Pierre Chabert (écrivain provençal)

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Mont Coudon, au pied duquel se trouve La Valette

Pierre Chabert - ou, en langue d'oc, Pèire Chabert - (lui signe Peiré dans son poème L'Houstaou de Neptuno, à une époque dépourvue de norme graphique en provençal) est un écrivain provençal de langue d'oc du XVIIe originaire de La Valette (actuellement La Valette-du-Var), près de Toulon.

Un certain nombre de ses poèmes ont été publiés en 1997 par Philippe Blanchet et par Roger Gensollen. Ils sont écrits dans une langue soignée et précieuse, exemple précoce de provençal maritime varois moderne différencié de la langue de la Renaissance.

Ces deux critiques de langue d'oc situent la naissance de l'auteur entre 1610 et 1630 et son décès aux entre 1700 et 1720. Peu de documents directs et explicites renseignent sur la vie de Chabert, et les informations que l'on peut glaner confirment ce que la qualité et le style de ses compositions suggèrent : un homme trilingue français provençal latin, ayant suivi des études supérieures, cultivé et au fait des goûts de son temps, notable de sa ville où il reçoit le mandat de consul.

L houstau de Neptuno[modifier | modifier le code]

Provençal (graphie de l'auteur) Provençal (Norme mistralienne) Provençal (Norme classique) Français

L houstau de Neptuno
Vn jour qu'eri fouart pensatiq,
Et ravant, como-un Fantastiq,
Mi proumenavi-a la campagno,
Fasen de Casteus en Espagno ;
Et moun esprit leugierament,
Voulavo, jusqu-au Firmament.
Veniou de legi d escrituros,
Vounte l'-i-avié proun d'aventuros,
Que mi rendien tant ennuyous,
Qu'auriou vougut fini mei jous.
En ressarquan cauvos Semblablos,
N'a que v'estimoun tot de fablos ;
Mai, apres ceque vous dirai,
Poudés creiré qu'es tout verai.[...]

L'oustau de Neptuno
Un jour qu'èri fouart pensati,
E ravant, coumo un Fantasti,
Mi proumenàvi à la campagno,
Fasent de Castèu en Espagno ;
E moun esprit lougieramen,
Voulavo, jusqu' au Firmamen.
Veniéu de legi d'escrituro,
Vounte li avié proun d'aventuro,
Que mi rendien tant enuious,
Qu'auriéu vougu fini mei jour.
En reçarcan cauvo Semblablo,
N' a que v' estimon tout de fablo ;
Mai, après ce que vous dirai,
Poudès crèire qu'es tout verai.[...]

L'ostau de Neptune
Un jorn qu'èri fòrt pensatic,
E revant, coma un Fantastic,
Me promenavi a la campanha,
Fasent de Castèus en Espanha ;
E mon esprit leugierament,
Volava, jusqu'au Firmament.
Veniáu de legir d'escrituras,
Vonte li aviá pron d'aventuras,
Que me rendián tant enuiós,
Qu'auriáu vogut finir mei jorns.
En recercant cauvas Semblablas,
N'a que v'estimon tot de fablas ;
Mai, après ce que vos dirai,
Podètz creire qu'es tot verai.[...]

La maison de Neptune
Un jour où j'étais pensif,
Et rêveur comme un farfadet,
Je me promenais à la campagne,
En bâtissant des chateaux en Espagne ;
Et mon esprit légèrement,
S'envolait jusqu'au Firmament.
Je venais de lire des écritures,
Qui contenaient un certain nombre d'aventures,
Qui m'ennuyaient au point,
Que j'aurais voulu finir mes jours.
En recherchant de pareilles choses,
Certains estiment que tout n'est qu'affabulation ;
Mais, après ce que je vous dirai,
Vous pouvez croire que tout est vrai.[...]

Édition[modifier | modifier le code]

  • Poèmes provençaux de Pierre Chabert. Marseille : Autres Temps, 1997. Édition critique de Philippe Blanchet et de Roger Gensollen.

Articles connexes[modifier | modifier le code]