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Utilisateur:Leonard Fibonacci/Bérénice (princesse de Judée)

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Leonard Fibonacci/Bérénice (princesse de Judée)
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Bérénice à gauche et Titus à droite.
Titus et Bérénice, Salon de Vénus, Grands appartements du château de Versailles (René-Antoine Houasse, ca. 1678).

Bérénice, aussi connue comme Julia Berenice, née vers 28, est une fille du roi Agrippa Ier. Elle descend des dynasties hérodienne et hasmonéenne de Judée. Elle est mariée très jeune à Marcus Alexander, neveu du philosophe Philon d'Alexandrie et frère de Tibère Alexandre, qui sera procurateur de Judée de 46 à 48.

Après cette première union contractée à un jeune âge, Bérénice séjourne quelque temps à Alexandrie jusqu'à la mort de son époux Marcus. Elle est remariée encore jeune fille à son oncle Hérode, le roi de Chalcis (l'Iturée au sud-est de la Syrie romaine), dont elle a deux fils. Elle est à nouveau veuve vers 48 et se marie une troisième fois avec Marcus Antonius Polemo II, roi client de Cilicie (sud de la Cappadoce). Elle est la première à porter le titre de basilissa et à figurer comme telle sur la base d'une statue. Elle quitte Polemo assez rapidement pour revenir à Jérusalem auprès d'Agrippa (II), son frère. À ses côtés, elle remplit les fonctions de reine, un statut qui lui est reconnu, alors qu'aucune épouse d'Agrippa n'est mentionnée dans les sources antiques.

Elle devient la maîtresse de Titus, le fils de l'empereur Vespasien, pendant qu'il commande certaines légions qui tentent d'éradiquer toute résistance en Galilée (67-68). Leur liaison se poursuit pendant que Titus écrase la révolte juive de 66 - 70. Titus rentre à Rome pour assister à son triomphe (fin 70 -début 71) et Bérénice le rejoint quelques années plus tard. Il promet de l'épouser, mais après quelques temps il renonce et la renvoie de Rome, sous la pression de son père l'emprereur Vespasien.

Son histoire a inspiré la célèbre tragédie de Racine et la « comédie héroïque » de Corneille, ainsi que La Reine de Césarée, de Robert Brasillach.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et enfance[modifier | modifier le code]

Bérénice descend des dynasties hérodienne et hasmonéenne, par son père Hérode Agrippa Ier et par sa mère Cypros[1],[2]. Celle-ci est une fille que Phasaël frère d'Hérode le Grand a eue avec Salampsio, une des filles d'Hérode le Grand et Mariamne l'Hasmonéenne[3]. Son père Agrippa est un petit-fils d'Hérode le Grand et de Mariamne l'Hasmonéenne (exécutée sur ordre de son mari en 29 av. J.-C.)[1],[4]. Bérénice a un frère aîné Agrippa II (né en 27) et deux sœurs plus jeunes, Mariamne (née en 34) et Drusilla (née en 38)[5]. Un de ses frères, Drusus, est mort alors qu'il n'était qu'un enfant[6]. Comme tous les hérodiens, « elle vit, dès son enfance dans un milieu culturellement mixte: par ses ancêtres, elle est fondamentalement une princesse juive. Mais elle possède comme tous les siens, la citoyenneté romaine accordée par Jules César à Antipater en 47 av. J.-C. et porte le nom de Julia[7]. » « Cette double identité est un élément sans doute essentiel de sa personnalité. Sa grand-mère, appelée elle aussi Bérénice, est une amie d'Antonia Minor[7] », belle-sœur de Tibère[8] et mère de Claude et de Germanicus[7]. Son père a passé toute sa jeunesse dans la capitale de l'empire et connaît personnellement presque tous les membres de la famille impériale. Il y a été élevé avec les enfants de la famille impériale dont le futur empereur Claude, qui a le même âge que lui, ainsi que Drusus, le jeune fils de Tibère et son héritier présomptif, auquel il s'est particulièrement attaché[9]. Tout comme son père, son frère le futur roi Agrippa II a aussi été élevé à la cour impériale et l'empereur Claude déclare dans une lettre qu'il est son protégé[7].

Bérénice naît vraisemblablement en Palestine ou en Syro-Phénicie vers 28[10]. Comme c'était fréquent pour les enfants des rois clients, son frère Agrippa, d'un an son aîné, est envoyé à la cour impériale pour y être élevé[11], mais rien n'indique que Bérénice l'ait accompagné. Il est probable que Bérénice a suivi ses parents à Tibériade, Antioche et Alexandrie et que son enfance a été « marquée par les rebondissements permanents de ce roman [qu'a été] la vie de son père[7] ». Après s'être brouillé successivement avec son oncle Antipas, son père se rend en Syrie romaine, dont son ami Lucius Pomponius Flaccus, est le légat[12]. Peu de temps après, il est disgracié à la suite d'une intervention de son propre frère Aristobule le Mineur, qui le dénonce auprès de Flaccus pour avoir reçu un pot-de-vin afin de défendre les intérêts de Damas contre Sidon dans un différend frontalier porté devant son ami légat[12]. Il se décide alors à tenter un retour à Rome où Tibère, qui devait avoir fait son deuil de la mort de Drusus, accepterait peut-être de recevoir à nouveau les anciens amis de son fils[13]. Toutefois dans le livre II de la Guerre des Juifs, son premier récit, édité entre 75-79[14], Flavius Josèphe était plus direct. C'est « pour accuser le tétrarque[15] » Hérode Antipas, qu'Agrippa a décidé de se rendre « auprès de Tibère[15] », afin d'essayer de prendre son domaine[16] et c'est parce qu'Agrippa avait été évincé de ses prétentions à obtenir la tétrarchie d'Antipas qu'il se serait mis à comploter contre l'empereur[16]. Comme d'autres informations, en particulier au sujet d'Agrippa, celles-ci ne se retrouvent pas dans les Antiquités judaïques, où Josèphe s'étend pourtant beaucoup plus sur le sujet.

Une flatterie d'Agrippa à Caligula va cependant lui causer des ennuis : souhaitant dans une conversation que la mort de Tibère ne tarde plus afin que puisse lui succéder le jeune prince, ce propos est rapporté à Tibère qui ordonne l'arrestation de l'indélicat[13]. Ce dernier, ami du probable prochain empereur, bénéficie d'une captivité confortable et est élargi par Caligula peu après la mort de Tibère le 16 mars 37[17], au moment où Ponce Pilate arrive à Rome[18].

L’avènement au trône de son ami commence la fortune d’Agrippa : l'empereur, pour sa libération, lui offre une chaîne d’or « du même poids que la chaîne de sa captivité »[18]. Il lui octroie, outre le titre de roi et le diadème qui en est le signe, les territoires de Philippe, mort peu de temps auparavant[13], tétrarque de Gaulanitide, Batanée, Trachonitide et d'Auranitide[3], quatre territoires situés au nord-est du lac de Tibériade. Caligula lui a en outre conféré les ornements prétoriens, une dignité qui permet à certains non-sénateurs de siéger parmi eux lors des fêtes publiques[19]. « Ce retournement de situation tout à fait exceptionnel paraît avoir beaucoup impressionné les contemporains d'Agrippa »[18].

Selon Flavius Josèphe, au moment même où il pose le diadème royal sur la tête d'Agrippa Ier, Caligula envoie Marullus comme « hipparque (ἱππάρχης) de Judée[P 1] » pour remplacer Ponce Pilate qui renvoyé par Lucius Vitellius vient à peine d'arriver à Rome[20]. Si pendant tous ces événements Bérénice est vraisemblablement restée avec sa mère en Palestine ou en Syro-Phénicie, lors du retour de son père en été 38, elle l'a vraisemblablement rejoint dans la capitale de son royaume à Césarée de Philippe.

Union avec le fils de l'Alabarque Alexandre[modifier | modifier le code]

Le [21], Caligula est assassiné par une conspiration de grande ampleur[22]. Si l'on en croit Flavius Josèphe et l'historien romain Dion Cassius[22], Agrippa Ier, le père de Bérénice, joue un rôle non négligeable dans le choix du nouvel empereur[23]. C'est lui qui mène une escouade de la garde prétorienne au palais à la recherche de Claude qui s'y est dissimulé par peur d'être assassiné[23]. C'est aussi à son instigation que les prétoriens proclament Claude empereur car sans souverain, la garde perd sa raison d'être[24]. Il se rend ensuite au Capitole où les sénateurs sont réunis en conclave[24] et joue les intermédiaires entre ceux-ci et Claude[23]. Il inspire à Claude une réponse à ces derniers, « conforme à la dignité de sa puissance[25] » et il les persuade d'abandonner avec sagesse leur idée de république, faisant valoir qu'un nouvel empereur est acclamé par les prétoriens — dont il signale qu'ils encerclent la réunion — et que ceux-ci n’attendent rien d'autre que leur soutien enthousiaste[24].

Cet épisode fait du nouvel Empereur un obligé de son ami d'enfance[22] et ce dévouement lui vaut une récompense de taille : Agrippa voit ses possessions augmentées de la majeure partie de l'ancien royaume d'Archélaos — la Judée, l'Idumée et la Samarie — mais aussi la ville d'Abila dans l'Anti-Liban[Note 1] de telle sorte que le souverain règne désormais sur un territoire aussi vaste que celui de son grand-père Hérode le Grand[24].

D'après Dion Cassius, Claude octroie en outre à son ami le rang consulaire et l'autorise « à paraître au sénat et à exprimer sa gratitude en grec ». Enfin, pour marquer le statut considérable du souverain, un traité est ratifié avec le Sénat et le peuple de Rome sur le Forum[26], qui reprend les anciens traités d'amitié et d'alliance judéo-romaines[22]. Agrippa y est déclaré rex amicus et socius Populi Romani — comme l'avait été son grand-père en 40 av. J.-C. — et le texte est conservé sur des tablettes de bronze au temple de Jupiter Capitolin[27]. Pour sa part, l'oncle de Bérénice, qui sera son deuxième époux près la mort prématurée du premier[22], Hérode reçoit également un titre royal. Claude lui attribue la principauté de Chalcis, précédemment rattaché au royaume d'Iturée[28] et se voit honoré à Rome du titre de préteur[26].

Claude fait aussi libérer l'alabarque — ou l'arabarque — Alexander d'Alexandrie, que Caligula avait fait mettre en prison[22],[29]. Il unit aussi son fils, Marcus Julius Alexander, avec Bérénice[27],[30],[31],[Note 2], alors qu'elle n'a alors que 12 ou 13 ans[32]. Marcus est le neveu du philosophe Philon d'Alexandrie et frère de Tibèrius Alexander[27], futur procurateur de Judée de 46 à 48[33],[34], dont Flavius Josèphe dit qu'il n'est pas resté fidèle à la religion de ses ancêtres. Le père de l'époux de Bérénice, l'Alabarque Alexandre Lysimaque[Note 3], est un des amis très riche du père d'Agrippa Ier. Ils ont contribué ensemble à l'accession de Claude à l'Empire, et celui ci parraine les fiançailles[35]. Alexander avait, en effet, été administrateur des biens d'Antonia Minor, fille du triumvir Marc Antoine et de sa première femme, la sœur d’Auguste, avant de gérer la totalité de la fortune que Marc-Antoine avait laissée en Égypte[36]. C'est aussi lui qui a prêté l'argent nécessaire à Agrippa, lorsque ce dernier s'était rendu à Rome, en 36[37],[38], pour défendre ses prétentions royales[39], alors qu'il était en difficulté et devait d'énormes sommes d'argent à plusieurs créanciers, dont le trésor impérial[13]. Comme Agrippa, il soutient l'agitation juive provoquée par la volonté de Caligula de mettre sa statue dans les lieux de culte juifs, y compris dans le Saint des saints du Temple de Jérusalem[40], violant l'aniconisme judaïque dans le lieu le plus sacré de cette religion[Note 4]. Il devient aussi le créancier compréhensif de grosses sommes à la famille de Claude[35].

Le rôle joué par Claude lors des fiançailles de Bérénice avec Marcus souligne l'intérêt que le nouvel empereur porte à la communauté juive d'Alexandrie[35], par opposition à son prédécesseur dont seul le meurtre a empêché une guerre entre les Romains et les Juifs. Outre l'affaire de la statue, Caligula avait en effet aussi pris parti pour les grecs d'Alexandrie contre les Juifs de la ville[35], y compris dans les émeutes anti-juives très sanglantes qui s'étaient déroulées à partir de l'été 38. Aussitôt arrivé au pouvoir, Claude rompt avec son prédécesseur et prend un ensemble de mesures pour calmer les tensions communautaires[35]. La nomination d'Agrippa comme roi de Judée, en reconstituant le royaume d'Hérode le Grand participe de cette politique, même s'il s'agit avant tout de récompenser Agrippa de l'aide décisive qu'il lui a fournie pour devenir empereur. Immédiatement, « par un édit Claude rappelle les privilèges reconnus aux Juifs alexandrins. Ceux-ci pourront vivre selon leurs lois; rien ne pourra les écarter de l'observance de la Torah[41]. » Peu après, un second édit est diffusé dans toutes les provinces de l'empire. Les privilèges accordés à la communautés d'Alexandrie sont étendus aux Juifs de la diaspora[42].

Bérénice épouse Marcus à un moment inconnu entre 41 et 43, alors qu'elle n'a que 13 ou 15 ans. À la suite de ce premier mariage, elle séjourne à Alexandrie. Durant cette période, on ne sait quasiment rien de Bérénice. Elle a vraisemblablement vécu avec son époux en Egypte, alors que son frère, Agrippa II continuait à vivre à Rome sous la protection de Claude. Elle s'est probablement rendue aussi dans le royaume de son père lors de certaines fêtes de pèlerinage au Temple de Jérusalem. Elle a probablement eu l'occasion de discuter avec son oncle par alliance Philon d'Alexandrie. On ne sait pas si elle a été influencée par l'aura intellectuelle de cet « auteur d'une extraordinaire tentative de synthèse entre la religion juive et la philosophie grecque[43] ». Les ostraca des archives de Nicanor montrent que son époux commerçait dans la région de Coptos et les ports de Bérénice et Myos Hormos sur la mer Rouge[44], région de l'activité de ceux qui, comme son père, portent le titre d'arabarque et où exerce aussi son frère Tiberius Julius Alexander, nommé épistratège de Thébaïde à partir de 42[34],[45]. Un consensus se dessine chez les historiens pour définir l'alabarque ou l'arabarque, comme un contrôleur général des douanes[46],[47] de la frontière arabique[48] ou un officier financier chargé de lever les taxes sur les transports[49]. Les ostraca font apparaître une activité de Marcus dans la région à partir de 37 jusqu'en 43[37]. Un reçu d'un de ses esclaves adressé à Nicanor dans la ville de Bérénice (port égyptien sur la mer Rouge), témoigne que Marcus était encore vivant à une date équivalente au 14 juillet 43[50]. Il meurt peu après.

Reine de Chalcis[modifier | modifier le code]

Après la mort de Marcus, Bérénice est remariée vers 43, alors qu'elle a environ 15 ans, à son oncle Hérode, le roi de Chalcis[10] (au sud de la Syrie), dont elle a deux fils, Bérénicien et Hyrcan[P 2]. Chalcis était un minuscule royaume "païen" — dont les monarques appartenaient au siècle précédent à des dynasties ituréennes, mais parfois alliées par mariage à des Hasmonéens — « situé dans l'actuelle plaine de la Bekaa au Liban[51]. » Elle y gagne le titre de reine pour la première fois[43]. Elle fut la première à porter le titre de basilissa[7] et à figurer comme telle sur la base d'une statue[52].

En l'an 44[53], son père, le roi Agrippa est pris de violentes douleurs abdominales et meurt de manière inopinée après cinq jours d'agonie, à l'âge de cinquante-trois ans[54]. Les causes précises de sa mort sont inconnues mais dès cette époque, les rumeurs d'empoisonnement circulent[54]. Les effigies de Bérénice et de ses sœurs Drusilla et Mariamne sont la cible de la risée et de la vindicte des habitants grecs de Césarée et samaritains de Sébaste dont les plus audacieux enlèvent les statues des jardins royaux pour leur faire subir des outrages dans des lupanars[55],[56]. « La présence de statues dans le palais en dit assez sur les libertés qu'un roi comme Agrippa avait prises avec les prescriptions de sa religion, même si les scènes se déroulent dans les cités "grecques"[51]. »

Plutôt que de confier le royaume de son père défunt au frère de Bérénice, Agrippa II — jeune homme inexpérimenté qui grandit à la cour impériale, protégé de l'empereur[54] — Claude[28] en fait une province romaine mais procuratorienne qui désormais entre dans la juridiction du gouverneur de Syrie[57], mais conscient de l'impopularité de Marsus auprès des Juifs, l'empereur rétablit un fonctionnaire romain, Cuspius Fadus, pour diriger l'ancien royaume d'Agrippa Ier[54], avec le titre de procurateur. Mais ces choix, ainsi que l'absence de réaction vis-à-vis de la conduite infâme des auxiliaires syriens, engendre un regain d'agitations à Césarée et ailleurs[58].

L'époux de Bérénice est alors nommé administrateur du Temple de Jérusalem par Claude, fonction qui jusque là était exercée par son frère Agrippa[43]. Elle « dut fréquenter assidûment le palais des Hasmonéens qui dominait l'esplanade du Temple[43]. » Le mariage fut à nouveau de courte durée, Hérode de Chalcis mourant vers 48[43],[59] et Bérénice est donc à nouveau veuve[59] à l'âge d'environ 22 ans[10]. L'empereur Claude nomme alors son frère Agrippa II comme roi de Chalcis à la place du défunt mari de Bérénice qui était aussi leur oncle[60],[59]. A son tour Agrippa reçoit aussi l'administration du Temple de Jérusalem[61].

Reine de Cilicie et politique matrimoniale des Agrippa[modifier | modifier le code]

Bérénice demeure alors aux côtés de son frère dans le royaume de Chalcis. On ne sait rien de l'épouse d'Agrippa II, c'est Bérénice qui joue le rôle de reine à ses côtés[59]. En 53[62]-54, Agrippa restitue le territoire de Chalcis « à la demande de Claude[57] » qui sera donné quelques année plus tard par Néron à Aristobule, beau-fils par alliance de Bérénice qui devient donc roi de Chalcis comme l'avait été son père Hérode, deuxième époux de Bérénice[59], alors qu'il est aussi roi de Petite Arménie depuis 54[63],[59],[64]. Agrippa II demeure roi et reçoit en échange le territoire des anciennes tétrarchies de Philippe (la Batanée, la Trachonitide, l'Auranitide)

Bérénice le suit dans la capitale de son nouveau royaume Césarée de Philippe. Dès sa première année du gouvernement (13 octobre 54 - 12 octobre 55), Néron agrandi le territoire d'Agrippa en lui donnant une partie de la Pérée et de la Galilée[59]: les villes de Tibériade et Tarichée en Galilée et la ville de « Julias en Pérée et quatorze bourgs situés dans son voisinage[65] »[66].

« La vie de Bérénice, comme celles de ses sœurs Mariamne et Drusilla a été toute entière déterminée par une politique matrimoniale qui visait à asseoir la puissance régionale de la dynastie[43] », mais qui n'est pas exempte de concurrence entre les sœurs[67] Ainsi vers 55-59, après un long veuvage, à cause des rumeurs d'inceste avec son frère qui circulent à son sujet, Bérénice propose à Marcus Antonius Polemo II[Note 5], roi client de Cilicie (au sud de la Cappadoce), de l'épouser[51]. Polémon accepte car Bérénice a le statut de reine et surtout d'après Flavius Josèphe, parce qu'elle est très riche[59]. Des deux côtés, il ne s'agit que d'une alliance pour accroître leur pouvoir. Polémon fait toutefois une concession de taille, il se convertit au judaïsme et se fait circoncire[59]. Mais très vite, elle abandonne son époux[10] pour revenir à Jérusalem « par légèreté dit-on » précise Flavius Josèphe[51].

Vers 53, Agrippa II, alors encore roi de Chalcis[59], avait donné sa sœur Mariamne à Julius Archelaus fils d'un officier de la cour d'Agrippa nommé Helcias[68], auquel son père Agrippa Ier l'avait fiancée. De ce mariage naîtra une fille nommée Bérénice[69]. » Au moment où Bérénice quitte son mari Polémon, sa sœur « Mariamne, après avoir quitté Archelaüs, s'unit à Démétrius, le premier des Juifs d'Alexandrie par la naissance et la fortune, qui était alors Alabarque[70] »[68]. Le premier mari de Bérénice, Marcus Alexander était, lui le fils de l'alabarque Caius Iulius Alexander[32],[71].

Vers 49/50, la benjamine Drusilla avec l'accord de son frère Agrippa, a cassé l'engagement qui avait été pris par Agrippa Ier à l'égard d'Antiochus Épiphane de Commagène, car celui-ci refusait de se faire circoncire[72]. En 53, elle s'est alors mariée à Aziz d'Émèse, un autre prince oriental, à la condition posée par Agrippa II qu'il se fasse circoncire[73]. « Extrêmement belle, Drusilla ne tarde pas à séduire Antonius Felix selon Flavius Josèphe[59]. », Celui-ci est le frère de Pallas et comme ce dernier un affranchi[74] d'Antonia Minor[75]. Passé au service de Claude, comme son frère, il a été nommé procurateur romain de Judée[73]. « Mais Félix n'a pas à subir la circoncision ; c'est Drusilla qui renie sa religion[59]. » Drusilla s'est enfuie avec lui et l'a épousé quelque temps plus tard[76],[77]. Ces événements ont fait scandale à l'époque[78].

Pour Christian-Georges Schwentzel, « tous ces mariages résultent d'une même stratégie matrimoniale d'ensemble qui consiste à trouver l'époux le plus riche et le plus puissant. Selon Flavius Josèphe, les trois sœurs d'Agrippa auraient sans cesse été en concurrence et Bérénice aurait été particulièrement jalouse de Drusilla lors de l'union de celle-ci avec Félix[68]. »

Reine aux côtés de son frère[modifier | modifier le code]

Bérénice représentée avec son frère Agrippa II au cours du procès de Saint-Paul; Vitrail de la cathédrale Saint Paul, à Melbourne.

Bérénice reste alors avec son frère pour y jouer le rôle de reine[59] représentant ainsi une sorte de continuité. On ne sait rien de l'épouse d'Agrippa (II), pendant tout son règne c'est Bérénice qui est présentée comme reine à ses côtés[59]. Une situation exceptionnelle et même unique, tous les autres monarques et tous les autres procurateurs ou gouverneurs de la région ont une épouse à la suite d'un mariage souvent arrangé par l'empereur lui-même en choisissant une alliance qui renforce la légitimité du dirigeant.

Arrestation de Paul de Tarse à Jérusalem[modifier | modifier le code]

Dans les Actes des Apôtres[79], il est rapporté que lors de son dernier séjour à Jérusalem en 58[61], Paul a été accueilli très froidement par Jacques le Juste[80], le « frère du Seigneur » et chef de la communauté des nazôréens, ainsi que par les anciens. Ceux-ci lui font savoir que, selon des rumeurs, il a enseigné aux Juifs de la diaspora l'« apostasie » vis-à-vis de « Moïse », c'est-à-dire le refus de la circoncision de leurs enfants et l'abandon des règles alimentaires juives[80]. Cette accusation est confirmée par le contenu de ses épîtres, telles qu'elles figurent dans le Nouveau Testament. Jacques et les anciens suggèrent à Paul un expédient qui doit montrer aux fidèles son attachement à la Loi[80] : il doit entamer son vœu de naziréat et payer les frais pour quatre autres frères qui ont fait le même vœu. Puis ils lui citent les clauses du « décret apostolique » émis pour les chrétiens d'origine païenne, que Paul n'a pas remplies[80].

Un mouvement de contestation houleux, soulevé par des Juifs d'Asie entraîne l'arrestation de Paul alors qu'il se trouve dans le Temple[81],[82]. Paul est accusé d'avoir fait pénétrer un « païen », Trophime d'Éphèse, dans la partie du Temple où ceux-ci sont interdits sous peine de mort. « Apparemment, Jacques et les anciens ne font rien pour lui venir en aide, ni pour lui éviter son transfert à Césarée[82] », puis plus tard à Rome[82]. Selon Simon Claude Mimouni, cet incident montre un certain durcissement du groupe de Jacques le Juste en matière d'observance[82], probablement lié à la crise provoquée par les Zélotes, qui aboutira en 66 « à une révolte armée des Juifs contre les Romains »[82].

Le procès de l'apôtre Paul par Nikolai Bodarevsky, 1875. Agrippa et Bérénice sont assis face à Paul.

Paul comparait devant Antonius Félix[83], alors que le grand-prêtre Ananie[84], soutient l'accusation contre lui[61]. Toutefois Félix ne statue pas sur son cas et le maintient en prison à Césarée[83]. Pour décider du sort de Paul, Porcius Festus organise en 60 une autre comparution devant lui, en y associant Agrippa II et sa sœur Bérénice[83].

Selon le récit des Actes des Apôtres, Bérénice « fait son entrée en grande pompe dans la salle d'audience[85] » où elle siège aux côtés d'Agrippa II, lors de la comparution de Paul de Tarse à Césarée[86],[87]. Bérénice assiste à la défense peu commune de Paul[86]. Selon Philippe Tarel son plaidoyer « ne dut pas la laisser indifférente, l'apôtre faisant le récit de sa conversion sur le chemin de Damas et affirmant sa foi en la résurrection du Christ[86]. »

Au terme de la comparution de Paul, Bérénice participe à la délibération entre le roi et le gouverneur Porcius Festus[87],[86] (procurateur de Judée de 60 à 62[33]). Le verdict d'Agrippa est de rendre sa liberté à Paul[87]. Toutefois, Paul ayant fait « appel à César » en tant que citoyen romain, il est renvoyé à Rome pour y être jugé. (Actes 25-26). Un consensus semble se dégager chez les historiens, pour placer le voyage de la captivité, à la suite duquel Paul est décapité, six ans plus tard et cette dernière arrestation dans la province romaine d'Asie et pas en Syrie-Palestine[88].

Donatrice et évergète[modifier | modifier le code]

Agrippa agrandit Panéas (aussi appelée Césarée de Philippe) qu'il refonde sous le nom de Néronias en l'honneur de l'empereur[89],[90],[Cit. 1] et il y installe sa capitale[90]. Des fouilles archéologiques ont probablement retrouvé des traces de son palais[90]. Il mène la vie d'un prince hellénistique, frappant des monnaies ornées de la face des empereurs et pratiquant l'évergétisme comme son père (Antiquités judaïques, XX, § 211-212)[90]. Il fait ainsi construire un magnifique théâtre à Bérytos (Beyrouth), « offre aux habitants des spectacles annuels[91],[Cit. 1] » et procède à des distributions de blé et d'huile à la population[89],[Cit. 1]. Selon Josèphe, il orne « aussi toute la ville de statues et de copies de chefs d'œuvre antiques et il transporte là tout ce qui ornait son royaume, ou peu s'en faut[91]. » Bien qu'ainsi, il ait agi exactement comme son père, « Flavius Josèphe fait remarquer que ces dépenses le rendirent odieux à ses sujets[89]. » Pour Christian-Georges Schwentzel, « il n'y avait nulle différence politique de fond entre les deux Agrippa, seulement une plus grande habileté et un meilleur usage de la propagande de la part du père[92]. »

La situation en Judée[modifier | modifier le code]

Lorsqu'il est nommé procurateur de Judée en 60, Porcius Festus hérite des problèmes rencontrés par son prédécesseur. En dépit de ses efforts, « la confusion et l'insécurité règnent toujours en Judée. Outre le fort sentiment anti-romain qui pousse les Juifs à se révolter contre l'occupant, c'est aussi une guerre civile qui couve entre les différentes factions juives[93]. » En raison de l'insécurité, chaque groupe prend les armes, les personnalités des différents partis s'entourent de gardes du corps[93] et chacune des quatre familles de grand-prêtre possède sa propre bande armée.

Les troubles entre Juifs et Samaritains renaissent sur le statut des Juifs à Césarée. Régulièrement, entre les populations juive et grecque de la ville on passe des insultes aux jets de pierres et parfois à des affrontements plus importants[93]. Lorsque Néron décide que Césarée est une ville grecque — ce qui a pour effet de déchoir du droit de citoyenneté les Juifs de la ville, qui faisaient d'eux les égaux des Grecs[93] — les affrontements reprennent de plus belle. Ce sont alors tous les juifs, non seulement ceux de Palestine, mais aussi ceux de la diaspora, qui vivent cette décision comme une profonde injustice qui accroît un peu plus « la souillure » que les païens font subir à la terre d'Israël. Malgré la répression que les forces de Festus et de ses successeurs exercent, les affrontements sur cette question se poursuivront jusqu'au déclenchement de la grande révolte juive en 66[94].

Sous le gouvernorat de Festus, les querelles n'épargnent même pas l'administration du Temple[61]. En 59 Agrippa a désigné Ishmael ben Phabi comme grand-prêtre pour remplacer Ananias de Zébédée, qui avait été nommé par son oncle Hérode de Chalcis[61]. Fait exceptionnel, le choix est contesté par les prêtres de moindre importance et les lévites[61]. Les causes du conflit semblent principalement économiques[61] et concerner la perception des dîmes. « Le grand prêtre envoie ses hommes de main piller les granges des lévites pour y dérober les grains de blé contestés[61]. »

Même si les cohortes romaines ont réussi à les réduire, des bandes de Zélotes, que Flavius Josèphe appelle des « brigands[95] », contrôlent encore certaines zones reculées de la province et font régulièrement des incursions dans des zones plus riches. « Les conflits qui secouent la Judée sont donc multiples : Grecs contre Juifs, Juifs contre Romains, haut clergé juif contre prêtres ordinaires, Sadducéens[83] » et Pharisiens contre Nazôréens (les Juifs chrétiens)[83], pendant que les membres d'une des quatre tendances d'Esséniens écrivent de nombreux textes apocalyptiques où ils considèrent qu'ils sont en train de vivre ce qu'ils appellent « la fin des temps » et où ils appellent à mener des guerres apocalyptiques contre les « féroces Kittim » derrière lesquels ont reconnait aisément les Romains. Ces textes sont connus grâce à la découverte des Manuscrits de la mer Morte, dont ils font parties.

Dans ce contexte compliqué, Agrippa provoque un inutile regain de tension, lorsqu'au sommet de son palais de Jérusalem, il se fait emménager un somptueux appartement, d'où il observe souvent ce qui se passe dans le Temple[83]. Les juifs indignés suivis par le grand prêtre Ishmaël font alors édifier un haut mur pour préserver le sanctuaire du regard d'Agrippa, mais ce dernier ordonne qu'il soit abattu[83]. Ishmael ben Phabi qui a pourtant été nommé par le roi[96], se rend alors à Rome, à la tête d'une délégation pour demander l'arbitrage de l'empereur. Néron désavoue alors Agrippa, mais probablement à sa demande, il empêche le grand-prêtre de retourner en Judée[83]. Agrippa ne peut faire autrement que de se soumettre à la décision impériale. Il nomme Joseph Kabi, fils de Simon comme nouveau grand prêtre, « mais son crédit auprès des Juifs est devenu quasiment nul[83]. »

Exécution de Jacques, le frère de Jésus[modifier | modifier le code]

En 62, le procurateur de Judée Porcius Festus meurt[97]. Lucceius Albinus, le nouveau procurateur met quelque temps pour arriver à Jérusalem. Agrippa démet alors le grand-prêtre Joseph Kabi et nomme Ananius ben Anân (le beau-frère de Joseph Caïphe) pour le remplacer[98]. Alors qu'Albinus est sur la route d'Alexandrie à Jérusalem, le nouveau grand prêtre profite de ce vide pour faire arrêter Jacques le Juste, le frère de Jésus, qui dirige le mouvement nazôréen héritier du mouvement fondé par Jésus[82].

Selon l'auteur chrétien du IIe siècle Hégésippe, cité par Eusèbe de Césarée, Ananius demande à Jacques de désavouer les messianistes (chrétiens), désignant probablement ainsi les Zélotes qui sont de plus en plus actifs. Jacques refuse et Anan saisi un prétexte pour le faire condamner à mort, en disant qu'il a violé la loi (Torah). Jacques est alors exécuté par lapidation[82] et achevé à coups de bâton de foulon précise Hégésippe. Robert Eisenman note que le changement de grand-prêtre par Agrippa, dans cette période de vacance du pouvoir romain, est immédiatement suivi par l'arrestation de Jacques et de quelques-uns de ses partisans. Il en conclu qu'Agrippa a probablement « saisi la première opportunité après l'affaire du mur du Temple pour se débarrasser de Jacques[98]. »

L'exécution de « Jacques, frère de Jésus, appelé Christ » est mentionnée « par Flavius Josèphe[99], mais aussi par de nombreuses sources chrétiennes transmises par Eusèbe de Césarée[100] ou indépendantes de lui, notamment les Ascensions de Jacques, texte de provenance ébionite transmis dans les Reconnaissances[101],[82],[102]. »

Selon Simon Claude Mimouni, « Ananius, qui appartient au courant Sadducéen, a sans doute pensé rendre service à Rome en supprimant Jacques, car il a dû estimer qu'il est alors sous influence des Zélotes — son initiative a été mal appréciée, et lui a valu d'être destitué de sa charge de grand prêtre[103] » à la demande du nouveau procurateur romain sitôt entré en fonction[103]. Pierre-Antoine Bernheim se pose la question : « Qui était donc Jacques », dans la société de Jérusalem ? En effet, si cette exécution provoque le renvoi du Grand-Prêtre aussi puissant qu'Anan, appartenant à une famille qui compta huit grands prêtres en 60 ans et qui venait à peine d'être nommé, cela ne signifie-t-il pas que Jacques était un personnage important, bénéficiant d'alliés puissants à Jérusalem[104] ? « L'exécution de Jacques montre l'influence du mouvement nazôréen à cette époque, et sa perception comme un danger par les autorités du Temple de Jérusalem qui sont saducéennes[103]. »

Agrippa ne peut pas faire autrement que de céder à l'injonction du nouveau procurateur romain. Peu après l'arrivée de ce dernier, il démet donc Anan et désigne Jésus, fils de Damnaios pour le remplacer[105].

La grande révolte juive[modifier | modifier le code]

Bérénice joue un rôle important dans la propagande d'Agrippa II[87]. Elle semble jouir d'une certaine popularité que son frère ne manque pas d'exploiter à son profit[87], surtout que lui semble plutôt méprisé de ses compatriotes[106]. Bérénice accompagne son frère dans ses déplacements importants[107].

Une inscription en latin de Béryte (Beyrouth) rappelle le rôle de Bérénice aux côtés de son frère dans la rénovation et l'embellissement de la ville[87] de Syrie romaine. Bérénice joue également le rôle d'évergète à Athènes, poursuivant ainsi une tradition qui remonte à son arrière-grand-père Hérode le Grand[108]. Son « dévouement » lui vaut l'érection d'une statue par décision du « Conseil de l'Aréopage, la Boulé des six-cents et le peuple » d'Athènes, comme le révèle la dédicace gravée sur la base de la sculpture[108].

Début de la révolte; Bérénice, nouvelle Judith[modifier | modifier le code]

Agrippa est absent et se trouve à Alexandrie[109] lors de la répression qui va être le déclencheur de la révolte (juin 66[Note 6]). Gessius Florus envoie des hommes prélever dix-sept Talents dans le trésor du Temple[109] « prétextant le service de l'empereur »[109] se contente de dire Flavius Josèphe[110]. Toutefois, il écrit par la suite que Jérusalem et les contrées environnantes étaient en retard de paiement du tribut pour un montant de 40 talents[111]. Les Juifs protestent devant cette profanation de leur lieu saint et insultent le procurateur qui réagit en faisant arrêter trois-mille six cents manifestants selon Josèphe, qui exagère peut-être[109]. Nombre d'entre eux sont flagellés puis crucifiés. Parmi eux des femmes et surtout des citoyens romains appartenant à l'ordre équestre[109], ce qui viole l'usage romain qui veut que les citoyens romains relèvent de la justice impériale. Présente à Jérusalem, Bérénice, la sœur d'Agrippa « intervient au péril de sa vie auprès du procurateur de Judée, Gessius Florus[112]. » Elle vient elle-même devant le tribunal du procurateur, pieds nus comme une suppliante, alors que les soldats romains ne ralentissent en rien leur action du fait de sa présence, mais rien n'y fait[109],[113]. Le quartier général de Florus est installé dans le palais royal et des renforts romains arrivent à Jérusalem, venant de Césarée[113]. À partir de ces deux positions Florus et ses nouvelles troupes mènent une action coordonnée pour se forcer un chemin jusqu'à la forteresse Antonia, mais les deux attaques échouent[113]. Un clair signe d'une résistance populaire massive[113]. Finalement Florus quitte Jérusalem, en laissant seulement une cohorte en garnison[113]. Lorsqu'il arrive à Jérusalem Agrippa a une tout autre attitude. Dans un premier temps il parvient à convaincre certaines autorités de l'aider à collecter dans la région de Jérusalem les impôts qui n'étaient pas payés. Flavius Josèphe « compose à cette occasion une longue harangue qu'il attribue au roi[114] », mais qui semble « refléter les positions de Josèphe lui-même[114]. » Puis dans un second discours, Agrippa invite la population de Jérusalem à obéir à Gessius Florus, en faisant confiance à l'arbitrage de l'empereur[115]. Il est immédiatement conspué par la foule, qui se rappelle les morts et les exactions commises, des pierres volent même dans sa direction[115]. « La lapidation était la manifestation d'un déni de légitimité[116]. » Il est contraint de quitter précipitamment Jérusalem et sa sœur l'accompagne[115]. « La cohorte romaine laissée par Florus se retrouve assiégée à l'intérieur des tours des murailles de la ville[115]. »

Keep

« Cependant, le rôle de Bérénice ne se limite pas à de la figuration aux côtés de son frère, ni à un évergétisme traditionnel. Selon Flavius Josèphe, elle intervient au péril de sa vie auprès du procurateur de Judée, Gessius Florus[112], » lors de le répression qui va être le déclencheur de la révolte (66). Elle envoie d'abord ses officiers supplier Florus de mettre un terme à la répression[109]. Puis, devant l'échec de la démarche, après une nuit sans sommeil, elle vient elle-même devant le tribunal du procurateur, pieds nus comme une suppliante, en risquant sa vie car les soldats romains ne ralentissent en rien leur action du fait de sa présence, mais rien n'y fait[109].

Pour Christian-Georges Schwentzel, « il serait naïf d'expliquer l'intervention de la reine par une réelle piété et un attachement sincère à la Torah. La reine entend surtout incarner la parfaite héroïne juive qui n'a de cesse de prendre la défense de son peuple. Le personnage dont elle joue le rôle correspond à un type féminin popularisé par les livres d'Esther et de Judith[112] »[117].

Après la reconquête de la Galilée par les Romains, elle protège Juste de Tibériade dont Vespasien réclame l'exécution, pour son engagement aux côtés des révoltés juifs. Elle obtient alors de son frère Agrippa II que celui-ci en fasse son secrétaire pour le mettre à l'abri. Agrippa s'en séparera peu après[118].

Rencontre avec Titus[modifier | modifier le code]

Titus et Bérénice, 1815, (auteur inconnu).

La liaison entre le futur empereur Titus et la reine Bérénice, universellement connue grâce à la tragédie de Racine (Bérénice, 1670) et à la « comédie héroïque » de Corneille (Tite et Bérénice, 1670) est totalement passée sous silence par Flavius Josèphe, pourtant la source principale au sujet de Bérénice, de son frère Agrippa II, de ses sœurs et de son père Agrippa Ier[119]. Elle n'est évoquée que très rapidement par trois historiens antiques: Tacite (Histoires II.2), Suétone (Titus, 7, 1) et l'historien tardif Dion Cassius (Histoire Romaine, LXVI, 15)[119], dont les textes sont allusifs et difficiles à concilier[120]. Juvénal en parle aussi dans ses Satires (Satires, VI).

Selon le récit de Tacite, au tout début de l'année 69, Vespasien envoie son fils à Rome pour y saluer Galba le nouvel empereur qui vient de succéder à Néron[119]. En route pour Alexandrie, Titus apprend que Galba vient d'être assassiné par Othon. Il décide alors de rebrousser chemin, la désignation d'Othon remettant en cause sa mission[119]. Titus veut s'entretenir de la situation nouvelle avec son père. Il lui paraît hasardeux de poursuivre son voyage vers Rome, il craint qu'Othon ne le retienne prisonnier[121]. Après cet exposé, Tacite ajoute: « certains racontent qu'il rebroussa chemin à cause de son désir de revoir la reine Bérénice. » La relation existe donc depuis au moins 68[121]. Elle a probablement commencé pendant la campagne de Vespasien en Galilée (67-68), à laquelle Agrippa II participe à la tête de troupes auxiliaires[121]. Titus est alors veuf et âgé de 29 ans, tandis que Bérénice en a 40[121].

Le 1er juillet 69, le préfet d'Égypte Tibère Alexandre — ex beau-frère de Bérénice, qui avait été procurateur de Judée de 46 à 48 — fait jurer fidélité à Vespasien par ses légions. Selon Tacite, Bérénice fait alors de riches cadeaux à Vespasien[121]. Le vieil empereur aurait lui-même succombé au charme de la reine décrite comme « à la fleur de l'âge et de la beauté », pour une Bérénice probablement encore très belle à quarante-deux ans[121]. Josèphe ne dit rien à ce sujet, car Bérénice disparaît à partir du livre trois de la Guerre des Juifs, peut-être une indication pour dater la date de son renvoi de Rome. Notons que Flavius Josèphe a besoin de l'imprimatur de Vespasien et de Titus pour pouvoir publier.

Titus et Bérénice[modifier | modifier le code]

Après la prise de Jérusalem, Titus rentre à Rome en même temps que de nombreux prisonniers juifs pour assister à son triomphe (fin 70 ou début 71). À partir des écrits de Dion Cassius, on apprend que Bérénice n'a pas suivi son amant à Rome[121]. Elle ne vient le retrouver que quelques années plus tard. Selon Philippe Tarel, « Nous n'avons aucun indice sûr de la date à laquelle Bérénice rejoignit son amant à Rome. Suétone, repris par l'Epitomé, signale la présence de Bérénice à Rome sous le règne de Vespasien, sans préciser depuis quand elle y était[122] ». Un siècle après les faits, « c'est Dion Cassius qui date de 75 la venue de Bérénice à Rome, l'année où son frère reçut les ornements prétoriens, après la dédicace du Temple de la Paix par Vespasien (DC, 66 15, 34)[123]. » Si la date de 75 est exacte, cette attente de 4 à 5 ans pour venir rejoindre celui que Vespasien a désigné comme héritier de la couronne impériale tout en l'associant au pouvoir[124] est inexplicable.

Elle ne serait venue à Rome qu'à la faveur d'un voyage de son frère[121], mais à l'issue du voyage elle s'installe au palais où elle vit maritalement avec Titus[124]. Selon Dion Cassius, elle attendait que Titus « l'épouse et se comportait en toutes occasions comme si elle avait été sa femme[125] »[124]. Suetone parle de la « célèbre passion » de Titus pour Bérénice « à laquelle, dit-on, il avait même promis le mariage[126] »[121].


Schwentzel

Pour J-C Schwentzel Cette relation dura plus de dix ans, de 68 à 79, avec une période de séparation d'au moins quatre ans (71 à 75)[119].

En 79, quand Titus devient empereur après la mort de son père, il demande à Bérénice de quitter Rome[121] et elle retourne en Galilée. Suétone et Dion Cassius donnent la raison de cette rupture : Titus se rend compte que de nombreux romains sont opposés à son union avec Bérénice[124],[121]. Il renvoie Bérénice, « malgré lui, malgré elle » — invitus invitam, écrit Suétone. Cette phrase est à l'origine des tragédies de Corneille et de Racine[121]. Il meurt après seulement deux ans de règne, en septembre 81, sans avoir voulu revoir sa maîtresse.

Matériel pour une nouvelle rédaction[modifier | modifier le code]

Datation

Selon Philippe Tarel (Titus, p. 222) « Nous n'avons aucun indice sûr de la date à laquelle Bérénice rejoignit son amant à Rome. Suétone, repris par l'Epitomé, signale la présence de Bérénice à Rome sous le règne de Vespasien, sans préciser depuis quand elle y était (Titus, 7, 4; Epitomé, 10; 7). C'est Dion Cassius qui date de 75 la venue de Bérénice à Rome, l'année où son frère reçut les ornements prétoriens, après la ddicace du Temple de la Paix par Vespasien (DC, 66 15, 34). »

« Si l'on accepte la chronologie de Tacite (une liaison qui commeence en 67), l'éloignement des deux amants de entre 71 et 75 est problématique. »

Un procès à Rome

Selon Philippe Tarel (Titus, p. 223) « Dans un texte très allusif Quintilien (4, 1, 19) dit avoir plaidé « pour la reine Bérénice par devant-elle ». » « J. A. Crook suggère que Quintilien aurait eu à traiter devant le conseil impérial auquel elle aurait participé ».

« Il arrive quelquefois que le juge est, ou notre ennemi personnel, ou l'ami de notre adversaire : c'est une circonstance qui doit être prise en considération par les deux parties, et plus particulièrement peut-être par celle pour qui le juge paraît incliner. Car il se rencontre des juges qui, par une sorte de vanité de conscience, prononcent contre leurs amis ou en faveur de leurs ennemis, aimant mieux commettre une injustice que de paraître injustes en jugeant selon la justice. Il y a même des cas où le juge est appelé à prononcer dans sa propre cause. Je vois, dans les livres des observations publiés par Septimius. que Cicéron eut à plaider dans une affaire de cette nature; et moi-même j'ai plaidé pour la reine Bérénice par devant elle[127]. »

Quintilien parle ici d'une procédure tout à fait exceptionnelle où il semble avoir été à la fois le juge et l'avocat de Bérénice !!

Selon Philippe Tarel (Titus, p. 223) « Dans le texte de Dion Cassius, le sort réservé aux cyniques Diogène et Héras apparaît comme directement lié aux invectives lancées en public par ces derniers contre cette liaison. Nous avons vu également qu'une tradition de l’Épitomé se fait l'écho mêle Bérénice à la conspiration de Caecina, d'ailleurs accusé de l'avoir abusée. »

Bérénice mêlée à la conspiration de Caecina ?

Selon Philippe Tarel (Titus, p. 223) « une tradition dont l'Epitomé se fait l'écho mêle Bérénice à la conspiration de Caecina, d'ailleurs accusé de l'avoir abusée. »

Dans l'épitomé d'Aurelius Victor

« Car, nommé préfet du prétoire, sous le règne de son père, si quelqu'un lui était suspect et s'opposait à ses vues, il s'en défaisait au moyen des agents qu'il envoyait au théâtre et dans l'armée, pour y semer des bruits calomnieux et demander le supplice de ses ennemis, comme s'ils eussent été convaincus de quelque crime. Ainsi, après avoir admis à souper le consulaire Cécina, Titus le fit étrangler presqu'à la sortie de la salle du festin, parce qu'il le soupçonnait d'avoir déshonoré son épouse Bérénice. Comme du vivant de son père il avait fait trafic de plusieurs charges, on le crut avide et rapace : aussi chacun, pensant voir un autre Néron dans Titus et l'appelant même de ce nom, apprit avec douleur son avènement au pouvoir souverain. »

POV de Philippe Tarel

Selon Philippe Tarel (Titus, p. 236) Titus « comme tout empereur, il possède le monopole de l'information. »
« pour certains auteurs, c’est une fois empereur que Titus renvoya Bérénice, « loin de Rome » selon Suétone (Titus, 7, 1), « dans son royaume » selon l’Épitomé (10). La version de Dion Cassius est un peu différente : Bérénice, éloignée de Rome à la fin du règne de Vespasien, serait revenue dans la capitale après l’avénement de Titus, sans parvenir à fléchir la détermination de ce dernier (DC, 66, 18, 1). A partir de ce moment Bérénice disparaît de nos sources et de l’histoire ; la date de sa mort est inconnue (Titus, p. 236). »

Fin de vie[modifier | modifier le code]

« Bérénice meurt à une date inconnue, vraisemblablement dans le palais de son frère[128]. » Agrippa II disparaît en 101 ap. J.-C., troisième année du règne de Trajan selon Photios Ier de Constantinople qui cite Juste de Tibériade[129],[128]. L'épitaphe d'un soldat découverte dans le Hauran confirme qu'Agrippa est mort sous Trajan[128].

Arbre généalogique[modifier | modifier le code]

 
 
 
Hérode le Grand
 
 
 
Mariamne l'Hasmonéenne
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Bérénice, fille de Salomé, sœur d'Hérode le Grand
 
Aristobule IV
 
Alexandre
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Hérode Agrippa Ier
 
Aristobule le Mineur
 
Mariamne
 
Hérodiade
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Hérode de Chalcis
 
Bérénice
 
Hérode Agrippa II
 
Mariamne
 
Drusilla
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Bérénicien
 
Hyrcan


Postérité[modifier | modifier le code]

Julia Crispina, petite-fille de Bérénice ?[modifier | modifier le code]

Il n'existe plus d'information au sujet de Bérénice ou de sa progéniture dans la littérature antique après la mention de son renvoi de Rome. Toutefois, certains chercheurs estiment qu'une femme nommée Julia Crispina (Julia Brnyakianos Krisfina), mentionnée dans les papyrus en grec découverts en Égypte et en Israël, pourrait être sa petite-fille. Julia Crispina est notamment citée dans des documents découverts par Yigaël Yadin, issus probablement des archives de Babatha trouvées dans la Grotte aux lettres. Julia Bérénice est le même nom que celui de Bérénice. Brnyakianos renvoie à Berenicianus (Bérénicien), un des deux fils que Bérénice a eu avec Hérode de Chalcis. On dispose de manuscrits documentaires qui montrent qu'une Julia Crispina vivait en Égypte en 133. C'est en 132-133, au début des hostilités de la Révolte de bar Kokhba, que Julia Crispina semble être venue se réfugier en Égypte. Dans les archives de Babatha, Julia Crispina est désignée pour superviser les neveux orphelins du second époux défunt de Babatha appelé « Yehoudah (Judas) ben Eleazar connu comme Khtousion ». Julia a représenté en 130-131 les orphelins et leurs tuteurs dans un procès civil contre Babatha. Dans cette affaire, Julia Crispina n'agit pas en tant que tuteur (epitropos), fonction interdite aux femmes tant au regard des lois juives que des lois romaines, mais en tant que superviseur (episkopos)[130].

L'identification de Julia Crispina comme une descendante de Bérénice un temps soutenue est aujourd'hui fortement contestée. Simon Claude Mimouni estime qu'elle est la fille de Gaius Julius Alexander Berenicianus consul en 116, lui aussi descendant de la dynastie hérodienne[131].

Bérénice dans les arts[modifier | modifier le code]

À partir du XVIIe siècle jusqu'à l'époque contemporaine, il y a une longue tradition d'œuvres d'art (romans, drames, opéras, etc.) consacrées à Bérénice et sa liaison avec l'empereur romain Titus[132], notamment :

Couverture de Bérénice de Jean Racine datant de 1671.
Bérénice en musique

Bérénice dans les apocryphes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Abila avait été le centre d'une petite tétrarchie.
  2. Ross S. Kraemer doute de la réalité de cette union (cf. Ross S. Kraemer, « Typical and atypical jewish family dynamics : The lives of Berenice and Babatha », in David L. Balch et Carolyn A. Osiek, Early Christian Families in Context: An Interdisciplinary Dialogue, éd. Wm. B. Eerdmans Publishing, 2003, p. 133-137).
  3. Pour une description détaillée, voir: Tal Ilan, "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive, p. 217-233.
  4. Il s'agit en effet moins d'un problème de substitution à YHWH que de l'association de l'empereur divinisé à ce dernier comme synnaos (dieu partageant le même temple) sous forme d'une image ; cf. Monika Bernett, « Roman Imperial Cult in the Galilee », in Jürgen Zangenberg, Harold W. Attridge et Dale B. Martin (dirs.), Religion, Ethnicity, and Identity in Ancient Galilee : A Region in Transition, éd. Mohr Siebeck, 2007, p. 347.
  5. Fils de Marcus Antonius Polemo Ier, prêtre de Laodicée du Lycos, dynaste d'Olba puis roi en Cilicie.
  6. À propos des événements où Bérénice intervient personnellement en venant devant le tribunal du procurateur, pieds nus comme une suppliante, Flavius Josèphe écrit : « Tels furent les événements qui se passèrent le 16 du mois Artémisios. » Dans une note, Julien Weill précise que cela correspond au en faisant référence à Niese. cf. Guerre des Juifs, II, XV, 2, note no 184.

Sources primaires[modifier | modifier le code]

  1. « Quand Caius (Caligula) fut arrivé à Rome, amenant le corps de Tibère (mort le 17 mars 37), et qu'il lui eut fait de somptueuses funérailles selon les coutumes ancestrales, il aurait volontiers fait remettre Agrippa en liberté le jour même si Antonia ne l'en avait empêché, non par haine contre le prisonnier, mais par souci de la dignité de Caius et pour lui épargner la réputation d'avoir accueilli avec joie la mort de Tibère en libérant sur le champ un homme emprisonné sur son ordre. Cependant, peu de jours après, il le manda près de lui, le fit tondre et lui fit changer de vêtements ; puis il lui mit le diadème sur la tête et le nomma roi de la tétrarchie de Philippe en lui faisant cadeau de celle de Lysanias; en échange de sa chaîne de fer, il lui en donna une d'or de poids égal, et il envoya Marullus (Μάρυλλον) comme hipparque en Judée. (Ἱππάρχην δὲ ἐπὶ τῆς Ἰουδαίας ἐκπέμπει Μάρυλλον) » Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII, VI, 10.
  2. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, § XI, 6, (218s).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Schwentzel 2011, p. 225.
  2. Schwentzel 2011, p. 47.
  3. a et b Schwentzel 2011, p. 226.
  4. Mason, Charles Peter (1867), Agrippa, Herodes I, in Smith, William, Dictionary of Greek and Roman Biography and Mythology, 1, Boston: Little, Brown and Company, pp. 77–78.
  5. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre II, § 11.
  6. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XVIII, § V, 4, (132).
  7. a b c d e et f Tarel 2016, p. 217.
  8. Smallwood 1976, p. 187.
  9. Schwentzel 2011, p. 225.
  10. a b c et d Ross S. Kraemer, « Typical and atypical jewish family dynamics : The lives of Berenice and Babatha », in David L. Balch et Carolyn A. Osiek, Early Christian Families in Context: An Interdisciplinary Dialogue, éd. Wm. B. Eerdmans Publishing, 2003, pp.133-137
  11. Mireille Hadas-Lebel, Rome, la Judée et les Juifs, éd. Picard, 2009, p. 89.
  12. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Smallwood_188
  13. a b c et d Smallwood 1976, p. 189.
  14. André Pelletier, La Guerre des Juifs contre les Romains, Les Belles Lettres, 1975, 3 t., rééd. 2003. Traduction Pierre Savinel, Éditions de Minuit, 1977, en un volume.
  15. a et b « Agrippa, fils de cet Aristobule que son père Hérode avait mis à mort, se rendit auprès de Tibère pour accuser le tétrarque Hérode (Antipas). L'empereur n'ayant pas accueilli l'accusation, Agrippa resta à Rome pour faire sa cour aux gens considérables et tout particulièrement à Gaius, fils de Germanicus » ; Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, IX, 5 (178).
  16. a et b Gilbert Picard, « La date de naissance de Jésus du point de vue romain », dans Comptes-rendus des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 139 (3), 1995, p. 804 [lire sur Persée].
  17. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Goodman 2009, p.108
  18. a b et c Schwentzel 2011, p. 227.
  19. Smallwood 1976, p. 190.
  20. Daniel R. Schwartz, Agrippa I : The Last King of Judaea, éd. Mohr Siebeck, 1990, p. 62-63.
  21. (en) Major, A., Was He Pushed or Did He Leap? Claudius' Ascent to Power, Ancient History, 22 (1992), p. 25–31.
  22. a b c d e et f Hadas-Lebel 2009, p. 85.
  23. a b et c Schwentzel 2011, p. 230.
  24. a b c et d Goodman 2009, p. 114.
  25. Flavius Josèphe, AJ XIX, 245, cité par Mireille Hadas-Lebel, op. cit. p. 85.
  26. a et b Goodman 2009, p. 115.
  27. a b et c Schwentzel 2011, p. 231.
  28. a et b Mimouni 2012, p. 409.
  29. Burkhalter 1999, p. 51.
  30. Hadas-Lebel 2009, p. 81.
  31. Pour une description détaillée, voir: Tal Ilan, "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive, p. 217-233.
  32. a et b Schwentzel 2011, p. 148.
  33. a et b Lémonon 2007, p. 264, extrait en ligne.
  34. a et b Mimouni 2012, p. 122. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Mimouni2012_p122 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  35. a b c d et e Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Schwentzel_231
  36. Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, Chapitre XV — Les Hérodiens : Agrippa Ier ; Hérode II — (37-49), sur http://www.histoiredesjuifs.com.
  37. a et b Fuks 1984, p. 320.
  38. La chronologie de ces événements est discutée car la succession des événements parait, à certains critiques, un peu trop dense pour un laps de temps d'à peine quelques mois. Daniel R. Schwartz estime qu'il est également possible qu'il y ait eu plusieurs voyages à Rome entre 33 et 36 ; cf. Daniel R. Schwartz, Agrippa I : The Last King of Judaea, éd. Mohr Siebeck, 1990, p. 50-53.
  39. Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 226.
  40. Schwentzel 2011, p. 228.
  41. Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 231-232.
  42. Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 232.
  43. a b c d e et f Tarel 2016, p. 218.
  44. Ast et Brun 2018, p. 3.
  45. Pierre Vidal-Naquet, Du bon usage de la trahison, préface de la Guerre des Juifs de Flavius Josèphe, traduit par Pierre Savinel, Éd. de Minuit, Paris, 1977, p. 25.
  46. Schwentzel 2011, p. 226.
  47. Mireille Hadas-Lebel, Flavius Josèphe, le Juif de Rome, Fayard, 1989, (ISBN 2213023077).
  48. Modrzejewski 2011, p. 81.
  49. Bulletin de Correspondance Hellénistique, Boccard, 1969, Vol. 70: École française d'Athènes, Études d'archeologie et d'histoire grecques, p. 175.
  50. Ast et Brun 2018, p. 121.
  51. a b c et d Tarel 2016, p. 217-218.
  52. Schwentzel 2011, p. 166.
  53. Schwentzel 2011, p. 240.
  54. a b c et d Hadas-Lebel 2009, p. 89.
  55. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XIX, § IX, 1, (354-357).
  56. Schwentzel 2011, p. 241.
  57. a b et c Mimouni 2012, p. 410.
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  59. a b c d e f g h i j k l m n et o Schwentzel 2011, p. 255.
  60. Mimouni 2012, p. 410.
  61. a b c d e f g et h Schwentzel 2011, p. 258.
  62. Lémonon 2007, p. 43.
  63. Mutafian et Van Lauwe 2005, p. 30.
  64. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre II, 252.
  65. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, VIII, 4, (158).
  66. Lémonon 2007, p. 37.
  67. Schwentzel 2011, p. 256.
  68. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 256.
  69. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, § VII, 1, (140).
  70. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, § VII, 3, (147).
  71. Burkhalter 1999, p. 52.
  72. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Schwentzel 2011, p.255
  73. a et b (en) E. Mary Smallwood, The Jews under Roman Rule: From Pompey to Diocletian: A Study in Political Relations, Brill, 2001 (ISBN 9780391041554), p. 273.
  74. (en) E. Mary Smallwood, op. cit., p. 266.
  75. Schwartz 1990, p. 134.
  76. Hadas-Lebel 2009, p. 96.
  77. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 7.1.
  78. Jean-Marie Guillaume, Jésus-Christ en son temps, éd. Médiasâul, Paris, 1997, p. 123.
  79. Nouveau Testament, Actes des Apôtres, 21, 17-26.
  80. a b c et d Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 136.
  81. Nouveau Testament, Actes des Apôtres, 21, 27-36.
  82. a b c d e f g et h Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 137.
  83. a b c d e f g h et i Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 259.
  84. Certaines sources chrétiennes identifient cet Ananie avec Ananias de Zébédée qui n'est plus grand-prêtre depuis 6 ans au moment de la comparution de Paul de Tarse. Il existe de nombreux autres grands-prêtres qui s'appellent Anan, Ananie ou Ananias.
  85. Nouveau Testament, Actes des Apôtres, XXVI, 30-31.
  86. a b c et d Tarel 2016, p. 219.
  87. a b c d e et f Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 269.
  88. Marie-Françoise Baslez, Saint Paul, Paris, 2012, éd. Pluriel, p. 291.
  89. a b et c Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 165.
  90. a b c et d Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Mimouni2012_p410
  91. a et b Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, livre XX, IX, 4.}}
  92. Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 165-166.
  93. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 257.
  94. Cohen 2002, p. 158.
  95. E. Mary Smallwood, utilise le terme de terroristes pour parler de ceux que Flavius Josèphe appelle des « brigands » (grec lestaï).
  96. Lémonon 2007, p. 265.
  97. Lémonon 2007, p. 264.
  98. a et b (en) Robert Eisenman, James the Just in the Habakkuk Pesher, p. 14, note no 32.
  99. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques XX, § 197-203.
  100. Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, II, 1, 4-5 ; [témoignage originaire de Clément d'Alexandrie ; II, 23, 4-18 [témoignage originaire d'Hégésippe]
  101. Ascensions de Jacques, Littérature pseudo-clémentine, Reconnaissances, I, 70, 1-8 ; 71, 1.
  102. Selon Simon Claude Mimouni, « La figure de Jacques a été diversement exploitée, aussi bien par les chrétiens d'origine juive que d'origine païenne. On la retrouve dans des écrits nazôréens ou ébionites, mais aussi dans des écrits gnostiques de Nag Hammadi — ce qui montre son emploi polysémique. cf. Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 138. »
  103. a b et c Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 138.
  104. Bernheim 2003, p. 13.
  105. Schwentzel 2011, p. 260.
  106. Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 267.
  107. Schwentzel 2011, p. 269.
  108. a et b Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 270.
  109. a b c d e f g et h Schwentzel 2011, p. 261. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Schwentzel_261 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  110. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre II, XIV, 6.
  111. (en) Lester L. Grabbe, Judaïsm from Cyrus to Hadrian, Vol. II, Fortress Press, Minneapolis, 1992, p. 447.
  112. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 271. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : le nom « Schwentzel_271 » est défini plusieurs fois avec des contenus différents.
  113. a b c d et e Cohen 2002, p. 190.
  114. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Schwentzel_2013_p164
  115. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 262.
  116. Christian-Georges Schwentzel, Juifs et nabatéens: Les monarchies ethniques du Proche-Orient hellénistique et romain, Presses Universitaires de Rennes, 2013, Rennes (France), p. 174.
  117. Chez Christian-Georges Schwentzel, le sous chapitre qui aborde cette question porte d'ailleurs le titre : « Le rôle de Bérénice, nouvelle Judith » cf. Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 269.
  118. Martin Goodman, Rome et Jérusalem, éd. Perrin/Tempus, 2009, p. 498.
  119. a b c d et e Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 275.
  120. Tarel 2016, p. 216.
  121. a b c d e f g h i j k et l Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 276.
  122. Titus, 7, 4; Epitomé, 10, 7 ; Tarel 2016, p. 222.
  123. Tarel 2016, p. 222.
  124. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 277.
  125. Dion Cassius, Histoire Romaine, LXVI, 15, 3-4.
  126. Suetone, Titus, 7, 1.
  127. Quintilien, INSTITUTION ORATOIRE, 4, 1, 19.
  128. a b et c Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 278.
  129. Photios Ier de Constantinople, Bibliothèque de Photios, codex 33.
  130. Tal Ilan, "Integrating Women Into Second Temple History" (Mohr Siebeck, Germany 1999), Part 3: Women and the Judaean Desert Papyri, Chapter Eight: Julia Crispina: A Herodian Princess in the Babatha Archive, p. 217-233
  131. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien. Du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère. Des prêtres aux rabbins, Paris, PUF, 2012, p. 503.
  132. Gabriele Boccaccini, Portraits of Middle Judaism in Scholarship and Arts, Turin, Zamorani, 1992 ; S. Akermann, Le Mythe de Bérénice, Paris, 1978 ; Ruth Yordan, Berenice, Londres, 1974.
  133. a b c d e f g h i j k et l Le mythe de Bérénice, sur http://www.mediterranees.net, cf. Simone Akerman, Le mythe de Bérénice, Paris, Nizet, 1978.
  134. Fabrice Mundzik, « Que nous enseigne la convention littéraire de 1935 ? », Le Visage Vert, no 23,‎
  135. J.-H. Rosny aîné, Fables antiques et autres récits érotiques, Saint-Xandre, Bibliogs, , 326 p. (ISBN 979-10-94282-00-7)
  136. Jean-Luc Marchand, Drusilla, Paris, La Compagnie Littéraire, , 213 p. (ISBN 978-2-87683-623-5)

Sources[modifier | modifier le code]

Historiens[modifier | modifier le code]

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Sources primaires[modifier | modifier le code]


Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Titus et Bérénice (old version)[modifier | modifier le code]

Titus et Bérénice, 1815, (auteur inconnu).

La liaison entre le futur empereur Titus et la reine Bérénice, universellement connue grâce à la tragédie de Racine (Bérénice, 1670) et à la « comédie héroïque » de Corneille (Tite et Bérénice, 1670), n'est évoquée que très rapidement par trois historiens antiques: Tacite (Histoires II.2), Suétone (Titus, 7, 1) et l'historien tardif Dion Cassius (Histoire Romaine, LXVI, 15)[1]. Juvénal en parle aussi dans ses Satires (Satires, VI). « Flavius Josèphe n'en dit rien, car proche d'Agrippa II et de sa sœur, il ne veut pas rappeler à celle-ci un souvenir particulièrement humiliant[1]. » De plus Flavius Josèphe a besoin de l'imprimatur de Titus puis de son frère l'empereur Domitien pour pouvoir publier.

Cette relation dura plus de dix ans, de 68 à 79, avec une période de séparation d'au moins quatre ans (71 à 75)[1]. Pendant « l'année des trois empereurs (68) » (Galba, Othon, Vitellius), Vespasien envoie son fils à Rome pour y saluer Galba le nouvel empereur qui vient de succéder à Néron[1]. En route pour Alexandrie, Titus apprend que Galba vient d'être assassiné par Othon. Il décide alors de rebrousser chemin, la désignation d'Othon remettant en cause sa mission[1]. Titus veut s'entretenir de la situation nouvelle avec son père. Il lui paraît hasardeux de poursuivre son voyage vers Rome, il craint qu'Othon ne le retienne prisonnier[2]. Après cet exposé, Tacite ajoute: « certains racontent qu'il rebroussa chemin à cause de son désir de revoir la reine Bérénice. » La relation existe donc depuis au moins 68[2]. Elle a probablement commencé pendant la campagne de Vespasien en Galilée (67-68), à laquelle Agrippa II participe à la tête de troupes auxiliaires[2]. Titus est alors veuf et âgé de 29 ans, tandis que Bérénice en a 40[2].

Le 1er juillet 69, le préfet d'Égypte Tibère Alexandre — ex beau-frère de Bérénice, qui avait été procurateur de Judée de 46 à 48 — fait jurer fidélité à Vespasien par ses légions. Selon Tacite, Bérénice fait alors de riches cadeaux à Vespasien[2]. Le vieil empereur aurait lui-même succombé au charme de la reine décrite comme « à la fleur de l'âge et de la beauté », pour une Bérénice probablement encore très belle à quarante-deux ans[2].

Tandis que Vespasien attend à Alexandrie, le gouverneur de Syrie Mucien marche sur Rome et fait proclamer Vespasien empereur le 20 décembre 69. Vespasien administre l'Empire depuis Alexandrie, laisse Titus à la tête de ses légions, en lui adjoignant Tiberius Alexander et attend la chute de Jérusalem pour rentrer à Rome. Le , le Temple de Jérusalem est livré aux flammes, et la Judée perd ce qui lui restait d'autonomie.

Titus rentre à Rome pour assister à son triomphe (fin 70 ou début 71). À partir des écrits de Dion Cassius, on apprend que Bérénice n'a pas suivi son amant à Rome[2]. Elle ne vient le retrouver que quelques années plus tard en 75, à la faveur d'un voyage de son frère[2]. Cela donnait probablement à sa visite le caractère d'un voyage officiel, mais à l'issue du voyage elle s'installe au palais où elle vit maritalement avec Titus[3].

Depuis 71, Titus est associé au pouvoir par Vespasien qui l'a désigné comme héritier de la couronne impériale[3]. Bérénice est alors au sommet de sa puissance, mais en l'absence de mariage avec le prince sa position demeure fragile[3]. Selon Dion Cassius, « elle attendait qu'il l'épouse et se comportait en toutes occasions comme si elle avait été sa femme[4] »[3]. Suetone parle de la « célèbre passion » de Titus pour Bérénice « à laquelle, dit-on, il avait même promis le mariage[5] »[2].

En 79, quand Titus devient empereur après la mort de son père, il demande à Bérénice de quitter Rome[2] et elle retourne en Galilée. Suétone et Dion Cassius donnent la raison de cette rupture : Titus se rend compte que de nombreux romains sont opposés à son union avec Bérénice[3],[2]. Il renvoie Bérénice, « malgré lui, malgré elle » — invitus invitam, écrit Suétone. Cette phrase est à l'origine des tragédies de Corneille et de Racine[2]. Il meurt après seulement deux ans de règne, en septembre 81, sans avoir voulu revoir sa maîtresse.


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  1. a b c d et e Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 275.
  2. a b c d e f g h i j k et l Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 276.
  3. a b c d et e Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 277.
  4. Dion Cassius, Histoire Romaine, LXVI, 15, 3-4.
  5. Suetone, Titus, 7, 1.