Pierre Mabille

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Pierre Mabille
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Biographie
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 48 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Médecin écrivain, médecin, chirurgien, écrivainVoir et modifier les données sur Wikidata

Pierre Mabille est un médecin et écrivain français, né le à Reims[1], mort le (à 48 ans) à Paris. Professeur à l'École d'anthropologie de Paris, il fut un proche d'André Breton, du surréalisme, et notamment du médecin de Man'ha Garreau-Dombasle. Il fut un adepte de l'hermétisme et défenseur de l'imaginaire, et ses ouvrages se situent au carrefour de l'anthropologie, de la sociologie, de la poésie et de la médecine. Qualifié par André Breton d'« homme de grand conseil », il tente dans ses livres une approche de la totalité de l'homme et des civilisations[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Interne des hôpitaux de Paris, chef de clinique (1931) puis chirurgien, il devient membre du groupe surréaliste en 1934 et collabore à la revue Minotaure[2].

Pierre Mabille est l'inventeur, en médecine, du « Test du village », sur lequel le peintre et réalisateur belge Jean Raine a réalisé un film documentaire[3].

En , Mabille accueille André Breton, démobilisé en zone non-occupée, à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), puis Jacqueline Lamba et leur fille Aube, dont il fut le médecin-accoucheur en .

Pierre Mabille est en 1945 à Haïti où il fonde l'Institut français (qui existe encore sur le même site) et lance la revue culturelle franco-haïtienne Conjonctions, qui paraîtra jusqu'en 2018 sous la direction de l'Institut français. En , Breton le retrouve à Haïti. Mabille, alors conseiller culturel de l'ambassade de France à Port-au-Prince, lui offre l'occasion d'assister à des cérémonies vaudoues. À la suite d'une révolution provoquée en partie par la visite de Breton, Mabille est relevé de ses fonctions par le consulat de France en [4].

De retour en France, en 1948, Pierre Mabille collabore à la revue surréaliste Néon.

Il meurt subitement le , vers 15 h 30, alors qu'il examine un malade. La cause est probablement un accident vasculaire cérébral[5]. Il avait 48 ans.

Œuvre écrite[modifier | modifier le code]

  • La Construction de l'homme (Paris, Flory, 1936) appelle à une réconciliation du microcosme et du macrocosme dans une destinée où l'individu s'émanciperait d'une civilisation qui l'entrave et l'aliène[2].
  • Thérèse de Lisieux (Paris, Corti, 1936) est une étude médico-psychologique de la sainte « dont l'évolution tout entière est dessinée par la pathologie[6] ». Cet ouvrage a été réédité en 1975 par les éditions du Sagittaire, en 1978 par les éditions Denoël, et en 1996 par les éditions Allia.
  • Le Miroir du Merveilleux (1940) est une anthologie surréaliste, illustrée par Yves Tanguy et André Masson ; repris en 1962 par les Éditions de Minuit avec une préface d’André Breton et des illustrations par Max Ernst, Victor Brauner, Jacques Hérold, Wifredo Lam et Matta.

Citations[modifier | modifier le code]

« Cessez d'opter sans raison valable pour la matière sans espoir comme le demandent les matérialistes attardés ou pour une spiritualité illusoire en suivant les conseils des religions chrétiennes... Dirigez-vous, au contraire, vers l'unité de votre être. Soyez apôtre d'un amour difficile mais toujours possible, qui modèle des formes de vie plus large et qui soit la réelle assurance du progrès individuel contre la mort. »

— Pierre Mabille, Thérèse de Lisieux, 1937

« Je tiens la pensée comme participant de la réalité cosmique générale, notre représentation comme témoignage des objets, les idées comme existant dans les choses. »

— Pierre Mabille, Égrégores ou la Vie des civilisations, 1938

Appréciation[modifier | modifier le code]

« La quête de Pierre Mabille est celle d'une pensée globale, qui ne soit pas, comme dans les savoirs spécialisés, séparée de la vie. Son matérialisme est intégral... Il s'agit d'en revenir à la nature fondamentale des êtres et des choses.[...] L'analyse des mécanismes qui répriment chacun au nom du bien public n'est qu'un constat d'aliénation dès l'instant qu'elle ne se fonde sur la réalisation à laquelle l'homme concret aspire. Ainsi Mabille examine-t-il comment une société destinée à libérer l'homme des terreurs héritées du monde animal produit à son tour une terreur sociale qui empêche l'épanouissement des qualités humaines[2]. »

— Raoul Vaneigem, Universalis

Publications[modifier | modifier le code]

  • La Construction de l'homme, Paris, Jean Flory, 1936
  • Thérèse de Lisieux, Paris, José Corti,1936 ; rééditions : Le Sagittaire, 1975 (postface de Radovan Ivsic); Denoêl, 1978 ; Allia, 1996 (ISBN 9782911188190)
  • La Conscience lumineuse, Paris, Skira, 1938 ; réédition augmentée : Conscience lumieuse conscience picturale, Paris, José Corti, 1989 (ISBN 9782714303301)
  • Égrégores ou la Vie des civilisations, Paris, Jean Flory, 1938 ; réédition Le Sagittaire, 1977 (préface de Radovan Ivsic) ; Marseille, Égrégores Éditions, Jean-Michel Place, 2005 (ISBN 9782952381918)
  • Le Miroir du merveilleux, précédé d'un poème d’André Breton, avec 7 dessins originaux d'André Masson, couverture ornée d'un dessin d'Yves Tanguy, Paris, Le Sagittaire, 1940 ; réédition Paris, Les Éditions de Minuit, 1962 (avec une préface d'André Breton, et cinq gravures originales hors-texte par Max Ernst, Victor Brauner, Jacques Hérold, Wifredo Lam et Matta) ; rééd. 1977 (illustration d'André Masson).
  • Le Merveilleux, Les Éditions des Quatre vents, Paris, 1946 ; rééditions : Paris, Pierre Jean Oswald, 1977 (frontispice de Jacques Hérold, dessin en couverture de Victor Brauner, préface de Luc de Heusch); Fontfroide, Fata Morgana, 1992.
  • Initiation à la connaissance de l'homme, Paris, Presses universitaires de France, 1949 [rééd. de La Construction de l'homme, 1936]
  • La Technique du test du village, Paris, Revue de Morpho-physiologie humaine, 1950 ; rééditions : La Roche Éditions, 1975 ; Cœuvres, Ressouvenances, 2012.
  • La Jungle, in Revue Tropiques n° 12, Fort-de-France, janvier 1945.
  • Souvenirs d'Haïti, in Revue 84 n° 17, Paris, janvier-février 1951.
  • Nostradamus, ses prophéties, son temps, in Revue Inconnues, vol.10, Lausanne, 1955.
  • Traversées de nuit, Paris, Plasma, 1981.
  • Messages de l'étranger, Paris, Plasma, 1981.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michel Rémy, auteur de la notice biographique dans le « Dictionnaire du surréalisme… », indique Paris comme lieu de naissance, op. cité, p. 252.
  2. a b c et d Mabille par Vaneigem sur Universalis (accès limité).
  3. [vidéo] Le film Le Test du village
  4. Mark Polizzotti, André Breton, Gallimard, 1999, p. 608.
  5. Jean Prieur, Les « Morts » ont donné signes de vie, Paris, ed. Fernand Lanore, 1984, p. 86-87.
  6. Mabille, Pierre., Thérèse de Lisieux, Paris, José Corti (rééd. Allia), 1937 (rééd. 1996), 140 p. (ISBN 2-911188-19-5 et 978-2-911188-19-0, OCLC 40417168, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Adam Biro et René Passeron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Office du livre, Fribourg, Suisse, et Presses universitaires de France, Paris, 1982, page 252.
  • Rémy Laville, Pierre Mabille, un compagnon du surréalisme, Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 1983, (ISBN 9782845160279)
  • Andrea Calì, Andrea D'Urso - Théorie et écritures surréalistes, avec un texte de Pierre Mabille inedit en français, Lecce, Pensa Multimedia, 2012.
  • Patrick Négrier, "Pierre Mabille : médecin-philosophe, franc-maçon et surréaliste" sur le site internet Hiram.be

Liens externes[modifier | modifier le code]