Taux de change d'équilibre

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Le taux de change d'équilibre (ou taux de change d'équilibre fondamental) est le taux de change nécessaire à une devise sur le long terme pour que le pays qui utilise cette devise connaisse un équilibre interne (croissance maximale sans inflation) et préserve une balance des paiements soutenable.

Concept[modifier | modifier le code]

Lorsqu'une monnaie se situe dans un régime de change flottant, la valeur de la devise évolue selon la rencontre entre l'offre et la demande, qui fixe un prix d'équilibre. Toutefois, comme le remarque Agnès Bénassy-Quéré, « ce prix est très volatil, notamment parce qu’il répond à toutes sortes d’informations qui alimentent les marchés en continu et parce qu’il peut être l’objet de phénomènes spéculatifs ». Il est par conséquent impossible de tirer de la fixation de ce prix d'équilibre une conclusion sur la valeur réelle de la monnaie[1].

Les économistes ont ainsi cherché, dans les années 1980, à déterminer un taux de change réel, qui soit naturel pour la monnaie. Deux théories économiques se sont à ce titre opposées. La première est celle de la parité de pouvoir d'achat, utile sur le long terme, mais déficient sur le court terme. L'autre est la théorie du taux de change d'équilibre, qui a cherché à déterminer la valeur réelle d'une devise par rapport à une autre sur le long terme[2].

Ce second courant été développé par John Williamson en 1983, puis par le Fonds monétaire international à partir de 1984[2]. Williamson remarque que le passage à des changes flottants depuis la fin du système de Bretton Woods a conduit à une instabilité des taux de change ; il préconise ainsi un passage à un régime de zones cibles, où la valeur de la monnaie devrait être compatible avec l'équilibre interne et externe de l'équilibre. L'équilibre interne est le taux de croissance qui n'accélère pas l'inflation (taux de croissance potentiel), et l'équilibre externe, celui qui permet une balance courante soutenable à long terme[3].

Le TCEF permet d'envisager la valeur nécessaire à une monnaie pour que l'équilibre externe et interne soit atteint, incluant les flux de capitaux[4]. L'objectif de la théorie du taux de change d'équilibre fondamental est de déterminer quelle valeur une devise devrait atteindre pour atteindre l'équilibre de la balance courante. Cela permet de déterminer si une monnaie est sous-évaluée ou surévaluée[5]. Il s'agit ainsi d'une norme de change, et non d'une prévision de la dynamique future[6].

Débat épistémologique[modifier | modifier le code]

Dynamique non-stationnaire[modifier | modifier le code]

Les tests économétriques réalisés sur le taux de change réel d'équilibre montrent qu'ils ne sont pas constants. Ils disposent d'une dynamique qui les rend non-stationnaires. Leur trajectoire est influencée par un grand nombre de facteurs. Certains chercheurs ont ainsi proposés que le taux de change d'équilibre ne soit pas défini de manière statique, mais « par rapport à une trajectoire d’équilibre compatible avec les équilibres internes et externes d’une économie »[7].

Importance des hypothèses[modifier | modifier le code]

L'évaluation du taux de change d'équilibre fondamental est rendu compliquée par sa sensibilité à une hypothèse essentielle qui est celle du taux de croissance potentiel. En effet, le TCEF est celui qui assure un équilibre interne (croissance potentielle maximale) et externe (équilibre de la balance extérieure). Ainsi, le TCEF est parfois appelé « taux de change désiré d'équilibre », dans un sens normatif[3].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Agnès Bénassy-Quéré, Sophie Béreau et Valérie Mignon, « Taux de change d'équilibre: Une question d'horizon », Revue économique, vol. Vol. 60, no 3,‎ , p. 657–666 (ISSN 0035-2764, DOI 10.3917/reco.603.0657, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b Hervé Joly, Céline Prigent et Nicolas Sobczak, « Le taux de change réel d'équilibre : une introduction », Économie & prévision, vol. 123, no 2,‎ , p. 1–21 (DOI 10.3406/ecop.1996.5787, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Encyclopædia Universalis, « CHANGE - Les théories du change », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  4. Yannick Bineau et Bernard Dupont, « Une approche dynamique du taux de change réel d'équilibre: », Économie internationale, vol. no 96, no 4,‎ , p. 5–22 (ISSN 1240-8093, DOI 10.3917/ecoi.096.0005, lire en ligne, consulté le )
  5. Michael Burda et Charles Wyplosz, Macroéconomie: A european text, De Boeck Superieur, (ISBN 978-2-8041-8403-2, lire en ligne)
  6. Lettre du CEPII n°136, juin 1995 (http://www.cepii.fr/PDF_PUB/lettre/1995/let136.pdf)
  7. Jean-François Hoarau, « L’approche microéconomique du taux de change réel d’équilibre : une revue de la littérature théorique », L'Actualité économique, vol. 85, no 4,‎ , p. 403–436 (ISSN 0001-771X et 1710-3991, DOI 10.7202/045071ar, lire en ligne, consulté le )