Rosalie Filleul

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Rosalie Filleul
Autoportrait de Rosalie Filleul, vers 1775.
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Rosalie Filleul, née Anne-Rosalie Boquet[α 1] en 1752 à Paris, et morte guillotinée le 6 thermidor an II (), est une artiste peintre et pastelliste française, membre de l’Académie de Saint-Luc à Paris. Elle fut aussi concierge du château de la Muette.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et mariage[modifier | modifier le code]

C’était la fille de Blaise Boquet, peintre ornemaniste et marchand d’éventails installé rue Saint-Denis à Paris, et de Marie-Rosalie Hallé, peintresse de miniatures[α 2]. Elle avait pour oncles Louis-René Boquet, dessinateur de costumes de l’Opéra et inspecteur des Menus Plaisirs dont elle a fait le portrait, et Antoine Deville, receveur au bureau de la marque d’or et d’argent[3].

Amie d’Élisabeth Vigée-Le Brun qui évoque sa beauté dans ses Mémoires, elle suivit avec elle les leçons de Gabriel Briard[4], et se spécialisa dans le portrait et les natures mortes[5].

En 1773, elle est reçue « par mérite » à l’Académie de Saint-Luc avec un portrait d’Eisen[6], et elle exposa ses œuvres aux salons de 1774 à 1777, bénéficiant d’une critique assez favorable. Le portrait de sa mère, encore en possession de ses descendants au XXIe siècle, avait été très remarqué. Si son dessin avait beaucoup de correction, on trouvait toutefois de la « dureté » à son coloris[7].

Le , elle épousa Louis Filleul de Besne, écuyer du roi, qui possédait le charge lucrative de concierge du château royal de la Muette.

Portraitiste de cour et concierge[modifier | modifier le code]

Après son mariage, elle vécut avec son mari à l’hôtel dit de Travers, situé rue Bois-le-vent, à Passy, non loin du parc de la Muette. Houdon avait sculpté son buste au moment de son mariage. Ayant été remarquée de la reine, qui venait à la Muette, elle fut appelée à portraiturer plusieurs membres de la famille royale. La plupart de ces portraits, placés au Garde Meuble, ont disparu avec la Révolution, et on ne conserve aujourd’hui que ceux des enfants de la comtesse d’Artois.

À cette époque, elle cultivait des relations brillantes et recevait des commandes de portraits. Le marquis de Cubières, Mme de Bonneuil, la famille Sorin de Bonne, Benjamin Franklin, posèrent tour à tour pour elle. Quand son mari tomba gravement malade en 1786, d’une maladie qui devait l’emporter deux ans plus tard, elle obtint de la reine de pouvoir le remplacer dans l’exercice de la charge de concierge de la Muette, une activité qui devait cesser en 1787.

Rosalie Filleul qui obtint de conserver son logement de fonction, continua néanmoins de peindre tant à l’huile qu’au pastel, et elle a également réalisé quelques miniatures dont un portrait de son amie Marguerite Émilie Chalgrin, fille de Joseph Vernet qui vint habiter à l’hôtel de Travers.

La Terreur[modifier | modifier le code]

Favorable à la Révolution dans sa version constitutionnelle, Rosalie Filleul pensait n’avoir rien à redouter des événements. Elle prit des risques en décidant de porter le deuil le jour des rois (1794). Elle disposait, selon un usage consacré, de meubles de rebut qui provenaient du château de la Muette. Or ces meubles étaient revêtus de la marque royale, et elle commit l’imprudence, au plus fort de la Terreur, de confier à un brocanteur certains d’entre eux à la vente. Le bruit courut qu’on avait déménagé l’ancien château royal, au détriment de la Nation, et que Rosalie Filleul était l’une des complices de ce vol. Dénoncée au Comité de sûreté générale, elle fit l’objet d’une surveillance spéciale de la part du policier Blache[α 3], qui chercha à la prendre en flagrant délit chez son brocanteur[8]. Les faits avérés, des perquisitions suivirent, et Rosalie Filleul, entrainant son amie Marguerite Émilie Chalgrin[9], fut, pour cause de vol et recel d’objets appartenant à la République, condamnée à la peine de mort par le Tribunal révolutionnaire. Malgré l’intervention de Carle Vernet en faveur de Mme Chalgrin, sa sœur, celle-ci fut également reconnue coupable et condamnée[α 4], et les deux femmes furent guillotinées avec leurs complices place du Trône-Renversé. Leur mémoire est conservée dans la Chapelle de la Congrégation des Sacrés Cœurs, 35 rue de Picpus à Paris (plaque des guillotinées n° 1166), à côté du cimetière révolutionnaire de Paris.

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Les Petits Bouffons, 1778.
  • Chantilly. Vue du hameau dans le jardin anglais.
  • Vue du Château de Chantilly prise du haut du vertugadin.
  • Château de Chantilly. Vue prise sur les bords du canal.
  • Chantilly. Vue de la grotte du jardin anglais.
  • Chantilly. Vue de la grange du jardin anglais.
  • Chantilly. Vue de la ménagerie.
  • Château de Chantilly. Vue prise de la pelouse.
  • Chantilly. Vue de la tête du Grand-Canal.

Apparat savant[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. On trouve également Bocquet, voire Boquer.
  2. Contrairement à ce que suggère l’homonymie, Marie-Rosalie Hallé n’était pas apparentée au peintre Noël Hallé[1],[2].
  3. Celui-là même qui avait déjà mené à Marly et à Louveciennes toute l’intrigue contre Madame du Barry.
  4. Carle Vernet intervint auprès de David, autrefois fort épris de Mme Chalgrin qui avait dédaigné ses avances. Après un refus initial, David fit quelques démarches et obtint sans peine la grâce tant souhaitée, mais par distraction, il garda pendant plusieurs jours dans sa poche l’ordre d’élargissement qui lui avait été remis, et, lorsqu’il y songea, il n’était plus temps, l’échafaud n’avait pas attendu[10].

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Neil Jeffares, « Dictionary of pastellists before 1800 : Online edition - Iconographical genealogies ».
  2. Geneviève Haroche-Bouzinac, Elisabeth Vigée-Lebrun, Paris, Gallimard, , 64 p., 18 cm (ISBN 978-2-07017-782-0, OCLC 964866764, lire en ligne), p. 540, note 19.
  3. L’Art et les artistes, vol. 12, (lire en ligne), p. 63.
  4. Xavier Salmon et Jean Pierre Babelon, Les Pastels, Paris, Réunion des musées nationaux, , 254 p. (ISBN 978-2-71183-552-2, lire en ligne), p. 76.
  5. Sara Gibbs Boush, Women Artists of the Eighteenth Century in France : A Compilation of Names and Works of Forty-nine Artists, with a Consideration of Some Problems of Social Context, Artistic Training, and Criticism, Madison, University of Wisconsin, Madison, , 304 p. (lire en ligne).
  6. Gérard Fabre, Joseph Boze, 1745-1826 : portraitiste de l’ancien régime à la restauration, Paris, Musée Ziem, , 263 p. (ISBN 978-2-85056-768-1, lire en ligne), p. 38.
  7. Anon., Lettre à M. le marquis de *** sur les peintures et sculptures exposées à l’hôtel de Jabac en 1774, par M. J..., de L’Académie de peinture et de sculpture de la ville de La Haye, Paris, cité par Jeffares, op. cit., (lire en ligne), p. 17f.
  8. Société historique d’Auteuil et de Passy, Bulletin de la Société historique d’Auteuil et de Passy, t. 12-13, Paris, (lire en ligne), p. 14.
  9. Caroline de Beaulieu, Les Grands Artistes du XVIIIe siècle : peintres, sculpteurs, musiciens, Paris, BnF collection ebooks, (1re éd. Paris, Bloud et Barral, 1887), xi-516, in-8o (ISBN 978-2-34601-939-7, OCLC 456913130, lire en ligne), p. 195.
  10. Armand Dayot, Carle Vernet : étude sur l’artiste, suivie d’un catalogue de l’œuvre gravé et lithographié et du catalogue de l’exposition rétrospective de 1925, Paris, Le Goupy, , 204 p. (lire en ligne), p. 38.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Olivier Blanc, Portraits de femmes, artistes et modèles à l’époque de Marie-Antoinette, Paris, Carpentier, 2006.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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