Yvonne Netter

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Yvonne Netter
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Présidente
Société pour l'amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits
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Yvonne Netter, née le dans le 11e arrondissement de Paris et morte le dans le 4e arrondissement de Paris[1],[2], est une avocate, féministe et résistante française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et vie familiale[modifier | modifier le code]

Issue d'un milieu bourgeois, Yvonne Netter est la fille de l'industriel alsacien Mathieu Netter et de Blanche Isaac[3]. Elle perd sa mère à l'âge de 14 ans. Titulaire d'un brevet supérieur, elle effectue ensuite des études secondaires pour jeunes filles à la Sorbonne. Elle se marie en 1911 avec Pierre Isaac Gompel[3] et elle donne naissance à un fils l'année suivante. De santé fragile, son mari est démobilisé dans les premières années de la Première Guerre mondiale. De 1915 à 1917, elle est infirmière major à l'hôpital militaire complémentaire de Meaux. En 1917, son mari quitte le foyer, et le couple divorce en 1918[4].

Études et carrière d'avocate[modifier | modifier le code]

Avec le soutien de son père, elle reprend alors ses études et obtient un baccalauréat. Elle se destine initialement à l'enseignement, mais elle a un enfant à charge et elle choisit donc le droit par raison[5]. Comme elle avait été infirmière pendant la guerre, elle obtient sa licence en deux ans[5] puis devient avocate en 1920. Sa thèse porte sur le travail de la femme mariée[6]. Elle fait partie de la première génération de femmes avocates, la profession leur étant ouverte seulement depuis 1900[5]. Elle s'inscrit au barreau de Paris la même année qu'Andrée Lehmann et que Marcelle Kraemer-Bach[7].

Sa clientèle compte de nombreuses femmes et quelques personnalités. En 1924, elle assiste ainsi Jean Ernest-Charles pour défendre l'écrivain Victor Margueritte, accusé de plagiat[5].

En février 1930, dans l’affaire Violette Morris elle défend, avec Juliette Veillier-Duray, la fédération sportive française féminine qui l'accuse d'homosexualité et de porter des vêtements d'hommes et refuse de lui renouveler sa licence à ce titre[8].

Comme quelques-unes des rares femmes avocates de l'époque, elle publie un manuel sur le droit concernant les femmes et destiné au grand public. Intitulé Le Code de la femme, il est relayé par la presse féminine et féministe[5].

Engagements féministe et sioniste[modifier | modifier le code]

Féministe, Yvonne Netter milite en faveur du droit de vote des femmes[9]. Elle s'engage à la Ligue française pour le droit des femmes (LFDF) et à la Société pour l'amélioration du sort de la femme et la revendication de ses droits (SASFRD), qu'elle préside entre 1932 et 1934. Elle est aussi membre de plusieurs associations féminines (Union des femmes de carrières libérales et commerciales, Soroptimist et Association française des femmes diplômées des universités). En 1933, elle crée le Foyer-Guide féminin[6],[5].

Soutien du mouvement sioniste, elle adhère à plusieurs associations féminines juives[6]. En 1923, avec Suzanne Zadoc-Kahn, elle fonde et préside l'Union des femmes juives pour la Palestine, section française et féminine de l'Organisation sioniste mondiale. Entre la fin de la décennie et 1939, elle donne des conférences en faveur du sionisme dans de nombreux pays (France, Égypte, Tunisie, Maroc, Belgique, Suisse, Luxembourg et Palestine) et y fait part de son enthousiasme pour les kibboutzim[4].

Guerre et après-guerre[modifier | modifier le code]

Au début de la Seconde Guerre mondiale, en , elle se convertit au catholicisme sous l'influence de Madeleine Fauconneau du Fresne, une militante du Réarmement moral[4]. Cette dernière avait engagé Yvonne Netter comme avocate, à la suite d'un conflit avec un voisin, et de cette rencontre est née une amitié[3].

Yvonne Netter est interdite d'exercer son métier d'avocate en 1941 du fait des lois sur le statut des Juifs[10]. De à , elle fait partie d'un réseau de Résistance, s'y investissant comme « boîte aux lettres » et linotypiste depuis son domicile. Elle est arrêtée le par des policiers français et un membre de la Gestapo[3].

Internée à la caserne des Tourelles (Paris), au camp de Drancy à partir du puis à celui de Pithiviers à partir du , elle s'évade de ce dernier en [6], grâce à l'aide de Madeleine Fauconneau du Fresne et Line Piguet. Elle est cachée chez le maraîcher Henri Tessier puis chez Josèphe-Marie Massé à Gentilly. Pour avoir secouru Yvonne Netter, Madeleine Fauconneau du Fresne est internée plusieurs mois au camp de Beaune-la-Rolande, portant une étoile de David sur laquelle est inscrit « Amie des Juifs »[Notes 1]. Cette dernière est finalement libérée le pour insuffisance de preuves. Retrouvant Yvonne Netter, elle part avec elle chez des amis à Capvern (Hautes-Pyrénées), dans la zone sud. À Toulouse, Yvonne Netter retrouve son frère Léo, son épouse et leurs deux enfants ; jusque fin 1943, elle vit avec Madeleine à leur domicile. Léo Netter est néanmoins arrêté et déporté avec sa femme et leurs enfants dans un train qui quitte Toulouse le . Léo et ses enfants reviendront des camps d'extermination mais son épouse Annette y est assassinée. Yvonne Netter part alors chez des amis de Madeleine en Vendée puis revient à Paris où elle retrouve Madeleine ; les deux amies y vivent cachées jusqu'à la Libération[4]. Entre juillet et puis entre juin et , Yvonne Netter est agent de liaison du réseau de résistance Comète[3].

À la Libération, elle reprend sa profession d'avocate[6] ; en 1950, elle est notamment l'avocate de la psychanalyste Margaret Clark-Williams, accusée d'exercice illégal de la médecine[11]. Elle restera très amie avec Madeleine Fauconneau du Fresne jusqu'à sa mort en 1985. En 2018, cette dernière reçoit de Yad Vashem le titre de Juste parmi les nations pour la protection qu'elle a apportée à Yvonne Netter[3].

Elle meurt le et est inhumée au cimetière du Montparnasse[12].

Plaque 3 quai aux Fleurs (Paris).

Une plaque lui rend hommage au 3 quai aux Fleurs (4e arrondissement de Paris), où elle vécut de 1911 à sa mort en 1985[6].

Publications[modifier | modifier le code]

  • 1923 : Le Travail de la femme mariée, son activité professionnelle
  • 1923 : L'indépendance de la femme mariée dans son activité professionnelle
  • 1926 : Le Code de la femme, Éd. du Progrès civique, Paris.
  • 1926 : Le Pierrot fantoche (roman)
  • 1930 : Code pratique de la femme et de l'enfant
  • 1930 : Les problèmes de la famille et le féminisme
  • 1936 : Plaidoyer pour la femme française
  • 1947 : préface de Madeleine F.[auconneau] du Fresne, De l'enfer des hommes à la cité de Dieu
  • 1962 : La femme face à ses problèmes, défense quotidienne de ses intérêts

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Sur cette inscription « Ami des Juifs », voir par exemple Olivier Ypsilantis, « Amie des Juifs / Ami des Juifs », sur frblogs.timesofisrael.com, (consulté le ).

Références[modifier | modifier le code]

  1. Acte de naissance à Paris 11e, n° 1762, vue 30/31, avec mentions marginales du mariage à Paris 11e en 1911 et du décès à Paris 4e en 1985.
  2. Yvonne Netter Paris, 1889-Paris, 1985. books.openedition.org.
  3. a b c d e et f « Fauconneau du Fresne Gabrielle », sur Comité français pour Yad Vashem (consulté le ).
  4. a b c et d « Yvonne Netter », sur Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie (AJPN), (consulté le ).
  5. a b c d e et f Anne-Laure Catinat, « Les premières avocates du barreau de Paris », Mil neuf cent : Revue d'histoire intellectuelle, no 16,‎ , p. 43-56 (lire en ligne, consulté le ).
  6. a b c d e et f Philippe Poisson, « Yvonne Netter : avocate, infirmière militaire, militante féministe et journaliste », sur Criminocorpus - CLAMOR (UMS 3726 CNRS - ministère de la Justice), (consulté le ).
  7. Anne-Laure Catinat, « Les premières avocates du barreau de Paris », Mil neuf cent, vol. 16, no 1,‎ , p. 43–56 (ISSN 1146-1225, DOI 10.3406/mcm.1998.1183, lire en ligne, consulté le )
  8. Cindy Geraci, Musée du Barreau de Paris, « Zoom sur Juliette Veillier-Duray (1899-1984), 2e Secrétaire de la Conférence », sur Musée du Barreau de Paris, (consulté le )
  9. [vidéo] Carole Roussopoulos, « Yvonne Netter avocate », sur Centre audiovisuel Simone-de-Beauvoir, (consulté le ).
  10. Muriel Pichon, Les Français juifs, 1914-1950 : récit d'un désenchantement, PUM, coll. « Tempus », , 296 p. (ISBN 978-2-85816-996-2 et 2-85816-996-9, lire en ligne), p. 157.
  11. « Le procès de Mrs. Williams Clark a ouvert ce débat devant la seizième chambre correctionnelle », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Jean- Pierre Ariey-Jouglard, et France Raimbault, Le cimetière Montparnasse : Dictionnaire biographique de personnalités enterrées au cimetière, Christian, , 620 p. (ISBN 978-2-86496-182-6).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]