Aller au contenu

Utilisatrice:Laloès/Violence éducative

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La violence éducative est la violence à l’égard des enfants qui ne choque personne, celle qui est considérée comme acceptable dans une société, pour les faire obéir. Elle est à distinguer de la maltraitance qui est le niveau considéré comme inacceptable[1].

De la violence éducative à la maltraitance[modifier | modifier le code]

Olivier Maurel explique, en 2004, qu'en France, on peut dire que la gifle et la fessée font partie de la violence éducative ordinaire. Mais si on utilise une ceinture ou un bâton pour frapper un enfant, on est considéré comme un parent maltraitant. La « violence éducative ordinaire » comprend tous les comportements qui se veulent éducatifs, mais qui sont des formes de violence physique, verbale ou psychologique tolérées ou préconisées dans une société donnée. La maltraitance, elle, inclut des mauvais traitements sans visée éducative comme la négligence ou les abus sexuels. Dans le domaine éducatif, elle fait référence à des comportements qui, à un moment donné de l’histoire d’une société, ne sont plus considérés comme tolérables. En France, au début du XXIème siècle, les coups de ceinture et de bâton ne sont plus tolérés, alors qu’ils l’étaient il y a un siècle ou deux[2].

Cette frontière entre violence éducative dite ordinaire et maltraitance varie beaucoup selon les sociétés. Ainsi, en Suède, dans les pays scandinaves et quatre ou cinq autres pays, une simple gifle est considérée comme maltraitance inacceptable, parce que toute violence est interdite. En Afrique au contraire, la bastonnade est tolérée et considérée comme indispensable pour une bonne éducation. "Si on représente la violence infligée aux enfants comme un iceberg, la maltraitance est la partie émergée de l’iceberg, celle que tout le monde montre du doigt et dénonce, la violence éducative est la partie immergée que très peu de gens considèrent comme de la violence".

L’image de l’iceberg illustre la continuité entre violence éducative ordinaire (VEO) et maltraitance. O. Maurel explique que si on ne s’attaque pas à la partie immergée de l’iceberg, la VEO, on n’arrivera jamais à réduire la maltraitance, la partie émergée.

Old Wikisource logo used until 2006

C’est cette continuité qui fait la gravité de la VEO, même la plus faible, comme la tape sur la main. Tout simplement parce que accepter la tape sur la main, c’est déjà accepter le principe qu’on a le droit de frapper un enfant. Et à partir du moment où le principe est accepté, on ne peut jamais savoir jusqu’où on ira.

Autrement dit, si nous n’acceptons pas le fait que dans beaucoup de pays on frappe les enfants à coups de bâton, nous devrions aussi condamner les fessées, les gifles et les tapes, parce que violence éducative et maltraitance sont fondées sur le même principe de base : on a le droit de frapper les enfants “pour leur bien”.

Définition de l'observatoire de la VEO :

"La violence éducative ordinaire (VEO) est la forme de violence physique et psychologique entre humains la plus courante dans le monde, puisqu’elle touche presque tous les individus dans toutes les sociétés (à de très rares exceptions près), dès leur naissance et à travers des pratiques très variées. Elle existe dans l’espèce humaine depuis des millénaires, et peut être considérée comme la violence première, socialement acceptée, qui rend possibles et acceptables toutes les autres formes de violence et d’abus de pouvoir. La violence éducative ordinaire n’est ni nécessaire pour faire un être humain digne de ce nom, ni génétiquement programmée (elle est absente en temps normal chez les grands primates) ; elle peut être combattue et disparaître un jour."

Violence éducative et instinct[modifier | modifier le code]

O. Maurel écrit que les "parents humains sont les seuls à utiliser la violence pour élever leurs enfants. Chez nos cousins les plus proches, les singes bonobos, les mères ne frappent jamais leurs petits. Quand ils ont un comportement qui risque de les mettre en danger, elles les éloignent, mais sans les « punir ». Des chiens ou des chevaux qui, par impossible, subiraient de la part de leurs parents des traitements semblables à ceux que nous autres hommes infligeons à nos enfants deviendraient, s’ils survivaient, pathologiquement peureux ou agressifs. Quand nous frappons nos enfants, nous allons contre notre nature et celle de nos enfants, que rien ne prépare à subir des coups de la part de leurs parents, c’est-à-dire des personnes qui représentent leur base de sécurité."[3]

« On n'a jamais vu une guenon en liberté maltraiter délibérément son petit », écrit la primatologue et anthropologue Sarah Blaffer Hrdy. La maltraitance des enfants humains ne peut être considérée comme un comportement bestial, animal, instinctif. C'est un comportement humain, culturel, acquis par imitation[4].

Animales bioparc-valencia-2012 (8)

Histoire de la violence éducative[modifier | modifier le code]

Civilisations grecque et latine[modifier | modifier le code]

Platon a développé deux opinions contraires sur les châtiments à l'égard des enfants. Dans La République, où il présente une société idéale, il écrit : « Formez vos enfants dans leurs études non par la contrainte, mais par des jeux, et vous pourrez mieux observer leurs résultats naturels. » Pourtant, dans Les Lois, il développe une idée contraire : « De tous les animaux l'enfant est le plus incontrôlable car la source de la raison en lui n'est pas encore réglée ; il est le plus insoumis des animaux. Aussi doit-il être lié de nombreuses brides ; en premier lieu quand il quitte les mains des mères et des nourrices, il doit être contrôlé par des enseignants, peu importe ce qu'ils enseignent et par des études. Mais il est aussi un esclave et à cet égard n'importe quel citoyen d'honneur qui croise son chemin peut le punir, qu'il soit son professeur privé ou son instructeur, s'il fait quelque chose qui ne convient pas.»

Aristote pense que l'éducation doit être « accompagnée de douleur » et que l'enfant qui a un comportement indésirable doit être « déshonoré et battu ».

Dans une comédie de Ménandre, un personnage affirme : « Qui n'a pas été bien fouetté n'a pas été bien élevé ».

Quant à l'éducation spartiate, Plutarque, dans sa Vie de Lycurgue, écrit que les enfants surpris à voler sont « fouettés sans pitié » et témoigne avoir vu lui-même des jeunes gens fouettés à mort au pied de l'autel de Diane. A Sparte, les maîtres n'hésitent pas à employer une baguette de fer comme auxiliaire pédagogique.

A Rome, le père (pater familias) a sur sa femme, ses enfants, ses esclaves, droit d'autorité judiciaire. Il peut donc, et doit, si nécessaire, les châtier, les emprisonner, les vendre, les condamner aux travaux forcés et même les exécuter. Ce droit n'est limité, d'après Fustel de Coulanges, que par les règles de la religion familiale.

Quant aux pédagogues, qui sont souvent des esclaves dans la Rome de l'Empire, dans un système d'enseignement qui font d'eux le rebut de la société, ils soumettent les enfants, de sept à treize ans pour les filles et de sept à quinze ans pour les garçons, à de violents châtiments. Les écrivains latins Plaute, Horace, Juvénal, Martial témoignent aussi de l'emploi de la scutica, espèce de martinet, de la ferula, palette de bois ou de cuir, du flagellum, fouet à une ou plusieurs lanières parfois garnies d'osselets, de la virga, baguette ou faisceau de baguettes parfois épineuses. Horace évoque sa jeunesse gâchée par son précepteur Orbilius, qui lui fit subir toutes sortes de sévices. D'ailleurs, le terme d'orbilianisme est utilisé plus tard pour évoquer l'usage des châtiments corporels. A Pompéi, un vestige montre une scène de flagellation d'un élève récalcitrant : un adolescent nu hissé sur le dos d'un camarade, immobilisé par un autre, sous l'oeil indifférent des condisciples.

C'est pourtant à cette époque que les châtiments corporels infligés aux enfants ont été critiqués pour la première fois. Quintilien a dénoncé ces châtiments : « La douleur et la crainte font faire aux enfants des choses qu'on ne saurait honnêtement rapporter et qui, bientôt, les couvrent de honte. C'est bien pis encore si on a négligé de s'assurer des moeurs des surveillants et des maîtres. Je n'ose dire, ni les infamies auxquelles des hommes abominables se laissent abaisser par leur droit de correction manuelle, ni les attentats dont la peur des malheureux enfants suscite parfois l'occasion pour d'autres : on ne m'a que trop compris. » Il semble bien que Quintilien évoque ici, sous l'allusion aux « choses que l'on ne saurait honnêtement rapporter », le fait que, sous l'effet de la peur et de la violence, il n'est pas rare que les sphincters se relâchent et que l'enfant urine et défèque. Quant aux « infamies » commises par les maîtres, il est probable qu'il s'agit d'abus sexuels. Pour Quintilien, le châtiment corporel est un déshonneur, un affront, une punition convenable seulement pour des esclaves. Au lieu de corriger l'enfant, il l'endurcit, et il rend nécessaires, pour le corriger une fois devenu jeune homme, des châtiments encore pires.

L'auteur grec Plutarque, à peu près à la même époque, dénonce également les châtiments corporels dans l'éducation pour les mêmes raisons. Il n'évoque pas la douleur physique, mais plutôt l'indignité d'un châtiment propre aux esclaves. Il préconise plutôt l'éloge et la réprimande. Et, dans sa Vie de Caton, il fait l'éloge de Caton qui préfère apprendre lui-même à lire à son fils plutôt que de courir le risque de voir l'esclave chargé de l'éduquer lui tirer les oreilles (Plutarque, Vie des hommes illustres). Mais on ignore totalement si Quintilien et Plutarque ont eu la moindre influence sur les éducateurs de l'Antiquité.

Lutte contre la violence éducative[modifier | modifier le code]

La psychologue américaine Adah Maurer (1905-1998) est précurseur de la lutte contre la violence éducative.

L'observatoire de la violence éducative ordinaire en France[modifier | modifier le code]

L’observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO) est une association indépendante fondée en 2005 à l’initiative d’Olivier Maurel, auteur de livres sur la non-violence.

Le débat sur la fessée en France[modifier | modifier le code]

Isabelle Filliozat publie en 2011 J'ai tout essayé, (JC Lattès), vendu à plus de 60 000 exemplaires[5]. Cet ouvrage popularise la parentalité positive et l'éducation bienveillante.

Quelques livres sur la violence éducative[modifier | modifier le code]

La Fessée, Cent questions-réponses sur les châtiments corporels, Olivier Maurel, Editions La Plage, 2001

• Oui, la nature humaine est bonne !, Olivier Maurel, Robert Laffont, 2009

• Libres de savoir, Alice Miller, Flammarion, 2001

• C’est pour ton bien, Alice Miller, (1984)

L’Enfant sous terreur,Alice Miller, (1986)

La Connaissance interdite, Alice Miller, (1990)

Notre corps ne ment jamais, Alice Miller (2000)

L’Essentiel d’Alice Miller, Flammarion, 2011

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « La violence éducative », sur www.editions-harmattan.fr (consulté le )
  2. « La violence éducative : Olivier Maurel - Kaizen magazine », Kaizen magazine,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Olivier Maurel, « Conséquences de la violence éducative », Grioo.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Histoire de la violence éducative | OVEO », OVEO,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Anne-Aël Durand, « Tenter la « parentalité positive » contre la violence éducative », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )