Utilisateur:MarieLP3856/Sarah Parker Remond

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Sarah Parker Remond (6 juin 1826 – 13 décembre 1894) est une conférencière américaine et militante abolitionniste . Née libre dans l'État du Massachusetts, elle devient une militante internationale pour les droits de l'Homme et le droit de vote des femmes . Remond prononce son premier discours public contre l'esclavage à l'âge de 16 ans. L'un de ses frères, Charles Lenox Remond, est également un orateur reconnu et ils parcourent parfois ensemble le nord est des Etats-Unis pour leurs conférences abolitionnistes.

Membre de l' American Anti-Slavery Society, en 1858, Remond choisit de se rendre en Grande-Bretagne pour obtenir des appuis à la cause abolitionniste en pleine expansion aux États-Unis. Pendant son séjour à Londres, Remond étudie au Bedford College, donnant des conférences pendant les vacances scolaires. Pendant la guerre de Sécession, elle lance un appel au public britannique à soutenir l' Union et son blocus de la Confédération . Après la fin de la guerre et la victoire de l'Union, elle collecte des fonds pour soutenir les millions d'esclaves nouvellement affranchis dans le Sud des Etats-Unis .

Remond se rend ensuite en Italie en 1867 pour suivre une formation médicale à Florence, où elle devient médecin. Elle pratique la médecine pendant près de 20 ans en Italie et y reste jusqu'à la fin de sa vie, mourant à Rome à l'âge de 68 ans.

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Née à Salem, Massachusetts, Remond est la fille de John Remond et Nancy (née Lenox) Remond et grandit dans une fratrie composée de 8 à 11 enfants. [1] John et Nancy se marient en octobre 1807 à Boston. À Salem, ils bâtissent une entreprise prospère de restauration, d'approvisionnement et de coiffure et deviennent des entrepreneurs et des militants reconnus. [1]

Les Remond essaient d'inscrire leurs enfants dans une école privée, mais ils sont rejetés en raison de leur couleur de peau. Sarah Remond et ses sœurs sont acceptées dans un lycée local pour filles qui n'était pas soumis à la ségrégation, mais elles sont par la suite renvoyées, car le comité scolaire prévoyait de créer une école séparée pour les enfants afro-américains. Remond décrit plus tard l'incident comme gravé dans son cœur "comme la lettre écarlate d'Hester". [1] En 1835, la famille Remond déménage à Newport, Rhode Island, dans l'espoir de pouvoir éduquer leurs enfants dans un environnement moins raciste. Cependant, là aussi, les établissements scolaires refusent les étudiants noirs. Remond fait finalement ses études dans une école privée fondée par un groupe d'Afro-Américains influents. [1]

En 1841, la famille Remond revient à Salem. [1] Sarah Remond poursuit ses études par elle-même, en assistant à des concerts et à des conférences, et en se cultivant dans des livres, des brochures et des journaux empruntés à des amis ou achetés à la société anti-esclavagiste de sa communauté. La famille Remond loge également des étudiantes inscrites à l'école pour filles locale, dont Charlotte Forten (plus tard Grimké). [2]

Activisme anti-esclavagiste et conférences[modifier | modifier le code]

Salem dans les années 1840 est un centre d'activité anti-esclavagiste et toute la famille s'engage dans le mouvement abolitionniste naissant aux États-Unis . La maison des Remond est un refuge pour les abolitionnistes noirs et blancs, et ils accueillent de nombreux dirigeants du mouvement, dont William Lloyd Garrison et Wendell Phillips, ainsi que des esclaves en fuite cherchant à se rendre au nord du pays vers la liberté. Le frère aîné de Sarah Remond, Charles Lenox Remond, est le premier conférencier noir de l' American Anti-Slavery Society et est considéré comme l'un des principaux abolitionnistes noirs. Nancy Remond est l'une des fondatrices de la Salem Female Anti-Slavery Society. [1] En plus d'enseigner à ses filles la cuisine et la couture, elle les incite à participer à la société et à rechercher la liberté. Avec sa mère et ses sœurs, Sarah Remond participe activement aux sociétés anti-esclavagistes féminines de l'État et du comté, notamment la Salem Female Anti-Slavery Society, la New England Anti-Slavery Society et la Massachusetts Anti-Slavery Society. Elle assiste également régulièrement à des conférences antiesclavagistes à Salem et à Boston. [3]

Avec le soutien moral et financier de sa famille, Sarah Remond se lance dans les conférences anti-esclavagistes, prononçant son premier discours contre l'esclavage à l'âge de 16 ans, avec son frère Charles à Groton, Massachusetts, en juillet 1842. [4] En 1853, Remond se fait connaître parmi les abolitionnistes lorsqu'elle refuse de s'asseoir dans une section de théâtre réservée aux personnes de couleur. Après son refus, elle est expulsée du théâtre et on la pousse dans les escaliers. Remond poursuit alors le théâtre en justice et obtient gain de cause. Elle reçoit 500 $ de dédommagement et des excuses de la direction du théâtre, qui est contrainte de mettre fin aux sections ségréguées. [5] [6]

En 1856, Remond est engagée par l' American Anti-Slavery Society avec son frère Charles, déjà bien connu aux États-Unis et en Grande-Bretagne, et Susan B. Anthony, pour donner une série de conférences dans l'État de New York sur les questions anti-esclavagistes. Au cours des deux années qui suivent, elle s'exprime également au Massachusetts, en Ohio, au Michigan et en Pennsylvanie. [3] Bien qu'inexpérimentée, Remond devient rapidement une oratrice convaincante. William Lloyd Garrison fait l'éloge de son "air calme et digne, son charme et ses appels sincères à la conscience et au cœur". [7] Au fil du temps, elle devient l'une des conférencières les plus persuasives et percutantes de la société. [8]

Conférences anti-esclavagistes en Grande-Bretagne[modifier | modifier le code]

Frederick Douglass, vers 1879. Remond et Douglass ont voyagé ensemble en Grande-Bretagne.

Remond est invitée à défendre la cause des abolitionnistes américains en Grande-Bretagne, comme son frère Charles l'avait fait dix ans plus tôt. Accompagnée du révérend Samuel May, Jr., elle quitte Boston pour Liverpool le 28 décembre 1858 et donne sa première conférence anti-esclavagiste en Angleterre le 21 janvier 1859. Au cours de ces discours, elle parle avec éloquence du traitement inhumain réservé aux esclaves aux États-Unis et ses histoires choquent nombre de ses auditeurs. Elle décrit également la discrimination subie par les Noirs libres aux États-Unis. [1]

Remond sillonne les îles britanniques pendant les trois années suivantes pour donner des conférences et recueillir des fonds pour la cause anti-esclavagiste. Entre 1859 et 1861, elle donne plus de quarante-cinq conférences en Angleterre, en Irlande et en Écosse . [3] Elle apparait à trois reprises avec Frederick Douglass . [1] Elle s'étonne de ne pas avoir à affronter autant de préjugés qu'aux Etats-Unis: « J'ai été accueillie ici comme une sœur par des femmes blanches pour la première fois de ma vie », écrit-elle dans une lettre à Abby Kelly Foster; "J'ai reçu une bienveillance qui ne m'avait jamais été offerte auparavant." [1]

Remond est acclamée pour ses discours, dans lesquels elle se prononce contre l'esclavage et la discrimination raciale, et souligne l'exploitation sexuelle des femmes noires esclaves. [1] Au cours de sa tournée en Irlande, elle compare le sort de l'esclave africain à celui des travailleurs de la classe ouvrière dans son public, provoquant l'inquiétude chez ses soutiens des classes moyenne et supérieure. [9]

Dès le début de la guerre civile américaine (1861-1865), Remond s'emploie à renforcer le soutien des britanniques pour l'Union et son blocus de la Confédération. Les usines textiles britanniques étant fortement dépendantes du coton américain du sud des États-Unis, Remond se concentre sur ce sujet dans ses conférences. Dans un discours de 1862, elle implore son auditoire londonien de ne « laisser aucune diplomatie politique, aucune intimidation de propriétaires d'esclaves, aucune pénurie de coton, aucune crainte d'insurrections d'esclaves empêcher le peuple de Grande-Bretagne de maintenir sa position d'ami de l'opprimé noir." [10] Après la fin de la guerre civile, Remond axe ses conférences sur les millions d'esclaves affranchis aux États-Unis, sollicitant des fonds et des vêtements pour ceux-ci. Elle est un membre actif de la London Emancipation Society et de la Freedman's Aid Association à Londres.

Éducation[modifier | modifier le code]

Remond est enterrée au Cimitero Acattolico à Rome.

D'octobre 1859 à juin 1861, Remond entreprend des études au Bedford College (qui fera plus tard partie de l' Université de Londres). Elle étudie les classiques : français, latin, littérature anglaise, musique, histoire et élocution, [11] et continue à donner ses propres conférences pendant les vacances universitaires. [12] Au cours de cette période, elle voyage également à Rome et à Florence en Italie. [4]

Remond continue à militer pour les causes abolitionnistes et féministes en Grande-Bretagne. Elle est d'abord membre du London Emancipation Committee, puis contribue à fonder et siège au comité exécutif de la Ladies' London Emancipation Society, créée en 1863. [1] On pense que Remond est la seule femme noire [13] parmi les 1500 signataires d'une pétition de 1866 réservée aux femmes qui demandait le droit de vote pour les femmes. [14] De retour brièvement aux États-Unis, Remond rejoint l' American Equal Rights Association qui demande l'accès au vote pour les femmes et les Afro-Américains. [12]

Remond poursuit ses études au London University College, où elle a obtient son diplôme d'infirmière. [1] Puis, en 1867, à l'âge de 42 ans, elle s'installe définitivement à Florence. Elle s'inscrit à l' école de l'hôpital Santa Maria Nuova en tant qu'étudiante en médecine. [5] À l'époque, cet établissement est l'une des écoles de médecine les plus prestigieuses d'Europe. [1] Remond obtient son diplôme de médecin en août 1868. [15] Après avoir terminé ses études, elle reste à Florence pendant de nombreuses années, puis réside à Rome. [16] Remond pratique la médecine pendant plus de 20 ans en Italie, sans jamais retourner aux États-Unis. Ses sœurs Caroline et Maritcha la rejoignent en Italie. [1] Frederick Douglass rencontre les trois femmes lors d'une visite à Rome en 1886. [17]

Le 25 avril 1877, Remond épouse Lazzaro Pintor (1833-1913), un employé de bureau italien originaire de Sardaigne . [1] Dans les années 1880, Remond s'installe à Rome. [1] Elle meurt le 13 décembre 1894 à Rome et est enterrée au cimetière protestant de Rome. [18]

Hommage[modifier | modifier le code]

En 1999, la Massachusetts State House décide de mettre à l'honneur six femmes exceptionnelles de l'État en installant une série de six grands panneaux de marbre contenant chacun un buste en bronze ; les bustes représentent Remond, Dorothea Dix, Florence Luscomb, Mary Kenney O'Sullivan, Joséphine St. Pierre Ruffin et Lucy Stone . [19] [20] Deux citations de chacune de ces femmes sont gravées sur leur panneau de marbre.

L'anthologie 2019 New Daughters of Africa, éditée par Margaret Busby, comprend deux discours de Sarah Parker Remond : « Why Slavery is Still Rampant » et « The Negro Race in America » (une lettre à la rédaction du Daily News, Londres, en 1866). [21] [22]

En 2020, l' University College London a renommé son Centre pour l'Etude du Racisme & de la Racialisation en "Centre UCL Sarah Parker Remond", avec le professeur Paul Gilroy comme directeur. [23]

Le roman à succès La linea del colori: Il Grand Tour di Lafanu Brown, de l'écrivain somalien Igiaba Scego (Florence, Giunti, 2020), en italien, combine les personnages de la sculptrice afro-américaine Edmonia Lewis et Sarah Parker Remond[24],[25].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o et p Salenius Sirpa, An Abolitionist Abroad: Sarah Parker Remond in Cosmopolitan Europe, Amherst, University of Massachusetts Press, (ISBN 9781613764817, OCLC 1012312578) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « :0 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  2. Charlotte Forten Grimké, The Journals of Charlotte Forten Grimké, New York, Oxford University Press, , xli-xlix (ISBN 0-19-505238-2, lire en ligne), « People in the Journals »
  3. a b et c Porter, « The Remonds of Salem, Massachusetts: A Nineteenth-Century Family Revisited », Proceedings of the American Antiquarian Society, vol. 95,‎ (lire en ligne) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « :1 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  4. a et b Bethel, « Remond, Sarah Parker (1826–1894) | Encyclopedia.com », www.encyclopedia.com (consulté le ) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « :2 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  5. a et b "Sarah Parker Remond and the Remonds of Salem", Variety, Spice, Life, 20 July 2011.
  6. May 4, 1853: Sarah Remond Ejected from Boston Theater
  7. We are Your Sisters: Black Women in the Nineteenth Century, W.W. Norton & Company, (ISBN 9780393316292, lire en ligne), p. 176
  8. "Remond at Bedford College in London", SARAH PARKER REMOND: A Daughter of Salem, Massachusetts, July 15, 2011.
  9. Teresa Zackodnick, Press, Platform, Pulpit: Black Feminist Publics in the Era of Reform, Knoxville, University of Tennessee Press, , p. 66
  10. Lift Every Voice: African American Oratory, 1787–1900, Tuscaloosa, University of Alabama Press, , 377–80 p. (ISBN 978-0817308483), « Chapter 66: The Negroes in the United States of America – Sarah Parker Remond » Reprinted from The Journal of Negro History 27 (April 1942), pp. 216–18.
  11. Notable American Women: A Biographical Dictionary: 1607–1950, vol. 3, Harvard University Press,
  12. a et b Johnson Lewis, Jone, "Sarah Parker Remond, African American Abolitionist", ThoughtCo., September 16, 2017.
  13. "Women Writers and Italy: Two Englishwomen In Rome and Sarah Parker Remond", Woman And Her Sphere.
  14. Crawford, Elizabeth, "Women: From Abolition to the Vote | Women's suffrage campaign: 1866–1903", British History, BBC, June 20, 2011.
  15. (en) Salenius, « On Archival Research: Recovering and Rewriting History. The Case of Sarah Parker Remond », Transatlantica. Revue d'études américaines. American Studies Journal, no 1,‎ , p. 1–14 (ISSN 1765-2766, DOI 10.4000/transatlantica.16939, lire en ligne, consulté le Mois invalide (free))
  16. Dorothy Sterling, Ahead of Her Time: Abby Kelley and the Politics of Antislavery, W. W. Norton & Company, (ISBN 9780393311310, lire en ligne), 276
  17. Coleman, « Remond, Sarah Parker (1824–1894) », BlackPast.org,
  18. « Notable Graves of the Non-Catholic Cemetery », The Non-Catholic Cemetery in Rome (consulté le )
  19. « Virtual Tour of the Massachusetts State House: Women's Memorial », Secretary of the Commonwealth of Massachusetts (consulté le )
  20. Massachusetts Foundation for the Humanities, « Making the World Better: The Struggle for Equality in 19th Century America », Massachusetts Foundation for the Humanities, (consulté le )
  21. New Daughters of Africa, Myriad Editions, , 4–9 p. (ISBN 9781912408023, lire en ligne)
  22. Rocker-Clinton, « New Daughters of Africa: An International Anthology of Writing by Women of African Descent », San Francisco Book Review, (consulté le )
  23. (en) UCL, « UCL centre renamed in memory of transatlantic abolitionist », UCL News, (consulté le )
  24. Grasso, « Today's must-read is Afro-Italian and talks about two women's stories, between the US and Italy », (consulté le )
  25. Riccò, « Reimagining Italy Through Black Women's Eyes », Public Books, (consulté le )

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