Sébastienne Guyot

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Sébastienne Guyot
Sébastienne Guyot en 1926, à l'occasion d'un reportage du journal Les Annales politiques et littéraires, le 9 mai 1926.
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Sébastienne Guyot (née le à Pont-l'Abbé dans le Finistère et décédée à Paris le ) est une ingénieure française spécialiste d'aérodynamique, diplômée en 1921 de la première promotion de l'École centrale de Paris ouverte aux femmes. Elle est championne de France de cross crountry et participe également aux Jeux olympiques d'été d'Amsterdam en 1928 sur la distance du 800 mètres. Membre de la Résistance française, elle est arrêtée par les Allemands en 1940 et meurt l'année suivante des suites de son emprisonnement.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Sébastienne Guyot naît le à Pont-l'Abbé. Elle est issue d'une famille modeste et a trois frères. Son père Sébastien est gendarme à cheval[1],[2]. Son frère aîné, Georges (1894-1982), sera pilote de guerre et décoré de la Légion d’honneur en 1917. Ses frères cadets, Roger (1901-1980) et René (1903-1977) seront tous deux polytechniciens[1].

Études[modifier | modifier le code]

Sébastienne Guyot est institutrice dans la région de Vannes[2] lorsqu'elle apprend en 1917 que l’École centrale de Paris (devenue CentraleSupélec en 2015) vient de décider d'accepter des jeunes filles dans ses rangs[3]. Elle démissionne alors de son poste pour préparer le concours au lycée Jules-Ferry, à Paris. Elle est l'une des sept femmes à réussir le concours d'entrée[2], rejoignant donc la première promotion de l'École centrale de Paris qui accepte des femmes. Elle choisit d'y étudier l'option « mécanique », qui recouvre alors aussi le domaine de l’électricité[1]. Diplômée en 1921[3], elle sort de l'École 40e sur 243 diplômés (425 élèves avaient été reçus au concours)[4]. Ses trois années de Centrale lui laissent le souvenir excellent d'un « bon travail dans une atmosphère de gaieté »[5].

Carrière d'ingénieure[modifier | modifier le code]

Elle travaille de 1921 à 1928 au bureau d'études aéronautiques d'Issy-les-Moulineaux dirigé par Louis de Monge[1] puis de 1929 à 1935, sur les hydravions au sein de l'entreprise Lioré et Olivier d'Argenteuil[3]. Elle y participe en particulier au dessin des fuselages et des coques de plusieurs hydravions[2]. En 1932, elle décide d'apprendre à piloter et achète un avion Farman 231[3]. Elle oriente par la suite ses travaux sur les hélicoptères[3], participant à la mise au point d'une technique de « soufflage dans les pales du sustentateur » pour éviter de devoir utiliser un rotor anticouple. Elle dépose plusieurs brevets, avec l'ingénieur William Loth, son conseil pour rédiger le brevet.

Carrière sportive[modifier | modifier le code]

Sébastienne Guyot, gagnante du championnat de France de cross-country féminin le 3 mars 1929 à Saint-Cloud.

Également athlète de haut niveau, elle est championne de France de cross-country 1928[2],[3],[6]. Elle participe aux Jeux olympiques d'été d'Amsterdam en 1928 sur 800 mètres[7] mais est éliminée dès la première séries. Elle se classera seconde en 1929 et 1930, année où elle remporte le 800 mètres du match France-Belgique. Elle continuera à s'engager dans des compétitions internationales jusqu'en 1932[1].

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Durant la Seconde Guerre mondiale, elle est membre de la Résistance. En 1940, elle essaye de faire évader son frère emprisonné au camp de Mulsanne, près du Mans[8]. Arrêtée par les Allemands en 1940, elle est emprisonnée pendant 6 mois et décède de maladie à Paris l'année suivante en raison des mauvaises conditions de son incarcération[3],[8].

Distinctions et hommages[modifier | modifier le code]

Décoration[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Elle est la seule femme dont le nom figure sur le monument aux morts de l’École centrale, situé rue Conté à Paris[8].

Depuis 2010, une bourse portant son nom est attribuée chaque année à cinq étudiantes de Centrale puis de CentraleSupélec pour financer leurs études à l’École[10],[11],[12]. En 2020, son montant est de 8 000 euros par an pendant 3 ans[13].

En 2015, une édition de la publication « Parcours de Centraliens » lui est consacrée, rédigée par Michel de la Burgade et Luc Bastard[8].

Son nom est donné à la promotion 2022/2023 des personnels de direction de L' Éducation nationale[14].

Son nom est également choisi par la première promotion de la nouvelle école CentraleSupélec comme nom de promotion.[réf. nécessaire]

Odonymie[modifier | modifier le code]

En 2015, son nom est donné à une des huit rues du nouveau quartier universitaire du Moulon à Gif-sur-Yvette, quartier qui accueille CentraleSupélec à partir de 2017, à la suite de la fusion de Centrale Paris et Supélec[15].

Son nom est également donné à une rue de Trégueux en 2016[16], à une voie du campus de l'université Paul-Sabatier à Toulouse en 2017[17], à une rue de La Selle-en-Luitré, et à une voie d'Albi en 2021[18].

Publications et brevets[modifier | modifier le code]

  • Procédé et dispositifs de supersustentation et propulsion pour aéronefs à sustentateurs et propulseurs en mouvement par rapport à lui, Brevet FR746746A du 03-06-1933
  • Perfectionnements aux aéronefs et notamment aux aéronefs à sustentateurs et propulseurs en mouvement par rapport à eux, Brevet FR816504A du 10-08-1937
  • Perfectionnements aux mobiles (aériens ou sous-marins) à systèmes sustentateurs mobiles par rapport à eux ou systèmes à la fois sustentateurs et propulseurs par rapport à eux, Brevet FR817065A du 25-08-1937
  • Perfectionnements à la propulsion, au freinage et à la conduite des mobiles terrestres et marins, Brevet FR825027A du 22-02-1938
  • Stabilization of rotating lifting systems, Brevet US2241786A du 13-05-1941

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Michel de la Burgade et Luc Bastard, « Sébastienne Guyot », Parcours de Centraliens,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d et e Michel de la Burgade, Sébastienne Guyot (1894-1941), 4 p. (archives-histoire.centraliens.net/pdfs/revues/rev606.pdf), p. 93
  3. a b c d e f g et h 40 femmes scientifiques remarquables du XVIIIe siècle à nos jours, Femmes & Sciences, , 52 p. (lire en ligne), p. 41
  4. Michel de la Burgade, « La vie de Sébastienne Guyot (1894-1941) » [PDF], Centrale Histoire, (consulté le )
  5. Yvonne Ostroga, « Quelques jeunes filles d'aujourd'hui : Deux ingénieurs », Les Annales politiques et littéraires,‎ , p. 13 (lire en ligne Accès payant)
  6. René Moyse, « Mlle Guyot, Ingénieur, pilote et championne », Match,‎ , p. 6 (lire en ligne Accès payant)
  7. « Sebastienne GUYOT », sur Olympics.com (consulté le )
  8. a b c et d « Sébastienne Guyot, ingénieure et résistante | CentraleSupélec Alumni », sur association.centralesupelec-alumni.com (consulté le )
  9. Ordre de la Libération - Base Médaillés de la Résistance française, « Fiche Sébastienne marie henriette Guyot » (consulté le )
  10. « Femmes : les écoles d'ingénieurs séduisent les étudiantes... », sur Le Parisien Etudiant (consulté le )
  11. « Remise des bourses Sébastienne Guyot | CentraleSupelec », sur www.centralesupelec.fr (consulté le )
  12. « L'Ecole centrale et les femmes », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. « Ouverture des candidatures des bourses Sébastienne Guyot 2020. », sur Fondation CentraleSupélec, (consulté le )
  14. « Formation initiale 2023-2024 : bienvenue à la promotion Colette Besson », sur IH2EF (consulté le ).
  15. « Conseil municipal du 10 février 2015. », Bulletin municipal de Gif-sur-Yvette,‎
  16. « Deux nouvelles rues Louis-Paturel et Sébastienne-Guyot », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  17. Robert Boure, Inventaire des hommages rendus aux chercheurs toulousains par leurs pairs (années 1880 – années 2010) : attributions de noms, publications dédiées et galeries de portraits, , 78 p. (lire en ligne), p. 39
  18. « Albi : une souscription publique pour la statue Lapérouse », sur ladepeche.fr (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]