Roger Schaffter

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Roger Schaffter
Illustration.
Roger Schaffter, en 1979.
Fonctions
Conseiller communal de Porrentruy
Député à l'Assemblée constituante jurassienne
Député au parlement jurassien
Conseiller aux États
Législature 41e et 42e
Prédécesseur Aucun
(siège créé)
Successeur Jean-François Roth
Biographie
Nom de naissance Roger Schaffter
Date de naissance
Lieu de naissance Bâle
Date de décès (à 80 ans)
Lieu de décès Delémont
Nationalité suisse
Parti politique Parti démocrate-chrétien
Diplômé de Université de Berne
Université de Fribourg
Université de Neuchâtel
Profession Enseignant et journaliste
Religion Catholique
Résidence Porrentruy
Gênes

Roger Schaffter, né le à Bâle (originaire de Courtételle) et mort le à Delémont, est un journaliste suisse et une personnalité politique jurassienne, membre du parti Démocrate-chrétien et acteur séparatiste de la Question jurassienne. Il est considéré comme l’un des « pères » de la République et canton du Jura.

Connu pour avoir cofondé le Mouvement séparatiste jurassien, il a notamment été rédacteur en chef du journal Le Jura libre, secrétaire général du Mouvement séparatiste jurassien et conseiller aux États représentant le Jura.

Biographie[modifier | modifier le code]

Roger Schaffter est le fils de Joseph Schaffter, fonctionnaire des douanes, et de Valentine Beuchat, et le frère ainé de Joseph (1914-)[1]. Il passe son enfance à Porrentruy.

Après des études au collège Saint-Charles à Porrentruy, il obtient un diplôme de maître secondaire de l'Université de Berne, le 25 avril 1940, et devient enseignant à Porrentruy[2]. Il étudie également à l'Université de Fribourg, auprès de Gonzague de Reynold, et à l'Université de Neuchâtel, où il obtient une licence en lettres en 1960[1].

Le 2 septembre 1942, il fonde, avec Jean Cuttat et Pierre-Olivier Walzer, la Société d'édition des Portes de France qui se veut venir en aide à la France littéraire pendant la Seconde Guerre mondiale[1]. De plus, il écrit des textes dans ses heures perdues comme Amour, mon beau souci qui reçoit le Prix de littéraire de la Société jurassienne d'Émulation le 22 juillet 1947.

Lutte jurassienne[modifier | modifier le code]

À la suite de l'« affaire Moeckli »[N 1], Roger Schaffter, Daniel Charpilloz et Roland Béguelin décident de reprendre un mouvement séparatiste et fondent, le à Moutier, le deuxième Mouvement séparatiste jurassien (MSJ), dont il devient le secrétaire général. Le mouvement se donne pour but l'indépendance de la partie francophone du Jura vis-à-vis du canton de Berne et la création d'un nouveau canton au sein de la Confédération. Dans la foulée, la société coopérative du Jura Libre est créée le par Roger Schaffter, Roland Béguelin et Roger Chatelain[3]. Cette société d'édition publiera leur nouveau journal de propagande séparatiste Le Jura Libre dont Roger Schaffter devient le premier rédacteur en chef. Membre du parti démocrate-chrétien (PDC), il est élu, le 4 mars de la même année, conseiller communal de Porrentruy et le restera jusqu'en 1949[N 2],[2].

En , il est nommé directeur de l'École suisse de Gênes[1]. De ce fait, le , il laisse sa place de rédacteur en chef du Jura Libre à Roland Béguelin et prend le poste de rédacteur-adjoint[4],[1]. Le 1er octobre, il laisse sa fonction de secrétaire général du Mouvement séparatiste jurassien à Pierre Billieux.

En 1954, il quitte son poste à Gênes et revient vivre dans le Jura où il devient rédacteur en chef du journal Curieux jusqu'en 1956[N 3]. Il collabore également avec plusieurs journaux, dont Le Pays.

En 1956, il quitte son poste de rédacteur en chef de Curieux et décide de revenir dans l'enseignement. Cependant, défendant la cause jurassienne et son indépendance vis-à-vis du canton de Berne, les autorités bernoises ne lui accordent aucun poste. Roger Schaffter est contraint d'enseigner à Neuchâtel pour pouvoir travailler et devient, en 1957, professeur secondaire à l'École supérieure de commerce[5]. L'année suivante, il fonde, avec Roland Béguelin, les Éditions de la Bibliothèque jurassienne qui a pour but de diffuser la culture et l'histoire jurassienne[1].

En 1969, sous pression entre les séparatistes, antiséparatistes et la Confédération, le Conseil-exécutif bernois est contraint de déposer au Grand Conseil bernois une disposition constitutionnelle rendant possible l'organisation d'un plébiscite dans le Jura[6]. L'additif constitutionnel passe alors en votation populaire cantonale et est accepté le 1er mars 1970[7]. Publié le 10 mars 1970, l'additif détermine les modalités d'une procédure d'autodétermination dans le Jura en trois étapes de « votation en cascade », appelées plébiscite jurassien[8]. Lors du premier plébiscite du , le résultat est favorable à la création d'un nouveau canton. La population pro-jurassienne rejoint la place devant l'Hôtel-de-Ville de Delémont, à 20:00, où sont annoncés les résultats par Germain Donzé, Roland Béguelin, Roger Schaffter et François Lachat[9].

« Il pleut la liberté ! »

— Roger Schaffter, Dimanche 23 juin 1974, au balcon de l'Hotel-de-Ville de Delémont (BE)

Cependant, lors du deuxième plébiscite organisé le et le , les quatre districts de Moutier, Courtelary, La Neuveville et Laufon décident de demeurer dans le canton de Berne. Les résultats du troisième plébiscite des 7 et 14 septembre et des 19 et 26 octobre 1975 n'arrangent rien.

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Assemblée constituante[modifier | modifier le code]

À la suite des résultats favorables pour la création d'une République et Canton du Jura, l'Assemblée constituante jurassienne est créée pour élaborer la Constitution du nouveau canton. Roger Schaffter y est élu député constituant le 21 mars 1976 et obtient le meilleur résultat de vote[10]. Il préside également la séance inaugurale. L'Assemblée inaugure ses travaux le [N 4]. Lors de la rédaction de la Constitution jurassienne, Roger Schaffter défendra des sujets comme : la condamnation des procédures de mise au secret, le maintien des préfectures dans le futur canton, l'inscription du droit de vote des étrangers dans la Constitution jurassienne ou encore les droits politiques aux Jurassiens de l'extérieur[2]. La nouvelle Constitution est acceptée en votation par la population jurassienne le et les travaux de l'Assemblée constituante se terminent le [11].

Conseiller aux États[modifier | modifier le code]

Après que la République et canton du Jura a obtenu son indépendance au niveau fédéral avec la votation populaire fédérale du , Roger Schaffter est élu, avec Pierre Gassmann (de), conseiller aux États représentant le Jura. Cependant, le 19 novembre 1978, Roger Schaffter est également élu au Parlement jurassien : il siègera seulement deux mois au Parlement jurassien avant de décider de siéger au Conseil des États[12].

Dès l'entrée en souveraineté de la République et canton du Jura le , Roger Schaffter comprend qu'il faut à présent que les autorités jurassiennes s'introduisent dans le système politique suisse traditionnel. En effet, contraint par sa Constitution de se fondre dans le moule de la Confédération, le Gouvernement et le Parlement jurassien deviennent moins virulent. Ces derniers, afin de ne pas attiser les tensions, décide d'utiliser le dialogue et la réconciliation afin de séduire les antiséparatistes du Jura bernois et le Conseil-exécutif bernois tout en gardant le même objectif que les mouvements séparatistes : la réunification. Roland Béguelin y voit alors un acte de lâcheté et ne cachait pas sa consternation et sa colère à l'encontre du Gouvernement jurassien. Roger Schaffter, n'étant pas d'accord avec Roland Béguelin quitte ses fonctions de vice-président et membre du Rassemblement jurassien. Les rapports entre lui et Roland Béguelin, sur la vision future du canton, se sont alors détériorés[13]. La même année, il quitte sa fonction de professeur à Neuchâtel pour se consacrer à sa vie politique.

Roger Schaffter et Pierre Gassmann (de), le 11 novembre 1986, dans la salle du Conseil national.

Le 29 novembre 1978, il est élu tacitement au Conseil des États. Il y siégera du au lors des 41e et 42e législatures de l'Assemblée fédérale[N 5]. Il y sera président de la commission de la science et de la recherche. Il est battu, le 18 octobre 1987, par son collègue de parti, Jean-François Roth. Lors de son mandat de presque neuf ans, Roger Schaffter a défendu des sujets comme : le soutien à l'élevage de chevaux race Franches-Montagnes[2]. Il était également secrétaire général du groupe de concertation des cantons limitrophes de la France puis délégué à la coopération de la République et Canton du Jura du 11 janvier 1979 à 1982[14].

Le 28 avril 1986, Roger Schaffter est élu président d'Helvetia latina.

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Roger Schaffter meurt le 13 février 1998 à Delémont à l'âge de 80 ans. Il repose au cimetière de Delémont[15].

Œuvres écrites[modifier | modifier le code]

La Nouvelle Rauracienne[modifier | modifier le code]

En 1950, Roland Béguelin et Roger Schaffter, reprennent, avec plusieurs modifications, la chanson populaire La Rauracienne écrite par Xavier Stockmar en 1830. La nouvelle chanson est renommée La Nouvelle Rauracienne et est proclamée hymne des séparatistes jurassiens.

La chanson est promulguée « hymne officiel de la République et Canton du Jura » le par le Parlement jurassien[16].

Publications[modifier | modifier le code]

Roger Schaffter a publié quelques ouvrages littéraires, dont[2] :

  • 1963 : Comment résoudre la Question jurassienne (avec R. Béguelin) ;
  • 1964 : Berne à l'heure du choix, (avec R. Béguelin).

Distinctions[modifier | modifier le code]

Roger Schaffter reçoit de quelques distinctions au cours de sa vie[2] :

  • 22 juillet 1947 : Prix littéraire de la Société jurassienne d'Emulation pour Amour, mon beau souci ;
  • 25 avril 1965 : Médaille française Arts-Sciences-Lettres ;
  • 12 avril 1973 : Grand prix du Jura Libre ;
  • 29 avril 1994 : Bourgeois d'honneur de la ville de Porrentruy.

Hommages[modifier | modifier le code]

Le Mouvement autonomiste jurassien rend très souvent hommage à Roger Schaffter, lors des commémorations de sa naissance ou de son décès[15].

Panneau de la Place Roger-Schaffter à Saint-Ursanne.

Plusieurs villages et villes ont donnée le nom de Roger Schaffter à l'une de leurs places ou rues. En voici une liste non exhaustive[2] :

  • 23 juin 1999 : Rue Roger Schaffter à Vellerat ;
  • 23 juin 2000 : Place Roger Schaffter à Saint-Ursanne ;
  • 8 septembre 2001 : Place Roger Schaffter à Delémont ;
  • 22 juin 2004 : Place Roger Schaffter à Alle.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Roger Schaffter épouse Suzanne Amuat en 1949 avec qui il a trois enfants[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le refus du Parlement bernois d'attribuer le Département des travaux publics à Georges Moeckli, jurassien francophone, car celui-ci ne sait « pas assez bien l'allemand » déclenche, en septembre 1947, l'« affaire Moeckli », qui relance la Question jurassienne.
  2. Il y est réélu le 4 mars 1948 et le 28 novembre 1948.
  3. Il y signait régulièrement une chronique sous le pseudonyme de Pertinax.
  4. Roger Schaffter, fut dès 1977, président de la Commission Information et Relations publiques de la Constituante.
  5. Il y sera réélu le 23 octobre 1983.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Claude Hauser, « Schaffter, Roger » Accès libre, sur hls-dhs-dss.ch, (consulté le )
  2. a b c d e f et g Chronologie jurassienne, « Schaffter, Roger » Accès libre, sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  3. Chronologie jurassienne, « Le Jura Libre » Accès libre, sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  4. Mouvement autonomiste jurassien (MAJ), « Les secrétaires généraux du Rassemblement jurassien » Accès libre, sur www.maj.ch (consulté le )
  5. Nicolas Willemin, « Roger Schaffter, un des pères du canton du Jura, était en exil à Neuchâtel » Accès payant, sur arcinfo.ch, (consulté le )
  6. Chronologie jurassienne, « Dispositions constitutionnelles Jura 1970 » Accès libre, sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  7. Tribunal fédéral, « Extrait de l'arrêt de la Ire Cour de droit public du 13 mars 1991 dans la cause Canton du Jura contre Canton de Berne (réclamation de droit public) » Accès libre, sur www.bger.ch, (consulté le )
  8. Chronologie jurassienne, « chronologie : Problème jurassien » Accès libre, sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  9. « Il pleut la liberté ! vidéo des discours suite aux résultats du plébiscite jurassien du 23 juin 1974 à 20:00 » Accès libre, sur rts.ch, (consulté le )
  10. Jean-Pierre Molliet, Les événements qui ont modelé l'Histoire jurassienne, Delémont, D+P SA, , 180 p. (ISBN 978-2-9701182-1-3), p. 78-79
  11. Jean-Pierre Molliet, Les événements qui ont modelé l'Histoire jurassienne, Delémont, D+P SA, , 180 p. (ISBN 978-2-9701182-1-3), p. 80-81
  12. a et b Emma Chatelain, « Schaffter, Roger (1917-1998) » Accès libre, sur www.diju.ch, (consulté le )
  13. Serge Jubin, « Le Jura et l'héritage contrasté de Roland Béguelin », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne Accès limité, consulté le )
  14. « Base de données sur les Élites suisses au XXe siècle », sur www2.unil.ch (consulté le )
  15. a et b Radio Fréquence Jura (RFJ), « Hommage entre souvenirs et émotion » Accès libre, sur www.rfj.ch, (consulté le )
  16. Arrêté proclamant la Nouvelle Rauracienne hymne officiel de la République et Canton du Jura sur le site du canton du Jura.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens Externes[modifier | modifier le code]

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