Sergueï Skripal

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Sergei Skripal
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Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
Сергей Викторович СкрипальVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Allégeances
Domicile
Salisbury (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Institut militaire du génie (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Période d'activité
depuis Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Ioulia Skripal (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Armes
Grade militaire
Condamné pour

Sergueï Viktorovitch Skripal (en russe : Серге́й Ви́кторович Скрипаль), né le dans l'oblast de Kaliningrad, est un ancien officier russe du renseignement militaire (GRU) et un ancien agent double pour les services de renseignement du Royaume-Uni, victime avec sa fille d'un empoisonnement au Novitchok auquel ils survivent tous les deux en .

Biographie[modifier | modifier le code]

Sergueï Skripal nait à Kaliningrad, en URSS, le [1],[2]. Son père est alors sous-colonel dans l'artillerie. Son grand-père a travaillé au NKVD (la police politique de l'URSS et ancêtre du KGB). Il étudie à l'Académie diplomatique militaire de Moscou puis participe à la guerre d'Afghanistan (1979-1989) qui oppose l'URSS et les moudjahidines afghans[2].

Il devient ensuite espion pour l'URSS au GRU, sous couverture diplomatique en Espagne et en Italie. Après la chute de l'URSS, il est recruté par le Secret Intelligence Service (SIS ou MI6), le service de renseignement du Royaume-Uni et devient alors un agent double durant les années 1990 et au début des années 2000[3],[2]. En 1999, alors colonel et appelé à devenir général, il quitte le GRU et devient fonctionnaire à Moscou, car les généraux ne peuvent alors voyager à l'extérieur de la Russie.

En , il est arrêté à Moscou par le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB). La vie de la famille de Skripal devient alors très difficile, faisant l'objet de menaces et d'actes d'intimidation[2]. En 2006, il est jugé et reconnu coupable de haute trahison par les autorités russes pour avoir vendu des informations au renseignement britannique. Il est condamné à 13 ans de travaux forcés dans un camp de prisonniers en Mordovie[4].

Le , Sergueï Skripal et trois autres Russes sont graciés par le président Medvedev et échangés contre des espions russes arrêtés aux États-Unis dans le cadre du « Programme des Illégaux ». Il est débarqué en Grande-Bretagne, où il sera récupéré par les Britanniques[5]. Deux semaines plus tard, lorsqu'on lui demande si les illégaux échangés doivent être punis, Vladimir Poutine, alors président du gouvernement, répond que « de telles décisions ne se prennent pas lors d’une conférence de presse. Mais les services spéciaux vivent selon leurs propres lois, et ces lois sont connues par tous leurs membres », après avoir affirmé que « les traîtres finissent mal en général ».

Il s'installe alors à Salisbury avec sa femme. En 2012, la femme de Skripal décède d'un cancer découvert deux ans plus tôt, puis son frère meurt d'un AVC trois ans plus tard. Son fils, alcoolique, décède à Saint-Pétersbourg en 2017[2].

Le , Skripal et sa fille Ioulia, qui était venue en visite de Moscou, sont retrouvés inconscients sur un banc à Salisbury, empoisonnés avec un agent neurotoxique de type Novitchok[6]. Ils sont transportés à l’hôpital du district de Salisbury et restent dans un état critique jusqu'au [7],[8]. Le , la BBC annonce que Ioulia Skripal a repris connaissance et a retrouvé l'usage de la parole, même si l'on ignore encore les éventuelles conséquences à long terme sur sa santé[9],[10].

Le , la presse annonce que Sergueï Skripal se rétablit lui aussi et n'est plus dans une condition critique[11].

L'empoisonnement est classé comme une tentative de meurtre. Le , Theresa May, alors Première ministre du Royaume-Uni, juge « très probable » que la Russie soit responsable de l'empoisonnement de Skripal et de sa fille[12].

Le , on annonce que Sergueï Skripal a lui aussi quitté l'hôpital[13] et a été conduit en lieu sûr[14].

Lors d'une interview au Monde en octobre 2018, la fille aînée de Sergueï Skripal affirme : « Sergueï m’a toujours dit qu’il ne rentrerait pas en Russie tant que Poutine serait au pouvoir. Il n’accusera jamais son pays, car il sait que sa famille est ici ! ».

Suites[modifier | modifier le code]

Dans un premier temps, le Telegraph affirme que Skripal est proche d'un consultant de sécurité (« security consultant ») employé par Christopher Steele. Christopher Steele, directeur de Orbis Business Intelligence, constitue le dossier concernant une alléguée compromission du président Donald Trump avec la Russie[15],[16]. Mais quelques mois plus tard, selon le Telegraph, des sources du renseignement affirment que cette piste de preuves reliant Skripal à Steele a été fabriquée par les services secrets russes avant l'empoisonnement afin de semer le doute sur l'origine de celui-ci[17].

En juillet 2018, la tension remonte au Royaume-Uni avec l'empoisonnement et la mort de Dawn Sturgess (en) par du Novitchok introduit dans un flacon de parfum, puis par l'identification comme suspects en septembre de deux agents du GRU qui mènera à une série d'expulsions du pays de diplomates russes[2].

En 2020, une série britannique retraçant cette histoire sera réalisée par Saul Dibb et diffusée sur Arte en mars 2024[18].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (ru) « Яд для шпиона. Кто и зачем отравил экс-разведчика Сергея Скрипаля? », sur Life.ru,‎ (consulté le )
  2. a b c d e et f « Sur les traces de Sergueï Skripal, l’espion russe empoisonné au Novitchok à Londres », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Who is former Russian intelligence officer Sergei Skripal? », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Ana Pouvreau et Mark Porter, Empoisonnement au Royaume-Uni: bons baisers de Russie ?, causeur.fr, 19 mars 2018
  5. « 9 juillet 2010 : l'échange d'espions digne de la Guerre froide », Atlantico.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Vikram Dodd et Luke Harding, « Sergei Skripal: former Russian spy poisoned with nerve gas, say police », The Guardian, (consulté le ).
  7. « Critically ill man 'former Russian spy' », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Russian spy: Russia 'has no information' on Sergei Skripal collapse », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Russian spy: Yulia Skripal 'conscious and talking'  », BBC News, 29 mars 2018, en ligne.
  10. John Chapman, « Poisoned Russian Yulia ‘conscious and talking’  », Express, 30 mars 2018, en ligne.
  11. Luke Harding, Andrew Roth et Ben Quinn, « Sergei and Yulia Skripal recovering as UK row with Russia intensifies », The Guardian, 6 avril 2018, en ligne.
  12. Philippe Bernard, « Espion empoisonné : Londres juge "très probable" que la Russie soit responsable », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Le Monde avec AFP et Reuters, « L’ex-espion russe Sergeï Skripal est sorti de l’hôpital », 18 mai 2018, en ligne.
  14. « Ex-spy Sergei Skripal discharged after poisoning », BBC, 18 mai 2018, en ligne.
  15. Robert Mendick, Hayley Dixon, Patrick Sawer et Luke Heighton, « Poisoned Russian spy Sergei Skripal was close to consultant who was linked to the Trump dossier », The Telegraph, 7 mars 2018, en ligne.
  16. « A hundred grand and hundreds of betrayed agents What was former GRU Colonel Sergey Skripal's treason against Russia? », Meduza, 6 mars 2018, en ligne.
  17. (en-GB) Robert Mendick, « Kremlin accused of laying false trail linking Sergei Skripal to ex-MI6 officer behind Trump dossier », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )
  18. « Affaire Skripal : l'espion empoisonné - Séries et fictions », sur ARTE (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]