Shahar (religion)

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Tell de Ras Shamra

Shahar ou Šaḥar (ougaritique : 𐎌𐎈𐎗, Šḥr[1]) est le dieu de l’aube dans le panthéon ougaritique. Il est mentionné dans des inscriptions sur les tablettes exhumées lors des fouilles du palais d’Ougarit sur le tell de Ras Shamra en Syrie. Selon l'archéologue américain William Foxwell Albright, Shahar et son jumeau Shalim sont les deux aspects de la planète Vénus. Shahar est le dieu de l'aube identifié avec "l'étoile du matin et "Shalim le dieu du crépuscule, identifié avec "l'étoile du soir" [2].

Inscriptions ougaritiques[modifier | modifier le code]

Le récit mythique de la naissance des deux divinités astrales : Shahar et Shalim, l'étoile du matin et l'étoile du soir est contenu dans la tablette : la naissance des dieux gracieux et beaux[1], conservée au musée du Louvre[3].

La tablette relate le mariage sacré du grand dieu El avec deux femmes (une d'elles est Ashera) de qui il engendre les deux dieux jumeaux. Après un nouveau "mariage", El engendre les "dieux gracieux" que l'on appelle les enfants de la mer. Il s'agirait d'un mythe d'origine de la civilisation et de l'agriculture. En voici un extrait :

J'invoque les dieux gracieux... et les beaux enfants princiers...
paix au roi, paix à la reine, aux officiants et aux gardes...
Sept années, huit périodes s'accomplissent jusqu'à ce que les dieux
gracieux aillent aux champs. Ils parcourent les confins de la steppe, ils
rencontrent un gardien de la culture : "Gardien, gardien, ouvre ! S'il y a de
la nourriture, donne-nous à manger. S'il y a du vin, donne-nous à boire...[4]

Le livre d'Isaïe[modifier | modifier le code]

Shahar eut un fils, Hêlēl (en hébreu הֵילֵל). Dans la Septante, "Hêlēl" est traduit par « Heōsphoros » (en grec Ἑωσφόρος, littéralement « apportant l'aube »). Le nom Lucifer, qui signifie en latin « Porteur de lumière », est introduit dans la Vulgate au IVe siècle, pour traduire le terme hébreu hêlēl dans l'expression hêlēl ben šāḥar « (astre) brillant fils de l'aurore » qui figure dans le livre d'Isaie[5] :

« Comment es-tu tombé du ciel, Astre brillant, Fils de l'Aurore ? Toi qui disais : je monterai aux cieux, je hausserai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu »

— Livre d'Isaïe 14.12-14

Aux IIe et IIIe siècles, les Pères de l'Église comme Origène, puis Jérôme de Stridon, identifieront Lucifer à Satan[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Charles Virolleaud, « La naissance des dieux gracieux et beaux . Poème phénicien de Ras Shamra », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 14, no 2,‎ , p. 128–151 (DOI 10.3406/syria.1933.3670, JSTOR 4195737, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) G.J. Botterweck, H. Ringgren et H.J. Fabry, Theological Dictionary of the Old Testament, Grand Rapids (Mich.), Alban Books Limited, , 793 p. (ISBN 978-0-8028-2339-7, lire en ligne)
  3. « tablette (AO 17189 ; RS 2.002) », sur Musée du Louvre
  4. Tablette : la naissance des dieux gracieux et beaux [1]
  5. Isaie 14.12
  6. (en) Rosemary Ellen Guiley, « Lucifer », dans The encyclopedia of Demons and Demonology,

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie-Ange Sebasti, Karima Berger et Joël Vernet, Ougarit : La terre, le ciel, , 112 p. (ISBN 978-2-912882-14-1)
  • (en) J. W. McKay, Helel and the Dawn-Goddess: A Re-Examination of the Myth in Isaiah XIV 12-15. Vetus Testamentum 20/4, 1970, 451-464.
  • (en) John C. Gibson, Canaanite Myths and Legends, , 208 p. (ASIN B06XGNXMQK)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]