Wikipédia:Lumière sur/s:décembre 2011 Invitation 4
Léopold Sédar Senghor - La Nuit de Sine
- Femme, pose sur mon front tes mains balsamiques, tes mains douces plus que fourrure.
- Là-haut les palmes balancées qui bruissent dans la haute brise nocturne
- À peine. Pas même la chanson de nourrice.
- Qu'il nous berce, le silence rythmé.
- Écoutons son chant, écoutons battre notre sang sombre, écoutons
- Battre le pouls profond de l'Afrique dans la brume des villages perdus.
- Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
- Voici que s'assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes
- Dodelinent de la tête comme l'enfant sur le dos de sa mère
- Voici que les pieds des danseurs s'alourdissent, que s'alourdit la langue des chœurs alternés.
- C'est l'heure des étoiles et de la Nuit qui songe
- Les toits des cases luisent tendrement. Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles ?
- Dedans, le foyer s'éteint dans l'intimité d'odeurs âcres et douces.
Léopold Sédar Senghor (9/10/1906-20/12/2001) - Chants d’ombre (Éditions du Seuil, 1945)