Raoul d'Anquetonville

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Raoul d'Anquetonville
Titres de noblesse
Ecuyer
Biographie
Décès
Allégeance
Appartenance ethno-culturelle

Raoul d'Anquetonville ou d'Auquetonville, mort en 1413 à Bruges, est un noble normand qui est au service des ducs de Bourgogne. Financier peu scrupuleux, il assassine Louis d'Orléans, le , sur ordre de Jean sans Peur.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Le nom de famille de Raoul d'Anquetonville est parfois aussi orthographié Aquetonville, Auquetonville ou Octonville. Il provient d'Ancteville, dans le département de la Manche[1].

Plusieurs membres de cette famille sont connus au XIVe siècle. Raoul d'Anquetonville, châtelain de Vire en 1378[1], est cité jusqu'en 1383[2]. Il pourrait être le père de Raoul d'Anquetonville qui assassine Louis Ier d'Orléans[3]. D'autres membres de cette famille apparaissent dans les sources. Foulques d'Anquetonville est secrétaire de Louis duc d'Orléans puis du roi. Il est seigneur d'Anquetonville en 1400. Jean d'Anquetonville apparaît en 1398-1400, comme maire de Bur-le-Roi, dans la commune actuelle de Noron-l'Abbaye et comme écuyer d'écurie du roi[2]. Il est peut-être frère de Raoul[3].

Protégé des ducs de Bourgogne[modifier | modifier le code]

On ignore la date de naissance de Raoul d'Anquetonville[3]. Il est cité pour la première fois en 1383, à l'ost de Bourbourg, dans la suite de Philippe le Hardi[4]. En 1390, il est écuyer d'écurie du roi[3],[5] et part en mission en Écosse pour recruter cent vingt archers[3]. Il est ensuite capitaine de Pont-d'Ouve, pont fortifié à l'entrée des marais du Cotentin, dans la commune contemporaine de Saint-Côme-du-Mont[3]. En 1396, il joue un rôle dans la constitution de la dot d'Isabelle de France[4].

En septembre 1398, Raoul d'Anquetonville devient un des trois généraux conseillers sur le fait des aides[5],[4], sans doute grâce à Philippe le Hardi[6]. Il est disgracié en 1401 pour une affaire de détournement de fonds[4] : il prétend avoir bénéficié d'un don de la reine Isabeau de Bavière, pour qui il s'agissait d'un prêt dont elle réclame restitution. Raoul d'Anquetonville est condamné par le Parlement le à rembourser la somme due et déchu de ses charges[7],[5].

Malgré cette condamnation, Raoul d'Anquetonville est nommé trésorier de France le , grâce à la protection de Philippe le Hardi[8],[5],[4]. C'est ce dernier qui impose Raoul d'Anquetonville à la Chambre des comptes, qui d'abord le refuse. Raoul d'Anquetonville conserve cette fonction jusqu'en 1404[8],[9]. Il est en effet révoqué après la mort de Philippe le Hardi, mais il reste au service de son fils Jean sans Peur, comme écuyer d'écurie[8],[9],[4].

En , Raoul d'Anquetonville est de nouveau condamné à payer une dette. Il semble bien qu'il est souvent à court d'argent et qu'il vit d'expédients[10],[5]. Il est aux abois et prêt à tout pour se sortir de sa mauvaise situation financière[9].

L'assassinat[modifier | modifier le code]

Maître de la Chronique d'Angleterre, Assassinat du duc Louis d'Orléans, enluminure, vers 1470 ?-1480 ?, Enguerrand de Monstrelet, Chroniques (abrégé), vers 1470-1480, Mss, fr. 2680, Paris, Bibliothèque nationale de France.
Entrée de l'impasse des Arbalétriers (2014) avec une borne historique rappelant le meurtre de Louis d'Orléans en 1407.

Sur ordre de Jean sans Peur, Raoul d'Anquetonville prépare l'assassinat de Louis Ier d'Orléans[11],[9],[12]. En , Raoul d'Anquetonville tente sans succès de louer une maison près de l'hôtel royal[9],[4]. Le , il reçoit 100 écus de Jean sans Peur[10]. Il réussit finalement en novembre à louer l'hôtel à l'Image de Notre-Dame dans la rue Vieille-du-Temple[11],[4].

Le , un groupe d'une quinzaine de tueurs dirigés par Raoul d'Anquetonville y attendent le passage du duc d'Orléans, alors qu'il sort de l'hôtel Barbette. Louis d'Orléans vient de rendre visite à la reine, qui a accouché deux semaines auparavant. Un de ses serviteurs, Thomas Courteheuse, l'attire dans le guet-apens en lui disant que le roi le demande. Son escorte est peu nombreuse et les tueurs l'assassinent dans la rue[13],[4].

Ils l'attendent en cachant leurs armes. Quand Louis passe devant eux, l'un d'eux crie : « À mort ! À mort ! » et le frappe d'un coup de hache. Louis d'Orléans, touché à la main, s'écrie : « Je suis le duc d'Orléans ! ». Les assassins rétorquent : « C'est ce que nous demandons ! », le font tomber de sa mule et le frappent mortellement[14].

Le prix de l'assassinat[modifier | modifier le code]

Raoul d'Anquetonville se réfugie ensuite en Flandre[15],[4]. Dans le groupe d'assassins, il est celui qui tire le plus profit de l'attentat[16]. Il reçoit d'abord un traitement de 50 francs par mois et de nombreux dons, conséquents, en 1408 et en 1409[17],[18]. Ensuite, le , Jean sans Peur lui institue une pension annuelle et viagère de 1 200 francs, en considération « des grans et notables services que son amé et féal escuyer d'escuierye Raoulet d'Anquetonville » lui a rendus et pour l'avoir préservé « d'encourir mort cruelle »[19],[20].

Au printemps 1409, Jean sans Peur nomme Raoul d'Anquetonville châtelain de Beveren. Il s'agit, là encore, de le récompenser en lui assurant des revenus. Il est remplacé à la fin de l'année 1410 par Pierre des Essarts[21].

Raoul d'Anquetonville meurt de mort naturelle à Bruges en 1413[18],[4]. Sa fille est encore attestée dans le Cotentin en 1453 dans un procès qui concerne un ancien fief de son père[4].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Mirot 1911, p. 445.
  2. a et b Mirot 1911, p. 446.
  3. a b c d e et f Mirot 1911, p. 447.
  4. a b c d e f g h i j k et l Moeglin 2023, p. 42.
  5. a b c d et e Schnerb 2005, p. 230.
  6. Mirot 1911, p. 448.
  7. Mirot 1911, p. 449.
  8. a b et c Mirot 1911, p. 451.
  9. a b c d et e Schnerb 2005, p. 231.
  10. a et b Mirot 1911, p. 452.
  11. a et b Mirot 1911, p. 453.
  12. Hubert Carrier, « Les dénominations de Jean sans Peur : entre violence acceptée et réprouvée », dans François Foronda, Christine Barralis, Bénédicte Sère (dir.), Violences souveraines au Moyen Âge. Travaux d’une École historique, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Le Noeud Gordien », , 284 p. (ISBN 9782130573630, lire en ligne), p. 113-122.
  13. Schnerb 2005, p. 208-209.
  14. Schnerb 2005, p. 209.
  15. Schnerb 2005, p. 216.
  16. Mirot 1911, p. 454.
  17. Mirot 1911, p. 456.
  18. a et b Schnerb 2005, p. 232.
  19. Mirot 1911, p. 457-458.
  20. Schnerb 2005, p. 219.
  21. Bert Verwerft, « La guerre entre Armagnacs et Bourguignons vue de Beveren: », Revue du Nord, vol. n° 438, no 1,‎ , p. 7–19 (ISSN 0035-2624, DOI 10.3917/rdn.438.0007, lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]