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Général Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero 1881

Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero, marquis de Mulhacén, né le à Barcelone et mort le à Nice, est un général de division et géodésien espagnol.

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Fils de Martín Ibáñez y de Prado et de Carmen Ibáñez de Ibero y González del Río, Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero est issu d'une famille de tradition militaire[1]. Il entre très tôt à l'académie militaire du génie de Guadalajara, puis dans le corps du génie de l'armée espagnole, et poursuit une carrière d'officier, jusqu'au rang de général de division.

Activités métrologiques, géographiques et géodésiques[modifier | modifier le code]

Lorsque le Gouvernement espagnol décide de la mise en œuvre d'une grande carte topographique de l'Espagne en 1853, Ibañez et Saavedra sont désignés pour effectuer les travaux préparatoires de cette entreprise. Ils se rendent à Paris pour faire réaliser un appareil de mesure par Brunner[2]. En 1858, ils mesurent la base centrale du réseau de triangulation de l'Espagne à Madridejos dans la province de Tolède avec une précision inégalée jusque-là[2],[3]. Plus tard (1865-1868), Ibáñez procède à la mensuration de trois autres bases de triangulation sur les  îles Baléares à l'aide d'un nouvel appareil plus maniable, doté d'une règle graduée en fer, également réalisé par la maison Brunner qui est désigné sous le nom d'appareil Ibáñez[3]. De 1880 à 1881, l'instrument conçu par Ibáñez est emprunté par la Suisse à l'Espagne pour la mesure des bases géodésiques de Aarberg, de Weinfelden et de Bellinzone[4].

En 1863, Ibáñez effectue des mesures à l'aide de son appareil en collaboration avec Ismael Effendi, afin de vérifier les caractéristiques de la règle utilisée en Egypte[3]. En 1869, il se rend à Southampton à la demande du gouvernement anglais pour effectuer les relevés nécessaires à la comparaison du mètre et du yard anglais[3].

Après la nomination de Saavedra au Ministère des Travaux publics Ibañez reste seul à la tête des travaux géodésiques en Espagne. Il fonde et devient le premier directeur de l'Institut Géographique et Statistique du Royaume, et dirige donc l'ensemble des travaux de triangulation de l'Espagne. L'Institut Géographique et Statistique d'Espagne constitue le plus vaste établissement de ce genre existant à l'époque[3]. Il rassemble la géodésie, la topographie générale y compris les nivellements, la cartographie, la statistique et en particulier les recensements périodiques de la population et enfin le service général des Poids et Mesure[3]. L'Institut d'Espagne servira de modèle à des institutions analogues dans d'autres pays[3]. Ibáñez mène à son terme la réalisation de la carte d'Espagne à une échelle de 1 : 50'000 dont la première feuille sera publiée en 1875 et qui comptera en 1889 soixante-trois feuilles[3]. Il dirige les recensements de la population espagnole de 1877 et de 1887[3].

En 1866, lors de la conférence de l'Association Géodésique à Neuchâtel, Ibáñez annonce le concours de l'Espagne à la mesure de la Méridienne de France[3]. En 1879 Ibañez et François Perrier exécutent la jonction du réseau géodésique espagnol avec l'Algérie par dessus la Méditerranée et complètent ainsi la mesure du méridien de Paris qui s'étend alors entre les Shetland et les confins du Sahara[5]. Cette réalisation nécessitera la mise en oeuvre de tous les moyens techniques de l'époque. Les appareils nécessaires à la production de signaux lumineux électriques sont transporté dans des stations d'altitudes situées sur les monts Mulhacén et Tetica en Espagne et Filhaoussen et M'Sabiha en Algérie. Des signaux lumineux sont observés à une distance allant jusqu'à 270 km entre le mont Mulhacén et le mont Filhaoussen[3],[5].

Les travaux géodésiques en Espagne s'associent étroitement à ceux menés en Europe centrale sous l'impulsion de Johann Jacob Baeyer, fondateur, en 1861, de l'Association pour la mesure des degrés en Europe (Europäische Gradmessung) qui  deviendra l'Association Géodésique Internationale, puis l'Association Internationale de Géodésie, l'une des associations constitutives de l'Union Géodésique et Géophysique Internationale. Après la mort de Baeyer, Ibañez qui préside la Commission permanente de l'Association pour la mesure des degrés en Europe depuis 1874, devient le premier président de l'Association Géodésique Internationale de 1887 à 1891[6],[7],[8]. Durant cette période, Friedrich Robert Helmert succède à Johann Jacob Baeyer à la tête de l'Institut de Géodésie de Prusse, l'institut hôte de l'Association Géodésique internationale et devient donc également directeur du Bureau Central de l'association[7].

L'ambition des géodésiens est de combiner les travaux éffectués dans les différents pays pour parvenir à déterminer la forme et les dimentions du globe terrestre[3]. Il apparait nécessaire de réformer le système mètrique et de le rendre international pour s'assurer de l'équivalence des mesures effectuées[3]. A l'instigation d'Adolphe Hirsch, de Johann Jacob Baeyer et de Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero, l'Association pour la mesure des degrés en Europe choisit le mètre pour unité géodésique[3]. Il est convenu de créer un mètre international différant aussi peu que possible du Mètre des Archives, de doter tous les pays d'étalons identiques et de déterminer de la manière la plus exacte les équations de tous les étalons employés en géodésie, par rapport à ce prototype[3]. L'Association prie les gouvernements de réunir à Paris une Commission internationale du mètre pour réaliser ces résolutions de principe[3]. Dès 1870, Ibáñez est membre, puis dès 1872, président du Comité permanent de la Commission internationale du mètre et deviendra, avec l'entrée en vigueur de la Convention du mètre en 1875, le premier président du Comité international des poids et mesures, organe de surveillance du Bureau international des poids et mesures, basé à Sèvres, près de Paris[3],[9]. Il est élevé à la dignité de Grand officier de la Légion d'honneur en 1885 en reconnaissance de son rôle dans l'uniformisation et la diffusion du système métrique[8],[10].

Le 11 mai 1861, Ibáñez est admis à l'Académie royale des sciences exactes, physiques et naturelles de Madrid. Il entre à l'Institut égyptien comme membre honoraire le 28 août 1863[11]. Le , il est élu correspondant (section géographie et navigation) de l'Académie des Sciences de Paris. Le 15 décembre de la même année, il est élu associé (Classe des Sciences) de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. Le , Ibañez est nommé membre Honoraire de l'Académie des Sciences de Berlin. En 1890, il est lauréat du prix Poncelet[8],[10].

Fin 1889, Ibáñez qui souffre d'hémiplégie démissionne de la direction de l'Institut de Géographie et de Statistique qu'il assume depuis dix-neuf ans[2]. Sa décision semble en outre avoir été précipitée par la publication d'un décret qui lui retire le contrôle économique de l'Institut et le confie au ministre des Travaux Publics[1].

Il sollicite la permission du ministère de la Guerre de quitter l'Espagne et obtient la permission de s'installer temporairement à Nice avec sa famille[2]. Il y décède dans la nuit du 28 au 29 janvier 1891[1]. Certaines sources retiennent comme date de sa mort le 28 janvier, alors que d'autres mentionnent le 29 janvier 1891. Le décalage horaire entre Nice et Madrid constitue une source de confusion. En effet, à l'époque, il n'y a pas d'heure nationale ni en Espagne, ni en France. Chaque ville vit à l'heure solaire. Ibáñez décède peu avant l'adoption de la loi du 14 mars 1891 qui unifie l'heure en France en prenant comme référence le méridien de Paris. L'Espagne décidera par le décret du 27 juillet 1900, exécutoire à partir du 1er janvier 1901 de se conformer à l'heure du méridien de Greenwich[12].

Lors de ses obsèques, le Gouvernement Français fait rendre au général Ibáñez les honneurs dus à un militaire de haut rang[10]. Son tombeau se trouve dans le cimetière du Château à Nice[10].

  1. a b et c (es) Angel Paladini Cuadrado, "El general Ibáñez. Su personalidad militar y humana", Conmemoración del centenario del general Ibáñez e Ibáñez de Ibero, Madrid, Real Academia de Ciencias Exactas, Físicas y Naturales, , 32-49 p. (lire en ligne), p. 34
  2. a b c et d (es) Rodolfo Núñez de las Cuevas, Militares y marinos en la Real Sociedad Geográfica, Madrid, Real Sociedad Geográfica, , 21 (15-36) (lire en ligne), p. 20,21
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Adolf Hirsch, LE GENERAL IBANEZ NOTICE NECROLOGIQUE LUE AU COMITE INTERNATIONAL DES POIDS ET MESURE, LE 12 SEPTEMBRE ET DANS LA CONFERENCE GEODESIQUE DE FLORENCE, LE 8 OCTOBRE 1891, Neuchâtel, IMPRIMERIE ATTINGER FRERES, , 15 p. (lire en ligne), p. 6, 8, 40, 41, 42
  4. A. Hirsch et J. Dumur, Le Réseau de Triangulation Suisse, Lausanne, Commission Géodésique Suisse, , 116 p. (lire en ligne), p. 1-116
  5. a et b François Perrier, « Jonction géodésique et astronomique de l'Algérie avec l'Espagne », La Nature,‎ , p. 97-99 (lire en ligne)
  6. (en) « Past Officers (Presidents and General Secretaries) of the IAG »
  7. a et b (en) Hermann Drewes, Franz Kuglitsch, József Adám et Szabolcs Rózsa, « The Geodesist’s Handbook 2016 », Journal of Geodesy, vol. 90, no 10,‎ , p. 914 (ISSN 0949-7714 et 1432-1394, DOI 10.1007/s00190-016-0948-z, lire en ligne, consulté le )
  8. a b et c (en) T. Soler, « A profile of General Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero: first president of the International Geodetic Association », Journal of Geodesy,‎ , p. 176-188 (ISSN 0949-7714)
  9. (en) Tomás Soler et Mario Ruíz-Morales, « Letters from Carlos Ibáñez e Ibáñez de Ibero to Aimé Laussedat: new sources for the history of nineteenth century geodesy », Journal of Geodesy, vol. 80, no 6,‎ , p. 314 (ISSN 0949-7714 et 1432-1394, DOI 10.1007/s00190-006-0069-1, lire en ligne, consulté le )
  10. a b c et d Albert Pérard, Carlos IBAÑEZ DE IBERO (14 avril 1825 - 29 janvier 1891), par Albert Pérard (inauguration d'un monument élevé à sa mémoire), Madrid, Institut de France Académie des Sciences - Notices et discours., , 7 p. (lire en ligne), p. 26-31
  11. imp. de l'Institut égyptien, Livre d'or de l'Institut égyptien, Le Mans, imp. de l'Institut de bibliographie, , 274 p. (gallica.bnf.fr), p. 71
  12. M. Zimmermann, « Espagne. Adoption du méridien de Greenwich. Projet d'irrigation », Annales de Géographie, vol. 10, no 50,‎ (lire en ligne, consulté le )