Triboulet (dramaturge)

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Triboulet
Médaille de Francesco Laurana (1461).
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Triboulet est le bouffon du roi René d'Anjou[1]. Il ne doit pas être confondu avec le fou de Louis XII et de François Ier, il existerait au moins trois Triboulet : l'homonymie était répandue parmi les fous de cour[2]. Ce nom, qui en quelque sorte équivaut aujourd'hui à souffre-douleur, viendrait du verbe archaïque tribouler[3]. Triboulet du roi René d'Anjou serait le premier.

Biographie[modifier | modifier le code]

Le peu qu’on sait du Triboulet original a été résumé par Maurice Lever[4]. Le médiéviste Bruno Roy, confirmant les intuitions de Gustave Cohen et d’Eugénie Droz, a surtout étudié l’homme de théâtre dans ses articles[5] et dans son livre[6].

Une édition bilingue du théâtre de Triboulet a été publiée par Thierry Martin[7].

Car si le bouffon du roi René fut un chef de troupe et un comédien génial, il fut aussi le meilleur auteur de farces et de sotties. Il a composé un très grand nombre de pièces comiques, dont cinq nous sont parvenues : la sottie du Roi des Sots (~ 1454), possiblement la célèbre farce de Maître Pathelin (~ 1457[8], [9]), la sottie des Vigiles Triboulet (~ 1458)[10], la sottie des Copieurs et lardeurs (~ 1461), et la sottie des Sots qui corrigent le magnificat (~ 1462)[11]. À la fin de sa carrière, il écrivit un Débat de Triboulet et de la Mort[12] (~ 1480).

Sa physionomie de nain microcéphale le destinait au burlesque. René d’Anjou récompensa ses mérites en l’habillant comme un roi, en le mariant avec le plus grand faste, et en faisant graver une médaille à son effigie. Quant à Charles d’Orléans, il lui offrit une magnifique jument.

Les Vigiles Triboulet parlent du jargon composé par Villon :

Oncques maistre Françoys Villon
Ne composa si bon jargon.

Cela tendrait à prouver que les deux auteurs se seraient rencontrés à la cour de René d'Anjou en 1457, mais la date de cette sottie est controversée[13] et celle des Ballades en jargon du manuscrit de Stockholm est incertaine, de même que leur attribution à Villon[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. René d’Anjou et Triboulet.
  2. Guillaume Berthon, « « Triboulet a frères et sœurs » – Fou de cour et littérature au tournant des XVe et XVIe siècles », sur openedition.org (consulté le )
  3. Paul Lacroix, « Romans relatifs à l'histoire de France aux XVe et XVIe siècles », sur google.fr (consulté le )
  4. Le Sceptre et la marotte : histoire des Fous de cour, p. 115-6. (Hachette-Pluriel, 1985.)
  5. Bruno Roy, « Triboulet, Josseaume et Pathelin à la cour de René d’Anjou », Le Moyen Français, t. VII, Montréal, 1980, p. 7-56.)
    Bruno Roy : C’est ung Guillaume qui a seurnom de Joceaume. (Le Moyen Âge, t. 96, 1990.)
    Bruno Roy : La préhistoire du « Bee ! ». Maistre Pathelin : lectures et contextes, p. 79-93. (Presses Universitaires de Rennes, 2000.)
  6. Bruno Roy : Pathelin : l’hypothèse Triboulet. (Paradigme, Orléans, 2009.)
  7. Triboulet : La Farce de Pathelin et autres pièces homosexuelles, QuestionDeGenre/GKC, 2011. Cet éditeur est le seul, depuis la fin du XVe siècle, à mettre sous le nom de Triboulet le titre La Farce de Pathelin et son interprétation orientée du texte est unanimement rejetée par les spécialistes.
  8. « Bouffon ! quand le roi s’amuse - Ép. 3/4 - Histoire du rire », sur France Culture (consulté le ).
  9. Pour Halina Lewicka (Études sur l’ancienne farce française, Klincksieck, 1974, p. 100), Pathelin est postérieur à 1456, et Guillaume Alécis l’avait en mémoire lorsqu’il rima les Feintes du monde, peu après 1460.
  10. La Mort et Triboulet.
  11. Triboulet en prière.
  12. Triboulet et la Mort.
  13. Voir Le Recueil des Repues Franches, édition critique par Jelle Koopmans et Paul Verhuyck, Genève, Droz, 1995, p. 37-39.
  14. T. Martin <Villon : Ballades en argot homosexuel. Mille et une Nuits, 1998> est le seul auteur à en attribuer trois sur cinq à Villon et à les dater d’avant 1456.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Guillaume Berthon, « « Triboulet a frères et sœurs » : fou de cour et littérature au tournant des XVe et XVIe siècles », Babel, no 25 « Images de la folie au tournant du Moyen Âge et de la Renaissance »,‎ (lire en ligne).
  • Maurice Lever, Le sceptre et la marotte : histoire des fous de cour, Paris, Fayard, , 350 p. (ISBN 2-213-01232-6, présentation en ligne), [présentation en ligne].
    Réédition : Maurice Lever, Le sceptre et la marotte : histoire des fous de cour, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », , 306 p., poche (ISBN 2-01-011145-1)
    Réédition : Maurice Lever, Le sceptre et la marotte : histoire des fous de cour, Paris, Fayard, , 355 p. (ISBN 2-213-60640-4).
  • Bruno Roy, « Triboulet, Josseaume et Pathelin à la cour de René d’Anjou », Le Moyen Français, t. VII, Montréal, 1980, p. 7-56.
  • Bruno Roy, Pathelin : l'hypothèse Triboulet, Orléans, Paradigme, 2009.