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Utilisateur:Mourdour/Histoire d'Our

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Aux origines, XIe – XIIIe siècles[modifier | modifier le code]

Les temps des moines défricheurs aux XIe et XIIe siècles[modifier | modifier le code]

L'abbaye de Saint-Paul de Besançon a été fondée vers 630. Aux XIe et XIIe siècles, elle fait preuve d'un grand dynamisme et envoie ses moines dans les confins de la forêt de Chaux comme sur la rive droite du Doubs. L'église d'Orchamps à la fin du XIIe siècle, comme la création d'un prieuré à Etrepigney en sont des illustrations. Ce siècle est celui des défrichements et de « l'encellulement » (la création d'un habitat groupé en village où les masures familiales remplacent les vastes granges communes de l'époque carolingienne).

Ce dynamisme de peuplement associé à une solide croissance économique, se fait dans le cadre du Comté de Bourgogne, intégré au Saint-Empire. En ce début de XIIe siècle, Guillaume II de Bourgogne est comte et Calixte II né à Quingey tout proche, conduit le monde catholique.

Dans les premières années du XIIe siècle (la date précise étant inconnue mais il est le premier dans l’ordre de la rédaction de l’obituaire-livre des morts- de l'abbaye de Saint-Paul, sur la page dédiée à Our)[1] un « familier » (homme vivant dans l’abbaye sans être pour autant un moine), Hugo, semble prendre possession d’une terre près (apud) d’Our (Ors). S’il n’est pas encore question d’une église ; cela sous-entend l’existence préalable du village. « ob hugo familiaris noster, pro quo habemus terram apud ors ». C’est la première mention d’Our.

Quelque temps plus tard, un chanoine de la même abbaye, Albricus, y établit « un autel » « ob albricus subdiaconus…pro quo habemus altare de stirpiniaco et altare de Ors ». Cet Albricus était en binôme avec un certain Narduin, également chanoine, avec qui il avait établi également un « autel » à Etrepigney. Saint-Paul de Besançon avait aussi envoyé des moines sur le territoire d’Eclans[1].

Dans un mémoire de 1726, les habitants d’Our renvoient à cet « obituaire » comme étant daté, sans plus de précision, du milieu du XIIe siècle. L'antériorité de l'église d'Our sur celle d'Etrepigney est affirmée à plusieurs reprises. Ils la qualifient « d’Église mère » entourée de toute éternité d’un cimetière « où sont enterrés aussi ceux la Bretenière »[2].

En 1114, l'abbaye bisontine se voit attribuer la « collation » (le droit de choisir le prêtre desservant qui sera ensuite installé dans ses fonctions par l’évêque) de l’église d’Our, fondée sous le patronage de l’apôtre Pierre. Le pape Innocent II en 1139 adresse un document scellé (une bulle) à Guichard, prieur de Saint-Paul (vers 1138-1147), afin de lui confirmer ce droit[2].

Le « pouillé » du diocèse de Saint-Claude confirme cette concession dans une « bulle » du pape Alexandre III en 1177[3].

Évidemment, nulle trace de l'église primitive. Pourtant les deux bénitiers visibles aujourd'hui sous le porche du clocher ont été récupérés sur un édifice plus ancien. Leurs factures pourraient bien être contemporaines des XIIe ou XIIIe siècles.

Qu'en fut-il du défrichement ? Comment les hommes ont-ils gagné sur la forêt ? Il faut faire une hypothèse mais elle s'appuie sur des pistes solides. La situation de l'église en avant garde du village, regardant la plaine, en bordure de coteau ; le parcellaire en lanières établi au début du XIXe siècle, les possessions foncières de l'abbaye de Saint Paul positionnées pour l'essentiel dans la plaine; peuvent laisser imaginer que c'est autour de l'oratoire primitif, auquel les textes font références, que l'implantation humaine s'est fixée. Le défrichement a probablement été mené d'une clairière originelle et d’un chemin tirant droit dans le bois (plus ou moins la rue principale actuelle) jusqu'au ruisseau du moulin pour gagner des terres agricole d'Est en Ouest dans un périmètre englobant le bas de la commune jusqu'au chemin de défruitement entre les maisons Poux et Ménétrier (les lieux-dits des Champs Ronds, de la Grande Soiture, des Louvrottes et l’ensemble des vergers). De bonnes terres, constituées en vastes pièces, de la plaine, proche l'église, aux lieux-dits " le Roncenet, les Champs St Pierre et la fin d'Our" ayant été propriétés de l'abbaye de Saint-Paul jusqu'à la Révolution, laissent à penser à un défrichement des premiers temps par les moines fondateurs. Dans une deuxième période, le défrichement a sans doute gagné sur la forêt du Nord au Sud, pour étendre le village jusqu'à sa limite actuelle en bordure de bois (L’essart la grive, sous la grive, les champs de l’étang, proche le bois, les Verrières) et pour "essarter" le coteau, bien orienté, rive gauche du bief du moulin, en partant du chemin qui conduisait à Montjeux. (l’essart dessus)[4].

Le temps des seigneurs aux XIIe et XIIIe siècles[modifier | modifier le code]

Si le XIIe siècle est encore celui des grandes familles aristocratiques dans le « comté de Bourgogne » comme les Chaye seigneurs de Rans, les Montfaucon, Les Montbeliard, les Arguels, en revanche, le contexte général du XIIIe siècle voit l'appauvrissement et l'affaiblissement général des vieilles familles nobles locales au profit des comtes de Bourgogne. Ces derniers vont jouer de cette fragilité pour étendre le domaine comtal notamment aux alentours de la forêt de chaux. Le bois et le sel donnant la richesse à celles et ceux qui les possèdent. Le village d'Our n'échappe pas à ce mouvement comme tous ceux de la bordure de la forêt de chaux[5]

Our une « mouvance » (dépendance) de la seigneurie de Rans[modifier | modifier le code]

La communauté villageoise des premiers temps dépendait de la seigneurie de Rans.

La famille de Chaye au XIIe siècle (près de Quingey) prend le nom de Rans. On les trouve très engagés dans la fondation de l'abbaye d'Acey[6]

Dans la hiérarchie féodale, Les Rans dépendaient de la famille de Neuchatel (près de Pont-de-Roide) qui elle-même relevait des comtes de Bourgogne. Ainsi les Rans étaient-ils les « vavasseurs » des Comtes de Bourgogne. En 1264 puis en 1274, Hugues dit "la tempête", sire de Rans rend-t-il hommage au comte Jean l'Antique puis à son fils Jean de Chalon-Arlay.

Deux documents permettent de confirmer une dépendance de longue date de la communauté villageoise d'Our à la seigneurie de Rans. En janvier 1280, Jean de Rans (fils d'Hugues et héritier de la seigneurie de Rans) fait référence à ses « devanciers » quant à l'usage des bois d,Our[7]. En 1286 il confirme "...tenoit moy de mes miens...c'est à assavoir à...Our..."[8]. Dans les deux textes, Jean de Rans fait un renvoi à l'ancienneté de la possession : "devanciers" et "moy de mes miens".

Aux origines d'une seigneurie partagée[modifier | modifier le code]

Au XVIe siècle, l'existence de trois seigneuries (on parle alors de co-seigneurie) à Our est actée dans de très nombreux actes officiels. L'une en bas du village, était une « mouvance » (un morceau) de la seigneurie de Salans (dite seigneurie d'Aval d'Our). L'autre occupait le haut de la commune était un arrière fief de la seigneurie de Roche en Valouais, aujourd'hui Roche sur Loue près d'Arc et Senans (dite seigneurie d'Amont d'Our)[9] et enfin la partie proche le ruisseau du moulin était une dépendance du fief d’Éclans. Si la division d'une communauté rurale entre de multiples seigneurs n'est pas exceptionnelle, en trouver l'origine n'est pas aisée. En suivant les fils du démantèlement progressif de la seigneurie de Rans au XIIIe siècle, on arrive à discerner les temps de rupture et de recomposition entre « aval et amont ».

Posons la situation : Les seigneuries de Salans, Roche-sur-Loue étaient des arrières fiefs de la seigneurie de Rans, Eclans était une mouvance de Rochefort sous l’autorité de la famille de Chalon.

Depuis 1266, Salans était entré dans l'orbite du domaine des comtes de Bourgogne, date à laquelle Hugues de Rans pour se libérer de ses dettes (200 livres) avait remis temporairement en gage (en hypothèque dirait-on aujourd'hui) ses seigneuries de Rans et Ranchot au comte de Bourgogne. En 1276, son héritier, Jean, transmettait définitivement contre extinction d'une nouvelle dette de 1 000 livres "de bons estevenans", Fraisans, et ses dépendances (Salans) à la comtesse palatine de Bourgogne, Alix, épouse du puisant seigneur Hugues de Chalon (1209/1279).

Il est assez possible que la famille Comtale rendit contre "hommage et fidélité" à Jean, la terre de Fraisans et ses dépendances. La démarche était courante. On arrangeait les affaires entre gens du même monde dirait-on familièrement. En 1295, Jean confirme sa dépendance vassalique à Hugues de Bourgogne, frère du Comte Palatin Othon IV désormais propriétaire de la seigneurie de Fraisans.[10]

Les terres de Fraisans/Salans et leurs dépendances dont une partie du village d'Our, vont demeurer dans le giron du domaine comtal jusqu'au XVe siècle.

En mars 1272, la comtesse Alix possédant désormais et par voie de conséquence des biens à Our en avait disposés pour rétribuer à hauteur de 60 sous de rente annuelle, son prévôt de Dole, Jacques le Grand puis sa veuve Blanchons[11]

Par ailleurs, Guy de Rans (1230/1275), frère d'Hugues de Rans, avait reçu soit, de son puissant père Richard III de Chay, soit de son frère Hugues, la seigneurie de Roche en Valouais. Un document original de novembre 1266 le prouve[12]. Une portion d'Our avait du faire partie de la donation. L'érudit Alphonse Rousset, au XIXe siècle, développe deux thèses contradictoires sur la seigneurie de Roche :

  • En 1280, le neveu de Guy de Roche, Jean de Rans déjà cité plus haut (avait-il récupéré le Fief de Roche au décès de son oncle ?) aurait vendu à Eudes de Neuchatel, doyen de Besançon, le fief de Roche en Valouais (Roche sur Loue)[13].
  • Par ailleurs, Eudes de Rans, petit-fils d'Hugues aurait engagé ses seigneuries de Rans, Roche et Poupet à Hugues Ier de Chalon-Arlay (1288/1322) contre 1000 livres estevenantes[14]

Quoi qu'il en soit et fort de très nombreux documents, la seigneurie de Roche va demeurer liée à la terre de Poupet donc aux familles aristocratiques des Salins, des Clermonts puis des Poupets jusqu'au XVIe siècle.

Pour conclure, s'il semble bien que Richard III de Chay, seigneur de Rans, qui vivait aux alentours de 1230, ait été le dernier maître de l'ensemble du village d'Our dans le cadre du puissant fief de Rans, encore autonome du domaine des comtes de Bourgogne; on ne sait pourquoi dans le cadre d'une succession ou donation, le village d'Our fut divisé entre Hugues et Guy.

L'administration de la « seigneurie d'Our » au XIIIe siècle.[modifier | modifier le code]

Une "seigneurie" implique toujours une idée de supériorité, du pouvoir du maître. Il peut s'agir d'une "maîtrise" foncière (le seigneur possède la terre et la confie afin qu'elle soit exploitée), d'une "maîtrise" sur les hommes (qui se sont mis à un moment sous la protection d'un "guerrier") ou d'une maîtrise "politique que l'on nomme le ban" avec pouvoir de justice voire mise à disposition d'équipements communs (four, étang, etc.). Parfois le seigneur dispose seul des trois maîtrises, parfois pas.

La famille de Rans détenait une seigneurie « globale. » Dans le document déjà cité de 1286, Jehan de Rans précisait " c'est assavoir en hommes, en maisons, en maiz, en preiz, enchamps, en boys, en rivières..."[15].

La "seigneurie" avait besoin d'une administration de terrain. Les Rans comme les Comtes ne géraient pas en direct leurs terres. Les Comtes avaient institué des prévôts. Les Rans selon le même document de 1286 avaient confié la gouvernance quotidienne d'une partie de leur fief (Our, Etrepigney et Cinq cens) à un seigneur local "Estevenin de Cinq cens" sous la forme d'un "arrière fief". Des documents plus tardifs du XVIe siècle précisent que le seigneur peut instituer à Our notamment "un prévost ou bailly à ferme... châtelain et juge...procureur..." bref toutes sortes d'officiers locaux pour le représenter[16]. La déconcentration des pouvoirs n'est pas une nouveauté.

Qui était cet Estevenin ? On trouve un Pétrus (Pierre) puis Hugues de Cinqcens aux XIIIe et XIVe siècles.

Ne cherchons pas à Our de "château fort"... il y en avait un à Eclans, un à Rans, une motte féodale à la Bretenière, une maison forte à Orchamps… En cas de péril, la forêt de Chaux était probablement le meilleur espace de protection.

La sortie de l'orbite de la famille de Rans à la fin du XIIIe siècle.[modifier | modifier le code]

Le cartulaire des Comtes de Bourgogne, reproduit dans Mémoires et documents inédits pour servir à l'histoire de la Franche-Comté de la faculté des sciences de Besançon en 1908, contient plusieurs documents liés à Our et Jean de Rans. Pour l'essentiel, ils content l'histoire d'une déchéance : celle d'une noblesse locale criblée de dettes, contrainte de mettre en gage puis de céder par morceaux ses terres à plus puissant, à savoir ici les Comtes de Bourgogne. La chronologie de l'appauvrissement n'est pas linéaire et s'établit dans le cadre des "fidélités féodales . Tel seigneur criblé de dettes et cédant la pleine propriété d'un fief contre l'extinction d'une dette peut très bien se voir confier en retour par son créancier la même terre pour continuer d'en jouir...en obligé. C'est ce qui arriva sans doute à Jean de Rans. N'empêche,tout cependant se précipite dans la dernière partie du XIIIe siècle.

  • En 1280, Jean de Rans cède au comte de Bourgogne Othon IV tous ses droits sur des pâtures en forêt de Chaux, notamment à Our, en garantie d'une dette de 400 livres[17]. " en la peson de la glent des bois....d'Ours..."
  • En 1286, dans un texte déjà cité, le même Jean dit renoncer à tout ce qu'il tient à Our en hommes, bois, maisons, prés, etc.[8]

Au terme du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle, plusieurs documents rapportés par des érudits ou historiens locaux tendent à prouver qu'Our (du moins la seigneurie d'Aval, en mouvance de celle de Salans) était définitivement tombé dans le domaine des comtes de Bourgogne comme bien des communautés voisines, Etrepigney, Fraisans, Eclans, La Bretenière, Cinq Cens, Orchamps…

En 1289, Hugues de Bourgogne, sur la demande de son frère le comte Palatin Othon IV, met le siège devant le château de Rans afin de punir une « félonie » de Jean de Rans. Hugues est alors réputé déjà posséder Our, Étrepigney, Cinq cens sur sa part de l'héritage paternel (décédé en 1266) et maternel (décédée en 1279),une succession réglée définitivement en 1292. Ce qui aurait pu selon Maurice Rey[5] "avoir des conséquences désastreuses, distrayait du Domaine dans notre région...Our...". Selon Maurice Rey, le lent travail d’extension du domaine comtal sur les marges de la forêt de Chaux, conduit par Alix et son fils Othon risquait d'être remis en cause par des démembrements successifs.

Cependant, en 1312, dans son testament Hugues de Bourgogne remet l'ensemble de ses fiefs qu'il tenait de son frère Othon à ses neveux. Le domaine comtal est consolidé et Our en est une partie[18]. Pourtant, une lecture attentive du document original semble dénoter une erreur de transcription… à suivre…

L'usage de la forêt de Chaux au XIIIe siècle[modifier | modifier le code]

La présence de la forêt est partout. Le village a été gagné en partie sur la sylve. La toponymie des champs en garde la mémoire. Le "sar dessus" et le sar la grive" c'est-à-dire l’essart, une terre gagnée sur les bois, se situent l'un comme l'autre au dessus du village, à l'orée de la forêt de Chaux.

Bois et ruisseaux étaient propriétés des seigneurs de Rans. En 1280, afin d'éteindre une dette comme énoncé plus haut, Jean de Rans, cédait jusqu'à remboursement de celle-ci au Comte Palatin Othon IV ses droits "en la peson de la glent ". Il s'agissait de faire "glander des porcs" dans les bois. Céder ses droits, c'était en fait surtout céder le droit de percevoir une redevance de la part des villageois qui y conduisaient leurs troupeaux. Lors de cette transaction, Jean de Rans se réserve la possibilité de toujours faire pâturer ses "grosses bestes" (à savoir les vaches et chevaux), de conduire ses porcs à la glander "fors celui qui assiert à la glent" et d'utiliser le bois pour son usage domestique "c'est asavoir mon usage". Dans ce document, Jean de Rans précise non seulement que ces droits sont anciens, tenus en héritage " que mi devancier hont euhee..." mais surtout que ces droits s'étendent "à ses gens". Il faut entendre par là non les serviteurs de la "maison du seigneur" mais bien plus les habitants des villages proches des bois décrits "de Renz, de Cinccenz, d'Esterspingny, d'Ours..."[7]. Ainsi la communauté villageoise d'our, dès les premiers temps, bénéficiait, soit à titre gracieux, soit à hauteur du modeste redevance, des larges possibilités données par les bois de la forêt de Chaux : bois de construction et de chauffage, espace pour faire pâturer le bétail, et bois propre à l'usage de l'artisanat tels les sabotiers ou les vanniers.

En 1286, Jean de Rans renonce définitivement à sa propriété sur Our et fait référence "en boys et en rivières"[8]. Il est assez probable que n'ayant pu rembourser ses dettes, il du alors se séparer de Cinq Cens, Etrepigney et Our. Dès lors, la forêt proche d'Our tombait dans le domaine comtal et allait bientôt relever d'une administration des bois et des étangs venue du duché de Bourgogne, lors du règne du duc-comte Eudes IV : la gruerie du Comté de Bourgogne.

Our au temps des Ducs de Bourgogne XIVe et XVe siècles[modifier | modifier le code]

Le Comté de Bourgogne est rattaché par deux fois au Royaume de France (d'abord avec le duc-comte de Bourgogne Eudes IV en 1330 puis en 1384 avec l'avènement des 4 ducs-comtes Valois successifs dont Charles le Téméraire mort en 1477 sera le dernier titulaire) permettant ainsi la constitution d'un vaste domaine qu'on qualifiera à terme des "États de Bourgogne" sous les "grands ducs".

Cette période se caractérise par une rationalisation et une optimisation de l'administration du Comté.

La peste au XIVe siècle.[modifier | modifier le code]

C'est à la fin de mai 1348 que la peste noire apparaît en Franche-Comté. Elle est arrivée du sud par la vallée du Rhône. Les historiens se disputent une date certaine, un chemin précis. N'empêche l'essentiel tourne autour des années 1348 et 1349.

Le 30 mai, Renaudin de Pupillin, prévôt d'Arbois, informait les autorités de Fraisans d'une menace "d'empoisonnement des puits" qui n'était peut être déjà, qu'une ignorante perception de la propagation de la peste. Cependant à cette date, seules des localités du sud Jura semblent touchées par le mal" présumé"[19]. Our n’apparaît pas explicitement dans les documents connus, en revanche, on peut fonder des hypothèses plausibles au regard d’événements connus dans des localités proches.

En 1354, il est question de Chatenois où les habitants sont " tous morts par la mortalité qui a couru par le monde, juste trois y sont demeurés". En 1368, alors qu'on a pu enregistrer des retours de la peste en 1360 et 1362, les comptes de la gruerie mentionnent qu'aucune amende n'a pu être enregistré au tribunal d'Orchamps faute de revenus des prévenus quant aux amendes de braconnage au même titre que celles de la Loye "que par la grant mortalitez qui a estée comunement ou contée de bourgoingne"[20]. Le village d'Our relevait du ressort du tribunal de la gruerie d'Orchamps. Difficile de tirer de ces 3 références des conclusions hâtives. Deux hypothèses peuvent être soutenues. La première, c'est que la bordure nord de la forêt de chaux entre Fraisans et Rochefort a été protégée des foyers pesteux tant du sud du massif que de la rive droite du Doubs par les barrières naturelles que sont les bois et la rivière exempte ici de points aisés de franchissement. La seconde, c'est que le bacille de la peste ait circulé suffisamment pour que les populations voisines de la forêt de Chaux soient suffisamment atteintes et ne soient plus en mesure du moindre braconnage alors même qu'un garde de la gruerie était installé à Our.

La seigneurie[modifier | modifier le code]

Vers 1350 vivait Poinçard II réputé encore « seigneur de Rans », mais également seigneur de Poupet. Il eut deux filles[21]. De là, mariages, ventes et successions lient la seigneurie d'amont d'Our aux familles qui possédèrent tour à tour le Fief de Roche/Poupet. Les Salins par vente aux alentours de 1380, les Clermont par mariage en 1419[22] et les Poupet vers 1440[23] qui donnèrent de nombreux grands officiers aux Ducs-Comtes.

Le 29 novembre 1427, un vidimus du dénombrement de la seigneurie de Salans et par conséquent de celle d'aval d'Our était enregistré à la chambre des comptes du comté de Bourgogne au profit de Guillaume de Vienne[24]. Il cède Salans à Jean de Gorrevod qui vivait vers 1440. Rousset écrit "il appartenait (Salans) à Guillaume de Vienne... qui peu d'années après vendit cette terre à Jean de Gorrevod"[25]

À la même époque, en 1456, deux frères, Antoine et Pierre de Chassignet (ou de la Chassaigne) seigneurs d'Eclans, ayant succédé aux Vienne, construisaient une chapelle face le château fort d'Eclans et dotaient le chapelain du droit qu'ils tenaient sur le four banal d'Our.

Quant aux hommes, ils étaient réputés libres donc dégagés[26] de la mainmorte dans un "dénombrement des feux" établis en 1476 sous l'autorité de Charles le Téméraire.

Voisiner avec la forêt de chaux, domaine des ducs-comtes de Bourgogne[modifier | modifier le code]

Avec les revenus des salines, les forêts et notamment celle de Chaux comptent parmi les ressources essentielles des ducs-comtes. Aussi, dès 1335 Eudes IV organise-t-il une administration propre à contrôler l'usage de ses bois par les communautés villageoises voisines[27], c'est la Gruerie du Comté de Bourgogne. L'institution est organisée autour des 2 bailliages de la province, eux-mêmes divisés en "sièges et ressorts" et parmi ceux là, celui d'Orchamps dont relevait les bois de la Bretenière et la forêt de Chaux voisine d'Our.

L'usage pré industriel des bois n'est pas à négliger. Dès 1370, on compte un "fêvre" à Our dont les activités semblent dépasser celles d'un simple maréchal ferrant. Le bief du Moulin existait il déjà et était-il utilisé par ce "fêvre "?

À la recherche de terres pour les « grosses bêtes » : l'usage des prés de Lavans[modifier | modifier le code]

Les prés sont une denrée rare au Moyen Âge. Telle communauté tente de faire paître son troupeau sur des terres qui ne lui appartiennent pas. En 1435, le Parlement de Dole doit trancher un conflit d'usage entre les habitants d'Our et ceux de Lavans.[28] Les habitants de Lavans regardaient les terres entre le Doubs et la forêt de Chaux comme des communaux pour la vaine pâture "de la saint Michel jusqu'à la Saint Georges". Ils se réservaient la possibilité de louer le droit de pâturage. Hors les habitants de Our le revendiquaient également, argumentant que les seigneurs d'Our disposaient" à l'accoutumée" de sergents et messiers pour garantir cet usage dont "ils avaient joui tant par eux que leurs prédécesseurs comme de leurs propres droits notoirement et paisiblement..."Le parlement trancha, Lavans gagna et la communauté d'Our n'eut de cesse par la suite d'obtenir par convention à Orchamps ou à Lavans des droits de vaine pature " pour ces grosses et menues bestes".

Our "quand la Comté était aux Habsbourg d'Autriche puis d'Espagne" 1493-1678[modifier | modifier le code]

Entre "Amont", "Aval" et Eclans : une co-seigneurie bien organisée[modifier | modifier le code]

En Franche-Comté, il était assez courant qu'une communauté villageoise soit sous la tutelle de plusieurs seigneurs (jusqu'à 8 dans le Nord-Ouest de la province [29]) est courante. Paul Delsalle dans une communication devant l'Académie des sciences, des belles lettres et des arts en 2015, décrit la situation comtoise[29]. Il précise que la "seigneurie" est la structure la plus fragile de la trilogie « Paroisse, Communauté villageoise, Seigneurie » vécue par les habitants eux-mêmes. La multiplication des « seigneurs », leur éloignement physique et l'enchevêtrement des droits des uns et des autres, donnaient aux villageois sinon une marge de manœuvre du moins permettait de relativiser voire disputer la tutelle seigneuriale.

Our semble avoir cependant échappé en partie à cet imbroglio. La division de la communauté entre 3 seigneuries avait été judicieusement organisée : à La seigneurie dite d'Amont « mouvante de Roche sur loue » les compétences propres au temps de guerre et la fiscalité qui y était associée ; à la seigneurie d'Aval, les pouvoirs de justice et de police entre les mains d'un Prévost ou procureur ayant autorité sur l'ensemble du village ; enfin à la seigneurie d'Eclans la propriété sur les « banalités » imposées à tous : le four à pain, le moulin et l'Etang.

La seigneurie d'Aval[modifier | modifier le code]

Cette portion de seigneurie occupait le bas du village. Difficile pour autant de trouver la frontière entre l'amont et l'aval. L'absence d'appartement ne facilite pas la recherche.

Jean de Gorrevod, d'une très puissante famille de Bresse, s'en porte acquéreur dans la dernière partie du XVe siècle[30]. Ses héritiers seront les possesseurs du fief de la seigneurie d'aval jusqu'au dernier quart du XVIe siècle tout en confiant dès 1498 l'administration de la seigneurie de Salans et ses dépendance à une noble famille arboisienne les Bontemps[31]. En 1584, Claude de Vautravers acquiert la terre de Salans, Our et Berthelange. En janvier 1626, le chanoine Charles Laborey acquiert la terre de Salans de Joachim de la Tour de Jousseaux, lointain héritier des Bontemps, et ses dépendances, dont la seigneurie d'aval d'Our[9]. Les Laborey tiendront ce fief jusqu'à la Révolution française.

Cette seigneurie compte au milieu du XVIe siècle entre 6 et 7 maisons.

La seigneurie d'Amont[modifier | modifier le code]

En 1561, Jean de Poupet est réputé seigneur de Roche[32]. Il est l'héritier du fief passé des Rans aux Clermont puis aux Salins.

En 1584, peu après le décès de Guillaume de Poupet, abbé de la Baume (en 1583), le fief passe à Andremont de Pracontal. Il sera repris en 1664 par Ferdinand de Rye, marquis de Varambon, qui le cédera rapidement en 1667 à Philippe Félicien et Claude Ferdinand de Brun. Un fief est un bien comme un autre qui se vend et s'achète.

La famille de Brun va conserver le fief jusqu'en 1789 tout en le mettant amodiation (location).

Ce fief compte au milieu du XVIe siècle, 14 « meigniers » (ceux qui occupent des meix) expressément recensés, c'est-à-dire des « redevables ». L’extrapolation en nombre de maisons, de feux, d’habitants est périlleuse. En 1584, on compte 10 maisons dans cette partie du village. Quoi qu'il soit, la seigneurie d'Amont était la plus peuplée et la plus étendue des deux parties de la communauté villageoise.

Pour autant, si on compte un feu (foyer) par maison et 5 habitants par feu (ce qui est sans doute en deçà de la vérité), on peut conjecturer que la communauté d'Our au cœur du XVIe siècle devait compter entre 85 et 100 habitants. Ce qui correspond plus ou moins aux recensements établis au début du XVIIe siècle.

Une enclave de la seigneurie d'Eclans qui détient les « banalités »[modifier | modifier le code]

En 1576 et 1577, François de Vautravers, seigneur d'Eclans fait établir un nouveau terrier récapitulant l'ensemble de ses droits et de ses biens. Il confie cette tache à Alexandre Mour, notaire à Our. Il possède une part d'autorité sur le village d'Our, pour l'essentiel sur le finage allant vers le village d'Eclans au plus proche du Doubs. Cette seigneurie, à la différence de celles d'Aval et d'Amont, n'a pas de capacité à agir ni sur le statut des hommes, ni sur la justice, ou leur protection. Il s'agit de droits sur quelques pièces de terre. On relève 5 « tenanciers » (possesseur sans être propriétaire d'un bien à titre héréditaire) dont une seule compte une maison, celle de « l'honorable » Loyis Mour. Le rentier fait référence à un document plus ancien qui confirme cette imbrication particulière entre Our et la seigneurie d'Éclans toute proche.

En revanche, le seigneur d'Éclans dispose des banalités. À lui le Moulin et l'Étang qu'il a admodié à Pierre et Guillaume Dampnon venus de Myon près de Salins. À lui, le four banal, établi dans le haut du village, dont il a cédé les revenus au chapelain d'Éclans.

Un cadre commun pour la justice et la défense[modifier | modifier le code]

En Franche-Comté, la division d'une communauté villageoise en plusieurs seigneuries (jusqu'à 8 dans le Nord-Ouest de la province selon Paul Delsalle[29]) est courante. À Our, l'existence de deux fiefs principaux semble avoir été pris en compte afin que les villageois connaissent globalement un cadre commun en ce qui concerne l'exercice de la justice et les obligations liées à la défense. En somme, l'essentiel du champ de compétence d'une seigneurie.

Au XVIe siècle, dans les « dénombrements de reprise de fief » de 1566 (pour l'aval) et 1584 (pour l'amont), les deux fiefs disposaient de la haute, moyenne et basse justice. Il faut entendre par « haute justice » les procès criminels. Pour ce qui est de la moyenne et basse justice, il s'agissait de tout ce qui relevait des rixes, injures, vols et successions ainsi que les questions relatives aux droits dus au seigneur. Si la haute justice est explicitement citée dans le dénombrement d'amont, elle est omise dans celui d'aval de 1584 alors même qu'un article fait référence à la manière dont l’exécution publique doit être traitée.

Chacune des deux seigneuries était en droit de nommer un administrateur « (de) pouvoir instituer un prévost ou bailli à savoir juge, châtelain, scribe, maire, sergent, procureur et autre pour sa justice… » dans l'Amont ; « droit de pouvoir instituer un prévost ou bailli… instituer un châtelain, juge dans la dite prévosté, un procureur, scribe qui pourra tenir justice » dans l'Aval. Afin que la justice de proximité n'ait qu'un seul visage auprès de la communauté, "le châtelain d'aval" avait compétence sur toutes les affaires du village "droit d'instituer comme châtelain juge de ladite prévosté un procureur, scribe qui pourra tenir la justice tant sur nos meix que sur les hommes de Monsieur de Roche"[9]. Il faut entendre ici par châtelain, un juge et non le propriétaire d'un château. Tout au long des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, la famille Mour s'impose dans cette fonction à travers de très nombreux documents. Il semble bien que dans les deux cas, le « juge châtelain » ou « procureur » qui exerçait ce que l'on appellerait aujourd'hui le "ministère public" menant enquête et prononçant le réquisitoire se confondait avec le "prevost ou bailli" qui avait pour fonction de rendre le jugement. En revanche, de manière certaine, ces fonctions étaient achetées par qui le pouvait. Les Mour en l’occurrence mais aussi les Subtil de Lavans (en 1584 Anathoile Subtil apparaît dans un registre paroissial d'Etrepigney comme procureur d'Our et fait baptiser sa fille à l'église d'Our). L'officier seigneurial se « refaisait sur le dos de la bête » en percevant pour son compte les plus petites amendes « de prendre à son profit toutes les amendes de 3 sols ».

Dans le cadre d'affaires présentées le 16 janvier 1636 devant "les assises du bailliage de Salans", Pierre Mour (1589/ +?) est présenté comme « procureur spécial… de la justice et chastellenie de ladite seigneurie d'aval d'Our ».

Pour ce qui était de la haute justice, elle ne se partageait pas, c'est "le droit d'épée". En "terre d'Amont", les habitants se devaient de comparaître à la justice de Roche (probablement donc au château) lorsque l'on y installait "les signes patibulaires" (généralement à ne pas confondre avec les fourches patibulaires qui sont une potence. Les signes patibulaires sont le plus souvent un carcan installé à la vue de tous) afin de constater l’exécution d'une peine infamante autant qu'exemplaire. S'il s'agissait d'un crime "l’exécution et le dernier supplice doit être exécuté au signe patibulaire de la seigneurie de Roche". Ce dernier propos laisse à penser que le vocabulaire judiciaire n'était sans doute pas fixé entre signe et fourche… En ce qui concernait l'aval, les mots étaient quasiment identiques « nos sujets demeurans audit lieu d'Our sont tenus d'avec les habitants de Salans et Berthelange et nos hommes, accompagner notre justice pour exécution criminelle quand le cas advient ».

Les nobles sont, selon le propos de l’historien Duby, des « guerriers ». Ce qui justifie leurs privilèges, c'est qu'ils versent "l'impôt du sang" pour leur suzerain ; ce qui justifie leur ascendance sur le petit peuple, c'est leur capacité à les protéger.

À Our, nul lieu de défense sinon la forêt. Au plus près, il y avait la maison forte d'Orchamps. Aucun document ne laisse penser que les habitants d'Our y étaient acceptés comme « retrahants ». D'une part, la communauté d'Orchamps était déjà bien assez nombreuse, d'autre part, il n'y avait pas de pont mais juste un bac à Lavans les Dole pour passer le Doubs et enfin il était sans aucun doute plus prudent de demeurer éloigné de la route du passage des troupes sur la rive droite de la rivière.

Si forteresse il y avait dans l'univers des habitants d'Our, c'était celle de Roche-en-Valouais, Roche-sur-Loue, à l'écart des villages d'Arc et de Senans. Il y avait "obligation (pour ceux d'amont, Note de l'auteur) d'aller faire le guet et garde… au château de Roche en temps de guerre et d’imminents péril, idem ceux de la seigneurie d'Aval". On n'y parle pas de venir s'y retrancher en revanche. Le bois était un territoire bien plus sûr. Il appartenait aussi aux habitants de la seule seigneurie d'Amont de "faire montre d'armes au dit Roche par devant le châtelain capitaine " c'est-à-dire du recensement militaire afin de constituer les milices. Deux "montres d'armes" ont été réalisées en 1632 et 1644. En novembre 1632, le parlement de Dole, inquiet de la présence suédoise en Alsace, ordonnait le recensement de tous les hommes valides, capables de défendre la place dont ils dépendaient alors que les menaces sur la Comté s'accumulaient. 24 hommes de 18 à 60 ans d'Our se sont rendus au château de Roche. Treize d'entre eux disposaient d'une arquebuse, de la poudre et du plomb, 6 avaient une hallebarde, 4 une arme indéterminée "brindestoc" et un seul se présenta à Cheval avec ses pistolets c’était le notaire Pierre Mour[33].

Cette "protection" même lointaine trouve une contrepartie dans le versement par toute la communauté villageoise d'Aval et d'Amont, d'une somme au seigneur de Roche "à la saint martin d'hyver la quantité de 40 mesures d'avoine, mesure dudit Our… à savoir 12 francs". Ce qui était en fait peu, et qui ne va pas varier de la mi XVIe siècle à la plus récente cession de fief en 1667. Tout au long du XVIIIe siècle, dans le rôle des impôts de la communauté d'Our, cette "rente perpétuelle" demeurera de 40 mesures d'avoine et sera de moins en moins acceptée. Sans être ainsi nommée, on peut assimiler cette rente à l’impôt que l'on nomme la taille.

Une fiscalité issue de la féodalité, mais des terres peu chargées en impôt et des hommes libres[modifier | modifier le code]

La communauté villageoise se voyait imposer des impôts issus des temps féodaux, qui apparaissent déjà au XVIe siècle comme désuets. Ils étaient les lointains héritiers des charges qui pesaient sur les paysans afin de subvenir aux besoins le plus souvent militaires de leur seigneur en contrepartie de sa protection.

Les habitants de la seigneurie d'Amont étaient tenus « aux 4 aydes... Introduit par la coustume du comté de Bourgogne… et y ont contribué du passé. » Il s'agissait de payer un impôt supplémentaire pour des situations extraordinaires et donc coûteuses : le mariage de la première fille du seigneur, un voyage "oultre mer", l'entrée en chevalerie ou plus simplement une rançon.. Quant à ceux de la seigneurie d'Aval, le seigneur avait la possibilité « quand bon nous semble » de prélever une taxe sur la vente du vin et du blé.

Pour ailleurs, les habitants de la communauté étaient tenus de payer une rente perpétuelle, sorte de location héréditaire, à leur seigneur pour la possession de leurs terres agricoles et même du terrain sur lequel était construit leur maison. C'est le Cens. Il est le plus souvent symbolique, payé en monnaie ou en "carteron de cire" ; mais il marque la propriété reconnue au seul seigneur : "nulle terre sans seigneur" disait-on.

À titre d'exemples, en 1566, les héritiers de Pierre Perrot devaient pour "leur meix et maisons" un quarteron de cire "payable le jour de fête de saint martin d'hiver. Perrenin Délyot pour sa part devait six deniers estévenans "sur une pièce de terre arable… contenant environ un demi journal".

Son montant relativement faible ne va pas être réévalué au cours des XVI, XVIIe et même XVIIIe siècles. Aussi, il ne pèse que très peu sur le budget du paysan sinon de manière symbolique pour rappeler qui est "maître et seigneur". Pour autant lorsqu'un possesseur d'une terre ou d'une maison transmettait un bien grevé d'un cens (une terre en censive) en seigneurie d'Amont, il devait s'acquitter de payer au seigneur une taxe que l'on nommait "lodz". (un peu le droit d'enregistrement d'aujourd'hui). Ainsi, en 1626, Claude Parrez doit-il payer au seigneur de Roche « 3 blancs et un engrogne » pour avoir cédé une maison avec jardin et verger[34].

Dans les nombreux terriers rédigés aux XVIe et XVIIe siècles, il n'est jamais mentionné de statut de mainmortable (impossibilité de transmettre ou de céder ses biens), d'obligation de corvées quelconques telles que des travaux sur les terres des seigneurs, voire de « charges de banalité » (qui imposent l'usage obligatoire et payant d'un bien propriété du seigneur : étalon, taureau, étang, moulin...). Seul un four banal en haut du village est mentionné dès 1578. Il relève de la dotation du chapelain d'Éclans sans que l'on sache pourquoi[35].

Dans le dénombrement de 1584 de la seigneurie de Roche propre à Our, énoncé comme "rière de la seigneurie d'amont" (c'est-à-dire arrière-fief de Roche), il est précisé que les "maigniers" (c'est-à-dire les ménages sous l'autorité du seigneur) sont déclarés francs, c'est-à-dire libres des obligations "banales" ou plus simplement des obligations économiques de la seigneurie. Cette position avait déjà été relevée dans un rôle fiscal 1476[26]. Dans une lettre adressée au "magistrat de Dole" en mars 1655, Charles Laborey de Salans, seigneur d'Aval, précise « qu'il n' y aucune mention de mainmorte »[36].

Si l'on y ajoute les droits d'usages reconnus en forêt de Chaux pour y mener les bêtes ou ramasser des bois et l'existence de prés communaux à l'usage de tous, on peut en conclure que la communauté villageoise d'Our vivait sous les Habsbourg dans un environnement très favorable.

La famille Mour : des notables bien établis[modifier | modifier le code]

Tout au long des XVIe et XVIIe siècles, la famille Mour s'impose comme celle de notables, très importants propriétaires terriens, cumulant des charges de justice et dominant de leur puissance, de leurs relations, de leurs alliances matrimoniales, de leur fortune, la communauté villageoise sans pour autant appartenir à la noblesse. Les Mour occupent 3 types de fonctions (il conviendrait d'ailleurs d'utiliser le terme plus approprié d'offices puisqu'ils achetaient leurs charges) : notaire, officiers de justice seigneuriale ou prévotale et enfin officiers de la gruerie puis de maîtrise des eaux et forêts "dans les bois de chaux".

Alexandre vers 1550, louis vers 1580 et Pierre vers 1600[modifier | modifier le code]

Dès 1509, dans un document qui retrace ceux qui possèdent des terres dans la prairie de Lavans, il est fait référence à des Mour. Georges, Henry, Claude le viel, Claude le jeune, Eymon ; aucun ne porte alors un titre honorifique[37].

le notaire Alexandre Mour[modifier | modifier le code]

En revanche, en 1558, l'abbaye Saint-Paul de Besançon fait le compte des biens qu'elle possède à Our. C'est Alexandre Mour, notaire, qui rédige le document [38]. On le trouve aussi "scribe au ressort de la gruerie d'Orchamps"[39]. Bien des documents portent sa signature. En 1577, il rédige avec un soin tout particulier le rentier de la seigneurie d'Éclans, étant nommé pour cette charge par le Parlement souverain de Dole. En 1584, son nom apparaît encore dans le « censier » de la seigneurie de Roche. Parmi ces 3 enfants, on compte Richard qui va exercer sa charge de Notaire à Dole de 1601 à 1636.[40]Nombre des Mour d'Our, dans la première partie du XVIIe siècle, vont enregistrer à Dole, probablement installé dans le village d'Azans ou au faubourg de La Bedugue ( au regard de sa clientèle ) chez Richard, des actes de ventes ou d'échanges.

L'honorable Loys Mour[modifier | modifier le code]

Contemporain du notaire Alexandre, un Louys ou loys Mour dit Mourot s'impose dans la notabilité villageoise. Est-ce le frère, d'Alexandre ? Est-ce son père, son oncle ? Loys est déclaré "honorable" et fils de "l'honorable Pierre Mour le viel" dans le rentier d'Éclans de 1578. C'est un important propriétaire foncier, sa maison imposante est en bas du Village." un meix, maison, verger et curtil contenant environ 3 mesures...et un aultre meix et maison...joignant et contiguë ...contenant quart d'un journal... aussi consiste ladite maison en quatre rains (travées) dont ledit Mour tient la moitié. En 1577, il vient de construire à proximité un cellier de pierre, ce qui laisse à croire qu'il possède également des pièces de vignes. Dans l'enquête préliminaire à la construction d'un moulin à Cinq Cens en 1555, un Loys et un Pierre Mour sont interrogés. L'un est âgés alors de 46 ans, l'autre d'environ 60 ans, ils sont regardés comme des notables. L'oncle? Le Père de Loys?...

Le Notaire et Procureur Pierre Mour[modifier | modifier le code]

Au XVIIe siècle, la lignée se précise. Au début du siècle, Pierre Mour est notaire « audit lieu d'Our il n'y a d'autre notaire que ledit procureur. » Il est né le 15 mars 1582 de Louis Mour, son parrain était le procureur de Lavans Pierre Sutie (ou Subtil). La date de son décès n'a pas encore été trouvée. Probablement durant la guerre de Dix Ans, période où les registres paroissiaux font défaut. Des actes notariés de 1605 et 1616[41] le citent nommément. Présent à la "montre d'armes" au château de Roche en 1632, il apparaît encore en 1636 dans un procès comme "prévost d'amont". Dans un document rétrospectif de 1696, il est déclaré "de son vivant juge en ladite prévosté". En première noce il épouse Françoise Tisserand, probablement au tout début du XVIIe siècle. En secondes noces, il épouse "l'honorable" Huguette Boubant de Dole, le 15 janvier 1634.On lui connait un frère, Henry, "docteur en droit", résidant à Dole et qui se "déleste" de son capital foncier à Our et Orchamps dans la première partie du siècle. [42]

Influent, il fait adosser à l’église Saint-Pierre, une chapelle privative sous le vocable de sainte Anne. Sa construction remonte probablement à la première partie du XVIIe siècle "ladite chapelle a été sacrée du vivant dudit feu Pierre Mour par monseigneur l'Evesque d'Andreville". Faute de précision, il est impossible de savoir s'il s'agit de Claude de la Barre (1616-1629), de Philippe Patornay (1631-1639) ou encore de dom Saulnier (1640-1681)[43] tour à tour évêques d'Andreville "suffragants", les deux premiers, assurément contemporains du procureur Pierre Mour. La chapelle était dédiée à sainte Anne. Les Mour s'y faisaient inhumer (notamment Jean-François en 1709, Joseph en 1733 ou une certaine Madeleine dont la pierre tombale est encore visible) et dire de nombreuses messes[44]. La seule venue de l'évêque évêque suffragant (c'est-à-dire auxiliaire) de l'archevêque de Besançon, pour consacrer cette chapelle est un marqueur de la notabilité du Notaire/Procureur Mour (1582/ après 1636). Le dallage de l'église ayant été perturbé au XIXe siècle, il n'est plus possible d'en trouver le juste emplacement.

Elyon : du soldat glorieux, homme de loi et « bourgeois » de Dole 1614-1681[modifier | modifier le code]

Son fils Elyon (1614 ?/+03.06.1681 à Dole[45]) qui a été reçu "Bourgeois de Dole" en mars 1665 pour service rendu durant le siège de 1636[36], est substitut à la gruerie d'Orchamps mais aussi "juge royal en la prévosté d'orchamps"[46], officier de justice à Our pour le compte de Monsieur Laborey de Salans, et juge-châtelain dans les prévôtés de Lavans et Etrepigney jusqu'à son décès[47], après avoir eu une carrière peu commune dans les armes. Il est allé guerroyer en Alsace, en Lorraine, en Allemagne sous des fonctions et grades différents : alphète (porte drapeau ou étendard), cornette de cavalerie puis capitaine d'infanterie (voir chapitre sur la guerre de Dix Ans). En 1668, on relève son nom comme notaire dans un acte déposé au baillage de Dole[48].

Il épouse Odette Masle de Dole dont il a au moins 6 enfants, Guillaume en 1640, Pierre en 1642, Suzanne en 1647[49], Jeanne en 1652, Jean-François en 1654 et Philiberte en 1657. Les naissances des 3 premiers enfants à Dole correspondent peu ou prou à la période militaire d'Elyon.

En février 1657, lors du dénombrement (recensement) de la population, c'est Elyon Mour qui reçoit l'agent du bailliage de Dole. Il apparaît très clairement comme le référent plus encore que l'échevin. Si sa fortune foncière ne peut être établie, en revanche sa soeur Claude Françoise en 1681 dans son testament tranmet à Claude Françoise Broch de Dole, où elle réside, 20 journaux de terre " à moy arrivé par le partage fait entre le sieur Elyon Mour, mon frère et moy."[50] Ce qui permet d'imaginer une importante assise en prés et champs pour Elyon Mour.

Pierre et Jean François : l'héritage consolidé et les derniers « glorieux »[modifier | modifier le code]

Elyon Mour aura notamment 2 fils : Pierre et Jean François.

Pierre (1642-1712)[modifier | modifier le code]

Pierre (19 septembre 1642 à Dole - 22 novembre 1712 à Dole) appartient à cette bourgeoisie de robe" qui cumulent les offices. Procureur « Postulant au Baillage » (pour l’essentiel le rôle des avoués d’autrefois) et notaire[41] il est en même temps, juge et « chastelain en la prévosté d'Orchampt », Lavans et Etrepigney" en1682 dès le décès de son père auquel il succède directement dès décembre 1682[51],[47]. Le titre de "procureur" est toujours d'usage en 1696 [44], en 1697 il est qualifié de "conseiller référendaire au bailliage". En 1702 et 1704, on le trouve juge à Auxange [52]. En 1709, il gère la succession de François Buzon d'Etrepigney en sa qualité de "juge et chastelain en la justice d'Etrepigney"[53]. En 1710, il est amené à juger de l'émancipation de Jean Poux d'Etrepigney en sa qualité de "juge et châtelain de la prevosté d'Orchamps"[54]. Aucun document à ce jour ne lui donne le titre de procureur de justice fiscal et de justice ou prévôt de la seigneurie d'Our, à la différence de son père et de son grand-père.

Il épouse en le 14 janvier 1665, Claudine Bado de Salins. Le témoin n'est rien moins que Charles Jules Laborey de la Baume, seigneur de Salans. Cette présence illustre une réelle connivence entre le seigneur de la partie Amont du village d'Our et la famille de ses prévôts pour laquelle il semble fort attentif (cf. son aide à Elyon Mour afin d'obtenir la « bourgeoisie » de Dole.

Pierre fait sa vie entre Our et Dole. Il y réside rue de Besançon. Compte tenu de la répartition de ses biens après son décès en 1713, on estime à 20 ha ses terres tant à Our, Lavans qu'Orchamps et une fortune estimée à 7 000 livres.

Jean François (1654-1709)[modifier | modifier le code]

Jean François (13 novembre 1654 / mai 1709) est reconnu comme "praticien" (du droit, en somme, un connaisseur des formules d'usages sans pour autant être un juriste diplômé) est déclaré selon les documents garde général à cheval de la maîtrise des eaux et forets[55] ou garde à Cheval (ce qui n'est pas du tout le même statut) disposant de revenus sur les sauneries de Salins, possesseur du moulin du village par héritage de son père et de son grand-père qui l'avait acquis et important propriétaire terrien. Il est déclaré "bourgeois de Dole" sans qu'on sache si le titre s'acquiert ou se transmet. Bien que possédant une maison en haut du village (où il décédera en 1709, "depuis une chambre basse...regardant le bois de Chaux..."), Jean-François semble plus éloigné du village que son frère Pierre.

Le moulin est admodié à un meunier. Ainsi, en décembre 1698, Pierre Délyot, à perpétuité, reçoit en location de Jean-François Mour le " Moulin à rasse d’eau et huilerie » pour 55 francs ancienne monnaies et des obligations de moudre des grains pour les besoins de ce dernier. Le paiement doit se faire chaque début d'année "en son logis audit Dole"[56].

L'office de Garde général à cheval de la maîtrise des eaux et forêt est prestigieux. La charge est rare. S'il est peu probable qu'il s'agisse de l'un des deux gardes généraux de l'ensemble du ressort du duché et du comté de Bourgogne, les précisions rencontrées dans bien des documents " garde à Cheval de la forêt de chaux" tendent à définir son activité auprès dans le cadre de la seule "Maîtrise de Dole". Son activité le conduit à encadrer l'ensemble des gardes forestiers de son ressort chargés de traquer les délits propres aux bois et aux rivières tel le braconnage ou les usages intempestifs des droits de glandage dans les bois par les troupeaux de porcs ou de "grosses bêtes". Il porte en service la casaque de la livrée du roi. Dans cet office, Jean-François Mour marche sur les traces de son père Elyon, substitut du procureur dans le ressort de la gruerie d'Orchamps ; le père jugeait, le fils encadrait.

Il épouse Claude Françoise Moureaux, née à Dole le 13 novembre 1669, le 14 juillet 1693 à Dole dans la chapelle de Cherlieu est-il précisé. S’agissait-il d’une chapelle doloise dédiée où les futurs époux se sont rendus à l'abbaye de Cherlieu ? Elle est la fille de François Moureaux, greffier au bailliage de Dole, résidant rue du Vieux-Marché (1644 à Lavans, décédé le 9 juillet 1687 à Dole) et petite fille de l'admodiateur en son temps de la seigneurie de Lavans, Elion Moureau. ils sont issus d'un univers social commun.

Jean François Mour témoigne à cette dernière une réelle tendresse dans son testament. Elle trouvera, après le décès de Jean-François, un nouvel époux en la personne d'un gentilhomme Gaspard d'Andressot, seigneur de la Barre (le 12 décembre 1711) dont les affaires n'étaient pas florissantes. Pour autant, elle tiendra ferme et scrupuleusement l'héritage de ses enfants. Elle meurt le 23 mars 1747 à l'âge de 79 ans, 5 jours après son second époux. L'un et l'autre sont enterrés dans la chapelle du Rosaire attenante à l'église d'Orchamps. Du ménage Mour-Moureaux sont demeurés 4 enfants : Claudine qui épousera François Brocard à la Barre (le 11 février 1721), Gaspard que l'on trouve chirurgien au régiment de Tallard et Claude François comme sergent dans le même bataillon; unité où le fils de leur beau-père d'Andressot est officier. Marguerite, installée longtemps à la Barre, sera l'épouse de Pierre Bonaventure Ledoux, chirurgien à Pagney[57]. La fratrie est très unie comme le démontre des actes notariés des années 1720 où Gaspard et Claude François abandonnent une partie de leur héritage à leurs sœurs.

À son décès, les biens de Jean-François Mour sont évalués à 3950 livres. Il est l'un des importants propriétaires fonciers du village. En septembre 1717[58], sa veuve, liquidera la succession de Jean-françois Mour entre ses 4 enfants et repartira outre la maison " en haut du village" et le loyer annuel du moulin de 100 francs, des biens évalués à de 4 000 francs. En 1728, ce ne sont pas moins de 4 laboureurs qui s'associent pour acheter aux 4 héritiers, Claude François, Claudine, Marguerite et Gaspard, 20 journaux de terres et les 10 soitures de prés (environ 10 ha en tout) issus des biens de leur père.

Des bourgeois de Dole ; des propriétaires terriens à Our ; des officiers de justice dans toute la prévôté d'Orchamps[modifier | modifier le code]

Leur situation dans la société est suffisamment puissante pour qu'Elyon, Jean-François puis Pierre soient "bourgeois de Dole"[36]. Ils y possédaient des "maisons", ainsi Pierre résidait "face les tiercelines"[59] et "rue de Besançon" (soit sur la place du 8 mai aujourd'hui) et sa tante Claude-Françoise rue des cordiers (ou rue cordienne) pour leur tante Claude Françoise décédé en 1681. Ils faisaient inscrire les naissances, mariages et décès de la famille dans les registres paroissiaux de Dole comme dans ceux d'Our selon leur lieu de résidence. Il arrivait aussi qu'on retranscrive dans les registres paroissiaux de la paroisse d'Etrepigney, un baptême ayant été réalisé à Dole. Ainsi le baptême en 1652 de Joanna Mour fille d'Elyon Mour est-il mentionné comme "loci Dola, bapstita fuit".

Les alliances matrimoniales se font dans le monde des officiers subalternes de justice (notaires, procureurs postulant, greffiers, juges châtelains…) souvent solides propriétaires fonciers dans leur village originel.

Ils sont suffisamment "installés" pour que des testaments soient enregistrés au bailliage de Dole et non chez un simple notaire.

Quant aux Mour de Dole dont les noms reviennent régulièrement à partir de 1606 dans les registres paroissiaux dolois, Sébastien, Richard, Christophe, il est très probable qu'ils étaient apparentés aux Mour d'Our. Ils sont de bonne bourgeoisie, choisissant les parrains et marraines de leurs enfants dans le monde de la justice. Le Notaire Dolois Richard Mour est probablement le fils du notaire installé à Our Alexandre Mour . Christophe Mour, qui est marchand rue de Besançon a, le 26 novembre 1642, des triplés de son épouse Anne Masle. Or, Elyon Mour qui réside à Dole et à Our à la même époque, a épousé Odette Masle. Elles sont sœurs ? L'une et l'autre son nées à Dole, l'une en 1614, l'autre en 1620. Quant à Odette Martin, de la parenté de leur mère (Claude Martin) elle est la marraine tour à tour de Claude fils de Christophe en octobre 1638 et de Pierre, fils d'Elyon en septembre 1642.

Leur notabilité était telle que des testaments étaient enregistrés devant des officiers du bailliage de Dole (Claude Françoise en 1681, Pierre en 1712), non chez un simple notaire et que certains se faisaient enterrer dans l'église de Dole « près de l'autel de sainte Véronique. »

Les Dampnon devenus Dasnon : des notables privilégiés ?[modifier | modifier le code]

Les deux "Pierre" : des hommes reconnus[modifier | modifier le code]

C'est dans le "terrier et censier" (compilation des droits du seigneur) de la seigneurie d'Eclans établi entre 1577 et 1578[35] , plus explicitement encore dans un dénombrement (situation fiscale après vente d'une seigneurie) de 1584 qu’apparaît la situation particulière de la famille Dampnon ou Dasnon. Pierre, Madeleine son épouse, ses enfants Claude et Pierre, résident dans une maison (avec 50 ares de terrain tout autour, ce qui est rare) dans la partie haute du village. Non seulement, ils sont de condition franche mais surtout exempts de toute justice seigneuriale. Quant à leur habitation, elle échappe à la censive seigneuriale. Déjà en 1558 dans l'obédiencier de l'abbaye de Saint-Paul, les noms de Pierre et madeleine Dampnon reviennent très souvent comme voisins des terres de l'institution religieuse de Besançon. Le terrier de la seigneurie d'Eclans rédigé en 1578, fait référence à Pierre et son frère guillaume Dampnon comme payant un cens, au seigneur d'Éclans, depuis plus de 30 ans ( soit vers 1540) pour l'étang et le Moulin d'Our[35].

Le patronyme n'apparait cependant pas encore en 1509 dans un recueil des terres tenues par Marguerite d'Autriche dans la prairie de Lavans.

Pierre et guillaume étaient originaires du village de Myon.Pierre vint à Our, Guillaume demeura à Myon. Ce village est au pied de ce qui était le château et la terre de Poupet. Un des seigneurs de Rans/Roche/Poupet a-t-il pour des besoins de bonne gestion de sa terre, voire des bois si précieux pour la Saline, d' installer à Our, un de ses hommes en le gratifiant d'un petit domaine pour fidélité et service rendu ? Pierre n'est-il venu à Our que pour prendre en main la gestion de l'Étang et du moulin du seigneur d'Éclans ? Y-a-il un lien familial voir commercial entre Etienne Dampnon de Myon, son contemporain et Pierre? Etienne est connu comme un important marchand pourvoyeur de bois pour la saunerie de Salins . Il est fortuné, roublard[60] mais aussi querelleur voire violent aussi[61] .[62]Je n'ai pu, à ce jour faire le lien entre ces deux contemporains Pierre et

Pierre (on dira Pierre I ) est qualifié de "messire". Lui et sa famille sont "sujets de condition franche en toute haute, moyenne et basse justice". Si c'est le plus souvent la caractéristique de la noblesse d'échapper à toute justice seigneuriale, il est des roturiers que l'on gratifie parfois d'un tel privilège. Leur ascencement perpétuel au XVIe siècle sur le moulin a-t-il entrainé ce privilège ?

Dans les registres paroissiaux du dernier quart du XVIe siècle et dans la première partie du XVIIe, le prêtre semble hésiter entre D'asnon (novembre 1574) et D'ampnon (apparaît en avril 1581). Si on porte un regard rigoureux à la calligraphie, on peut mesurer qu'une apostrophe est parfois utilisé mais de manière discrète, même lorsque le patronyme Dampnon, sans intervalle entre le D et le A, était retenu. Si ce n'est pas un "fantôme" d'une condition nobiliaire, cela traduit une interrogation de la part de celui qui tenait la plume. Il illustre aussi la condition juridique et sociale singulière de cette famille. A l'occasion de 2 documents testamentaires, l'un de 1624 l'autre de 1635, on voit la rédaction du nom glisser de Dampnon pour se fixer à Dasnon.

Le 18 juillet 1611, Pierre (II) est encore qualifié "d'Honorable" dans les registres paroissiaux à l'occasion du baptême de son propre fils Jean, qu'il a eu de son second mariage de avec Claudia Buzenot. Il est également qualifié du même titre, dans un procès daté de 1616 où il est cité comme échevin[63]. Cette position sociale est confirmée par le dépôt inusité par le commun des mortels, du testament de Pierre Dampnon devant le Baillage de Dole[64].

Pour autant, ayant des biens sur la seigneurie d'aval, Les Dampnon ne sont pas exempts de payer des loyers fonciers (le cens ou rente perpétuelle) au seigneur de Roche... seule la maison est "franche" d'impôts. Il possède des "pièces de terre" au champ du Noyer, au champ de la Cigogne... sans qu'il soit possible d'en faire un état comptable.

Quelle est la place de cette famille dans la communauté villageoise ? Aucun document ne le précise clairement à ce jour. Quelle relation entretenait ce Pierre D'Ampnon du XVIe siècle avec son contemporain le notaire Alexandre Mour ? Plusieurs indices lèvent un coin du voile.

Le "censier" de 1584 semble bien avoir été rédigé dans un ordre décroissant de notabilité. Pierre Dampnon vient en premier, suivi du notaire Alexandre Mour puis de Louys Mour dit Mourot. La noblesse fut-elle petite l'emporte sur la bourgeoisie d'office.

Dès les années 1540, les frères Dampnon deviennent les possesseurs (ascencement perpétuel) de l'étang, ce qui révèle des moyens financiers importants et une position sociale différente du commun.

Aux détours de très nombreux documents notariaux tout au long du XVIIe siècle, le voisinage avec des terres appartenant "aux héritiers de Pierre Dampnon" est tel, qu'il révèle une très importante assise foncière.

Les alliances[modifier | modifier le code]

L'épouse de Pierre Dampnon est une "Madeleine Mour". Les familles s'étaient-elles alliées ? Pour résumer, il y a entre ces deux familles un ordre de préséance et une volonté d’alliance.

Une lente dissolution dans la société villageoise[modifier | modifier le code]

Quoi qu'il en soit, dans les deux siècles suivant, la famille Dampnon réside à Our, étant des laboureurs parmi d'autres, sans qu'il ne soit plus jamais fait de référence à une quelconque appartenance à la noblesse. Dans la première partie du XVIIe siècle, ils ont vendu le Moulin et l'Etang. Cette situation n'était pas si rare. Afin de survivre, des familles de petite et parfois de très ancienne noblesse "campagnarde" devaient épouser un métier, ce qui de droit faisait tomber le statut nobiliaire (sauf le métier d'avocat). C'est la prise du pouvoir par la bourgeoisie au détriment de la noblesse qui s’amorce ici et qui triomphera en 1789. Les Mour émergent et s'imposent; les Dampnon s’étiolent puis se fondent.

Une communauté villageoise qui s'administre[modifier | modifier le code]

Combien d'habitants à Our aux XVIe et XVIIe siècles ? C'est difficile à évaluer puisqu'en 1610, l'un des premiers recensements de la Comté[65] pour reconnaître et comptabiliser l'usage du sel, associe la communauté d’Etrepigney à celle d’Our (85 feux et en moyenne on compte 4 à 5 habitants par feux). Il en sera de même en 1614 pour recomposer une milice combattante[66]. Comme énoncé plus haut, on ne peut qu'ébaucher des hypothèses en partant du nombre de maisons recensés dans les terriers du XVIe siècle. La communauté devait probablement compter entre 85 et 120 habitants.

Si le quotidien d'une communauté rurale aux XVIe et XVIIe siècles sous les Habsbourg est encore marqué par la tutelle fiscale et juridictionnelle de la seigneurie voire du prince, en revanche le village dispose d'une solide autonomie de gestion. C'est le propre même de l'usage du mot "communauté" dans tous les documents officiels. " On croit généralement que les paroisses féodales étaient soumises à une sorte de servage et n’avaient aucune liberté… cette idée est absolument fausse. Suivant les récits qui ont cours partout, nous devrions trouver ici une population soumise à l’arbitraire de son seigneur, n’ayant pas le droit de gérer ses affaires et défendre ses intérêts ; il en est tout autrement : les paroissiens se réunissent en assemblée générale, font eux-mêmes rédiger les rôles d’impôts, nomment des égailleurs pour la répartition, des collecteurs pour la perception, jugent les réclamations des contribuables, gèrent les finances de la paroisse (…) votent en cas de besoin des impositions additionnelles, prescrivent des mesures de police ; ils discutent leurs droits, les soutiennent et les font valoir en justice (...) ils ne consultent même pas leur seigneur pour plaider[67].

Cette description de la Bretagne vaut pour la Comté espagnole. Les "égailleurs" içi portent nom de "commis aux impôts", échevins ou prud'hommes. Dès le "dénombrement" de la population mené en 1476, les hommes d'Our sont déclarés libres. Il s'agit plus d'un statut juridique personnel que du statut de la communauté. N'empêche l'un va souvent avec l'autre. Ainsi la communauté dépassant les frontières invisibles des trois seigneuries se choisissait-elle deux puis un échevins pour la représenter en tout et notamment en justice. Ils étaient élus pour un an par une assemblée des chefs de famille du village "réunie sur la place publique à la manière accoutumée au son de la cloche, représentant la plus saine partie de la population...". Les noms de ces échevins nous sont connus par les multiples procès générés par ce qui intéressait directement une communauté paysanne, les droits de pâture sur les terres de Lavans ou d'Orchamps, les droits d'usages en forêt de Chaux, les droits de paroissage. Les premiers édiles repérés le sont en 1616. il s'agit de deux "eschevins", "l'honorable Pierre Danon et françois Chifflot"[63] Ils négocient l'usage de la prairie entre Our et "Esclangeot" avec leurs homologues de Lavans. Dans la seconde partie du XVIIe il ne sera plus question que d'un seul échevin. On ne relève pas dans les archives de l'étude notariale d'Orchamps, de grosses portant compte rendu des assemblées de village avant la conquête française.

Parfois à côté de ou des échevins, la communauté pouvait élire un prud'homme ou un commissaire spécial propre à défendre les intérêts de la communauté ou d'accompagner l'échevin dans une affaire regardée comme d'importance. Ainsi trouve-t-on Pierre Mour prud'homme pour régler en 1520 avec les habitants d'Orchamps un usage abusif de leurs pâturages après la coupe des premiers foins (vaine pature)[68].

Les échanges les plus nombreux (achats de terre, procès, mariages, constitutions de rentes…), tels qu'ils ressortent des documents originaux se font avec les habitants de Lavans, La Bretenière et Etrepigney. Il est assez probable que la disparition en 1571 du pont d'Orchamps, emporté par une crue, limite davantage les contacts entre les deux communautés.

Parmi les sujets récurant, l'usage de la vaine pature ou de la glandée en forêt mobilisait souvent la communauté villageoise. (à rédiger)

Vivre avec la forêt, entretenir les échanges avec les villages proches[modifier | modifier le code]

Si la forêt de l'époque moderne apporte aux villageois, le bois de construction, le bois de chauffage et de vastes étendues pour faire paître les animaux ; elle garantit aux souverains, comme autrefois aux comtes palatins puis aux ducs-comtes, des revenus non négligeables.

Les usages des habitants en forêt[modifier | modifier le code]

Le 13 mai 1559, un procès s'est tenu à Orchamps sur les droits d'usages en forêt de Chaux entre la communauté villageoise d'Our et l'administration de la Gruerie. Il s'est soldé aux bénéfices des villageois "sans amandes et lui impose (au procureur du roi) silence sur ce fait". Quels usages étaient contestés puis validés ? Un document de 1717 renvoie à ce procès. Il y est question "droit de couper et enlever bois de toutes espèces tant morts que vifs pour leur chauffage et entretien de leurs maisons et autres usages dans la forêt de chaux". Il faut entendre par autres usages le bois nécessaire aux artisans tels les sabotiers ou les vanniers.[69]

Surveiller les bois d'Our : la gruerie d'Orchamps[modifier | modifier le code]

Le contrôle des usages comme des abus était traité par siège local de la gruerie à Orchamps. On y trouvait un Lieutenant, un procureur, et de forestiers. Il s'est agit très souvent d'un Mour d'Our pour occuper un des offices d'encadrement " au siège et ressort" de la Gruerie d'Orchamps au cours du XVIIe siècle. Elyon Mour (+1681) sera substitut du procureur et son fils Jean-François (+1709), Garde Général à Cheval non plus de la Gruerie mais de la nouvelle administration forestière française qui succède à la gruerie, "la maîtrise des eaux et forêts". On imagine les relations tendues que cette famille devait entretenir avec le reste de la population. Un procès, qui ira en appel jusqu'à Besançon, autour du nombre de porcs autorisé à l'embouche en 1671 et 1672, oppose Elyon Mour à Jacques Mour "prud'homme" de la communauté. La longue procédure illustre ces tensions.[70] Le lieutenant et le procureur étaient assisté de forestiers qui constataient en forêts les délits, les manquements et les abus. En 1538, Jean Chifflot est le forestier qui réside à Our. Il en est deux autres, l'un à Lavans, l'autre à Lavangeot[71]. Le patronyme Chifflot se retrouve dans d'autres documents des XVIe et XVIIe siècle à Our. Si on peut en tirer la conclusion que les forestiers étaient issus des villages dans lesquels ils étaient installés ; on peut aussi en tirer l'hypothèse que proches des villageois, ils devaient parfois fermer les yeux sur tel ou tel abus d'usage. Dans un recueil des sentences et amendes du ressort de la gruerie d'Orchamps, couvrant les années 1617 à 1624, les habitants d'Our sont rarement condamnés. Ici un denys Parriez le 21 février 1626 fait-il exception alors que les « larrons » des autres communautés sont légion[72].

Le bois, c'est avant tout le matériaux de base des habitations d'alors, qu'il s'agisse des murs ou de la couverture des toits en "ancelles" (sorte de tuiles de bois). Parmi les plus anciennes archives conservées des notaires d'Orchamps, on trouve un acte de vente de 1626 où Claude Parrez cède au fils de Louis Dampnon dans la partie haute du village "une maison bâtie de bois de 4 ranz". (Ranz ici pour "rain" c'est-à-dire 4 travées)[34].D'autres titres notariés décrivent tout au long du XVIIe siècle des maisons partie bois partie pierre. La forêt est vécue comme une ressource qu'il convient de protéger. Les habitants ne manquent pas d'interroger la Chambre des comptes de Dole lorsqu'il advient qu'un particulier ait obtenu du roy une concession forestière. (article en cours)

Painage, embouche, autant de droits auxquels les habitants sont très attachés. (article en cours)

L'étang et le moulin : une enclave de la seigneurie d'Eclans.[modifier | modifier le code]

La proche forêt c'est aussi la présence d'un étang. Dès 1566 dans le dénombrement de la seigneurie d'Aval[9], est mentionné un "bief" pour nommer le ruisseau venu de l'Etang alors que tout autre est nommé par le mot "bras". Il en était de même dans l'obédiencier de l'abbaye de saint Paul rédigé en 1558[38]. Dans le terrier de la seigneurie d'Eclans rédigé entre 1577 et 1578 notamment par Alexandre Mour en sa qualité de notaire, il est explicitement fait référence à un étang artificiel "vulgairement appelé l'étang d'Our contenant environ 30 journaux" (10 hectares). Lequel étang était loué "perpétuellement à Guillaume et Pierre Dampnon"[35] dès les années 1540, repris par les 3 fils de ce dernier, Claude, Pierre et Louis en 1578. En 1626 dans un nouveau terrier l'étang a été cédé au notaire Pierre Mour et son confrère de Montbarrey anathoille Oultrey. Cette propriété sur l'étang était accompagnée d'un droit pour le seigneur d'Eclans de prendre des bois et de la terre dans la forêt proche afin d'entretenir la chaussé retenant l'eau.

Un règlement détaillait comment les "délégataires perpétuels" dirait-on aujourd'hui, les Dampnon puis Pierre Mour, devaient entretenir l'étang, la chaussée, empoissonner (de mères carpes) et pécher l'étang. Pas de prix de la pêche sans que le seigneur n'ait donné son accord et une obligation complémentaire, celle d'aller empoissonner l'étang du seigneur à Eclans autant que nécessaire.

Dès 1577, dans le même terrier de la seigneurie d'Eclans, il est fait mention du moulin de l'étang " un moulin estant assis au-dessous de la chaussée de l'étang". Il y est question alors d'adjoindre aux activités déjà existantes "moulin et foule", un "baptoir". Il s'agissait au-delà de moudre les grains ou de" fouler" la laine; de broyer les oléagineux (noix, chou) ou les tiges végétales (chanvre). On notera dans la toponymie locale, la présence d'une vaste zone au-delà des vergers, à l'est du territoire, au lieu justement dit "les chenevrières". À n'en pas douter le "baptoir " dont la construction est envisagée en 1577 devait accueillir la production locale de chanvre. Était-ce une nouvelle production ?

L'ensemble, étang et moulin étaient ascencés pour la somme de 9 francs, cinq gros et 4 engrognes....et une géline (poule). Il convenait également que le "délégataire" « soit tenuz de mouldre le bled et grains dudit seigneur et de son mesnage. » La référence à la "géline" évoque un statut de "mainmorte" propre à la seigneurie d'Eclans et inexitant dans le village proprement dit d'Our.

L'ensemble devait être suffisamment attractif financièrement pour que Pierre et Guillaume Dampnon soient venus de Myon, proche de Salins, pour investir à Our, pour Pierre s'y installer et y prendre racine. Pierre, puis plus tard son fils claude étaient-ils meuniers ? C'est peu probable. Jamais la chose n'est évoquée. On ajoutera que Pierre ne vivait pas au moulin puisque possédant une maison dans le haut du village. Il est assez possible que le moulin ait été loué (on disait « admodié ») à un meunier comme des documents de la fin du XVIIe siècle le prouvent.

Demeurent trois énigmes :

  • la date de la construction du moulin ? S'il est acté que les frères Pierre et guillaume Dampnon possédaient l'Etang dans le cours des années 1540, rien n'est dit quant au moulin. En 1530, Louis de Montureux dit louis Roussot, envisageait à Lavans[73]" ériger un moulin, foule, bapteur, rasse à tirer le bois (scie) ...la licence d'entretenir un petit bateau sur la rivière du doubs pour passer et repasser ceux des villages...Our...qui pourront aller moudre audit moulin...". En 1555 Pierre et Loys Mour sont entendus dans une enquête visant à la construction d'un "grand moulin" vers Cinq cens. A aucun moment des échanges ni Pierre, ni Loys ne font de référence à un moulin à Our. Jamais ils ne suggèrent que les habitants d'Orchamps, c'est l'objet de l'enquête, pourraient venir moudre à Our alors même que le pont sur le Doubs n'a pas encore été emporté par les crues de la fin du siècle. Bien au contraire, Ils acquiescent quant à la volonté du Sieur de Canoz, seigneur d'Etrepigney et Cinq cens de construire un tel ensemble[74]. Le moulin a-t-il été bâti entre 1555 et 1577 dans une volonté commune des Dampnon et du seigneur d'Eclans ? Quoi qu'il en soit cette construction intervient dans un mouvement beaucoup plus vaste en Franche-Comté où la multiplication des moulins accompagnait la repopulation des campagnes, dans un besoin accru de farines, après les « malheurs des temps » des XIVe et XVe siècles[75].
  • les habitants de la communauté villageoise d'Our devaient-ils obligatoirement utiliser le moulin de l'étang ? Aucun document ne le dit. Pour autant, en dehors de toute obligation liée "aux banalités", c'est la logique même qui devait s'imposer. Pourquoi seraient-ils allés au moulin de la Bretenière ou de Cinq cens plus éloignés ? On notera la présence dune importante zone de production de chanvre, au delà des vergers, à l'est du territoire, au lieu justement dit "les chenevrières". À n'en pas douter le « baptoir » dont la construction est envisagée en 1577 devait accueillir ces productions locales.
  • enfin, on ne sait ce que l'étang et le moulin pouvaient générer comme revenus aux frères Dampnon.
Communiquer avec les villages proches[modifier | modifier le code]

Jusqu'aux deux crues de 1565 et 1570 qui emportèrent le pont d'Orchamps[76] (pont déjà évoqué dans un procès en 1473[77]), les communications devaient être plus simples entre Our et la rive droite. C'est avec le bac à la hauteur de Lavans (en fait probablement Moulin rouge), évoqué dès 1530, qu'il fallut désormais compter[73].

Les mariages, procès, échanges de terres avec Lavans vont alors se renforcer tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles. Lavans devenait le voisin proche, comme la Bretenière. Si on ne mentionne plus de chemin vers Orchamps, en revanche "le chemin vers Lavans", dont il ne demeure que l'amorce aujourd'hui, était un repère dans de très nombreux actes, comme celui conduisant à Montjeux, ou celui "tirant d'Our à Etrepigney" qui n'est autre que la route départementale Our/ La Bretenière.

Une paroisse autonome mais pas indépendante[modifier | modifier le code]

La paroisse était, avec la communauté villageoise, le cadre social naturel des femmes et des hommes des XVIe et XVIIe siècles. Si on ne connaissait pas son seigneur en revanche on côtoyait très régulièrement son curé ou du moins le vicaire qui l'assistait. Our était lié à La Bretenière, Cinq Cens et Plumont dans le cadre de la paroisse d'Etrepigney. Ainsi les premiers registres paroissiaux de 1581 sont-ils communs à toutes ces communautés, rédigés par le curé d'Etrepigney et conservés sur place.

Une succursale de la paroisse d'Etrepigney[modifier | modifier le code]

Pour autant "l'autonomie" paroissiale d'Our n'est pas contestable, du moins fondée sur un passé incertain mais régulièrement évoqué.

Une décision de l'official de Besançon en 1654 fixe le cadre du fonctionnement de la paroisse d'Our. Si le document ne nous est pas parvenu, en revanche les références à cette sentence sont si nombreuses qu'il est aisé de reconstituer le contexte de sa rédaction puis les modalités adoptées.

Au terme de la guerre de dix ans, la vie paroissiale a été bouleversée. Il est bien probable qu'un vicaire ait desservi l'Église d'Our avant ces temps troublés, puisqu'en 1644, faute de prêtre, les habitants d'Our avaient passé une convention avec le curé d'Orchamps afin d'exercer le saint ministère.

Dans les années qui suivirent le conflit et les exactions des troupes, ils ont dû attendre du curé d'Etrepigney d'apporter un règlement à une situation précaire en venant desservir lui-même l'église d'Our comme si elle était paroissiale, à savoir dire les messes des dimanches et fêtes. Le curé dut refuser pour cause de surcharge ou parce qu'il était seul. L'official lui imposa, le 17 décembre 1654, cette charge "ad divinis" au regard des usages du passé.

La présence d'un cimetière "de tout temps" et d'un patronage distinct de celui d'Etrepigney (Saint Pierre à Our, Saint Étienne à Etrepigney) illustre une position propre à une "succursale" qui fut peut être une paroisse indépendante aux XIVe et XVIe siècles. Dans un document de 1696, la liste de ces curés est établie depuis le milieu du XVIIe : Claude Tremaut, Pierre Chenut, Guillaume Jannot, et Pierre Parraut.

Étaient-ils aidés dans leurs fonctions par un vicaire ? Il n'y a aucune trace dans les documents d'un suppléant au desservant. Les documents du XVIIe siècle décrivent au contraire une pénurie de prêtres.

La présence du "patron" de la paroisse, l'abbaye de Saint-Paul.[modifier | modifier le code]
possessions de l'abbaye Saint-Paul

Que reste-t-il de la présence du monastère ayant fondé la paroisse 4 ou 5 siècles plus tôt ? Même si à ce jour, aucun document de l'époque moderne n'a encore été retrouvé, l'abbaye de Saint-Paul de Besançon est "patron" de la paroisse d'Étrepigney et d'Our. À ce titre, il lui appartient de proposer un prêtre à la nomination de l’évêque. C'est le droit de "collation" ou "droit de patronage" attribué dès le XIIe siècle par plusieurs bulles pontificales. Par ailleurs, l'abbaye possède toujours un patrimoine foncier sur le territoire de la communauté villageoise. En 1558, elle en fait dresser un état par le notaire Alexandre Mour. Le patrimoine qui n'est pas négligeable; presque 13 journaux de champs et une soiture et demi de prés (entre 4 et 5 ha). Ce sont pour la plupart de gardes parcelles au pied de la butte occupée par l'église Saint Pierre et Paul.

Une succursale dotée de terres[44][modifier | modifier le code]

Afin de permettre au desservant de vivre dignement, la paroisse Saint-Pierre possédait des terres en propre, le manse paroissial, dont les revenus complétaient ceux de l'impôt d'église, la dîme, les offrandes des fidèles et les « droits de paroissage. » Certaines de ces terres étaient attachés à la paroisse " de temps immémoriaux"; d'autres avaient été léguées tout au long du XVIIe siècle par des fidèles afin de financer des messes pour le repos de leurs âmes.

Les terres qui "appartiennent de toute ancienneté de l'église dudit Our " couvrent presque deux hectares dont la pièce la plus importante proche de l'église. Les donations, dont les titres sont reproduits dans un cahier en 1696 sous le contrôle de Pierre Mour, ont été enregistrées entre 1631 et 1688. En les additionnant, on arrive à la surface de 2 autres hectares. Il est assez possible que des paroissiens de la Bretenière aient également procédé à des dons. Le document original a malheureusement disparu pour le prouver.

La guerre de Dix Ans 1634-1644[modifier | modifier le code]

Cette longue période des "malheurs des temps et de la guerre" est la version comtoise de la guerre de Trente Ans (1618/1648) qui a embrasé tout le continent européen. La Franche-Comté a été ravagée. On estime que sa population passa d'environ 400 000 habitants à 186 000.

Comme nous l'avons vu précédemment, les hommes d'Our en âge de combattre dans le cadre des milices seigneuriales avaient été recensés et sensibilisés à la situation dès novembre 1632 : "avons ordonné et commandé... de se tenir prêt avec leur personne, armes et munitions…" [33]

Les malheurs du temps tout alentour[modifier | modifier le code]

Les documents ne font pas de référence explicite à Our. Le chemin des troupes françaises empruntait prioritairement la rive droite du Doubs. Les ponts de Fraisans et Rochefort, voies naturelles entre l'ouest et l'est de la province, ont pu tenir relativement éloignées les troupes françaises et alliées. La peste amplifia cependant les ravages de la guerre dans les populations. Our n'a pas pu y échapper. Le Doubs n'était qu'une barrière fragile.

Si l'on s'en tient aux textes, rapportés par Gérard Louis dans son livre La Guerre de Dix Ans[78] à l'automne 1635 "la Peste atteint le pays d'Orchamps (selon le propos de Boyvin)... au printemps 1637... les soldats de Son Altesse de Lorraine ont commis des inhumanités inconcevables... forcé la tour d'Orchamps...", au terme de la guerre, le moulin d'Etrepigney était en ruine et enfin "« La terre et seigneurie de Fraisans appartenant à S.M. aura été réduite à une telle désolation par les malheurs des guerres que le village est encore à présent inhabité, les maisons, fours et halles étant pour la plupart brûlés et démolis », notaient par exemple les officiers de la Chambre des comptes en 1645.

Les habitants d'Our auraient-ils vu passer de l'autre côté du Doubs les troupes françaises sans être inquiétés ? Ces mêmes armées traversant la rivière à Fraisans n'auraient-elles pas poussé au-delà d'Étrepigney ?

Dans les registres paroissiaux d'Etrepigney, communs à Our et la Bretenière, en 1642, une main anonyme, qui ne semble pas être celle du curé desservant, rédige le quatrain suivant :

qui veut muré (demeurer) au monde aujourd'hui
et sagement son proufit faire
trois cas doit avoir en luy
tout voir tout ouir et se taire"

Ces quelques lignes, rédigées dans les dernières années de la guerre de Dix Ans, résument à elles seules l'atmosphère dramatique qui devait alors régner à Our.

Le village d'Our déserté[modifier | modifier le code]

Un document déjà cité parce que d'une incroyable richesse historique[2] rédigé en 1704 nous donne un éclairage à travers le prisme de l'administration de la paroisse d'Our. Il s'agit d'un mémoire rédigé par les habitants d'Our et la Bretenière afin de revendiquer, la paix étant revenue après l'annexion à la France en 1678, une paroisse succursale de celle d'Etrepigney. Nous y reviendrons. Ce document fait un tableau de la situation propre à un état de destruction : " et que par les malheurs des temps et à raison des guerres, s'y rencontrant peu de prestres dans la province pour desservir les cures. Celle d'Our fut desservie pendant quelque temps par le curé d'Orchamps qui y allait célébrer la messe les fêtes et dimanches… quittance du Sieur Roller curez d'Orchamps en datte du 24 mars 1644... et le village d'Our et de la Bretenière presque sans habitants". Or, cette année 1644 marque la fin de la guerre de Dix Ans et le départ définitif des troupes de Turenne. On l'oublie trop, mais le siège de Dole de 1636, dont les Comtois sortent victorieux, n'est qu'un épisode d'une longue époque de destructions et de massacres dans la Comté jusqu'en 1644.

La saignée démographique[modifier | modifier le code]

Les registres paroissiaux s'interrompent de 1634 à 1643[79] très exactement durant la période troublée de la guerre de Dix Ans. Cela tendrait à démontrer la désorganisation de la communauté villageoise et de ses institutions. Pour autant les registres précédents (1581/1634) ayant été préservés et conservés, cela peut aussi laisser entrevoir que tout n'aurait pas été détruit.

Même si l'analyse des "dénombrements" (recensement) n'est pas aisée, elle met en lumière une véritable saignée démographique. Pour les besoins militaires, en 1614, le Parlement de Dole[80] et les États de la province commandent un recensement pour organiser la levée de la milice comtoise. Ce "comptage" est essentiel puisqu'il éclaire la situation démographique de la Comté avant le début des temps de désolation qui ne cesseront guère avant 1674, date de la dernière conquête. L'officier qui fit ce recensement était peut-être pressé d'en finir ou peu scrupuleux, alors que la plupart des communautés de la Comté sont décomptées avec soin… il associa Our à Etrepigney et La Bretenière à la Barre ! Ainsi en 1614 on comptait 81 feux pour les deux communautés, soit environ 364 habitants sans qu'on puisse connaître la répartition entre les deux villages. Mais qu'importe!

En 1657[66], 13 ans après la fin de la guerre de 10 ans, un « recensement pour régler l'ordinaire du sel des communautés » est organisé. C'est un riche document puisqu'il ne se contente pas de compter mais il recense également les familles, patronyme par patronyme, les nobles, les ecclésiastiques… sauf dans notre petit territoire. Un officier venu le 9 février 1657, rencontra Elyon Mour. Le travail fut « bâclé » puisque pour Our et quelques autres comme La Bretenière ou Etrepigney, il se contente de noter un chiffre : 74 habitants. Cependant, si on l'additionne à celui d'Etrepigney, on atteint 176 habitants. Un chiffre presque divisé par deux par rapport à celui de 1614. Ajoutons qu'en comparant Our, 74 habitants et Etrepigney, 102 habitants, on est porté à penser que la communauté d'Our aurait été plus épargnée que ses voisins au regard de la taille du village d'Etrepigney.

Autre signe d'un déclin démographique, si en 1632, 20 hommes pouvaient se rendre à "la montre d'armes" au château de Roche-sur-Loue; en 1667, l'administration n'attendait que 2 hommes d'Our et de la Bretenière pour défendre les remparts de Dole en cas de mobilisation de la milice[81].

Reste l'analyse et la confrontation entre les patronymes couchés dans les registres paroissiaux de la seconde partie du XVIIe siècle[82] et les "comptages" au cours du XVIe siècle :

  • en 1509 pour ce qui est des « tenants » (locataire) habitants Our, des terres possédés par Marguerite d'Autriche à Lavans les Dole[83] ;
  • en 1566 lors du rachat de la seigneurie d'amont[84] ;
  • en 1586 lors de celui de la seigneurie d'aval[85].

Au XVIe siècle, période de paix globale du moins jusqu'en 1595 (tentative de conquête sanglante par les troupes d'Henri IV roi de France) on relève les patronymes suivants : Boilley, Chifflot, Dampnon, Délyot, Guillier, Mour, Parrot (ou Perrot), Poux (apparaît en 1586 mais pas en 1509), Prost et Roussot. En 1632 dans la "montre d'armes" au château de Roche[33] ce sont les patronymes des Mour, Chifflot, Délyot, Roussot, Poux, Dampnon, Richard, Colin qui s'imposent. Dans les registres paroissiaux qui suivent la guerre de Dix Ans (l'étude a été poussée jusqu'en 1685), seuls demeurent les patronymes qui suivent : Dampnon (devenu Dasnon), Délyot (devenu Déliot), Mour et Poux. 4 sur 10 ! La saignée a été significative.

La vallée du Doubs n'en avait pas fini, en 1668 et 1674, les troupes françaises allaient revenir.

Elyon Mour : un héros de la guerre de Dix Ans[modifier | modifier le code]

Né probablement en 1614 et décédé à Dole en 1681, Elyon Mour embrasse la cause de l'indépendance comtoise face à la tentative de conquête par la France de la Franche-Comté lors de la guerre de Dix ans.

Il semble qu'il se soit engagé dans les troupes du roi d'Espagne bien avant 1634 "dès avant la guerre ouverte à la province, il auroit pris les armes pour les services de sa majesté en telle qualité servi dans ses armées de provinces étrangères à savoir Lorraine, Alsace et Allemagne."[36] Il s'agit très probablement de la campagne de 1632, consécutive à la présence depuis 1631 en Franche-Comté du frère du Roi de France, Gaston d'Orléans, venu s'y réfugier. La pression des troupes suédoises de Bernard de Saxe Weimar, alliées de la France, menaçaient les troupes espagnoles du Palatinat, l'Alsace autrichienne, la Lorraine et la Franche-Comté. Pour répondre à cette menace, deux compagnies de cavaleries furent levées dans la province par les capitaines La Muyre et Moustier pour gagner le Luxembourg[86]. Elyon Mour, eu égard au parcours qu'il décrit, devait être de cette tumultueuse équipée . On peut ainsi expliquer son absence en novembre 1632 au Château de Roche sur Loue, à 18 ans, lors de la montre d'armes, organisée par le Parlement de Dole pour compter, seigneurie par seigneurie les troupes disponibles . il y est représenté par son père, le Notaire et procureur Pierre Mour, venu avec cheval et pistolets, ce qui corrobore l'appartenance d'Elyon Mour à la cavalerie. Fut-il de la campagne de 1633 du "régiment bourguignon" commandé par Marc-François de Rye, Comte d'Arberg; réclamé en novembre par le duc de Féria, gouverneur du Milanais et chargé par l'Espagne de la reconquête, qui chassa les Suédois du Nord de la province et poursuivit en Alsace ? C'est possible.

A-t-il été démobilisé en 1634 comme beaucoup ? Son propos 30 plus tard, le laisse entendre. Il use du mot "retourner" : "Que l’essnemi estant entré guérillement dans la charnière de l’année 1636, il y seroit retourné dans la compagnie du Sieur Lieutenant Colonel de Raincourt".

Si l'on en croit le récit qu'il en fit en 1665 afin d'être reçu Bourgeois de Dole, dès l'entrée des troupes françaises en mai 1636, il s'engage aux côtés de Christophe de Raincourt, l'un des grands capitaines des armées comtoises "...dans la compagnie du Sieur Lieutenant Colonel de Raincourt en « alpège » où il auroit servi en telle qualité pendant tout le siège de la ville de Dole et au temps qu’elle estoit la plus serrée et pressée de l’’esnemi...". Un alpège est un sous-lieutenant et il est le porte enseigne du régiment. N'est pas Alpège qui veut. Cette fonction est souvent dévolue a de jeunes nobles mais à tout le moins à des soldats expérimentés. La réputation de ce garçon de 22 ans s'était construite auparavant à n'en pas douter.

La Compagnie De Raincourt est indissociable des mouvements de l'armée de secours dirigée par le marquis de Conflans. Alors que Dole est assiégée depuis le 28 mai 1636, il faut attendre le 11 d'aout pour que les troupes comtoises jointent par celle du Duc de Lorraine s'approchent de Dole et prennent position à Authume et Rochefort. Le 13, les responsables des troupes alliées vont reconnaître les fortifications que les français avaient établies autour de Dole assiégée. C'est probablement alors qu'Elyon Mour joua un rôle décisif qui n'a jamais été mentionné ni par Boyvin, ni par Girardot de Nozeroy ni par un mémoire du siège resté jusqu'à ce jour sans auteur. Le jeune Alphère est entré puis sorti à 3 reprises de Dole, passant ainsi au péril de sa vie, 6 fois les lignes ennemies, "risqué 3 fois à faire 3 ordres qui lui en auroient été donné... est toujours ressorti de la ville pour faire ses rapports avec très évident danger de sa personne...". Il lui appartenait de prendre la mesure de la situation à la demande des plus hautes autorités :" Il reçut ordre du seigneur Marquis de Conflans, maréchal de Bourgogne et du Conseiller Pretey, seigneur de Champvans, de venir et entrer dans la ville pour reconnaître tant l’estat d’icelle que celui du camp de l’ennemy et de ses attroupements pour ensuite en faire son rapport affain de mettre en proposition et en délibéré en conseil de guerre ce qu’il y auraoit à faire". Durant ses missions il eut à rencontrer le Commandant de la place Louis de la Verne, preuve s'il en était de l'importance de sa mission et de la confiance que ses supérieurs accordaient à son intelligence, à son courage, à sa vitalité et à débrouillardise. Il rapporta donc au marquis de Conflans des informations de premières mains " Comme il aurait fait tans des requêtes lui auraient été distes par feu monsieur de la Verne, lors commandeur et gouverneur de la place aux parties de son régiment". Louis de la Verne était alors pressé, ce 13 aout par l'imminente explosion de deux mines placées sous le bastion du Vieux Château et qui pouvaient entraîner la chute de la ville. Il attendait une action des troupes de secours.

Le soir du 13 aout, comme l'indique Elyon Mour, se tint un conseil de guerre qui devait choisir entre une intervention rapide pour dégager l'emprise autour de Dole ou se contenter de couper les bases arrière des Français. Girardot de Nozeroy indique alors "au sortir du Conseil, Christophe de Raincourt, fit voir au Duc de Lorraine un endroit que l'ennemi ne pouvait défendre". Ce qu'Elyon Mour, acteur du rendez vous nocturne traduit dans son récit par : "Sur les rapports duquel l'on aurait délibéré des secours dans la place sous la conduite tant du Sieur de Raincourt que du suppliant son alpège (Elyon Mour) par les endroits qu’il aurait reconnu les plus accessibles ".

Si comme l'écrivait Longin "tous se disposait pour l'attaque et il semblait que la journée du lendemain dût voir une sanglante action", le soir même du 13 août, les mines françaises échouèrent à ébranler le bastion du vieux château. La messe était dite. Le 14, les troupes françaises se retiraient et le 15, à 2 heures de l'après midi, le duc de Lorraine faisait son entrée dans Dole.

La guerre ne faisait cependant que commencer. Elyon Mour fut tour à tour "cornette de Cavalerie" puis "capitaine d'infanterie réformé". Le 23 mai 1644, le Vicomte mayeur de Dole réunissait "le Magistrat", c'est-à-dire le conseil municipal, afin d'accueillir et de loger, sur l'invitation du baron de Salans, dans les murs de la ville, la compagnie d'Infanterie du Sieur capitaine Mour[87]. Il semble avoir mis un terme à sa carrière militaire sur l'invitation du Gouverneur de la province le marquis de castel Rodrigo, arrivé aux affaires au terme de la guerre de 10 ans en 1644 ". sur l’avis qu’il plut au conseil de luy donner de s’y retirer avec les cavaliers qu’ils pourraient rencontrer ". Les temps épiques se terminaient et Elyon Mour allait comme son père, embrasser une carrière d'officier de justice.

Le mot de la fin appartient au seigneur d'Amont d'Our, Charles Laborey de Salans, qui écrit le 29 mars 1665 pour appuyer la demande en Bourgoisie à Dole, d'Elyon Mour " de plus que ledit Elyon Mour a servi dans les armes de sa Majesté durant les guerres comme officier estant fidellement, ce que nous attestons pour lui avoir vu et mesuré dans les occasions."

Le temps de la monarchie française 1678-1791[modifier | modifier le code]

Entrer dans le royaume de France : le dernier quart du XVIIe siècle[modifier | modifier le code]

Le rattachement de la Franche-Comté au royaume de France a été acté lors du traité de Nimègue le 17 septembre 1678, Le roi de France s'engageait à préserver les usages et libertés locales. Pour autant, la Comté était occupée depuis 1674 par les troupes de Louis XIV et ses administrateurs commençaient à y imposer un nouveau mode de gouvernance. Cette période a donné lieu à de nombreux recensements afin de connaître le potentiel fiscal de la province. De plus, toutes les institutions (paroisse, seigneurie, justice, gestion de la forêt, administration royale) cherchaient à se remettre au droit en réactualisant les usages anciens dont de nombreuses preuves faisaient défaut. C'est une chance pour l'historien.

Quelle était la situation de la communauté villageoise d'Our après 30 ans de guerres ?

Un repeuplement très progressif du village après la guerre de 10 ans et les campagnes militaires de Louis XIV[modifier | modifier le code]

Au moment de l'annexion définitive au royaume de France, la population d'Our est très proche du recensement de 1657 (74 habitants). En 1679, on recense 14 ménages (environ 70 personnes)[88] et en 1688, 69 personnes[89](par comparaison on comptait alors 113 habitants à La Bretenière)

Un dénombrement interroge : celui de 1683. Il a été réalisé par le subdélégué de l'intendant de Dole (une sorte de sous-préfet d'arrondissement). Il y était fait référence à 36 habitants. Ce décompte est à relativiser. Comme l'écrivait François Lassus[66] "il y a à notre avis une sous-estimation de la population en 1683... Y-a-t-il eu alors résistance passive des Comtois devant le recensement français dont ils avaient compris le but fiscal..." ?

Autre source d'information, le recensement de l'Église afin d'asseoir ses revenus, il corrobore le décompte de l'administration royale. En 1688, le desservant relevait à Our 12 "maisons" (20 à la Bretenière) [90].

Le dénombrement royal de 1688 précise "12 maisons et 12 feux" [89] pour 17 hommes, 18 femmes, 23 enfants et 11 domestiques. Ainsi est-il assez probable qu'une famille, à peine élargie aux grands parents vivants et parfois à la domesticité, occupait une maison à elle seule. L'absence d'une contrainte de mainmorte, des terres riches, un village encore dépeuplé peuvent expliquer cette situation.

Le repeuplement avait commencé dès la fin de la guerre de dix ans. À coté des 4 patronymes "historiques" (Mour, Poux, Dampnon et Délyot) qui avaient traversé les violences des troupes et la peste, on relève alors, dans les registres paroissiaux de la fin du XVIIe siècle, l'arrivée des Vuillemenot, Vernier, Devriez, Oudot, Hatier…

Quoi qu'il en soit, les registres paroissiaux entre 1644 et 1652 traduisent une dynamique démographique déprimée. Pas de baptême et le premier mariage est enregistré en 1654. La faiblesse de la population nécessite d'aller chercher époux ou épouse en dehors des cadres géographiques proches. Dans les années 1650, les jeunes hommes d'Our vont chercher leurs épouses à Vriange, Saint-Ylie, Tassenières…

Des familles de Savoie arrivèrent dans la paroisse d'Etrepigney dès les années 1655, Aigrot, Mouriaud mais surtout Gaspar et Pierre Besson, venus de Lullin et qui feront souche d'Etrepigney à Our dans la seconde partie du XVIIe siècle[91].

Une communauté villageoise prospère[modifier | modifier le code]

Le tableau ne souffre pas de doute. Our est un village prospère. Faut-il faire un lien entre une population modeste et un riche finage ? "Cette communauté est réputée assez bonne, son territoire est très fertile et ses habitants sont riches..."[92] écrivait le subdélégué de l'Intendant de Dole en 1683. Le montant total des impositions royales qui est annexé à ce rapport prouve cette "opulence". La communauté d'Our devait payer 350 livres au roi alors que celle de la Bretenière avec le même nombre d'habitants recensés, seulement 20 livres. À Orchamps, pour 150 habitants, le montant était de 700 livres.

D'où provenait cette prospérité ? "la communauté est située à 2 lieues de Dole, son territoire est de la contenance de 300 journaux dont les deux tiers en terres labourables et le surplus en prés..." écrit le subdélégué. C'est la richesse des sols et son exploitation en culture qui semble à l'origine de la bonne santé économique du village. Ainsi y compte-on 9 charrues quand on n'en recense que 3 à la Bretenière.

Le cheptel de grosses bêtes y est important. Beaucoup plus que dans les villages environnants. Entre le comptage de 1683 et celui de 1688, on passe de 12 chevaux à 14 et 6 poulains. Quant aux bovins, si on recense en 1683 48 bœufs, ce qui est déjà fort important au regard de la population (pour comparaison aux 20 à la Bretenière, 58 à Orchamps et 26 à Eclans) ; en 1688, on relève dans le document, 51 bœufs, 41 vaches et 24 veaux.

On ne recense en revanche ni chèvre ni mouton que l'on trouvait à Orchamps ou la Bretenière. Le finage d'Our est de trop grasse pâture pour les caprins et les ovins. La richesse se mesure à ces détails. En revanche, on comptait 20 cochons en 1688, ce qui est assez peu alors même que les villageois possédaient le droit de « glandage » en forêt de chaux depuis le XIIIe siècle[93].

Que cultivait-on ? Le document établi pour collecter la dîme en 1679[90] énumère les cultures suivantes : froment, avoine, chanvre, lin et "Turquie" à savoir le maïs.

L'usage du bois en forêt de Chaux : la promesse de Louis XIV[modifier | modifier le code]

La situation de la forêt de Chaux après l'annexion de 1678, frise la dévastation, selon le mémoire rédigé dès 1679 par les administrateurs du roi de France (le Sieur Bardon de Moranges). Un usage abusif des bois tant pour le chauffage que pour la construction, ainsi que la présence des troupeaux dans les sous bois avaient mis à mal le potentiel forestier[94].On ne peut exclure que les besoins de reconstruction du village après plus de 40 années de guerre associés au repeuplement (on va passer de 74 habitants en 1657 à plus de 110 en 1704) et l'affaiblissement du système "de la gruerie" n'aient poussé à une surexploitation de la forêt de Chaux. Pour preuve dans la première moitié du XVIIIe siècle, on trouve dans des documents fiscaux, des mentions de maisons "fort ruineuse batie partie de pierre et partie de bois, couverte d'ancelles..."[95] qu'il convenait de relever.

Pour autant, comme le rappelle François Vion Delphin[96] " les comtois semblaient n'avoir rien à craindre du pouvoir royal dans la mesure où les deux capitulations de 1668 et 1674 écartaient tout bouleversement radical. Ce n'est qu'en 1694 que l'Ordonnance des forêts reprenant la grande réforme forestière de Colbert de 1669 s'imposera aux comtois et donc aux villageois d'Our.

La triple seigneurie et l'administration de la communauté villageoise[modifier | modifier le code]

Depuis 1626, la seigneurie dite d'Aval était entre les mains de la famille Laborey de Salans, la seigneurie dite d'Amont depuis 1667 entre celle de la famille de Brun au titre du fief de "roche en valouais" et enfin celle d'Eclans avait été reprise par les Petrey de Champvans puis, par le jeu des mariages, aux Masson d'Authume en 1692.

En 1678, les deux co-seigneurs n'ont pas la même tendresse pour la France. Claude Ferdinand baron de Brun, seigneur d'amont sera chevalier d'honneur au Parlement de Franche-Comté transféré à Besançon par Louis XIV et élevé au rang de marquis en 1694[97]. Le baron Charles Jules Laborey dit de Biarne, seigneur d'aval, né en 1617, aura été l'un des chefs de la résistance contre la France notamment en luttant contre les alliés suédois en 1640. Il sera fait chevalier par Philippe IV le 15 aout 1659 et qualifié de Baron lors des États du comté en 1666.

Quant aux Petrey de Champvans, ils avaient donné à la Comté un grand défenseur de ses libertés en 1636 et, en 1674, Charles Emmanuel Pétrey de Champvans avait obtenu, du roi d'Espagne, l'érection de la terre d'Eclans en baronnie.

Les transactions répétées aux XVIe et XVIIe siècles, autour des 3 seigneuries dont Our était dans la mouvance, Salans, Roche et Eclans disparaissent avec la période française. Les Brun, Laborey de Salans et Masson d'Eclans vont conserver la co-seigneurie jusqu'à la Révolution française.

L'administration seigneuriale étant représentée dans le village par un "prévost" ou "procureur fiscal et de justice". C'est Elyon Mour qui a exercé la fonction jusqu'en 1681, date de son décès, probablement reprise par Pierre Mour, son fils, sans qu'on puisse le prouver à ce jour expressément.

Quant à la communauté villageoise, elle se réunissait en "assemblée de corps" (sorte de conseil municipal composé des chefs de famille) en se donnant chaque année un échevin pour la représenter. En 1679, c'est Louis Delyot qui occupait cette charge[90]. Son nom est alors associé à un document de justice devant l'official (tribunal de l'Église) de Besançon le 31 janvier 1679.

La réorganisation de la paroisse[modifier | modifier le code]

Comme le décrit en détail le mémoire des habitants d'Our rédigé en 1704, déjà cité, l'exercice du culte avait été particulièrement perturbé par la guerre de Dix Ans. L'annexion au royaume de France donnait l'occasion de repréciser les obligations des villageois vis-à-vis de leurs desservants.

En 1679, le curé d'Etrepigney est alors Guillaume Jannot. Il se trouve dans la nécessité de faire trancher par le tribunal de l'official de Besançon (faute d'un accord entre les parties en septembre 1674) ce que les communautés villageoises d'Etrepigney, Plumont, Cinq Cens, La Bretenière et Our lui doivent. À la suite de cette décision, il réaffirme avec précision l'ensemble des droits du desservant sur les habitants de chacune des 4 communautés (Plumont étant comptée avec Étrepigney).

Le 31 janvier 1679, le tribunal de l'official tranche sur la cote part que les 4 communautés doivent au titre de la « portion congrue » au curé Jannot. Il est à noter que ce sont les représentants mandatés par leur communauté, Louis Délyot pour Our, qui ont fait connaître au regard des usages anciens, ce qu'étaient les revenus des deux cures, celle d'Etrepigney et celle d'Our. Sur les 350 francs estimés, les habitants d'Our en devaient 90. (La Bretenière 26 et Etrepigney 144). La guerre avait-elle eu raison de la contribution des fidèles vis-à-vis de leur curé desservant[90] ?

Il semble bien qu'au terme de cette sentence, le curé Jannot est souhaité coucher très clairement ses droits sur la communauté d'Our. En 1679, " tous lesquels revenus d'Ours mis ensemble reviennent à la somme de 65 francs 6 gros". Ce qui est intéressant c'est que l’impôt d’église (disme ou paroissage selon les termes employés dans le document) prenait en compte les revenus estimés des ménages. Ceux possédant une charrue étaient davantage assujettis (7 ménages et demi...devant « annuellement pour parroissage 3 gerbes de froment et deux d'avoine ») que ceux qui n'en possédaient pas "6 mesnages et demy et devant chacun une gerbe de froment et une d'avoine". Plus original était le droit qu'avait le desservant de charger une maison de 20 francs (soit presque un tiers du droit de paroissage) "à l'exclusion de tous autres seigneurs, appelée communément la maison franche". Il avait également une exclusivité " sur les terres appelées les herbues à l'exclusion pareillement de tous autres..." pour un revenu d'environ 26 francs.La dîme dite "menue" portait sur les grains tels que le lin ou le maïs.

L'état de l'église ne peut être décrit faute de document explicite. En revanche, tout porte à croire qu'elle a traversé le temps de guerre, puisque à partir de 1644, on connaît le nom de tous les curés desservants[44] Pour autant le bâtiment devait être délabré voire avait été pillé puisque le 15 mars 1685, un procès au bailliage de Dole entre les habitants d'Our et de la Bretenière dispose que " ces derniers sont condamnés à contribuer con-couramment avec ceux d'Our aux sommes employés pour l'achat de vases sacrés et réparations de l'église"[98]

Le temps de l'expansion : le XVIIIe siècle[modifier | modifier le code]

C'est dans le cadre administrativement stable du Royaume de France que les villages comtois se relèvent d’ un siècle de guerre et de passages de troupes.

Des familles entières disparues et des terres en déshérences ouvrent des opportunités de reconstruction du village.

Un village qui se repeuple et qui se reconstruit[modifier | modifier le code]

Au XVIIIe siècle, une frénésie de construction s'empare de toute la Comté. L'augmentation régulière de la population impose ces chantiers. On relève des bâtiments ruinés, les maisons de pierre remplace celles de bois. Le village trouve un aspect qu'il conservera jusqu'au milieu du XXe siècle.

Les dénombrements ; une population en forte croissance[modifier | modifier le code]

La population du village connait une forte croissance. Dès 1704, la communauté villageoise comptaient 25 ménages (environ 120 personnes)[2]. En 1720, dans son " nouveau dénombrement du royaume..." Saugrain reconnait à la paroisse " d'Ours" : 21 feux (environ 110 habitants") [99]. En 1778, Dunant y comptait "100 communiants soit environ 38 feux" ce qui permet une extrapolation autour de 190 habitants. En 1790, on relève 47 maisons[100] pour 230 habitants. En 1793, le premier recensement établissait la population à 210 personnes.

Des maisons "fort ruineuses" / des achats de friches[modifier | modifier le code]

Vente par la communauté dans les années 1710 de pièces de terres et maisons pour restaurer l'Église.

La maison paysanne : l'exemple d'une famille de laboureurs aisés, les Délyot[modifier | modifier le code]

Au XVIIIe siècle, on construit ou reconstruit en pierre. On multiplie les grosses maisons-blocs "logement+écurie+grange" dans lesquelles il n'est pas rare de trouver plusieurs ménages occupants et plusieurs propriétaires.

Pierre Délyot est le fils de Louis et de Jeanne Denis ; il est né en 1652. C'est un « laboureur » aisé. Il meurt à l'été 1702. En 1680, il a épousé Jacqua Devriey. De ce mariage, on compte 6 enfants : trois filles et trois garçons : Elizabeth née en 1681, Agathe en 1683 et Jeanne, qui épousera un fils Oudot d'Éclans le 10 décembre 1714, Jean-François en 1685, Claude et Joseph enfin le 3 janvier 1695.

Pierre est suffisamment assis financièrement pour prêter 150 francs à Jean-François Mour en mars 1702, peu de temps avant son décès.[101]

Le terrain sur lequel est implanté sa ferme était déjà dans sa famille en 1571. Humbert Délyot, fils d'Humbert, en avait fait une reconnaissance de fief au seigneur de Roche.

Jean-François, l'ainé des fils, s'est marié avant 1707 pour 84 livres « pour les frais fait...tant pour son habillement, festin ... ». Un temps, il a logé sa sœur Jeanne avant l'installation de celle-ci à Éclans. Joseph, « simple laboureur », épouse en premières noces Thérèse Clerget puis Antoinette Risey de Rochefort en 1736. Les deux frères demeurent dans la maison familiale à Our. Claude s'installe à Etrepigney après son mariage, en 1737, il y est déclaré « hoste publique » c'est-à-dire crieur public.

La ferme : un bâtiment massif[modifier | modifier le code]

Peu après le décès de Pierre en septembre 1702, un inventaire était réalisé[101]. La maison comportait une cuisine, une petite chambre joignant celle-ci, « de laquelle chambre estant entré au poil de ladite maison...delat est entré dans une chambre derrière...de la chambre est entré dans la grange de la dite maison...delaquelle grange s'est transporté au devant de la maison...delà estant entré dans l'escurie... ».

Des travaux et des achats ont été réalisés entre 1702 et 1728.

Joseph et Jean-François ont acheté en 1717 un terrain (meix vide) tout proche, propre à étendre la propriété « qui touche de septentrion les meix et maisons des acheteurs »[58]. (terrain de la maison Henry)

La ferme était d'importance mais pas assez pour y vivre à 3 ménages, « la susdite maison ne peut se partager en 3 » bien que « constituée en chambres, escuries, granges, hebergeages et autres commodités » ; La ferme contient deux logements « une cuisine, un poil (poële) et une petite chambre sur la vue les souls à cochon...(et) une petite cuisine et un poil et hebergeages », des écuries et une grange gardées en indivision. Au côté du bâtiment, demeure un terrain sur lequel Claude Déliot s'engage dans une petite construction. Son frère Jean-François en deviendra propriétaire deux ans plus tard. L'ensemble des usages est réglé par le document notarié, des « treiges » de 12 pieds qui entourent la maison qui doivent être bouchés « en commun jusqu'aux portes de la grange » et les petites portes de la sous grange « qui se feront et entretiendont en commun ».

Une reconnaissance foncière de 1731 auprès du marquis de Brun confirmait des travaux qu'il convenait de déclarer " le verger où ils sont présentement bâtis qui contient une soiture e qui touche de bize le chemin tirant à Etrepigney, couchant et vent les héritiers dudit Humbert Déliot et autres de levant anciennement antoile prez que sont à présent en partie les Dasnon."[102].On mesure à cette localisation fondée sur les mémoires des vivants et de plus anciens documents (ici, une reconnaissance de terre de 1571) l'imprécision du bornage. Il n'y eut jamais à Our, d'arpentement à la différence des communautés d'Orchamps ou d'Etrepigney. On peut s’en étonner. Chacun devait trouver son compte dans ce flou foncier.

Les outils agricoles, les récoltes et le bétail[modifier | modifier le code]

On va trouver dans la cour devant la ferme, un « chariot férmé », "une charrue assortie de rouelles, soc et pandant"...deux vieilles haches,une herse, deux cordes de moissons, deux chaines de fer, du chanvre en quantité. Dans la grange, on relève, des bigots, des paniers en osier qu'on nomme ici des "vans".

Puisque nous sommes en septembre 1702, les récoltes sont rentrées. On trouve dans la demeure de Pierre Délyot : 31 mesures de Turquie (500 kg), 260 mesures de froment (si une mesure vaut environ 17 kg, la récolte a été de 42 quintaux), 60 mesures d'orges (1 quintal), 20 mesures d'avoine (340 kg), 11 de navette, des fèves, des poix, du millet, 10 voitures de foin et 2 de regain.

Le cheptel est important. On est loin de l'image misérable du paysan d'Ancien Régime. On compte dans l'écurie 8 bœufs, 6 vaches, 5 génisses et 7 cochons

Des bœufs, une herse, une charrue, Pierre Délyot dispose de l'attelage qui rend libre... et aisé. Si l'on s'en tient au seul capital des récoltes et du bétail de cette année 1702, on peut facilement l'évaluer à plus de 800 livres. Cela situe Pierre Délyot dans la tranche supérieure des 10 % des paysans les plus fortunés dans la comté[103].

Le mobilier et les vêtements[modifier | modifier le code]

Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, le mobilier paysan demeure rudimentaire.

Ainsi, chez la veuve Délyot en 1702, on trouve dans la cuisine une table de bois de foyard avec deux bancs mais également 6 chaises dont 5 de neuves, de la vaisselle d'étain et tout le matériel propre à la cuisine dans une cheminée à feu ouvert. Dans la chambre attenante, on trouve " un vieux chalit (bois de lit) avec des vieux rideaux de bellegamme (de "Bergamme", une sorte de tapisserie rustique mais qui dénote déjà une certaine aisance)", un petit coffre de noyer. Dans la pièce chauffée, " le poil" une table de chêne, un garde robe de bois de chêne et de noyer à quatre portes et un vieux chalit de chêne avec des rideaux de toiles peintes, un coffre de bois de noyer et de chêne "férré et fermant à clef". Dans la dernière chambre se comptent, un vieux chalit, un petit coffre de bois de chêne (arche), un saloir, un vieux coffre et deux tonneaux de vin rouge.

Il faut imaginer des biens entassés dans un désordre propre à ces fermes. Au plafond du « poêle » pendent 33 livres de lard, quant au maïs il est accroché à celui de la cuisine. Ici des tonneaux de vin rouge côtoient autant le saloir qu'un lit et les nombreux coffres contenants des graines et des denrées diverses (fèves, pois, navettes (graines d'un chou-navet propres à produire de l'huile), Millet...)

Chez ces paysans très à l'aise, les draps nappes et pièces d'étoffe ne manquent pas. On peut assez bien imaginé, au regard de l'inventaire, la façon de s'habillait Pierre Délyot : des souliers, une casaque grise (manteau avec de larges manches), une veste d'un drap brun et une culotte (donc courte au mollet) de ratine brune.

Un recteur d'école[modifier | modifier le code]

Le repeuplement et la reconstruction du village passe par un souci de donner au plus grand nombre les bases de ce que l'on nommera plus tard l'instruction.

La présence d’un « recteur » d’école à OUR semble très ancienne. Est-ce le fruit de l’ordonnance royale du 13 décembre 1698, signée de Louis XIV « Voulons, que l’on établisse autant qu’il sera possible des maîtres et des maîtresses dans toutes les paroisses où il n’y en a point…aussi pour apprendre à lire et même à écrire à ceux qui pourraient en avoir besoin » ?

Dès 1704, dans un des très nombreux documents qui tentent de régler les charges partagées entre la communauté d’Our et celle de la Bretenière pour ce qui relève « des affaires d’église », il est fait référence à un « recteur ». (1)

On ne s’étonnera pas que les registres paroissiaux et tout autre document des XVIIe et XVIIIe siècles soient la plupart du temps signés par les intéressés. Très peu de croix à Our au bas des documents indiquant une ou un analphabète. (2) De 1761 à 1790, le nombre des « signants » l’emporte toujours sur les analphabètes dans les registres paroissiaux. À partir de 1771, on dépasse souvent les 60 % de « signants ». Dans la plupart des cas, les hommes qui apposent leur signature sont plus nombreux que les femmes. En 1761, les hommes représentaient 80 % des signatures sur le registre paroissial. Cette situation se rééquilibre dans les années 1780.

Ici ou là, on repère les noms de ces recteurs : Toussaint Riaux (venu de Brans) de 1748 à 1776, Pierre Antoine Lacroix de 1776 à 1779 et J Baptiste Taupin (venu de Dampierre) à partir de 1780. Enfin c'est Hugues Touret en 1787 qui accompagne la dépouille du meunier François Blanc. Il semble bien qu'Antoine Mez, gendre du meunier Besson, ait été chargé aussi de l'instruction en 1755[104]. On le retrouvera menuisier à Orchamps. Les recteurs répondent à un appel d'offres et sont retenus sous la forme d’un marché, décidé par le conseil du village et acté le plus souvent devant les notaires d’Orchamps, Guyard père et fils. (3)

Les désignations ne sont pas sans contestations. Entre 1779 et 1783, les habitants d’Our et de La Bretenière s’opposent sur celui qui devra être recteur de Topin ou de Riaux. Au point de conduire l’Intendant Lacoré (le Préfet de région de l’époque si l’on peut dire) à imposer une réunion des deux conseils de village pour trancher sous peine d’amende. Présence de tous obligatoire et comptée sous l’œil du notaire d’Orchamps !

On en oublierait Pierre Antoine Lacroix qui traine en 1780 les deux communautés devant les tribunaux pour obtenir tout simplement d’être payé.

À la charge du « recteur » d’apprendre à écrire, lire, « chiffrer » et « pour ceux qui en sont capables apprendre le plainchant » à « tous les enfants qu’on voudra bien leur envoyer ». Il convenait de faire cours le matin et le soir.

Le « recteur », outre ses fonctions d’enseignant était l’assistant du curé, devait chanter les offices, accompagner le desservant pour donner les sacrements et faire office de « marguillier ». (Administrateur de la paroisse). En retour la communauté villageoise d’Our lui réglait une part de son traitement de 48 livres « pour fixe » dirait-on aujourd’hui, auxquels il convenait d’adjoindre 4 sols par enfant et par mois qui apprendrait l’alphabet et à lire, 5 sols pour savoir écrire et 7 sols « outre ces choses qui apprandont la Rithmétiques (sic) ainsi que le plainchants ». Une dotation complémentaire était payée par les « manants et habitants de la Bretenière ». Ce partage des charges a occupé de très nombreux procès entre les deux villages. (4)

Il est impossible de savoir (faute de documents à ce jour) où les cours se donnaient. Probablement à l’église ou plus surement au presbytère.

L'intérêt pour l'instruction était telle que dans un contrat de mariage de mars 1729, il est précisé pour l'enfant d'un premier lit "il y a un enfant...les futurs époux s'engagent à l'envoyer à l'école..."[105]

À l’aube de la Révolution, un document de recensement fait bien référence à un « maître » mais pas de mention d’une maison pour enseigner. (5)

Un village en ruine au début du XVIIIe siècle

Les seigneuries, des institutions affaiblies[modifier | modifier le code]

Au XVIIIe siècle, l'emprise seigneuriale s'est diluée d'autant plus que l'administration royale "à la française" s'est imposée. L'intendant à Besançon ou le subdélégué, à Dole, sont devenus les interlocuteurs naturels des communautés villageoises. L'éloignement physique de "co-seigneurs", voire la mise en location de la seigneurie ne rendent plus cette vieille institution lisible auprès des habitants.

Les liens se sont distendus, ont souvent disparu. Pourquoi payer encore une taxe fondée sur une très ancienne protection, devenue obsolète depuis un, voire deux siècles.

Seuls subsistent comme témoignage des antiques "pouvoirs du ou des seigneurs", des reconnaissances quant aux terres et l'existence d'un "procureur fiscal et de justice", visage de l'autorité et de l'administration de proximité.

Depuis le XVIIe siècle, les rentiers n'ont pas été renouvelés. Les Bruns pour la seigneurie d'Amont, les Laborey de Salans pour celle d'Aval et enfin les Massons d'Eclans pour le moulin, l'Etang et le Four banal sont restés maîtres de leurs seigneuries.

La seigneurie d'Amont s'estompe peu à peu[modifier | modifier le code]

La famille de Brun a pris l'habitude de louer (admodier) son fief de Roche y compris la partie amont du village d'Our. Ainsi, en 1710, c'est Pierre Brocard, Bourgeois de Dole résidant à la Loye, juge en la prévoté de la Loye qui, pour 4 650 livres à payer annuellement, obtint pour 6 ans l'affermage de la seigneurie de Roche avec sa dépendance " la seigneurie d'Our en sa partie d'amont ". Il succède à Denis Bataillard qui en avait obtenu l'affermage. En 1723 ce sont deux bourgeois, François Billerey de Vercel et Claude François Thiébaud de Besançon qui deviennent admodiateurs. Le bail est reconduit en leur faveur, pour 3 ans, en 1728. Leur emprise sur Our se limite à peu " perçoivent l'avoine due à Our par la communauté et rien de plus..."[106].Cette survivance est de plus en plus incomprise les années passant. En 1768, la communauté se plaint de devoir payer à Monsieur de Salans (et non comme les terriers de la seigneurie d'Amont l'y imposait au marquis de Brun ou ses admodiateurs) 80 boisseaux d'avoine « et l'on ne sait pourquoi » est-il précisé[107]. De Roche ou de Salans...D'Amont ou d'Aval, la structure seigneuriale s'étiole et ne se comprend plus.

L'apparition d'un maire, sans qu'on en connaisse vraiment les fonctions, en la partie d'Amont du village, c'est-à-dire d'un officier du seigneur de Roche en 1731, un cultivateur du nom de Pierre Mour (à ne pas confondre avec la famille des officiers de justice de même patronyme) semble signifier une tentative de réappropriation de cette dépendance de Roche sur Loue[102]. On trouve encore un maire « en la justice d'Our » en 1768, c'est Pierre Pacquet.[108] Était-ce le fruit de l'abandon du mise en bail de la seigneurie pour être administré en direct par le marquis de Brun et disposer d'un référent local ?

Survivance ultime d'un pouvoir s'estompant, les officiers de la seigneurie de Roche font, au cours du XVIIIe siècle, de nombreuses reconnaissances de terres entre 1708 et 1750[102]. Il s'agit le plus souvent, de loin en loin, de rappeler un faible impôt foncier à ses possesseurs ou de prendre en compte ici une transmission de bien ou une construction nouvelle. Il s'agit avant tout d'affirmer une propriété éminente de pure forme.

Ainsi en mars 1731, Jean-François Délyot et son frère Joseph doivent reconnaître les héritages qu'ils possèdent à Our, devant un officier du marquis de Brun "qui sont censables...suivant la reconnaissance d'Humbert, fils D'Humbert Deliot du 28 mars 1571 et en particulier le verger où ils sont présentement batis...chargé de 10 engrognes payable audit seigneur ou à son commis au jour de fête de Saint Michel arcange". En septembre 1732, il est question pour Joseph Poux de faire enregistrer une transaction (l'achat d'un terrain et d'un verger à Jacques Athier en octobre 1731) puis de reconnaître que ce terrain engendre une taxe foncière perpétuelle " lequel verger est chargé envers ledit seigneur...de deux gros moitié de quatre..." À l’occasion de ces "reconnaissances"[102] (il faut entendre par là une sorte de déclaration fiscale de ses biens à son propriétaire éminent), on mesure la multiplication des approximations dans une communauté villageoise où tout se tient le plus souvent à l'oral et par coutume. Aucun document d'arpentement ou de synthèse ne permet de trouver des preuves tangibles et opposables sauf de plus anciens "terriers ou censiers" entre les mains des propriétaires.

Parfois, le nouveau possesseur traine à faire connaître à son seigneur, l'acquisition d'une pièce de terre. En mars 1724, un huissier doit signifier à Hugues Oudot de déclarer une acquisition réalisée quelques semaines auparavant « d'avoir incessamment présenter audit seigneur les lettres d'acquisition qu'il a fait situés au-dessus du village… ».

La seigneurie d'Aval : Les Salans regardés comme seuls seigneurs de la communauté villageoise[modifier | modifier le code]

Tout au long du XVIIIe siècle, l'absence physique, morale et même juridique des seigneurs d'Amont conduit le seigneur d'Aval, le baron de Salans à se conduire en seul « maître et seigneur » de l'ensemble de la communauté. Ce dernier n'hésite pas à se substituer au propriétaire éminent qu'était la famille de Brun, lors de transactions dans la partie amont du village. Joseph Poux en 1732 conteste-t-il une part de la reconnaissance de biens qu'il devrait faire au marquis de Brun, en l'occurrence un terrain à batir (un meix) dont il a déjà présenté l'acquisition au baron de Salans « il présenta bonnement en toute bonne foi) sa lettre à monsieur de Salans qui y a donné son consentement, n'ayant pas entendu préjudice aux droits dudit seigneur »[102].

On relève dans d'autres documents l'oubli des charges foncières dues au seigneur de la partie d'Amont. Le 31 mars 1731, les frères Délyot, contestent d'être "censable" sur un terrain d'un demi-journal acquis récemment puisque le vendeur " déclara ne connoitre aucune charge pour n'en avoir jamais payé". Dans la même lettre, on n'y précise que c'est Monsieur de Salans, seigneur de la partie d'Aval, qui en décembre 1718 a validé cette transaction et a chargé « de 2 sols de cens...qu'il ne seroit pas juste qu'ils payassent en deux endrois »[102].

Dans le recueil rédigé par Dunant sur l'état des communautés villageoise de la province en 1778, c'est bien du seul Laborey de Salans auquel il est fait référence comme unique seigneur[21].

La justice rendue : entre juge châtelain et tenue de justice[modifier | modifier le code]

C'est au seigneur d'Aval (les Laborey de Salans) de nommer l'officier chargé de l'encadrement de la communauté tout entière. L'affaire est entendu dès le milieu du XVIe siècle. Le terme de "prévôt d'aval" étant tombé en désuétude, on va parler alors de "procureur fiscal et de justice". Il est le visage de l'autorité au quotidien. Au cours du XVIIIe siècle, Pierre, Joseph puis Jean-Claude Mour vont se transmettre la charge de père en fils.

Pour autant la justice doit être rendue. Se fondent alors deux institutions : la très ancienne tenue de justice issue du ban germanique, lorsque le seigneur venait de loin en loin trancher sur place des multiples différents et la plus récente vénalité des charges de justice.

Détenteurs de haute, moyenne et basse justice, les seigneurs de Salans et de Roche, instituent tout au long du siècle des juges châtelains à Our. Ces derniers issus du monde des tribunaux, achètent leurs charges, souvent plusieurs en même temps, et demeurent rarement longtemps en fonction. Faute de documents (alors qu'ils pullulent au XVIIIe siècle), on est parfois dans l'interrogation de la réalité de leurs actions.

Les Juges-Châtelains à Our, sont avocats et investissent dans des charges de justice soit pour les émoluments, soit pour les honneurs qui y sont associés soit par passion du droit. Ils sont nommés et révoqués selon le bon vouloir des seigneurs et probablement de quelques arrangements financiers qui ne nous sont pas connus.

Le baron de Salans nommera en 1723, Jean Guyard, notaire à Our et Orchamps. Il est bien connu de tous. En 1733 Pierre Guy (ou Gay), avocat à Dole, cumulera la fonction « en la terre et seigneurie d'aval » est-il bien précisé; avec des charges à Monnières, Etrepigney, Saint-Aubin, Pleure... Jean-Claude Eve va reprendre cet office en 1747 tout en cumulant celui de "bailly de la baronnie de Salans" et bien d'autres.

Le marquis de Brun, bien que mettant en location sa seigneurie, marque son pouvoir en nommant puis révoquant « au temps que de besoin » un certain Besançon, auquel succède Hiérosme Valcher, avocat et écuyer en 1723 puis Jacque Jannin également avocat au parlement de Dole en 1725.

Quant aux « tenues de justice », seule la mémoire de celle de la seigneurie d'Amont nous est parvenue. Elle devait se tenir tous les deux ans au village, est-il précisé dans une "admodiation" de la terre de Roche. Là encore, aucune preuve tangible de ces tenues n'a été retrouvée, ni calendrier, ni pièces de procès.

les Mour : les notables de proximité, le pouvoir au quotidien[modifier | modifier le code]

Les fonctions exercées par les Mour, ne pouvaient que les amener à être craint voire peut appréciés par la population. S'ils sont couramment sollicités comme parrain ou marraine, si les cloches portent en 1757 les prénoms des filles Mour, ils ne sont que très rarement présents au conseil du village et les procès entre la communauté villageoise et les uns ou les autres comme procureur de justice ou officier de la maîtrise des eaux et forêts ne manquent pas tout au long du XVIIIe siècle. Avec l'arrivée des idées nouvelles, les Lumières, la toute puissance sera contestée ouvertement.

Pour autant, bourgeois éclairés, ils ne cessent de constituer un domaine agricole cohérent et aux vastes pièces de terres (la grande soiture, le grand verger) en rachetant année après année des petites parcelles à des paysans en manque de moyens de paiement.

Joseph (juge et châtelain en la prévôté d'Orchamps / procureur fiscal à Our)[modifier | modifier le code]

Fils de Pierre, né en 1683, il décède le 18 octobre 1733. Il a épousé en juillet 1720 Anne Chandiot de la région de Vuillafans. Elle appartient à la petite noblesse. Le nom des Chandiot était attaché au bourg de Vuillafans et disposait d'une sépulture armoriée dans l'église de Montgesoye. Ses parents vont finir leur vie à Our et décéder dans la demeure de leur gendre, Jean Jacques Chandiot (né le 23/10/1650 à Villers sous Montrond) le 2 aout 1723 et son épouse Denise Antoinette Sombarde (ou Lombarde) le 7 décembre 1725. L'un et l'autre avaient plus de 70 ans.[109] Anne Chandiot s'éteint le 18 septembre 1741, laissant à son jeune fils de 16 ans, Jean-Claude Mour, la charge de « tenir » le nom.

Joseph a hérité du quart des biens de son père (12 journaux de terre et 4 soitures de prés soit environ 5 ha[110]) et de la maison. En 1716 dans un acte concernant le moulin d'Our où il se trouve présent, il est qualifié de "juge et chatelain en la justice d'Orchamps". Dans une pièce notariée du 27 octobre 1728, Joseph Mour est déclaré " juge et châtelain en la justice d'Etrepigney, procureur fiscal d'Our et autres endroits"[111]. En 1729, il obtient de Monsieur de Balland, seigneur de la Bretenière, la charge de juge-châtelain. On le décrit comme « un praticien » du droit. Il cumule les offices, comme bien d'autres avant lui sans pour autant prétendre à des fonctions plus éminentes comme son père ou grand-père, dans la justice du roi ou auprès du bailliage de Dole[112].Il ne peut gérer seul ses terres, aussi les met-il en location pour 6 ans, en 1725 (admodiation) à Anne Oudot et son fils Hugues Poux pour la somme de 35 livres avec une mise à disposition de chevaux, d'un logement et de la moitié des fruits du grand verger[113].Au terme du contrat, la satisfaction n'est là pour personne, ni pour le locataire quasi ruiné ni pour le propriétaire insatisfait de l'état de ses biens et de la faiblesse des revenus tirés de l'admodiation.

Jean Claude Mour et ses fils, les derniers Mour. (en cours)[modifier | modifier le code]

Jean-Claude Mour né en 1724 devient procureur de justice et fiscal

Jean Baptiste Garde général en Forêt de Chaux est élu membre du district de Dole en 1791 et devient Commandant au 3eme bataillon de la 1° légion du district de Dole ( régiment de volontaire)

Une paroisse dynamique[modifier | modifier le code]

L'établissement d'une succursale avec vicaire[modifier | modifier le code]

Dès juin 1704, les communautés d'Our et de la Bretenière envisageaient la construction d'une « maison curiale » et revendiquaient un découplage de la paroisse d'Our de celle d'Etrepigney[2]. Le projet qui devait être supporté pour 3/4 par Our et 1/4 par La Bretenière, n'a probablement jamais vu le jour[114]. Le curé d'Etrepigney a continué a desservir la "chapelle" ou " succursale" d'Ours ad divinis comme l'avait stipulé une décision du tribunal de l'official du 17 décembre 1654

La requête en « dismembration » a été réitérée en 1726 avec l'engagement de verser à un desservant 300 livres de revenus et de lui assurer un logement digne. Pas plus qu'en 1704, les arguments ne semblent avoir portés.

La décision de desservir Our telle qu'une église paroissiale était devenue intenable, un siècle plus tard, au curé d'Étrepigney. En 1758, sur les revenus de sa paroisse évalués à environ 567 livres, il convenait de retirer près de 150 livres pour les allers et retours des messes du dimanches auxquels il convenait d'ajouter "les 18 voyages à Our pour y chanter autant de messes avec vigiles (les jours qui précèdent les solennités), les bénédictions, processions... Outre la charge financière, on mesure le caractère chronophage des déplacements et la nécessité d'un vicaire à demeure à Our[115].

Le 14 octobre de la même année, l'assemblée de village, confiait à deux procureurs spéciaux le soin de plaider devant l'archevêque de Besançon, la « dismembration » de la paroisse d'Our et de la rendre autonome de celle d'Etrepigney[116].L'affaire était suffisamment d'importance pour que 20 chefs de famille se soient rendus présents dont, ce qui est très rare, le procureur d'office Jean-Claude Mour.

C'est en 1761 qu'apparait officiellement "un vicaire à Ours", le terme apparait dans le 1° des registres paroissiaux indépendants de ceux d'Etrepigney[117]. Il est même mentionné sur la page de garde " de la paroisse d'ours" et non de la "succursale". La croissance démographique du village avait du amener le Curé Viennet, en poste à Etrepigney, à se faire seconder. Les habitants de la Bretenière, refusaient alors dès 1762 de financer le poste de ce "vicaire amovible"[118] et ne cessèrent de revendiquer leur plein rattachement à l'Église paroissiale d'Etrepigney...En 1772 ils entretiennent toujours des procédures judiciaires

C'est Claude Joseph Maire[119] qui va exercer ce "ministère" jusqu'en 1769. Né à Chatonnay, il a alors 23 ans. Les vicaires ne restaient pas longtemps en poste. Au-delà de maire qui a exercé 9 ans, ses successeurs Gaudion (1772/1775), Démoulin (1775) Billerey (1775) et enfin Nicolas (en 1780) ne sont que de passage.

En 1763 sont réglés autant la question de son logement loué à Claude Poux, que de ses émoluments.

La communauté porte une attention toute particulière à la qualité du logement du desservant. En aout 1763, la communauté passe un bail de 6 ans avec Claude Poux, le propriétaire. La maison se distingue des fermes du village, puisqu'elle possède une cave mais ni grange ni écurie. "Consistant en deux chambres hautes ( pièces) dessus un grenier ( étage) et dessous une cave". Ce bâtiment longtemps nommé "le presbytère" ou "la cure" jusqu'à la fin du XXe siècle, n' était pas destiné à priori à l'usage qu'il aura dans les 150 ans à venir. Objet de toutes les attentions, le desservant se voyait doté par le propriétaire d' "une place pour une vache et un poulailler". Plus encore, le propriétaire se lançait dans des travaux d'amélioration importants : réparer le four, installer une plaque de cheminée (une platine), "un évier et une planche dessus pour mettre les seaux", construire un escalier " des degrés convenables" pour aller de la cuisine à l'étage, " de faire des fossés autour de la maison et un canal au dedans pour écouler l'eau"...En retour Claude Poux touchait 18 livres de loyer annuel et son bâtiment était exempt de toutes charges, impôts ou taxes, royales ou autres.

Dans la foulée du logement, les habitants d'Our s'engageait à verser 48 livres « en supplément » d'une convention verbale afin de « subvenir plus amplement à sa nourriture et entretien. » Il est assez probable que les conditions du vicaire se soient bien améliorées. S'était-il plaint ?

Pour autant, Le curé d'Etrepigney demeure la référence et signe de nombreux actes à Our. En 1769, c'est lui qui met en affermage le recouvrement de la disme, donc de l'impôt perçu par l'Église. Il en tire un bénéfice de 76 livres. Le document permet de mesurer le niveau des charges d'Eglise qui pèse sur les habitants de la paroisse d'Our au milieu du XVIIIe siècle.

Les travaux de l'église en 1717 et 1757[modifier | modifier le code]

Tout au long de la première partie du XVIIIe siècle, la question de la rénovation, voire reconstruction de l'Église ST Pierre et Paul s'est posée. Un bâti ancien, mis à mal par le XVIIe siècle guerrier, une explosion démographique expliquent probablement cette nécessité pressante qu'Etrepigney a également connu au même moment. Tout au long du siècle, les habitants d'Our vont chercher à faire payer les travaux de restauration de l'Église Pierre et Paul au prorata des contributions des communautés d'Our et de la Bretenière" au marc la livre des contributions". Si l'une et l'autre fréquentent l'Église d'Our, l'une en use beaucoup plus que l'autre Pour autant, depuis une sentence du praésidial de Besançon en date de décembre 1654, il a été précisé que pour ce qui relèvait de l'Eglise d'Our et de son usage, les habitants de la Bretenière n'étaient tenus qu'à régler 1/4 des frais.

Dès 1710 Pernette Délyot léguait par testament "18 livres monnaye du royaume qui seront employés aux réparations les plus nécessaires (de l'Église) "[120].Entre février et avril 1715 l'Assemblée du village se séparait d'une portion du communal, d'une " ancienne ruelle impraticable" et d'une pièce de terre au Bief de l'Etang, le tout parce que "les habitants veulent faire réparation de leur esglise toute en ruyne..."[121]. le 30 juin 1717, la communauté vend "une petite maison couverte d'ancelles, fort ruinée..." pour régler "la façon et construction du clocher" au charpentier Dominique Girod pour la somme de 50 livres. Le même jour quelques pièces de terres du communal sont cédées afin notamment de rétribuer Simonnet de la Barre d'avoir couvert le clocher[122]. Le 24 février Joseph Vuillemenot, qui était laboureur, fit un don de 18 livres (contre le droit de déposer son fumier devant chez lui...) à la Fabrique (c'est la première fois que le terme apparait dans un document) afin d'acheter une cloche « au sieur Bouchet de Besançon. » Il en coûtait 166 livres. L'analyse des documents souligne que l'essentiel des travaux se sont portés sur le clocher, la nef et le chœur étant jugés alors de qualité.

En 1742, l'état de l'Église semblait de nouveau préoccupant puisque l'Assemblée du village décidait " de laisser cette année en regain des champs, pour le rétablissement de leur église délaissée..."[123]

En 1752, la situation était devenue dangereuse au point que l'église était menacée de fermeture par risque pour les fidèles. D'importants travaux devaient être entrepris." les murs sont totalement fracturés de haut en bas et surplombent si prodigieusement qu'ils menacent une chute proche...faire remplir toutes les fractures...le couverture de cette église est totalement en ruyne, c'est-à-dire que les tuiles qui en forme le couvert sont toutes pourries, brisées, rompues de sorte qu'il pleut partout, ce qui pourrit la charpente...à l'égard du cœur de ladite église il n'est couvert que de bois qui est totalement pourri et ruiné...le clocher de ladite église qui n'est couvert que de tavaillons a aussi besoin d'être rétabli du moins quant à la couverture...en un mot cette église se trouve dans un si pitoyable état que la service ne pouvant s'y faire avec sécurité elle est sur le point d'une interdiction..."[124]

Il faut attendre 1757 pour que des travaux importants soient engagés. En juillet, à la belle saison, les entrepreneurs Monier de Chatenois et Laurent Amoudru de Sermange suivent le chantier et chargent le charpentier Claude Ragondet de la Bretenière de déposer puis de refaire la charpente de la nef et du clocher pour la somme de 100 livres.[125]

Les travaux ayant été menés, un vicaire nommé en 1761, il convenait d'apporter une "touche finale" à l'ensemble cultuel. Comme toujours la question récurrente était celle de la répartition des charges entre les habitants de la communauté d'Our et ceux de la Bretenière, nous y reviendrons.

En 1764, le Vicaire général invitait les paroissiens à acquérir un bassin de cuivre destiné aux fonts baptismaux « à l'entrée du clocher d'Our », un « pied d'argent pour le soleil ou pour le ciboire, il n'y en a qu'un pour les deux...mettre un tableau de saint saint Baptiste pour les fonts baptismaux... » . Le Vicaire général souhaitait également que soient installées, une croix sur le cimetière, une nouvelle porte à l'entrée du clocher, des grilles et que l'ensemble soit " purgé de tous les arbruisseaux"[126].

Un fermier pour les terres de l'abbaye Saint-Paul[modifier | modifier le code]

Comme la plupart des grands propriétaires terriens, l'Abbaye de saint Paul de Besançon qui possédait un important patrimoine venu du temps de la fondation du village, confiait en "ascencement" (on dirait aujourd'hui en fermage) ses biens à un paysan pour les cultiver . A charge de ce dernier de payer un loyer annuel et rendre au terme du bail, les terres en bon état "la charrue et faux courante" . C'est Hugues Oudot qui obtint le bail de tous lettres de l'abbaye pour 29 ans, au prix de 75 livres à payer chaque année, la somme étant accompagnée de quelques mesures de pois, fêves et "pillé" (millet)[127].

En 1790 c'est Marie Mouffard de la Bretenière qui a obtenu l'ascencement pour neuf ans pour la somme de 270 livres annuelles.

Même si au regard des surfaces agricoles d'aujourd'hui, le domaine semble insignifiant, moins de 3 ha (45 mesures), il apparaissait important et composé de vastes pièces " ( 16 mesures d'un seul tenant "à la fin d'Our") pour la plupart dans la plaine[128].

La gestion de la communauté[modifier | modifier le code]

Les assemblées villageoises (reste à rédiger)[modifier | modifier le code]
Gérer les communaux[modifier | modifier le code]

Si selon un état des revenus de la communauté en 1768, il ne demeure que 3 journaux de mauvaises terres au lieu-dit "les arbues", mis en location, ils rapportaient 24 livres à la communauté. En revanche dans la première partie du siècle, des communaux ont été cédés pour faire face aux besoins de la reconstruction,

Le "Chaucheux", un vaste triangle au coeur du village était reconnu pour être communal, sans pour autant générer de recettes. Le terme de "chaucheux" èvoque une étendue sur laquelle on venait battre les grains ou selon les fruits de la terre, fouler le raisin. La toponymie du lieu-dit renvoie à des temps plus anciens. Au XVIIIe siècle, ces activités se déroulaient à demeure.

Répartir le rôle des impôts et les charges reste à rédiger[modifier | modifier le code]
Conduire le troupeau et "parcourir" pour "champoyer".[modifier | modifier le code]

La communauté s'est donnée des "services communs" pour dégager les uns ou les autres de taches chronophages. Le pâtre est de ceux-là.

En avril 1755, la communauté villageoise, réunie en assemblée " sur la place publique de manière accoutumée, au son de la cloche..." passe un marché avec Pierre Mouffard de la Bretenière afin qu'il assume pour les 3 ans à venir la charge de "pâtre" communal "conduire à la pature la proye commune des vaches...dans les endroits où la dite communauté à le droit de parcours jusqu'à la toussaint..." Le sujet est d'importance puisque 16 chefs de famille sont présents à l'Assemblée dont le procureur Jean-Claude Mour, ce qui n'est pas d'usage, mais se justifie ici par son activité agricole.

Le pâtre devait conduire le troupeau à heures régulières, « les préserver de tous dangers sauf la fureur du loup et de leur mort naturelle... ». Le marché était passé pour 2 sols par mois par vache (idem pour les veaux " au-dessus de l'âge d'un an") et une demi livre de pain par semaine, à régler par les propriétaires. L'estimation du marché à 180 livres pour 3 ans permet d'imaginer un troupeau tout à fait important.

Trois ans plus tard, en 1758, le marché est affiné. Il est confié pour 6 ans à georges Barbier d'Orchamps. On ajoute au précédent marché, la conduite des moutons et des agneaux "après la première tonte" pour 1 sol ainsi que les taureaux et verrats de la communauté...pour rien, "mener franc de garde". L'ensemble est estimé à 98 livres, une somme très éloignée des 180 livres envisagées en 1755[129].

La tâche du pâtre consistait à conduire le troupeau vers des prés appropriés. La terre en "herbes" était rare et chère; On privilégiait la culture. des "parcours" étaient regardés non comme communaux mais d'un droit d'usage "immémorial" comme les "vernes" au voisinage du Bief du moulin. La "vaine pâture" se négociait âprement dans des conventions d'occupation, signées devant notaire, comme ce fut le cas avec les communautés d'Orchamps et de Lavans[130] tout au long du siècle. En 1748, les habitants d'Our monnayaient pour 6 ans à ceux d'Orchamps, la pâture sur toutes leurs terres de la plaine pour la somme de 21 livres "après la récolte des fruits...le droit de parcourir...néanmoins la terre vide...à charge de refaire à neuf le pont ou pontot séparant le territoire d'Ours et d'Orchamps..."[131]. En 1758 il était rappelé au pâtre communal qu'il convenait de conduire le troupeau « en particulier sur le territoire de Lavans en deçà de la rivière. »[129]

Le moulin[modifier | modifier le code]
Des propriétaires aux meuniers[modifier | modifier le code]

Propriété "éminente" du seigneur d'Eclans dans le cadre du droit féodal; ce sont les Mour qui en sont devenus les propriétaires « utiles » dans la première partie du XVIIe siècle. Le patronyme des Mour a succédé à celui des Dampnon dans le terrier de la seigneurie d'Eclans. Bizarrerie juridique, la référence au cens dû à la Famille Masson d'Eclans demeure présente dans tous les actes de vente entre les propriétaires utiles jusqu'en 1811, la nuit du 4 aout 1789 si elle a aboli les privilèges, a laissé de coté "le droit d'eau" seigneurial!

Au début du XVIIIe siècle par voie de succession, c'est Jean-François Mour qui en est le possesseur jusqu'à sa mort, en 1709. Ses héritiers, gaspard claudine et marguerite, alors qu'ils se sont séparés d'une très large part de l'héritage de leur père, négocient encore en 1767 l'affermage du moulin.[132] Les loyers issus du moulin, des bois alentour et de l'étang n'étaient pas négligeables. Le Moulin rapportait 55 francs ancienne monnaie du royaume en 1698[133], 66 livres en 1715[134] ,90 livres en 1767 et 100 livres en 1794[135]

Au terme du XVIII° siècle, après le décès du Chirurgien Gaspard Mour en 1785, le Moulin change souvent de "propriétaires utiles". En 1791, François Vuillemenot succède à Augustin Boilley pour le quart de la propriété du Moulin, les 3/4 restants étant à l'aristocrate Balland de la Bretenière. L'un et l'autre avaient acquis l'ensemble Moulin, Etang et prés en 1787.

Pour autant La conquête française a fait pesé sur cet outil pré-industriel des charges nouvelles. En 1698, seul le cens dû au baron d'Eclans est mentionné. En 1715[134] il est même précisé "le tout quoy est enclavé dans la forest de chaux, lesquels ne peuvent être imposés dans aucuns endroits même dans le village d'our sinon pour les droits d'Eglise...le dit estang et moulin sont chargés envers Monsieur le Baron d'Eclans en cens...". Depuis lors, l'administration royale était passée par là. En 1767, il est question " de toutes tailles et impositions tant royales que d'autres...sera réparti annuellement même les 2O èmes (impôt de 5% sur les revenus foncier et les bénéfices industriels notamment) ".

Les locataires, meuniers, se succèdent rapidement, hors la longue période occupée par Pierre François Besson. Les réparations innombrables sont importantes et le retour sur investissement faible. En 1715 Claude Philippin ne tient pas plus d'une année tant les travaux apparaissent lourds. En 1763 Pierre Joseph Besson doit se défaire de la moitié du Moulin compte tenu des dettes accumulées et des travaux qu'il conviendrait de réaliser [136]. En 1794 il est précisé, dans un document fiscal révolutionnaire, que le moulin ne peut fonctionner que 4 mois dans l'année compte tenu des crues, sécheresses, glaces etc...[137]

On relève que la "location à bail" peut parfois s'apparenter à une sorte "de droit de pas de porte" que l'on peu céder. En 1763 Pierre Joseph Besson « vend » à son gendre, Antoine Mez, la moitié du moulin. Cependant ce dernier devra, après le décès de son beau-père en 1767, obtenir des héritiers Mour, un bail de 9 ans en bonne et due forme !

Les meuniers se succèdent tout au long du XVIIIe siècle.

- 1698 Pierre Délyot et son épouse Jeanne Bertin. Il est aussi laboureur et dispose d'un bail perpétuel. Son bail est encore marqué par des usages anciens.

- 1709 Philibert Benoist (venu de Ney) et son épouse Elizabeth Chaveline (qui semble ne parler que la langue allemande) reprennent dans les mêmes conditions le bail perpétuel en cours de Pierre Délyot. On le sait déjà à Our en 1702, puisqu'ils y enregistrent la naissance de leur fils Hugues. On peut s'interroger, comme pour Pierre Délyot, sur l'expérience préalable de celui-ci dans la profession de meunier.

- 1715 Claude Philippin (venu de Villers Robert), et son épouse Jeanne Patis, qui abandonnera toute ambition pour s'en retourner chez son père à Villers Robert.

- 1716 Pierre Joseph Besson (meunier à Peintre) reprend le bail en cours. Il va demeurer en fonction près de 50 ans. Il décède le 24 février 1764 à 85 ans.

- 1767 Antoine Mez (qui est aussi menuisier) et son épouse Jeanne Besson avec un bail de 9 ans. Il décède en 1771. Qualifié dans tous les actes notariés ou paroissiaux de « menuisier », on peut faire l'hypothèse que c'est son épouse jeanne, fille du meunier Pierre Joseph Besson qui a poursuivi l'exploitation du moulin avec son frère Claude François Besson.

- 1787 François Blanc décédé le 29 janvier 1787 à 60 ans. La présence du maître d'école Hugues Touret (tenu d'être présent par sa fonction de « marguillier ») et de son frère semble indiquer que le Meunier n'avait pas de famille proche[138] et une insertion limitée dans le village.

- 1788 Pierre François Savourey. S'il est toujours qualifié de meunier en janvier 1791 (acte de naissance de son fils Jean-denis le 21 janvier) et résidant au moulin d'Our il doit cependant louer une maison dans le village pour y résider le 4 ventose AN III ( le 22 février 1795) [139]. Il faut dire que depuis le 17 floréal an II (6 mai 1794) Jean-François Vuillemenot, qui semblait s'être débarrassé de Balland de la Bretenière comme co-propriétaire, avait confié en location pour 9 ans, le Moulin à Jean-Claude Pagnet de la Bretenière.

En 1808 après le décès de Jean François Vuillemenot, sa veuve vend l'ensemble pour 3200 francs à un meunier venu de Haute Saône, Gaspard Saunot Biget. Ce n'est qu'en 1811, Lorsque Charles Louis Fardet, venu de Romain quelques années plus tôt, achète le Moulin pour l'exploiter que la fusion est réalisée entre le propriétaire dans son acception contemporaine et l'exploitant-meunier.

Les conditions du bail sont lourdes au locataire ; on les retrouve dans tous les actes successifs[modifier | modifier le code]

On pourrait parler de contrats « léonins » de location. Le locataire devait non seulement payer un loyer au propriétaire "utile" les Mour; mais également le "cens" au "propriétaire éminent" le baron d'Eclans. Le locataire s'engageait à toutes les réparations nécessaires sans que pour autant il n'en reçoive un quelconque dédommagement. Le "retenant" devait aussi "empoissonner " l'Étang et permettre au "laissant" soit de le pécher tous les 2 ans (1698) soit de lui remettre "12 muis.. de carpe et brochets" chaque année (1715). Il convenait enfin que le "locataire" s'engage à moudre gratuitement tant les céréales que les graines propres à faire des huiles voire du "verjus" (sorte de jus acide issu des raisins verts qui servait de condiment) au bénéfice de la famille Mour.

Si en 1698 l'étang est exclu de l'accord passé entre JF Mour et Pierre Délyot, ce n'est plus déjà la cas en 1715. on y ajoute même des terres essartées. Il en reste le lieu dit "les champs de l'Etang".

En 1767, il n'est plus question d'imposer des charges en nature ou d'exclure l'étang voire les essards; seuls les bois alentour sont retenus par les propriétaires. Le bail est de 9 ans (l'ancêtre des baux commerciaux) le moulin entrait dans l'époque commerciale moderne.

Résumons les activités : moudre le grains pour les farines, moudre des graines pour fabriquer de l'huile, pêcher l'étang mais il n'est plus question comme au XVIe siècle de parler de battoir à chanvre. Avait-t-il jamais été construit d'ailleurs ?

L'état du moulin et les travaux successifs[modifier | modifier le code]

En 1715 dans le bail on évoque "l'état fort ruyné ensemble" moulin, huilerie et étang. Il est alors convenu " de travailler incessamment..aux rouages...à colmater la brèche de la chaussée (ce qui sera fait) et rétablir duehment le déchargeoir de l'étang". Un état très précis de l'ensemble Moulin et huilerie est établi le 23 mai 1716 par un charpentier et le meunier d'Orchamps. Tout semble en très mauvais état " pour en reconnaitre l'état ruineux où ils se trouvent..la plus grande partie tombée et découverte...la chambre (dans laquelle dort le meunier) est entourée de méchant bois...rangés comme ceux de la barraque d'un charbonnier...que tous les bois du bâtiment sont hors service, pourris et rompus...il faut tout mettre en bas...les meules sont pourries...l'huillerie et- la rasse sont aussi détruits"[140] Presque 50 ans plus tard, en 1763, la situation des bâtiments est de nouveau préoccupante" grosses réparations qu'il convient faire...qui ne manqueront pas de tomber en ruyne faute d'y satisfaire..."[141] Lors de la succession en avril 1764 de Pierre Joseph Besson, le moulin et ses dépendances sont estimés à la faible somme de 480 livres parceque " le moulain et ses dépendances sont en ruine...". Il y eut pourtant cette année là, la construction d'une nouvelle cheminée dans l'huilerie.

À la suite du décès de Pierre Joseph-Besson, probablement conscients que leur bien allait disparaître et avec lui ses revenus locatifs, les 3 co-propriétaires, tous héritiers de JF Mour, décident d'engager d'importants travaux : on installe une nouvelle meule, on construit une roue neuve " à seillots (petits gobelets) de bois de chêne doublée de sapin, de 7 pieds de hauteur (environ 2m25), un chevalet pour supporter l'arbre de la roue...posé sur les pierres sont là actuellement....une lanterne…" . La chaussée est réhaussée " de 4 pieds (1m30) sur 56 pieds (17m) de longueur et 30 (10 m) de largeur..." L'exploitation pouvait reprendre dans de bonne condition.

L'état dégradé du moulin est de nouveau à l'ordre du jour en 1804. Dans un contrat de location , la veuve Vuillemenot reconnait " une mauvaise barraque avec un moulin dedans" et s'engage à construire deux chambres nouvelles contre le moulin pour y loger son locataire.[142]

Pierre Joseph Besson 1679-1764 : un meunier exemplaire[modifier | modifier le code]

Pierre Joseph Besson par la longévité de son activité mérite qu'on s'intéresse au personnage et à son environnement familial. Il a du profondément marqué de son empreinte la vie du village au XVIIIe siècle.

Il est né 1679 à Rans. Son père Claude avait été lui même meunier au début du XVIIIe siècle après avoir été administrateur du seigneur de Rans. Il épouse Bénigne Myet dont le père était lui-même notaire à Corcondray. Tout cela sent sa petite notabilité locale.[143] Pierre Joseph, pour sa part est inscrit dans les registres paroissiaux de Peintre comme meunier en 1712 puis 1714, à l'occasion de la naissance de ces fils, qu'il a obtenu de son épouse Bénigne Myet. C'est en 1715 qu'il vient s'installer à Our avec femme et enfants. Il ne manque ni d'ambitions ni de courage. Le moulin, l'huilerie et la chaussée sont alors ruinés et il faut tout reconstruire. Avisé, il fait venir des hommes de l'art, notamment Bouhans, qui est meunier à Orchamps, afin de faire un bilan avant travaux. Le verdict est sans appel : il faut détruire les bâtiments en ruine pour en construire de nouveaux. Il perd son épouse Bénigne en janvier 1725, restant avec deux jeunes enfants de 9 et 11 ans Pierre et Jacques, qui l'un et l'autre seront employés plus tard aux forges de Fraisans après Pour Pierre, avoir été militaire au régiment de Monaquet.[144] Il se remarie peu après avec Claudine Goulut de 23 ans sa cadette. Dès juillet 1726 naît de ce nouveau mariage, Jeanne, qui va demeurer attachée au moulin après le décès de ses père et mère puisqu'elle en reprendra l'exploitation avec son époux antoine Mez en 1767. Claude-françois et Jean complèteront la fratrie.

Ce furent sans doute 47 ans de labeur. À ses côtés vivait son fils Claude-françois. Jeanne s'était établie à Orchamps où son mari était menuisier. En 1763 à presque 85 ans, Pierre-Joseph est endetté auprès des propriétaires, le moulin et l'huilerie sont en ruine. Il faut qu'à l'été 1763, sa fille jeanne et son gendre achète pour 123 livres, la moitié de ce que nous pourrions appeler " un pas de porte" du moulin afin d'éteindre une partie des dettes du vieux meunier. Il s'éteint le 24 février 1764.

Le four banal[modifier | modifier le code]

Déjà repéré au XVIe siècle, le four « banal » c'est-à-dire dans lequel tous sont tenus de cuire « pain et pâte » relevait toujours des revenus du curé d'Eclans.

En 1751[145], cette survivance de temps anciens apparaissait désuète et la communauté obtint du desservant d'Eclans, le droit de construire des fours individuels pour une durée de 29 ans. En contrepartie les habitants s'engageaient à lui verser 45 livres réparties sur "toutes les têtes de la communauté...même les domestiques et les enfants de plus de 7 ans". La répartition étant à la charge des commis aux impôts et de l'échevin. une clause mérite d'être soulevé : au terme de la période de 29 ans, les "petits fours" devaient être tous détruits. Aussi en 1780[146] une nouvelle convention établie pour 29 ans était de nouveau signée. Dès 1790[147], avec l'abolition des privilèges, il est expressément noté que les habitants d'Our avaient refusé de payer les 45 livres attendus par le curé d'Eclans !

En 1768, l'échevin fait cependant remarquer que la construction des « petits fours » a déjà causé deux incendies.[148]

Le four se trouvait dans le haut du village, sur un terrain d'une soiture (1/3 ha), tout proche de la forêt.

Les potiers et forgerons (reste à rédiger)[modifier | modifier le code]

Reconstituer une dynamique villageoise au XVIIIe siècle consistait à sédentariser des artisans utiles à la communauté. Dès septembre 1700, c'est l'Assemblée villageoise qui se donne les moyens d'accueillir un Maréchal ferrant, Jean Claude Coutteret (1664/1736), venu d'Etrepigney. Dans la force de l'âge, il a environ 35 ans, les chefs de famille lui concèdent un terrain d'environ 7 ares proche le communal (donc aujourd'hui la place du village) pour y construire une maison et y exercer son art. Afin de ne pas rendre son installation difficile, une location- vente très favorable est conclue. 5 sols par an jusqu'à extinction de la dette de 50 francs, ancienne monnaie. Pour autant, le contrat est clair, s'il devait quitter le village, il lui faudrait non seulement rembourser le capital de la valeur du terrain qui lui a été concédé mais verser également 50 autres francs en dédommagement. Ce ne fut pas nécessaire. Jean-Claude Coutteret est échevin en 1715. Il est suffisamment assis pour avancer l'argent des travaux menés sur l'église. En 1729, il est même qualifié dans un acte du notaire Guyard de "taillandier" c'est-à-dire celui qui fabrique des outils tranchants [149]. Les Coutteret vont donner une « dynastie » de forgerons.[149]. Jean (1705-1734), son fils travaille avec lui jusqu'à son décès prématuré en 1734. Puis on relève dans les actes notariés un Claude François Coutteret (1728-1775) en 1760 qui n'est autre que le petit fils de Jean-Claude. Il exerce ses fonctions jusqu'à son décès en 1775. C'est Jean Vuillemenot le jeune, sa maison est voisine des Coutteret, qui succède à cette famille de maitres maréchaux dès 1776. Avait-il acquis le métier auprès de ses proches voisins ? Enfin en 1793 c'est François Oudot qui est qualifié de "maréchal".

Il n'était pas de métier plus utile à une communauté rurale que le forgeron. Qu'il s'agisse de la fabrication des outils pour cultiver la terre, ferrer les bœufs, cercler les roues, fabriquer les clous...le maréchal ferrant était indispensable.

A coté du maréchal ferrant, on va relever à travers les actes notariés ou dans les registres paroissiaux d'autres lignées d'artisans : les Vernier, Pierre (en 1736), Jacques (en 1774) et enfin Nicolas qui va s'endetter en 1782 pour acheter " des marchandises à Poterie". Dans la dernière partie du siècle, on note un cordonnier, Jean Déliot. On a pu relever des le XVIIe siècle cependant des "

L'activité économique

  • le finage et la valeur des terres
  • agrandir et rationaliser son exploitation
Ceux de la forêt (reste à rédiger)[modifier | modifier le code]
    • Louis XIV s'est engagé dans une "réformation" de l'exploitation de la forêt de Chaux. En 1717 l'administration française prive de tous leurs droits immémoriaux les vllageois d'Our dans les bois.

La contestation du modèle de gouvernance (reste à rédiger)[modifier | modifier le code]

la révolte des demoiselles

Quand les bourgeois en veulent aux vernes

la remise en cause des charges anciennes : le four à pain banal et les mesures d'avoines.

la multiplication des assemblées de village

Le temps de la révolution française et de l'Empire 1789/1815[modifier | modifier le code]

1789 : premières contestations

Des signes politiques précurseurs s'étaient multipliés : interrogation sur la légitimité de payer un impôt au seigneur en 1767, échauffourées face à la volonté de JC Mour de s'accaparer des terres en friche en 1757.

Jean-Baptiste Mour : une carrière politique révolutionnaire

Le curé Card et la surveillance des comités locaux

Un village en sommeil

Héraldique[modifier | modifier le code]

Ce blason qui ne correspond pas aux normes classiques et établies de l'héraldique a été remis par Roland Bobbet à l'occasion de la fête communale en juillet 1972 à Maurice Poux, alors maire.


Les armes de la commune se blasonnent ainsi :
Parti : au premier de gueules à l'épée d'argent garnie d'or, aux deux clefs du même passées en sautoir, les pannetons vers l'intérieur, brochant sur la lame de l'épée, au second de sinople à la campenne (cloche) d'or ; à la fasce ondée abaissée d'argent brochant en pointe sur le parti.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Fardet, Mémoire sur le Patois de Our, 1957, bibliothèque de Dole, mémoire dactylographié
  • Jean-Philippe Lefèvre, professeur d'histoire originaire d'Our, conférence sur l'histoire d'Our, avril 2008, Université ouverte de Franche-Comté et recherches personnelles

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (Documents inédits… Tome XI Archives départementales du Doubs 361)
  2. a b c d et e Mémoire des habitants d'Our à l'intention de l'archevêque de Besançon cote 3V6, ADJ, 1704 et 1726.
  3. Archives départementales du Doubs, G1[réf. non conforme].
  4. Travaux de recherche de Jp Lefèvre
  5. a et b Maurice Rey, Actes du colloque sur la forêt art : la forêt de chaux au Moyen Âge, , p. 73.
  6. Gabriel Pelletier, Rans et Ranchot au cours des âges, , p. 32/41.
  7. a et b faculté des sciences de Besançon, Mémoires et documents inédits pour servir à l'histoire de la Franche Comté, Bibliothèque de Dole, , p. 308.
  8. a b et c faculté des sciences, Documents inédits..., Bibliothèque de Dole, , folio 548.
  9. a b c et d Archives départementales du Doubs, B2924 Roche et B2972 Salans
  10. Alphonse Rousset, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, classés par département, vol. V (lire en ligne), p. 407.
  11. faculté des sciences de Besançon, Documents inédits pour l'histoire de la FC cartulaires des comtes de Bourgogne, Bibliothèque municipale de Dole, (lire en ligne), p. 216.
  12. Mémoires et documents inédits pour servir à l'histoire de la Franche-Comté, Besançon, (lire en ligne), p. 187 folio original 31.
  13. Alphonse Rousset, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, classés par département. Département du Jura, p. 406 et 407, tome 5, 2J619 Archives départementales du Jura
  14. Alphonse Rousset, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, classés par département, (lire en ligne), tome 6 commune de Saint Thiébaut.
  15. doc déjà cité, documents inédits de la faculté pour servir l'histoire..., BMD, .
  16. Déjà cité Archives départementales du Doubs B2972 et B2924.
  17. In mémoires et documents etc etc déjà cité, BMD, (lire en ligne), p. 308 et 309 folio originel 336.
  18. Recueil d'analyses d'actes et de copies de pièces du comté de bourgogne de 1029 à 1496, BNF gallica (lire en ligne), p. 95 et suivantes folio originel 146.
  19. Pierre Gresser, La peste en Franche-Comté au Moyen Âge, Cêtre, , p. 90 et suivantes.
  20. Pierre Gresser, Les forêts en Occident du Moyen Âge à nos jours (lire en ligne), p. 13-38.
  21. a et b François Igance Dunod de Charnage, Mémoires pour servir à l'histoire du comté de Bourgogne, Besançon, (lire en ligne), p. 289.
  22. Alphonse Rousset, « Notice sur village de Saint Thiébaut ».
  23. « généalogie des sires de la Chaux ».
  24. Peincedé, tome 1, folio 854, ADCD
  25. Alphonse Rousset, Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes de la Franche-Comté et des hameaux qui en dépendent, classés par département (lire en ligne), p. 522 et suivantes tome V.
  26. a et b Dunant, Statistique de la Franche-comté vol 3, Bibliothèque de Besançon (lire en ligne), folio 290.
  27. Gresser, Les origines de la gruerie du comté de Bourgogne in "Mémoires pour la société de l'histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands", (lire en ligne).
  28. 1B2011 ADD folio 511 ADD
  29. a b et c Paul Delsalle, « Villages et villageois 1567 1572 ».
  30. François Ignace Dunod de Charnage, Histoire des Séquanois (lire en ligne), p. 540-541.
  31. Gabriel Pelletier, Évans et Salans au cours des âges, Orchamps, , p. 31/42.
  32. Jean Courtieu, Dictionnaire des départements du Doubs, 1982 1987, « Arc et Senans », p. 119.
  33. a b et c Archives départementales du Doubs, 2B745, montre d'armes de la seigneurie de Roche en 1632
  34. a et b Archives départementales du Jura, 4E34/1069
  35. a b c et d ESE5/1 Archives départementales du Doubs, terrier de la seigneurie d'Éclans 1578
  36. a b c et d BMD, FA 85/7 placets de demande d'accession à la bourgeoisie de Dole
  37. Archives départementales du Doubs, B2793 et B2794, reconnaissance générale par Marguerite d'Autriche des terres possédées à Lavans
  38. a et b Archives départementales du Doubs, obédiencier de Saint Paul de Besançon, 67h81
  39. Jean Rousseau, Orchamps, Lavans et Lavangeot, Orchamps, IPO, , 94 p., p 54
  40. de 4E34 2415 à 2440 ADJ
  41. a et b archives privées famille Fardet copie a été faite procès entre la communauté de Lavans et le procureur Mour
  42. son nom apparait très souvent dans les grosses du Notaire Richard Mour et on l'y cite comme frère du procureur Pierre Mour. serie 4E34 ADJ
  43. « Mémoire de la Société d'émulation du Doubs », .
  44. a b c et d inconnu, Registres des messes données à our ; Cahier autrefois conservé à la cure d'Orchamps et disparu depuis., .
  45. BMD, folio 100 CG 37
  46. Archives départementales du Jura, 4E42/84, acte de partage du 31 octobre 1691
  47. a et b BPB 2161 fol 77 et 78 ADD
  48. 4B652 ADJ donation de Jean Couteret
  49. Pour les 3 premiers enfants, registres paroissiaux de Dole, BMD
  50. testament déposé au baillage de Dole 4B614 ADJ
  51. Archives départementales du Doubs, B 2161, fol. 77 v°–78
  52. Manuscrit 409, bailliage de Dole, No 632, 634 et 643
  53. Archives départementales du Jura, 4E42/83, minute notaire Guyard d'Orchamps
  54. Archives départementales du Jura, 4E47/57, acte du 22 janvier 1710
  55. Archives départementales du Jura, 4E42/83, testament de 1709
  56. Archives départementales du Jura, 4E42/84
  57. Jean Marie Thiébaut, médecins et chirurgiens en Franche-Comté du Moyen Âge au Premier Empire, à la page 261
  58. a et b Archives départementales du Jura, 4E42/7
  59. Bibliothèque municipale de Dole, CG34
  60. 2B3366 ADD année 1612 procès
  61. 2B3341 ADD violence sur son épouse 1600
  62. Patricia Guyard, les forêts des Salines..., Besançon, , pp 130 et 131
  63. a et b Archives privées de la famille Fardet Groene
  64. testament déposé au baillage de Dole ADJ 4B1473 folio 114
  65. Catalogue des villes et villages de ce Comté de Bourgogne et feugs y estans se fournissant de sel, Archives départementales du Doubs 1B2129, 1610/1615.
  66. a b et c JM Debard et François Lassus, in mémorial du tricentenaire le dénombrement du comté de Bourgogne, 65/122.
  67. René Lecerf, « Le général d’une paroisse bretonne », Revue de Bretagne et de Vendée. Études d’histoire locale, (lire en ligne), p. 54/65.
  68. Archives départementales du Jura, 5E49 archives d'Orchamps
  69. Bp90-1 ADJ
  70. Archives départementales du Jura, 5E404.9
  71. Archives départementales du Doubs, B2041
  72. 1B2794 ADD
  73. a et b 1B360 ADD
  74. 1B2796 ADD
  75. Emmanuel Le Roy Ladurie, histoire des paysans français de la peste noire à la Révolution, seuil point797, 797 p., p. 107
  76. Paul Delsalle, vivre en Franche-Comté au siècle d'or, Cêtre, , p 281
  77. 1B2011 ADD
  78. Gérard Louis, La Guerre de Dix ans, vol. 651 cahiers d'études comtoises 60, Annales littéraires de l'université de Franche-Comté (ISBN 2-251-60651-3), p. 119 146 pour Orchamps et 300 pour Etrepigney.
  79. les originaux sont en mairie d'Etrepigney et les doubles aux archives départementales du Jura" de mémoire, il y a des notes sur les registres conservés en mairie fort intéressants;.
  80. Archives municipales de Dole
  81. Archives départementales du Doubs, 2B734
  82. Registres paroissiaux conservés à la mairie d'Etrepigney. et dont j'avais fait le relevé en ma possession en 1984 ou copie aux archives départementales du Jura
  83. Archives départementales du Doubs, B2798 "reconnaissance générale de 1509 par Marguerite d'Autriche de ses terres dans le comté de Bourgogne
  84. Archives départementales du Doubs, B2924, dénombrement de 1584 en faveur d'Andremont de Pracontal de la seigneurie d'Amont d'our
  85. Archives départementales du Doubs, B2972, dénombrement en 1566 de la seigneurie d'Aval d'Our en faveur de laurent de Gorrevod
  86. Gérard Louis, La guerre de dix ans, Cahiers d'études comtoises 60, , 379 p., pp 13 à27.
  87. Délibération du Conseil municipal BMD FA78/40
  88. Etats des dimes de la paroisse, Archives départementales du Doubs G658.
  89. a et b « Estat et denombrement general des maisons, feux, hommes, femmes, enfants, valets, servantes, et du bestail qu'il y a dans le comté de Bourgogne, fait en l'année 1688 »., 1601-1700 (lire en ligne).
  90. a b c et d Dénombrement des dimes et paroissage d'Our, Archives départementales du Doubs, G658.
  91. registres paroissiaux série communale Etrepigney
  92. Jules Finot, In annuaire historique du département du Jura, , p. 33-133.
  93. « Estat et denombrement general des maisons, feux, hommes, femmes, enfants, valets, servantes, et du bestail qu'il y a dans le comté de Bourgogne, fait en l'année 1688 »., 1601-1700 (lire en ligne).
  94. B2044 ADD
  95. Archives départementales du Doubs, 4 E 846, double du contrat de vente entre JF Mour et Hugues Oudot 16 février 1724
  96. François Vion Delphin, Mémorial du tricentenaire, cetre, , p. 301/331.
  97. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, contenant les généalogies, l'histoire et la chronologie des familles nobles de France, Vve Duchesne, (lire en ligne).
  98. Archives départementales du Jura, cote à retrouver
  99. Claude-Marin Saugrain, Nouveau dénombrement du royaume, par généralitez, élections, paroisses et feux ou l’on a marqué sur chaque lieu les archevêchés, universitez, ..., Saugrain, (lire en ligne)
  100. 3L64 ADJ
  101. a et b Archives départementales du Jura, 4E42/62.
  102. a b c d e et f Archives départementales du Doubs, 4E846
  103. Michel Vernus, la vie comtoise au temps de l'ancien régime t1, marque- maillard, , 269 p., pp 20 et 21.
  104. 4E42 40 ADJ contrat de vente entre M Besson et A. Mez 9 avril 1755.
  105. 4E42 91 ADJ contrat de mariage Délyot Plumez 28 mars 1729
  106. Archives départementales du Doubs, cote à venir [Quand ?]
  107. Archives départementales du Jura, 4C
  108. grosse dun testament de Pacquet à son épouse 14 fevrier 1768 4E42/21 ADJ
  109. Archives départementales du Jura, 3E1477
  110. Archives départementales du Jura, 4E42/73
  111. Archives départementales du Jura, 4E42 59
  112. Archives départementales du Jura, BP1530 folio 15
  113. Archives départementales du Jura, 4E42/29
  114. 4E42 75 ADJ
  115. ADD compte et revenus de la paroisse d'Etrepigney série G
  116. 4E42 67 ADJ
  117. 3E707 ADJ
  118. 4E42 44 ADJ
  119. Jean Luc et Joseph Bécu, le clergé jurassien face à la révolution française T 2, , 341 p., p 285
  120. 4E42 57 ADJ 14 mars 1710
  121. 4E42 64 ADJ année 1715 assemblée de corps du 18.02, 24.03, 19.04 et 29.04
  122. 4E42 7 ADJ 30 juin 1717
  123. 4E42 18 ADJ assemblée de village 10 juillet 1742
  124. ADJ
  125. 4E42 9 ADJ marché entre Amoudru et Ragondet 25 juillet 1757
  126. 4E42 66 ADJ assemblée de village du 9 septembre 1764
  127. 4E42 8 ADJ contrat d'assencement du 8 aout 1716
  128. 2Q42 ADJ
  129. a et b 4E42 67 Adj
  130. 4E42 59 doc du 22 avril 1728
  131. 5E404 9 ADJ
  132. 4E42 14 ADJ affermage à antoine MEZ
  133. 4E42 84 ADJ affermage à Délyot
  134. a et b 4E42 64 ADJ amodiation du moulin
  135. Enregistrement des actes sous seings privés ADJ QP3369
  136. 4E42/51 ADJ vente d'une partie du moulin à son gendre antoine Mez juillet 1763
  137. 4L80 ADJ
  138. 5E647/2 ADJ
  139. contrat location 4E42/95 ADJ
  140. état du 23 mai devant Guyard Notaire, 4E42/8 ADJ
  141. 4E42/51 ADJ le 13 juillet 1763
  142. 4E42/99 ADJ 1 frimaire an XII
  143. JOSEPH BESSON : généalogie par goiset - Geneanet
  144. groose notariale du 21 1 1742 4E42/18 ADJ
  145. 4E30 568 ADJ convention devant le notaire de Sermange en 1751
  146. 4E42 10 ADJ convention avec curé Girardin 1780
  147. 2QP 67 ADJ revenus de la cure d'Eclans en 1790
  148. 4C ADJ impositions communales
  149. a et b grosse notariale 4E42/29 adj