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Économie, agriculture, industrie et commerce[modifier | modifier le code]

Peinture de jonques par Zhang Zeduan (1085–1145), extraits de la toile Le Jour de Qingming au bord de la rivière.

L'économie de la dynastie Song est l'une des économies les plus prospères dans le monde médiéval. Elle repose avant tout sur une agriculture de plus en plus performante qui permet d'alimenter une croissance démographique remarquable. Les différents progrès techniques de cette période soutiennent également cette expansion économique. À la fois les entreprises privées et publiques répondent aux besoins de la croissance démigraphique[1],[2]. Les Chinois de cette époque investissent leurs fonds dans des sociétés par actions et dans de nombreux navires alors que le gain monétaire est assuré par le vigoureux commerce à l'étranger et le commerce intérieur le long du Grand Canal et du fleuve Yangzi Jiang[3]. Les éminentes familles de marchands et les entreprises privées sont autorisées à s'occuper des sociétés qui ne sont pas encore sous le contrôle du monopole gouvernemental[1],[2]. L'État joue une rôle considérable dans les différentes activités économiques, par l'importance des prélèvements qu'il perçoit, mais aussi parce qu'ils possèdent de vastes domaines agricoles, des ateliers artisanaux et dispose de monopoles sur les échanges de certains produits, ainsi que parce qu'il a le privilège de l'émission de la monnaie, qui occupe une place croissante dans l'économie chinoise sous les Song.

Agriculture[modifier | modifier le code]

L'agriculture durant cette période est particulièrement prospère. Le gouvernement incite ses sujets à augmenter la surface de terres cultivées[4]. Afin de soutenir la croissance des terres arables, il lance en parallèle des travaux importants d'irrigation augmentant aussi les rendements. Sur la période Song, les documents fiscaux montrent que la Chine fait plus que tripler sa surface agricole, ce qui permet d'améliorer considérablement sa production[5],[6]. La période Song est également une période riche en innovations techniques agricoles. Les ingénieurs chinois améliorent les outils hérités de la dynastie Tang et inventent de nouvelles techniques, telles que le semis à cheval ou encore la roue d'eau, qui permet un arrosage des terres qui l'entourent.

Les céréales dominent largement les cultures[7]. Le nord est traditionnellement le domaine du millet, de l'orge et du blé. Au sud, le riz domine largement, et la productivité est très importante dans les régions les plus chaudes et humides du centre et du sud, notamment celles de Suzhou et de Changzhou dans le delta du Chang Jiang qui sont les plus exportatrices. La croissance de la productivité rizicole est permise à cette période par l'introduction d'une nouvelle variété de riz, provenant du Champa (sud-est de l'actuel Viet-Nam), plus résistant que les variétés utilisées auparavant, et qui peut être récolté deux fois par an sur les meilleures terres irriguées. D'autres cultures viennent compléter celles des céréales sur de nombreuses exploitations, notamment le soja et divers fruits et légumes[8]. Certaines régions chinoises se spécialisent dans certaines cultures. Le coton apparaît en Chine sur l'île de Hainan. La vallée du lac Tai acquiert quant à elle une réputation sur la culture de la canne à sucre, apparue en Chine à l'époque des Royaumes combattants[9]. La culture du thé connaît également un important essor durant les Song. La production impériale est par ailleurs cultivée dans la plantation Beiyuan, dans la préfecture du Fujian.

L'agriculture est donc la base de la richesse de l'Empire Song, avant tout par le système de la fiscalité qui regroupe les terres en différentes catégories en fonction de leur taille[10]. Les documents fiscaux révèlent une profonde inégalité dans les structures agraires, puisque les exploitations les plus riches dominent une large partie de la surface cultivée, tandis que les charges reposent plus sur les exploitations de taille moyenne qui soutiennent donc l'enrichissement de l'État (en moyenne à hauteur de 10 % de leur production agricole annuelle), alors que les plus grands propriétaires bénéficient d'exemptions et autres privilèges. Cette situation se détériore tout le long de la période, malgré des tentatives de réforme, ce qui aboutit à la croissance du nombre de fermiers pauvres et d'ouvriers agricoles ne possédant pas de terre[11].

Artisanat[modifier | modifier le code]

À gauche : vase des Song du Nord avec une glaçure transparent teintée de bleu, de Jingdezhen, XIe siècle ; au centre : bol des Song du Nord décoré de lotus et une glaçure transparent teintée de bleu, de Jingdezhen, XIIe ou XIIIe siècle ; à droite : maquette d'un grenier des Song du Sud avec un couvercle et une porte détachables, en porcelaine qingbai avec glaçure transparente teintée de bleu, Jingdezhen, XIIIe siècle.

En milieu urbain, les artisans forment des guildes avec lesquelles l'État doit traiter pour la perception des taxes, la réquisition de marchandises et l'établissement des salaires de bases et des prix des marchandises[3],[12]. L'artisanat voit sa main-d'œuvre augmenter grâce à l'afflux de populations démunies venues des campagnes qui est généralement très mal payée, et les corporations se chargent de l'organisation du marché du travail[13]. Il s'agit là généralement d'un artisanat de luxe très divers et éclaté entre une grande variété de producteurs, destiné à satisfaire les besoins des élites urbaines.

L'activité métallurgique est en pleine expansion sous les Song. Elle est menée à la fois par des entrepreneurs privés qui possèdent leurs propres fonderies et par des fonderies contrôlées par le gouvernement[14]. L'économie de la dynastie Song est suffisamment stable pour aboutir à une production annuelle de plusieurs milliers de tonnes de fonte, voire plusieurs dizaines de milliers[15],[16]. La déforestation à grande échelle se serait poursuivie en Chine au XIe siècle sans l'innovation consistant à utiliser de la houille plutôt que du charbon de bois dans les hauts fourneaux pour la fonte du fer[15]. La plupart de cette fonte est réservée à un usage militaire pour la fabrication d'armes ou d'armures pour les troupes, mais une partie est utilisée pour façonner de nombreux objets en fer afin de répondre à la demande du marché local. Ces progrès de la production métallurgique sont permis par une exploitation plus intensive des ressources minières (fer, cuivre, étain, plomb, etc.), permise par l'ouverture de nouvelles mines, notamment au sud de l'Empire, et la mise au point de nouvelles techniques (utilisation d'explosifs)[17]. L'État dispose de ses propres mines, et collecte au titre de taxe une partie de la production des mines privées[16].

D'autres activités artisanales connaissent une grande croissance, comme la céramique, avec le développement de la technique de la porcelaine qui assure à la Chine un grand prestige dans ce domaine dans les échanges internationaux pour de nombreux siècles[17]. Dans le domaine du textile, l'artisanat de la soie connaît aussi une période florissante, avec la mise au point de nouvelles machines[18]. La production artisanale est donc très diverse, profite du développement considérable des échanges qui lui offre des débouchés considérables à l'intérieur de l'Empire, mais aussi à l'extérieur. De plus en plus de villes et de région peuvent alors se spécialiser dans des productions spécifiques pour lesquelles elles gagnent une grande réputation.

Échanges intérieurs et monnaie[modifier | modifier le code]

Les échanges intérieurs à l'Empire profitent d'un réseau de transport très performant, largement hérité des efforts d'aménagement des dynasties précédentes, et qui fait l'objet de nouveaux efforts de la part de l'administration des Song[19]. Le Nord dispose du réseau le plus développé au début de la période, que ce soient par voie terrestre avec des voies disposant de relais, auberges, courriers et tours de garde à intervalles réguliers, ou par voie navigable avec les nombreux canaux. Dans le Sud, c'est essentiellement ce dernier trafic qui se développe sous les Song, avec la construction de nombreux canaux, et une majeure partie des échanges se fait par bateau. Ce réseau de transport d'une densité incomparable dans le monde d'alors est maillé par de nombreux centres urbains importants qui sont autant de lieux de production, d'échanges et de consommation qui animent les échanges intérieurs et fonctionnent parfois comme interfaces avec l'extérieur[20]. Les besoins alimentaires de ces villes animent un important commerce de denrées, avant tout les céréales, qui est la base de l'enrichissement de nombreux marchands[21]. À un niveau supérieur, le développement d'une « bourgeoisie » urbaine, enrichie par les activités de ces villes et des campagnes avoisinantes, assure une demande croissante en biens luxueux et raffinés, qui anime de nombreux circuits d'échange. L'État est également un acteur important de cette circulation de produits divers[22]. Il ne cherche plus à contrôler les prix, et ne procède pas à des réquisitions mais se procure les produits dont il a besoin par le moyen de prélèvements sur une partie des produits échangés à l'intérieur comme aux frontières. Il développe également des monopoles commerciaux dirigés par des fonctionnaires, parfois avec l'aide de marchands privés, notamment pour les besoins croissants de ses armées. Les taxes commerciales et les monopoles finissent sans doute par dépasser sous les Song du sud les revenus des taxes foncières. Ce système avait cependant le défaut d'inciter certains marchands à la fraude et à la contrebande.

Cette croissance des échanges intérieurs implique une évolution des moyens des échanges, à savoir la monétisation croissante de l'économie. La production annuelle de monnaie frappée en cuivre atteint en 1085 six milliards de pièces[23]. L'avancée la plus notable dans l'économie des Song est la diffusion pour la première fois au monde par le gouvernement de monnaie imprimée sur papier, connue notamment sous le nom de jiaozi[23]. Elle trouve son origine dans les certificats de dépôt émis par des certificats de dépôt émis par des bureaux de l'État en faveur de marchands, qui développaient aussi à cette période divers instruments d'échanges (chèque, lettre de change, billet à ordre)[24]. L'économie florissante et la forte augmentation des produits sur le marché entraînent à cette époque une pénurie de cuivre, qui ne permet plus de produire suffisamment de pièces de monnaie en métal[25]. Pour imprimer les billets de banque, la cour impériale met en place plusieurs ateliers contrôlés par le gouvernement dans les villes de Huizhou, Chengdu, Hangzhou et Anqi[26]. De nombreux ouvriers sont recrutés pour la production des billets de banque. Ainsi, l'usine de Hangzhou enregistre en 1175 plus d'un millier de travailleurs quotidiens[26]. Il a fallu faire face rapidement à l'émission de faux billets. Bien qu'il puisse être considéré comme le premier système viable de papier-monnaie de l'histoire, il a connu une histoire très chaotique[27]. L'utilisation des billets se développe beaucoup, mais l'État finit par en émettre beaucoup plus qu'il n'y a de réserves de monnaie métallique disponibles, notamment en période de guerre quand il a besoin de beaucoup de liquidités. Au final, la monnaie de papier finit par perdre la confiance de ses utilisateurs, vaut de moins en moins, et finit par ne plus être acceptée. À la veille de l'invasion mongole, le système n'est plus viable et s'effondre.

Échanges avec l'extérieur[modifier | modifier le code]

La puissance économique de la Chine des Song se répercute dans les échanges extérieurs et influence même les économies étrangères. La période des Song voit la Chine développer considérablement ses relations avec l'extérieur, grâce à l'expansion des échanges maritimes. Ils se substituent aux échanges terrestres avec l'Asie centrale qui dominaient auparavant et perdent en importance du fait de la situation politique dans cette région, et des relations conflictuelles avec les royaumes du nord et de l'ouest (Liao, Jin, Xi Xia), avec qui la Chine a des échanges largement déficitaires en raison des tributs qu'elle leur verse régulièrement et de la contrebande qui s'y effectue à ses dépends, et à pour effet de permettre à ces royaumes de financer leur survie sur le dos de la puissance économique chinoise[28],[29]. Les marchands chinois entrent donc en contact plus poussé avec les réseaux commerciaux maritimes très intenses de l'Asie du Sud-Est et de l'Océan Indien. Le géographe marocain Al Idrisi écrit en 1154 sur la prouesse des navires marchands chinois sur l'océan Indien et sur leurs voyages annuels pour apporter acier, épées, soie, velours, porcelaine et divers textiles dans des lieux tels qu'Aden (Yémen), les fleuves Indus et Euphrate dans l'actuel Iraq[30]. C'est en effet à cette période qu'apparaît la grande jonque à coque rectangulaire et à gouvernail axé, permettant la navigation en haute mer, apparue sans doute dans le delta du Chang Jang[31]. Elle est de grande taille, disposant de quatre à six mâts, de grandes voiles, et d'une capacité de transport considérables. L'usage de la boussole pour le transport maritime se développe également sous les Song, allant de pair avec les progrès de la cartographie et de la connaissance du monde extérieur. Ainsi, l'expansion maritime de la Chine des Song est la conséquence de nombreuses innovations qui ont été approfondies au cours des dynasties précédentes, qui assurent une supériorité incontestable aux Chinois dans la navigation.

Les étrangers, en retour, impactent également l'économie chinoise. Par exemple, beaucoup de musulmans d'Asie occidentale et centrale viennent en Chine pour commercer, devenant ainsi une force éminente dans l'industrie d'importation et d'exportation du pays, alors que certains sont nommés officiers pour superviser la situation économique[32],[33]. Le commerce maritime avec le Pacifique du Sud-Est, le monde hindou, le monde islamique et l'Afrique de l'Est apporte une grande fortune aux marchands et incite à une forte croissance de l'industrie navale de la province de Fujian[34]. Cependant les expéditions si loin de la Chine ne sont pas sans risques. Afin de réduire les risques de pertes économiques au cours de missions de commerce maritime vers l'étranger, les historiens Ebrey, Walthall et Palais écrivent :

« Les investisseurs [de la période Song] avaient pour habitude de diviser leur investissement en plusieurs navires, et chaque navire était soutenu par plusieurs investisseurs. Un observateur pensa qu'en investissant dans le commerce à l'étranger le mènerait à la fortune. Il écrivit, "les habitants des territoires côtiers ont des accords intimes avec les marchands qui s'engagent dans le commerce extérieur, soit parce que se sont des compatriotes soit parce qu'ils sont des connaissances personnelles... [Ils donnent aux marchands] de l'argent qu'ils emportent sur leurs bateaux pour acheter et ramener des marchandises étrangères. Ils investissent de dix à cent ligatures de pièces, et font régulièrement des profits de plusieurs centaines de pourcent."[35] »

Ainsi, le commerce extérieur s'intensifie sous la dynastie Song. Une cinquantaine de pays ont des relations commerciales avec la Chine à cette époque, dont Ceylan, Langkasuka (sur la péninsule Malaise), Samboja, Bornéo, Kelantan, Champa, Chenla, Java, l'Inde, Calicut, Bengale, La Mecque, l'Égypte, Bagdad, l'Irak, la dynastie Almoravides, la Sicile, le Maroc, la Tanzanie, la Somalie, les îles Ryūkyū, la Corée et le Japon[36]. Des perles, de l'ivoire, des cornes de rhinocéros, de l'encens, du corail, de l'agate, des carapaces de tortues et des roses sont importées en contre-partie des pays arabes et de Samboja, les herbes médicinales de Java, le ginseng, l'argent et le cuivre viennent de Corée[37].

réf[modifier | modifier le code]

  1. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées ebrey et al 2006 164
  2. a et b Needham 1986c, p. 23.
  3. a et b Ebrey, Walthall et Palais 2006, p. 157.
  4. Xia 1999, p. 65.
  5. Xia 1999, p. 84-96.
  6. Kuhn 2009, p. 213-214
  7. Kuhn 2009, p. 217
  8. Kuhn 2009, p. 219
  9. Ji 1997, p. 124-129.
  10. Kuhn 2009, p. 214-216
  11. Gernet 2005, p. 36-39
  12. Gernet 2007, p. 134-136.
  13. Gernet 2007, p. 141-143.
  14. Wagner 2001, p. 178–179, 181–183.
  15. a et b Ebrey, Walthall et Palais 2006, p. 158.
  16. a et b Kuhn 2009, p. 231.
  17. a et b Gernet 2005, p. 45.
  18. Kuhn 2009, p. 220-221.
  19. Kuhn 2009, p. 225-229.
  20. Gernet 2005, p. 45-46.
  21. Kuhn 2009, p. 218-219.
  22. Gernet 2005, p. 47-49.
  23. a et b Ebrey, Walthall et Palais 2006, p. 156.
  24. Gernet 2005, p. 50-51.
  25. (en) « Paper money, a Chinese invention? », sur www.nbbmuseum.be (consulté le ).
  26. a et b Needham 1986e, p. 48.
  27. Kuhn 2009, p. 236-241.
  28. Gernet 2005, p. 48.
  29. Kuhn 2009, p. 250.
  30. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées shen 1996 159–161
  31. Gernet 2005, p. 53-54.
  32. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Needham, Volume 4, Part 3, 465.
  33. (en) « Islam in China (650–present): Origins », Religion & Ethics - Islam, sur BBC (consulté le ).
  34. (en) Peter Golas, « Rural China in the Song », The Journal of Asian Studies, vol. 39, no 2,‎ , p. 291–325 (DOI 10.2307/2054291, lire en ligne).
  35. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées ebrey et al 2006 159
  36. Zhao Rukua (赵汝适 Song Dynasty), Zhufanzhi (诸番志)
  37. Zhao Yanwei (赵彦卫Song dynasty) Yun Lu Man Chao (云麓漫钞) p88 Zhong Hua Book Co (ISBN 7-101-01225-6).