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Utilisateur:Ylzkhan/Brouillon

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Le massacre de Maraş (en turc : Maraş katliamı) a lieu à Kahramanmaraş, dans le sud-est de la Turquie, entre le 19 et 26 décembre 1978. Les affrontements entre militants islamo-nationalistes et militants communistes se transforment alors en un pogrom anti-alévi dans lequel une centaine de personnes trouvent la mort et un millier de personnes est blessé.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Le 19 décembre, une bombe explose dans le cinéma Çiçek, fréquenté par des nationalistes turcs, lors de la projection du film anti-soviétique Güneş Ne Zaman Doğacak (en français : Quand le soleil se lèvera-t-il) avec Cüneyt Arkın en tête d'affiche, et utilisé comme film de propagande par le Parti d'action nationaliste (MHP) d'Alparslan Türkeş. Aucune victime n'est à déplorer à l'exception d'un blessé léger. Selon la rumeur, les militants communistes étaient derrières cette attaque. En réalité, un jeune membre des Loups gris, Ökkeş Kenger — il changera son nom de famille pour Şendiller par la suite et deviendra député pour le Parti de la grande unité (BBP) — en était à l'origine afin de créer une provocation artificielle. Le 20 décembre, en représailles, les militants fascistes font exploser une bombe dans le café Akın, où se retrouve des militants communistes. L'explosion fait plusieurs blessés. Le 21 décembre, deux enseignants syndicalistes de gauche, Hacı Çolak et Mustafa Yüzbaşıoğlu, sont assassinés après leur journée de travail. Au soir, des militants communistes cherchent à se venger et s'en prennent à la demeure d'un professeur de judo, proche des milieux nationalistes, Güngör Gencay. Le massacre commence véritablement le lendemain. Une foule d'environ 5 000 personnes, majoritairement de gauche et encadrée de policiers, se forme pour amener les corps des deux enseignants assassinés à la mosquée Ulu Cami pour faire leur cérémonie funéraire avant de les enterrer. Elles avancent aux cris de « Les Mustafa et les Hacı ne meurent pas ! », « Türkeş le meurtrier ! » ou encore « Trouvons les tueurs, faisons les payer pour ça ! ». Mais une autre foule, cette fois-ci composée de militants islamo-nationalistes, les en empêche en disant que des communistes ne méritent pas une telle cérémonie et en alertant les fidèles de la mosquée avec des « Les communistes arrivent ! Les communistes brûlent la Sublime Mosquée ! Les militaires sont avec nous ! Pourquoi arrêtez-vous ? Ils nous prennent notre religion ! Marchez ! Tuez les communistes ! ». Ce cortège réussit à regrouper 10 000 personnes et défait la foule de militants de gauche avec des jets de pierre et de chaise selon des témoins, même si le noyau persiste. Des petits groupes d'extrême gauche se forment et s'en prennent à des habitants du quartier conservateur de Yörük Selim, provoquant la mort de deux personnes en plus d'un idéaliste qui est mort lors des affrontements entre les deux groupes. À la fin de la nuit, la police arrive à disperser la foule située sur la place de Chypre. Mais pendant toute la nuit, les militants islamo-nationalistes élaborent un plan pour le lendemain en alertant la population sunnite d'une attaque imminente de la part des alévis et des groupes d'extrême gauche. Des centaines de personnes s'arment alors de haches, de pistolets ou de fusils. Le 23 décembre, au matin, la municipalité diffuse en continu un message via les haut-parleurs qui invite toute la ville aux funérailles des trois idéalistes morts la veille alors même que les funérailles des enseignants de gauche n'ont pas été autorisées. Inquiet de la situation, le préfet de la province Tahsin Soylu décrète un couvre-feu et les militaires réussissent à arrêter ces messages sonores mais il est déjà trop tard. Environ 15 000 personnes se forment aux cris de « Mort aux communistes ! » ou « Nous ne laisserons pas le sang de nos amis sur le sol, nous nous vengerons ! ».