Utilisateur:Roland45/Réactions aux attentats du 13 novembre 2015 en France sur le territoire national

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Mobilisation sur les réseaux sociaux[modifier | modifier le code]

De nombreux Parisiens s'organisent sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter, pour proposer des hébergements aux personnes n'ayant pas d'endroit où rentrer, via le mot-dièse #PorteOuverte[1],[2], ou la version allemande #OffnenTüren, créée pour que les Allemands venus au stade de France puissent être hébergés.

Aux États-Unis, un hashtag similaire, #StrandedInUS, permet aux Parisiens retenus sur le sol américain d'être hébergés[3].

Les internautes se sont également servis des réseaux sociaux dans la nuit avec le hashtag #RechercheParis pour rechercher des personnes disparues s'étant trouvées sur les lieux des drames[4]. Le mot clé #rechercheParis devient samedi , le troisième mot clé le plus utilisé en France[5].

Dans la nuit, vers h 30 du matin, un appel au don du sang est lancé sur Twitter avec le hashtag #dondusang[6]. Il est rapidement retweeté plus de cinq-mille fois et relayé par de nombreux médias, croyant avoir affaire à un communiqué officiel de l'Établissement français du sang. Dans la nuit, des volontaires au don du sang se présentent devant les centres de transfusion, croyant qu'ils avaient été ouverts en urgence pour transfuser les victimes. Le samedi matin, à l'ouverture des centres de l'EFS, des files d'attente remarquables se forment rapidement, notamment en Île-de-France, donnant lieu à une fréquentation qui n'avait jamais été aussi élevée : plus de neuf-mille personnes se déplacent pour donner leur sang soit près de dix fois la fréquentation normale généralement constatée un samedi. Devant cette mobilisation exceptionnelle et imprévue, dès la mi-journée, l'EFS se voit contraint de diffuser un communiqué invitant les donneurs à revenir ultérieurement. En réalité, l'appel au don du sang n'émanait pas de l'EFS, comme les médias l'avaient initialement diffusé. Il s'agissait d'une initiative d'une amicale de donneurs de sang bénévoles, qui a indiqué au micro d'Europe 1 avoir été à l'origine de cet appel au don du sang[7]. Tant le site officiel de l'EFS[8], que le site de cette amicale[9], ont été fortement perturbés dans la journée du 14 novembre, à la suite de très nombreuses connexions.

Le , Facebook déclenche son « contrôle d’absence de danger » (Safety Check)[10]. Ce service permet à chaque utilisateur géolocalisé dans les zones dangereuses de signaler à ses amis qu’il est en sécurité. Le réseau social a également mis en place ce même jour un outil de personnalisation de la photo de profil appliquant un filtre du drapeau français sur celle-ci, permettant de « montrer [son] soutien à la France et aux Parisiens »[11], fonctionnalité déjà expérimentée au moment de l'adoption du mariage homosexuel aux États-Unis avec le drapeau arc-en-ciel. Le neuroscientifique Romain Ligneul souligne que celle-ci permet à Facebook comme à un tiers d'obtenir des données déterminantes sur ses utilisateurs, les photos de profils étant publiques. Il observe également que cette proposition « contribue en quelque sorte à fixer [la] signification » du drapeau français, à renforcer sa diffusion et donc à favoriser son acceptation[12]. Pour M, le magazine du Monde, la polémique que suscite parfois cette initiative sur le réseau social est révélatrice du « rapport schizophrène » que les Français entretiennent avec leur drapeau[13].

Le mot clé #PrayForParis devance le #JeSuisCharlie, avec 6,7 millions de tweets avec ce hashtag en dix heures contre 6,63 en cinq jours. Par ailleurs, d'autres mots clés tels que #1bougiepourParis ou #1candleforParis sont lancés, invitant les internautes, comme après la tuerie au siège de Charlie Hebdo, à allumer une bougie sur leur fenêtre en hommage aux victimes. Les internautes se sont également mobilisés pour rendre hommage au gérant du compte Twitter de supporteurs français du club Everton tué durant les attaques : le mot clé #Tribute4FrenchToffees, demandant au club anglais d'organiser un hommage durant le prochain match, a réuni plus de trente mille messages en quelques heures dont certaines célébrités, clubs et joueurs de football[14],[15],[16].

Le lendemain des attentats, le collectif informel de hackeurs Anonymous a annoncé par le biais de sa chaîne YouTube qu’il comptait s’attaquer à l’État islamique[17],[18]. Quelques heures après environ cinq mille cinq cents comptes Twitter de propagande liés à l'État islamique sur Twitter ont été désactivés, assure le groupe[19]. Cependant, selon le Daily Dot, de nombreux comptes signalés ne sont pas des comptes liés à l'EI[20],[21].

L'événement donne lieu à un certain nombre de canulars. Sur son blog, le journaliste Grégoire Lemarchand, de l'AFP, recense « de fausses photos du Bataclan pendant le concert (en fait une salle de concert en Irlande), un vrai-faux tweet de Donald Trump, des images montrant prétendument les rues de Paris désertes au lendemain des attentats (elles ont été prises en fait en pleine torpeur du mois d’août), ou encore l’Empire State Building de New York illuminé aux couleurs de la France »[22],[23].

Le 28 novembre 2015, le magazine Slate relate comment la présente page Wikipédia est rédigée depuis le soir même des événements[24].



Réactions du monde politique[modifier | modifier le code]

Réactions des autorités religieuses[modifier | modifier le code]

La foule sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame pendant la messe du 15 novembre.

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, prie et invite les catholiques de Paris à prier. Il appelle les paroisses parisiennes à se conformer aux mesures édictées par les autorités et demande de faire de ces journées « des journées de deuil et de prière »[30]. Le 15 novembre à 18 h 30, il célébre une messe à Notre-Dame « à l’intention des victimes, de leurs proches et à l'intention du pays » ; le glas de la cathédrale sonne également[31]. Le 18 novembre, l'évêque de Saint-Denis, Mgr Pascal Delannoy, invite quant à lui à un moment de recueillement et de prière en la basilique Saint-Denis, qui a été utilisée comme tour par les forces de l’ordre le matin-même[32].

Le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier exprime dès le lendemain des attentats sa « profonde douleur devant cette extrême violence »[33]. Le chapelain de la basilique de Fourvière, Hervé Benoît, publie sur un site catholique traditionaliste une tribune mettant sur le même plan les victimes du Bataclan et leurs bourreaux, qualifiant les « pauvres enfants de la génération bobo » de « morts-vivants » et jugeant que « leurs assassins, ces zombis-haschishin, sont leurs frères siamois »[34] : le prêtre est alors relevé de ses fonctions par l'archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin[35].

Le Conseil français du culte musulman condamne les attentats : « Devant la gravité de la situation, le CFCM appelle la nation toute entière à l'unité et à la solidarité »[36]. Des associations locales condamnent également ces attentats, telle l'association des Musulmans d'Aulnay-sous-Bois : « Les musulmans d’Aulnay se joignent aux musulmans de France et à tous les français dans leurs pensées et leur soutien aux familles des victimes et prient pour la paix et la sécurité de notre pays et de nos concitoyens[37]. ». À Marseille, un collectif de onze mosquées publie une déclaration dans laquelle ils affirment que « L'épreuve qui vient, encore, de frapper la France nous incite à nous tenir aux côtés de l'État dans sa lutte contre les extrémismes et le terrorisme international. » et appellent « l'ensemble des Français à ne pas se laisser tenter par le cycle infernal des amalgames et des représailles, qui serait la meilleure façon de cautionner les actions criminelles des assassins parisiens »[38].

Le Conseil supérieur des oulémas du Maroc a émis une fatwa condamnant les actes terroristes de Daech. Celle-ci vient s'ajouter à un certain nombre de réactions et de mesures similaires prises à travers le monde par différentes autorités religieuses musulmanes[39].

Le 20 novembre, le Conseil français du culte musulman (CFCM) diffuse un appel solennel à toutes les mosquées pour qu’il soit lu lors de la grande prière du vendredi. Cet appel proclame spécialement le « rejet catégorique et sans ambiguïté de toute forme de violence ou de terrorisme qui sont la négation même des valeurs de paix et de fraternité que porte l’islam »[40].

Le grand rabbin de France indique dans un communiqué : « Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, le président du Consistoire, Joël Mergui, le grand rabbin de Paris, Michel Gugenheim, organisent une cérémonie de recueillement et de prières à la Synagogue de la Victoire », à Paris, le dimanche 15 novembre 2015[41].

Quarante personnalités dont des responsables religieux (chrétiens, musulmans et juifs) et des responsables humanitaires publient la tribune « Nous sommes unis » : « Le but de la terreur, au-delà du chiffre macabre des victimes, est de provoquer la division d’une nation, d’une famille [...] Les terroristes nous ont adressé un message. Ils ont voulu mettre la France à genoux. Disons-leur à notre tour que nous sommes debout ! [...] Notre unité est notre bien le plus précieux[42]. »

Actes et violences racistes, antimusulmans ou antisémites[modifier | modifier le code]

Des actes isolés d'hostilité à la population musulmane sont rapportés. Durant la semaine suivant les attentats, le Conseil français du culte musulman fait état de de six plaintes ou mains courantes concernant des actes qualifiés de racistes et de dix-huit concernant des menaces[43].

Une dizaine de croix et marques réalisées à la peinture rouge sang ont été découvertes à différents endroits de la mosquée Sahaba de Créteil le [44]. À Évreux, des inscriptions anti-musulmanes ont été constatées sur la façade et la porte de la mairie et dans d'autres endroits de la ville[45]. À Pontivy, un rassemblement du mouvement nationaliste breton d'extrême-droite Adsav est sujet à débats : selon France Bleu Armorique, une personne d'origine maghrébine aurait été agressée par six manifestants[46], mais cette affirmation est mise en doute par d'autres médias présents sur place, tels que France 3, alors que le préfet du Morbihan, Thomas Dego déclare qu'« aucune infraction à caractère raciste n’est remontée jusqu’à [lui] »[47],[48]. À Cambrai, un homme d'origine turque est blessé par balle de petit calibre après avoir été la cible d'un groupe de trois personnes circulant à bord d'une voiture pavoisée d'un drapeau français ; le tireur présumé s'est ensuite suicidé[49]. À Marseille, une femme musulmane coiffée d'un hijab est agressée le 17 novembre, à la sortie d'une bouche de métro, par un individu qui lui aurait assené un coup de poing et qui l'aurait blessée légèrement au thorax avec un objet, lui entrainant une interruption temporaire de travail de deux jours[50].

Le 18 novembre, Sylvain Saadoun, un professeur d'histoire de 57 ans portant une kippa, est violemment agressé par trois individus dont l'un d'entre eux porte un tee-shirt qui semble, selon la victime, représenter le drapeau du groupe terroriste État islamique[51], dans le 13e arrondissement de Marseille, à la sortie du centre juif Yavné. Il est tailladé avec un couteau aux avant-bras, mais également les épaules, les jambes et l'abdomen[52],[53]. Il témoigne qu'un agresseur lui a montré une photo sur son téléphone portable du terroriste Mohammed Merah. Ces actes sont condamnés dans un communiqué du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve[54]. Le président de la République s'exprime le 19 novembre et déclare : « nous devons être d’une terrible, impitoyable même, réaction parce que c’est l’ensemble de la communauté nationale qui est concernée[55]. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Fusillades et explosions à Paris : au moins 30 morts », sur leprogres.fr, .
  2. Stéphane Baillargeon, « Le journal des témoins : De terribles témoignages livrés à chaud », Le Devoir, Montréal,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « #StrandedInUS: Americans Open Homes to Parisians Stuck in U.S. », sur NBC News (consulté le )
  4. Marine Le Breton, « #rechercheParis: la recherche des disparus s'organise sur les réseaux sociaux après les attaques à Paris », sur Huffington Post, (consulté le ).
  5. Attentats à Paris : sur Twitter, l'insoutenable attente des proches
  6. « #dondusang: le tweet d'appel au don du sang qui a suivi les attentats »
  7. « Interview par Europe 1 de l'amicale des donneurs de sang de Paris »,
  8. « www.dondusang.net : site officiel de l'Établissement Français du Sang »
  9. « www.dondusang.paris : l'amicale des donneurs de sang de Paris »
  10. Coline Clavaud-Mégevand, « Attentats à Paris : Facebook déclenche son « Safety Check » », sur 20 minutes, (consulté le )
  11. « Attentats à Paris : Facebook met en place des photos de profil bleu blanc rouge », sur francetv info (consulté le )
  12. Romain Ligneul, « « Changez votre photo de profil » : Facebook et le bleu-blanc-rouge en un clic », sur Rue89, (consulté le ).
  13. Sandra Franrenet, « Comment le drapeau français a repris des couleurs », sur www.lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
  14. (en) « #Tribute4FrenchToffees campaign calls for tribute to Everton fan killed in Paris attacks », sur le Liverpool Echo,
  15. (en) « Paris attacks: Everton supporters group boss among dead in night of terror in France », sur leMirro,
  16. « L'hommage de Twitter à un fan d'Everton », sur Sofoot.com,
  17. « Les Anonymous annoncent des cyberattaques contre l'État Islamique », sur Libération,
  18. Xavier Eutrope, « Face à Daech, Anonymous prépare «l'opération la plus importante jamais réalisée» », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne).
  19. « Anonymous prétend avoir réussi à couper 5500 comptes Twitter liés à Daech », sur le Figaro.fr,
  20. (en) « Twitter: Anonymous's lists of alleged ISIS accounts are 'wildly inaccurate' », sur The Daily Dot
  21. « La cyberguerre des Anonymous contre Daech est-elle vraiment efficace ? », sur L'Obs
  22. Grégoire Lemarchand, « Le vrai, l’à moitié vrai et le complètement faux ».
  23. « Ces photos trompeuses qui circulent après les attentats du 13 novembre à Paris », sur Le Monde
  24. Grégor Brandy, « Comment Wikipédia a écrit l'histoire des attentats du 13 novembre », Slate, (consulté le )
  25. « Peace for Paris », sur Twitter
  26. « #PeaceForParis », sur Twitter
  27. « Attentats de Paris : après #JesuisCharlie, #JesuisParis », sur Direct Matin
  28. « En Italie, « Je suis Paris » à la « une » d’un journal », sur Le Monde
  29. « #JeSuisParis », sur Twitter
  30. « Message du cardinal André Vingt-Trois », sur notredamedeparis.fr (consulté le ).
  31. « Message du cardinal Vingt-Trois suite aux attaques terroristes », sur aleteia.org, (consulté le ).
  32. http://www.leparisien.fr/saint-denis-93200/le-message-de-solidarite-de-l-eveque-18-11-2015-5289765.php
  33. « Attentats de Paris - CEF - Conférence des Evêques de France », sur Newspress,
  34. Le cardinal Barbarin « consterné » par la tribune d’un prêtre sur les attentats, La Croix, 24 novembre 2015
  35. « Sanction pour le prêtre qui avait comparé les victimes du Bataclan aux jihadistes », leparisien.fr,
  36. « Attentat à Paris : François Hollande au Bataclan, une centaine de morts, trois terroristes tués », sur 20 minutes,
  37. « L’ACMA prend la parole », aulnaymeritemieux.com, (consulté le )
  38. « Marseille: L'appel de 11 mosquées contre «les amalgames» et les «représailles» », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  39. La Croix, Après les attentats, les autorités musulmanes lancent une fatwa contre Daech, 16 novembre 2015
  40. Bernadette Sauvaget, « Appel : Les musulmans de France veulent lever toutes les ambiguïtés », sur Libération,
  41. « Attentats : hommage dimanche soir aux victimes à la Grande synagogue », europe1.fr, (consulté le )
  42. « Nous sommes unis », liberation.fr, (consulté le )
  43. « Attentats : 24 agressions antimusulmans depuis le 13 novembre », sur leparisien.fr (consulté le )
  44. « La mosquée de Créteil taguée de croix rouge sang », sur Le Parisien, (consulté le )
  45. « Fusillades de Paris : « Célébrer la victoire de la culture sur la barbarie », explique Guy Lefrand, le maire d’Evreux », sur Paris Normandie, (consulté le )
  46. « Pontivy : après les violences, quatre plaintes déposées », sur France Bleu (consulté le )
  47. « Pontivy. Le préfet du Morbihan confirme : « aucune plainte pour agression raciste » », sur breizh-info.com (consulté le )
  48. « France Bleu Armorique a-t-elle inventé une agression raciste ? », sur ojim.fr (consulté le )
  49. « Nord : un Turc blessé par balle pour sa couleur de peau », sur Le Figaro, (consulté le )
  50. Agence France Presse, « Islamophobie : une jeune femme voilée agressée à Marseille », lepoint.fr, (consulté le )
  51. « Marseille : "Ils ont commencé à taillader mes avant-bras", raconte l'enseignant juif agressé », sur France Télévisions
  52. Enseignant juif agressé à Marseille : ce que l'on sait
  53. Marseille : un enseignant d'une école juive agressé au couteau par trois hommes
  54. Agence France Presse, « Un prof d'une école juive et une femme voilée agressés à Marseille », lefigaro.fr, (consulté le )
  55. Agence France Presse, « Agression contre un juif et une musulmane : Hollande appelle à une réaction « impitoyable » », respectmag.com, (consulté le )