Pierre Balguerie-Stuttenberg

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Pierre Balguerie-Stuttenberg
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Pierre Balguerie
Nationalité
Française
Activités
Fratrie
Conjoint
Sophie-Suzanne Stuttenberg (1791-1837)
Parentèle
Jean-Étienne Balguerie
Pierre Balguerie (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Propriétaire de

Pierre Balguerie-Stuttenberg, né le à Aiguillon (Lot-et-Garonne) et mort le à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), est un négociant, armateur et banquier bordelais.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille et jeunesse[modifier | modifier le code]

Il est le fils de Jean-Pierre Balguerie de Blanchon (1731-1806) et Marie-Margueritte Corrégeolles (1746-1833). Le premier, issu de la branche agenaise des Balguerie de Ramond, était négociant et pratiquait le négoce colonial. Ruiné par la Révolution et la révolte des esclaves à Saint-Domingue, il s'est retiré en 1793 sur ses terres à Galapian près d’Aiguillon en Agenais. Sa mère quant à elle, était une créole de Saint-Domingue, fille de Jean Isaac Corrégeolles, négociant bordelais et propriétaire d'une "habitation" à Saint-Domingue[1],[2].

Il a pour frères aînés Jean-Isaac (1771-1855) et Jacques dit Belisle (1773-1850)[3]

Pierre Balguerie rentre en , à 19 ans, comme apprenti, dans la maison Biré & Verdonnet (dirigé par Louis Biré et David Verdonnet) qui vendait des toiles à Bordeaux. En 1805, il devient le directeur de la maison lorsque ses patrons se retirent des affaires.

En 1809, il épouse Sophie-Suzanne Stuttenberg (1791-1837), fille d'un puissant négociant en vin, venu quarante ans plus tôt de Hambourg. Le couple Balguerie-Stuttenberg a trois filles : Henriette Balguerie-Stuttenberg (1810-1851, qui épouse Charles-Alexandre de Bethmann), Clémence Balguerie-Stuttenberg (née en 1812, elle épouse Édouard de Boisgérard en 1859) et Marie Balguerie-Stuttenberg (1823-1842)[4].

Négoce et armement[modifier | modifier le code]

Sous l'Empire, au commerce de la toile, il ajoute celui du vin, de la spéculation sur les denrées coloniales et l'armement de navires. Pierre Balguerie, associé avec le baron Jean-Auguste Sarget de la Fontaine et David-Jean Verdonnet, crée la société Balguerie, Sarget & Compagnie.

En 1812, la société achète aux enchères le Château Gruaud Larose dans le Médoc[5].

Tentative d'expédition négrière[modifier | modifier le code]

À la fin de l'année 1814, la société Balguerie, Sarget & Compagnie, fait construire et armer un navire, l'Africain, pour se lancer dans la traite négrière[6]. Mais bien que l'expédition soit finie d'être préparée, le projet n'aboutira pas en raison des mesures prises durant les Cent-Jours et de la Deuxième Restauration, qui interdiront la traite en 1815, et cela malgré les suppliques de Balguerie et Sarget auprès du directeur des colonies Pierre-Barthélémy Portal : "Notre navire reste tout prêt à mettre à la voile parce que notre cause est si bonne et si juste, que nous ne pouvons nous refuser à l'espoir que le nouveau traité ratifiera les dispositions de celui de Paris relativement au commerce de la cote d'Afrique ou qu'au moins une expédition comme la nôtre depuis si longtemps, si régulièrement faite et prête à mettre à la voile, obtiendra une juste exception, ou de bien justes indemnités" (courrier du )[7].

Banquier[modifier | modifier le code]

Sous la Restauration, il fonde avec Daniel Guestier, Paul Portal et William Johnston, la Banque de Bordeaux. Celle-ci sera installée dans l'hôtel Feger-Latour, avant d'être absorbée en 1848 par la Banque de France.

Il crée la caisse d'épargne et de prévoyance. En 1824, il distribue une partie de ses bénéfices aux pauvres[8].

Construction du pont de pierre[modifier | modifier le code]

En 1816, Pierre Balguerie-Stuttenberg prend la tête d'une association d'armateurs et de négociants bordelais afin de construire le pont de pierre, dont la construction nécessitait un financement complémentaire à celui de l'état. L'association propose au gouvernement d'apporter 2 millions de francs pour continuer les travaux. En échange, une concession de l'exploitation du pont serait accordée pendant 99 ans avec un droit de péage. L'état accepte cette offre. En , la Compagnie du pont de Bordeaux est créée. Elle est présidée par Balguerie-Stuttenberg[9].

En 1820, le frère aîné de Pierre Balguerie-Stuttenberg, Jean-Isaac Balguerie (1771-1855) succède à Sarget, et la société Balguerie, Sarget & Compagnie prend le nom de maison Balguerie & Compagnie.

Décès[modifier | modifier le code]

Après le décès prématuré de Pierre Balguerie-Stuttenberg en 1825, la maison Balguerie & Compagnie est dirigée au par un collège composé de Jean-Isaac Balguerie, du fils de ce dernier Adolphe Balguerie (1800-1876), du vieux et riche négociant allemand des Chartrons, Vincent Pöhls (1755-1840) et de deux autres négociants. Adolphe put réaliser un grand mariage en 1829, en obtenant la main de la fille de Jean-Jacques Bosc, Laure (1808-1876). La société tirait profit d'une filiale au Havre, dirigée par le frère cadet d'Adolphe, Pierre-Jules Balguerie (1802-1848) qui lui aussi fit un grand mariage en 1831 avec Jenny d'Egmont (1812-1895)[10].

En 1826, les trois filles de Pierre Balguerie-Stuttenberg (Henriette, Clémence et Marie), ainsi que ses deux frères et sa sœur (Jean-Isaac, Jacques et Marie), toucheront les indemnités versées aux anciens propriétaires d'esclaves, pour la plantation familiale située à Saint-Domingue[11].

Buste de Balguerie-Stuttenberg par Maggesi.

Hommages et critiques[modifier | modifier le code]

À Bordeaux, un cours porte le nom de Balguerie-Stuttenberg. Depuis 2009, Karfa Diallo et son association Mémoires et Partages, demandent l'installation d'une plaque explicative pour rappeler la tentative d'expédition négrière de Pierre Balguerie[12].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Alexandre Ducourneau, La Guienne Historique et Monumentale, vol. 1, Bordeaux, P. Coudert, , 511 p. (disponible sur Internet Archive), pages 210-215.
  • Joinville, Pierre de 18..-19.., L'armateur Balguerie-Stuttenberg et son œuvre, Paris, H. Champion, , 485 p. (lire en ligne)

Références[modifier | modifier le code]

  1. Voir Butel, 2008 Dynasties bordelaises p. 206
  2. Voir Saugera, 2002 Bordeaux, port négrier p. 147.
  3. « Généalogie de Balguerie », sur pastellists.com (consulté le ))
  4. Balguérie, Pierre-Jules (1802-1848) et sa famille
  5. Château Gruaud-Larose
  6. Voir l'article suivant au sujet du rôle de Balguerie-stuttenberg dans la traite négrière (« Bordeaux, la difficile mémoire de l’esclavage », sur rue89bordeaux.com, (consulté le )).
  7. Voir Saugera, 2002 Bordeaux, port négrier pp. 146-151.
  8. Bordeaux au XIXe siècle
  9. Structurae Construction du Pont de Pierre
  10. Voir Butel, 2008 Dynasties bordelaises pp. 213-214
  11. « Repairs - Balguerie », sur esclavage-indemnites.fr (consulté le )
  12. Aline Chambras, « Bordeaux, la difficile mémoire de l'esclavage », sur Rue89Bordeaux, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]