Arturo Martini

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Arturo Martini
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Arturo Martini (Trévise, né le à Trévise et mort à Milan le , est un sculpteur italien qui a travaillé le bois, la pierre et le bronze.

Biographie[modifier | modifier le code]

Cheval, vers 1926, Collections d'art de la Fondation Cariplo.
Judith et Holopherne, vers 1932, musée Kröller-Müller, Otterlo.

Débuts[modifier | modifier le code]

Arturo Martini naît en 1889 à Trévise[1] dans une famille défavorisée, le troisième des quatre enfants d'Antonio, cuisinier de profession, et de Maria Della Valle, serveuse originaire de Brisighella.

Expulsé de l'école en 1901, en raison d'échecs répétés, il devient apprenti chez un orfèvre de Trévise et peu après, il fréquente l'école de céramique (qui collabore notamment avec la Fornace Guerra Gregorj) où il apprend la pratique artisanale du modelage[2]. Fasciné par cette technique, il commence à fréquenter l'atelier du sculpteur Antonio Carlini à Trévise et parallèlement, il suit la première année (1906-1907) de l'académie des beaux-arts de Venise. Il réussit à mettre au point une nouvelle technique de gravure de type chalcographique qu'il appelle lui-même céramographie[réf. nécessaire].

Ses premières œuvres connues remontent à cette période, avec le Portrait de Fanny Nado Martini en terre cuite (1905) et le Buste du peintre Pinelli, qui font référence à la sculpture de la fin du XIXe siècle.

En 1908, il participe à la première édition des expositions du Ca' Pesaro à Venise, avec la petite sculpture Ballon[3].

Ses inventions et son imagination plastique lui permettront bientôt d'acquérir renommée et notoriété au niveau international, assumant un rôle prépondérant dans le panorama artistique européen dont il est bien conscient[4].

Débuts en Europe et le magazine Valori Plastici[modifier | modifier le code]

Intéressé par les mouvements artistiques européens, Arturo Martini fréquente l'école d'Adolf von Hildebrand à Munich en 1909. En 1912, il s'installe à Paris pour quelques mois où il approfondit sa connaissance du cubisme et des avant-gardes ; il expose au Salon d'automne.

Il participe à l'Exposition libre internationale du futurisme, qui se tient à Rome entre avril et mai 1914, avec le Portrait d'Omero Soppelsa, considéré comme un hommage au futurisme. Dans les mêmes années, il collabore avec le magazine futuriste L'Eroica, consacré aux thèmes de l'art, de la littérature et de la xylographie.

Il arrête son activité en raison de la Première Guerre mondiale, à laquelle il participe. Il aborde alors le graphisme abstrait et les premières esquisses de son livre d'artiste Contemplazioni voient le jour. Le livre, publié à Faenza en 1918, présente, à la place du texte, une suite de signes géométriques. Il est le premier livre à « l’écriture aseptique »[5].

En avril 1920, il épouse Brigida Pessano, originaire de Vado Ligure, lieu où il s'installera pour quelques années. De leur mariage naissent Marie Antoinette (1921) et Antonio (1928). C'est à cette période qu'il réalise L'Amant mort, La Fécondité et Le Dormeur.

Il collabore entre 1918-1922, avec Mario Broglio, au magazine Valori plastici, adhérant au mouvement artistique homonyme[3]. Grâce à cette expérience, il redécouvre la sculpture antique[6], dépassant ainsi le naturalisme du XIXe siècle auquel il est encore lié. Parmi les œuvres notables de cette période figurent La Maternità (1925) et Il Bevitore (1926), une œuvre en céramique conservée à la Pinacothèque de Brera[7].

En 1925, il est invité à exposer dans une salle de la IIIe Biennale romaine ; l'année suivante, après de précédents refus, il participe pour la première fois à la Biennale de Venise. La même année il expose à la première exposition du Novecento, mouvement dont il sera également présent à la seconde édition de 1929 avec la sculpture Le Fils prodigue (1926). En novembre 1927, il inaugure une exposition personnelle de céramiques à Milan à la galerie Pesaro.

Maturité artistique[modifier | modifier le code]

La Pisana, 1928. Ca'Pesaro Venise

Dans cette période, Arturo Martini précise son art, ce qui se traduit par un point de rencontre idéal entre l'ancien et le moderne. En 1928, il crée de grandes œuvres telles que La Pisana, Il Bevitore et le monumental (quatre mètres) Tombe d'Ippolito Nievo.

En 1929, il est appelé à la chaire de plastique décoratif de l'Istituto superiore per le industrie artistiche (ISIA) de Monza et y reste jusqu'à l'année suivante : sa Léda au cygne, sculpture en plâtre, enrichit la collection des musées civiques de la ville[3].

En 1930, il installe un « atelier-four » dans l'usine Ilva Refrattari de Vado Ligure, où il peut façonner et cuire les terres cuites sans avoir à les déplacer. Il crée ainsi une série de grandes œuvres, comme Le Berger et Le Garçon assis (1930), Il Sogno (1931), Chiaro di Luna et Sport Invernali (1931-32), des œuvres dans lesquelles « l’allusion au mouvement semble se figer dans la forme »[8].

En 1931, il reçoit un prix de 100 000 lires lors de la première quadriennale de Rome, une somme qui lui permet de résoudre temporairement les divers problèmes économiques qui l'ont toujours tourmenté. En 1932, il a une salle personnelle à la Biennale de Venise où il obtient un grand succès[9].

En 1933, il organise une exposition personnelle à la Galerie d'art moderne de Milan où il s'installe. À cette époque, il expérimente l'utilisation de nouvelles techniques d'expression telles que le bois, la pierre, l'argile et le bronze. Il participe régulièrement à de grandes expositions nationales comme la Biennale de Venise (1934-1936-1938), la Triennale de Milan (1933-1936-1940) et la Quadriennale de Rome (1935-1939).

Il réalise à cette époque de nombreuses sculptures monumentales dont le plâtre géant de Moïse sauvé des eaux, haut de six mètres, exposé à la Triennale de Milan en 1933 ; La sete (1934), en pierre, où ressurgit le souvenir des moulages de Pompei ; le bronze d'Athéna (1935), haut de cinq mètres ; Les morts de Bligny sursauteraient (1936), inspiré du discours de Benito Mussolini contre les sanctions économiques imposées à l'Italie après l'occupation de l'Ethiopie en 1935 ; Le Lion de Juda (1936), dédié à la victoire sur l'Éthiopie ; La Justice corporative, destinée au palais de justice de Milan ; Le Groupe Sforza (1938-1939), œuvre destinée à l'hôpital Niguarda Ca' Granda de Milan[8].

Peinture[modifier | modifier le code]

Dans les années 1939 et 1940, il commence à peindre. En 1940, il expose avec succès ses œuvres à la galerie Barbaroux. En février 1940, il écrit dans quelques lettres adressées à Carlo Anti, recteur de l'université de Padoue : « Je serai absolument peintre [...] ma conversion n'est pas un caprice, mais elle est grande et forte comme celle de Van Gogh »[10], et encore « je suis heureux, la peinture m'amuse et me donne d'autres espoirs que la sculpture ne me donnait plus »[11].

Entre 1940 et 1942, il crée des hauts-reliefs pour le Palazzo dell'Arengario à Milan, Il Tito Livio et La Femme qui nage sous l'eau. Dans ces œuvres, il s'achemine vers une liberté d'expression toujours plus grande, convaincu de la nécessité de dépasser la statuaire et que la sculpture « si elle veut vivre, il faut qu'elle meure dans l'abstraction »[12]. Il reprendra ce thème dans ses Colloques sur la sculpture[13].

Arturo Martini, avec son ami le peintre Gino Rossi, fréquenta les cercles artistiques de Paris, où ils découvrirent le fauvisme.

Dernières années[modifier | modifier le code]

De 1942 à 1944, il est à Venise où il enseigne la sculpture à l'académie des Beaux-Arts. À l'été 1945, il est suspendu de l'enseignement pour avoir rejoint le fascisme[14].

À la fin de sa carrière artistique, il reçoit la commande de la statue du héros virgilien Palinuro (1946) pour l'université de Padoue ; il réalise également le monument funéraire dédié à un partisan déchu, le Monument au partisan Masaccio (1947). Enfin, il conçoit une annexe au livret La Sculpture de la langue morte, communiquant ses pensées à l'écrivain Antonio Pinghelli, qui les publiera à titre posthume, en 1948, sous le titre Il trucco di Michelangelo.

Il meurt à Milan le 22 mars 1947, atteint de paralysie cérébrale[15].

Hommages[modifier | modifier le code]

Dès 1948, un hommage posthume lui est rendu à la Ve Quadriennale de Rome. En 1967, la grande exposition monographique, organisée sur un projet de Carlo Scarpa dans le couvent Santa Maria à Trévise, pousse l'administration à acquérir le complexe de Santa Caterina, aujourd'hui siège principal des Musées Civiques de Trévise. De nombreuses écoles italiennes lui sont dédiées, dont le collège public Santa Maria del Rovere à Trévise et l'école d'art de Savone.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Le Fils prodigue, 1936.
  • Vue de l'île de San Giorgio à Venise, Maison de la culture, Palmi[16]
  • La Prostituta, terre cuite peinte, 1909-1913, Venise, Ca' Pesaro
  • Vase de conte de fées, 1911, Trévise, Musée Civique
  • Fille pleine d'amour, majolique dorée, 1913, Venise, Ca' Pesaro
  • Il buffone, 1914, Venise, Ca' Pesaro
  • Jeune Fille le soir, 1919, Venise, Ca' Pesaro
  • Pucelle d'Orléans, 1920
  • Amoureux, après 1920, Milan, Villa Necchi Campiglio[17]
  • Le Poète Tchekhov, 1921
  • Dormiente, 1921, Rome, Galerie nationale d'Art moderne et contemporain
  • L'Amant mort, après 1921, Milan, Villa Necchi Campiglio[18]
  • Buste de jeune fille, après 1921, Milan, Musée Villa Necchi Campiglio [19]
  • Orphée, pierre, 1922, Rome, Galerie nationale d'Art moderne et contemporain
  • Monument aux morts, 1925, Vado Ligure
  • Le Bon Pasteur, bois, 1925, Vatican, collection d'Art religieux moderne
  • Le Fils prodigue, bronze, 1926, Acqui Terme, Opera Pia Ottolenghi
  • Le Buveur, terracotta, 1926, Milan, Pinacothèque de Brera
  • Cheval, vers 1926, collections d'art de la Fondation Cariplo
  • Via Crucis (6 stations), terracotta, 1926-1927, Vatican, collection d'Art religieux moderne
  • Le Chirurgien, 1927
  • Arche de Noé, 1927, fontaine de la Piazza delle Ville, Anticoli Corrado
  • La Mère, 1929-30, Galerie municipale d'art moderne et contemporain de Turin
  • Femme au soleil, terracotta, 1930
  • Le Rêve, terracotta, 1931
  • Aviateur, 1931
  • La Convalescente, 1932, Museo del Novecento, Milan
  • Judith et Holopherne, vers 1932, Musée Kröller-Müller, Otterlo
  • Vénus des Ports, 1932, Trévise, Musée Civique
  • La Force et les Héros, 1933-1934, MAGI '900, Pieve di Cento
  • Victoire ailée, 1934, Exposition de l'armée de l'air italienne, Milan
  • Lion de Monterosso, terracotta, 1934, Vatican, collection d'Art religieux moderne
  • Foi et lumière, bronze, 1934, Milan, Galleria Robertaebsta
  • La Sete, Pietra di Finale, 1935, Rome, Galerie nationale d'Art moderne et contemporain
  • Les morts de Bligny sursauteraient, 1935-1936, Museo del Novecento, Milan
  • Justice, marbre, 1936-1937, Milan, Palazzo di Giustizia
  • Le groupe Sforza, 1938-1939, Milan, Grand hôpital métropolitain de Niguarda[20]
  • Statue de Minerve, au bâtiment du Recteur, Cité Universitaire, Rome
  • Monument à Irina Lukaszewicz, Cimetière Monumental de Milan, section XVIII, no. 374, 1941[21]
  • Bas-relief en bronze sur le portail de la basilique Sacro Cuore di Cristo Re à Rome ;
  • Plongeon du nageur, 1942
  • Monument à Tito Livio, 1942, Palazzo Liviano, université de Padoue
  • Atmosphère d'une tête, 1945
  • Palinuro, 1946-1947, université de Padoue
  • Femme allongée Museo Fortunato Calleri, Catane

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Gordon Campbell, The Grove Encyclopedia of Decorative Arts : Two-volume Set, vol. 1, Oxford University Press, , 1201 p. (ISBN 978-0-19-518948-3, présentation en ligne), p. 88
  2. Arturo Martini, sur treccani.it. consultée le 23 mars 2019.
  3. a b et c Arturo Martini-l'ultimo grande interprete dell'immagine in scultura - 17 opere degli anni Venti e Trenta, Il calligramma,
  4. (Girace P. p. 164).
  5. IBS.it. consultée le 23 mars 2019.
  6. (Girace P. p.163).
  7. « Il bevitore »
  8. a et b Arturo Martini, La scultura lingua morta e altri scritti, Abscondita, .
  9. Arturo Martini l'ultimo grande interprete dell'immagine in scultura, p. 10.
  10. Arturo Martini, Le lettere di Arturo Martini/con testi di Mario De Micheli, Claudia Gian Ferrari, Giovanni Comisso, Charta,
  11. Perrocco Guido, Arturo Martini, Editalia, .
  12. Martini Arturo, La scultura lingua morta e altri scritti, Abscondita, (ISBN 978-88-8416-743-9)
  13. Arturo Martini, Colloqui sulla scultura : 1944-1945, Canova, (ISBN 88-8409-174-8)
  14. (Le lettere di Arturo Martini p.264).
  15. Carlo Carrà, Testimonianze su Arturo Martini
  16. Guida d'Italia - Calabria: dal Pollino all'Aspromonte le spiagge dei due mari le città, i borghi arroccati, Milano, Touring Editore, 2003 (ISBN 8836512569),
  17. « Gli amanti Martini, Arturo », sur lombardiabeniculturali.it, 4 gennaio 2018
  18. « L'amante morta Martini, Arturo », sur lombardiabeniculturali.it,
  19. « Busto di fanciulla Martini, Arturo », sur lombardiabeniculturali.it, 4 gennaio 2018
  20. Enrico Magliano, « Arturo Martini: il Gruppo degli Sforza », sur ospedaleniguarda.it,
  21. Il cimitero monumentale di Milano, guida storico-artistica, Silvana Editoriale,

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « MARTINI, Arturo », notice du Le Delarge (lire en ligne).
  • (en) « Arturo Martini », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit Accès payant, sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787).
  • (it) Gino Scarpa, Colloqui con Arturo Martini, Milan, Rizzoli, 1968.
  • (it) Mario De Micheli, Claudia Gian Ferrari, Giovanni Comisso, Le lettere di Arturo Martini, Charta, 1992.
  • (it) Guido Perocco, Arturo Martini, Rome, Editalia, 1962.
  • (it) Pontiggia Elena, Arturo Martini: la vita in figure, Monza, Johan & Levi, 2017.
  • (it) Pontiggia Elena, I volti e il cuore. La figura femminile da Ranzoni a Sironi e Martini, cat. exp., Verbania, Museo del Paesaggio, 2017 (ISBN 978-88-941034-3-4).
  • (it) Gianni Vianello, Claudia Gian Ferrari, Nico Stringa, Arturo Martini. Catalogo ragionato delle sculture, Neri Pozza, Vicenza, 1998.
  • (it) Nico Stringa, Arturo Martini, Rome, Gruppo editoriale L'Espresso, 2005.
  • (it) Gian Ferrari Claudia, Elena Pontiggia, Velani Livia (sous la direction de), Arturo Martini, Milan, Skira Editore, 2006 (ISBN 8876249397).
  • (it) Antonella Crippa, « Arturo Martini », notice Artgate de la Fondazione Cariplo, 2010.
  • (it) Maria Gioia Tavoni, Riproporre il silenzio per le Contemplazioni di Arturo Martini, Faenza, Fratelli Lega Editori, 2017.
  • (it) Piero Girace, Artisti contemporanei, Naples, E.D.A.R.T., 1970, SBN=IT\ICCU\NAP\0057927.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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