Rosalie Gicanda

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Rosalie Gicanda
Titre de noblesse
Reine consort
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Domicile
Appartenance ethno-culturelle
Conjoint
Blason

La reine douairière Rosalie Gicanda, née en 1928, morte le , est l'épouse du mwami (roi dans la langue kinyarwanda) Mutara III du Rwanda. Elle survit au décès de son mari, décédé en 1969, mais est assassinée durant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Née en 1928[1], Rosalie Gicanda est la fille de Martin Gatsinzi du clan des Banyiginya-Bahebera et de Christiane Makwindigiri du clan des Bega. Elle est la sœur d'Asteria Bisinda, mère de Paul Kagame, futur président du Rwanda en [2],[3],[4]. À 13 ans, elle est choisie parmi les belles filles du pays pour la sélection de la future seconde épouse e du roi mwami Mutara III du Rwanda. Suite à son divorce, en 1940, celui-ci exprime le désir de se remarier et d'avoir une descendance, l'héritier qu'il n'avait pas encore eu. Ainsi, elle se rend au palais de la Reine-Mère, Radegonde Nyiramavugo Kankazi , avec les autres candidates et sera sélectionnée par le roi après avoir passé diverses épreuves. Ils se marient en 1942. Ainsi, elle devient le bras droit du roi en l'accompagnant à tous les évènements et voyages, et en tant que conseillère mais toujours de manière discrète. Elle accorde une grande importance à se détacher de la vie politique. Dans des circonstances mystérieuses, en 1959, le roi mwami Mutara III du Rwanda meurt et cela sans laisser de descendance. Le nouveau mwami Kigeli V du Rwanda, petit frère du roi Mutara III , règne deux ans avant la fin de a monarchie rwandaise. Elle prendra fin en 1961. Le roi Kigeli V du Rwanda, déposé, quitte alors le pays. Toutefois, la douairière choisit de rester au Rwanda. Elle est la dernière représentante de la monarchie dans le pays, mais elle quitte sa résidence royale à Nyanza pour s'installer à Butare, dans la Province de Butare, avec sa mère et plusieurs dames de compagnie. Elle reste, néanmoins, toujours à l'écart de la vie politique[5]. Pourtant, en 1961, elle sauve la vie de son neveu Paul Kagame, âgé de 4 ans, et de sa famille, en leur permettant de s'échapper lorsque des Hutus du voisinage, encouragés par les autorités locales et coloniales, s'emparent de la colline où ils résident, massacrant les Tutsis[3].

Trente ans plus tard, en , un génocide éclate et s'étend à tout le pays. Le , il atteint la ville de Butare. L'ancienne reine est enlevée avec d'autres membres de sa maison par un détachement de soldats dirigé par le lieutenant Pierre Bizimana, sous les ordres du capitaine Idelphonse Nizeyimana, officier des renseignements. Ils mènent les captifs derrière le Musée national et les abattent. Seule une jeune fille survit et se fait l'écho de ces meurtres. Deux jours plus tard, la Reine-mère, Radegonde Nyiramavugo Kankazi, est elle aussi assassiné. À la demande d'un prêtre, le maire de Butare, Kanyabashi récupère le corps de la reine Gicanda et l'enterre dans le jardin à côté de sa maison[6].

La reine était toujours vénérée par les Tutsis. Son meurtre a suscité un grand choc. Il a effectivement marqué le début des assassinats en masse dans la région de Butare, qui a été le théâtre de certaines des pires atrocités durant le génocide.

Après le génocide perpétré contre les Tutsis, un tribunal militaire rwandais s'empare de Bizimana et du soldat de 1re classe Aloys Mazimpaka coupable de génocide et d'assassinat de la reine Gicanda et de sa famille. (Chambre Spécialisée du Conseil de Guerre de Butare, case. LMD 187, LP 0001-PS 97, jugement prononcé le ). Bizimana est condamné à mort, et Mazimpaka à la prison à vie.

Le , l'ancien chef des services de renseignements Idelphonse Nizeyimana est arrêté à Kampala, en Ouganda[7]. Nizeyimana est l'un des suspects recherchés dans le cadre de l'enquête du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) sur le génocide[8]. Le , il est condamné par le Tribunal Pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour son rôle dans l'assassinat de l'ancienne reine tutsi, ainsi que d'autres meurtres, et est condamné à l'emprisonnement à vie[9].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Queen Rosalie Gicanda Grave Editorial Photo - Image: 20274161 », sur Dreamstime (consulté le )
  2. (en) Colin M. Waugh, Paul Kagame and Rwanda : Power, Genocide and the Rwandan Patriotic Front, McFarland, (lire en ligne), p. 12-13
  3. a et b Mehdi Ba, « Comment une reine a sauvé la vie de Paul Kagame », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Henry Louis Gates, Jr., Emmanuel Akyeampong et Mr. Steven J. Niven, Dictionary of African Biography, OUP USA, (lire en ligne), « Kagame, Paul », p. 263
  5. Jean Chatain, « L'assassinat de Mme Gicanda », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  6. (en) « Rwanda genocide: Nizeyimana convicted of killing Queen Gicanda », BBC,‎ (lire en ligne)
  7. « Arrestation en Ouganda d'un des génocidaires présumés du Rwanda les plus recherchés », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  8. (en) « BBC: Rwanda queen-killing suspect held », BBC News,‎ (lire en ligne)
  9. (en) « Rwanda genocide: Nizeyimana convicted of killing Queen Gicanda », BBC News,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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