c } \\ { s1 b,4 c2 b4 c4 r8 ees8 d16 fis g8 } >>
   
}

lower = \relative c'' {
  \clef treble 
  \key c \minor
  \time 4/4
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
    
   \Dux ees4 d8 c bes4 a g8 g'4 f ees \showStaffSwitch \stemDown \change Staff ="upper" d16 c
   \change Staff ="lower" \hideStaffSwitch
   \clef bass \relative c'
   \Dux ees,16 g c, d ees f g a bes d g, a
} 

\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #"BWV 871"
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
  \layout {
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
    }
  }
  \midi { }
}

À la mesure cinq seulement, apparaît le contre-sujet[1] de double-croches construits sur une réminiscence de la tête du sujet[2]. Cette fugue est célèbre pour la mise en œuvre avec dextérité de deux procédés de contrepoint savants : canon en augmentation et inversion dans un strette, présentés dans une remarquable disposition transparence aux mesures 14–15[3]. Sujet (Dux) au soprano, son augmentation à l'alto et l'inversion (du comes) au ténor.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

Dux            = { s8^\markup{Dux} g8 ees f g c, f ees16 d }
Augmentation   = { s4^\markup{Augmentation} g4 ees f g c, f ees8 d ees }
Semoc          = { r8_\markup{Renversement (Comes)} g,8 aes g f d' g, a16 b }

upper = \relative c''' {
  \clef treble 
  \key c \minor
  \time 4/4
  \tempo 4 = 63
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
  \set Score.currentBarNumber = #14
  %\context Score \applyContext #(set-bar-number-visibility 4)
  \bar ""

   %% FUGUE CBT II-2, BWV 871, ut mineur — augmentation renversement
   \Dux ees16 d c b c ees f g aes c, b a b g' f g ees8
   
}

lower = \relative c'' {
  \clef bass 
  \key c \minor
  \time 4/4
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
    
  << { \Augmentation } \\ { R1 \Semoc c16 } >>
    
} 

\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #"harpsichord"
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
  \layout {
       indent = #0
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
    }
  }
  \midi { }
}


Après ces imitations, le sujet en augmentation réapparaît à la basse sur deux mesures (19–20), se mêlant aux autres voix, à la mesure suivante, toujours à la basse, apparaît de nouveau l'inversion du comes puis, le comes lui-même.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

Dux            = { s8^\markup{Dux} g8 ees f g c, f ees16 d }
Comes          = { c8_\markup{Comes} b c d g, c b!16 a }
Augmentation   = { r4_\markup{Augmentation dux} g4 ees f g c, f ees8 d ees8. } % petite variation de rythme à la fin
Semoc          = { s1*0_\markup{Renversement comes} g16[ aes8 g] f d' g, a16 b } % petite variation de rythme à l'entrée

upper = \relative c'' {
  \clef treble 
  \key c \minor
  \time 4/4
  \tempo 4 = 63
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
  \set Score.currentBarNumber = #19
  %\context Score \applyContext #(set-bar-number-visibility 1)
  \bar ""

   %% FUGUE CBT II-2, BWV 871, ut mineur — augmentation renversement Comes
   << { r16 ees16 d8~ d16 c8 b16 c8 g' d ees16 f ees8 d r16 c8 bes16 aes8. aes16 g4~ | g c2~ c16 b c d | g,8 aes g8. a16 bes8 b r16 g c fis, | g8 ees d4 c8 } \\ { g'8. f16 \stemUp ees8 d \stemDown c ees' aes,4 | r16 g8 f16 ees8 e r16 f16 d8 r16 ees16 f8~ | f ees~ ees16 e f g aes4 g8 f~ | f16 ees8 f16~ f f ees8 r16 f ees d ees4 r16 d8 c16~ c a b8 c8 } >>
   
}

lower = \relative c' {
  \clef bass 
  \key c \minor
  \time 4/4
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
    
  << { bes8[ b] c \stemDown \change Staff = "upper" d  \stemUp \change Staff = "lower" g,16 c b c~ c b c8~ c b c4~ c8 b c8. b16~ | b g c8~ c bes aes16 g' f ees d4~ | d8 \change Staff = "upper" \stemDown c8 d[ c] \change Staff = "lower" \stemUp f, g4 a8 g4 r8 r16 f16 ees8 } \\ { \Augmentation \relative c' \Semoc c'8 \relative c \Comes b,8 c f,[ g] c,8 } >> % amélioration : séparer fin du Semoc/début du Comes — double-croches mélangées au croches de la voix supérieure.
    
} 

\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #""
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
  \layout {
       indent = #0
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
    }
  }
  \midi { }
}

Suit une magnifique strette. La fugue se termine avec une cadence picarde, comme la plupart des fugues en mineur.

Relations[modifier | modifier le code]

Le thème du prélude et celui de la fugue, réduits à leurs notes principales, montrent une parenté évidente[2] :


\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

\score {
  \new Staff \with {
    \remove "Time_signature_engraver"
  }
<<
  \relative c'' {
    \key c \minor
    \time 8/8
    \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

     %% INCIPIT CBT II-2, BWV 871, ut mineur
     r8 g8[ aes f] g[ ees f d] ees s8 \bar ".."
     \time 5/4
     r8 g8[ ees f] g[ c, f d] ees

  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" }
  }
  \midi {}
}

En outre le nombre de mesures est le même : 28.

Manuscrits[modifier | modifier le code]

Les manuscrits considérés comme les plus importants sont de la main de Bach lui-même ou d'Anna Magdalena. Ils sont :

Postérité[modifier | modifier le code]

Mozart a donné une transcription de cette fugue à quatre voix, K.405 (1782) avec quatre autres, pour quatuor à cordes.

Théodore Dubois en a réalisé une version pour piano à quatre mains[6], publiée en 1914.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Hermann Keller, Le clavier bien tempéré de Johann Sebastian Bach : l'œuvre, l'interprétation, Paris, Bordas, coll. « Études », (1re éd. 1965(de)), 233 p. (OCLC 373521522, présentation en ligne, lire en ligne [PDF]), p. 126–128 (de)
  • (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Study of its Aim, Historical Significance and Compiling Process, Leeds, University of Leeds, (lire en ligne [PDF])
  • (en) Yo Tomita, J. S. Bach’s ‘Das Wohltemperierte Clavier II’ : A Critical Commentary, vol. 2 : All the extant manuscripts, Leeds, Household World Publisher, , 1033 p. (lire en ligne [PDF]), p. 49–56 ; 57–78
  • François-René Tranchefort (dir.), Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 867 p. (ISBN 978-2-213-01639-9, OCLC 17967083, lire en ligne), p. 34.
  • Guy Sacre, La musique pour piano : dictionnaire des compositeurs et des œuvres, vol. I (A-I), Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 2998 p. (ISBN 2-221-05017-7), p. 210.
  • Yo Tomita, « préface », dans J.-S. Bach, Clavier bien tempéré, Livre II, Henle, , xvii-163 (ISMN 979-0-2018-0017-2, lire en ligne), p. IX–XIII
  • (en) James A. Brokaw II, « The Genesis of the Prelude in C major, BWV 870 », dans Franklin (éd.), Bach Studies [I] (1989), p. 225–239.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]