Philippe Costamagna

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Philippe Costamagna
Fonctions
Directeur du Palais Fesch-musée des Beaux-Arts et conservateur des Musées de la Ville d'Ajaccio
Biographie
Naissance
Formation
Activité
Autres informations
Directeur de thèse
Distinction
Œuvres principales

Philippe Costamagna, né à Nice le 14 mars 1959, est conservateur de musée et docteur en histoire de l'art.

Directeur du Palais Fesch - Musée des Beaux-Arts depuis avril 2006, il est également conservateur des musées de la Ville d'Ajaccio.

Il est un attributionniste - autrement dit « un œil ». Il fait partie de ces historiens de l'art à être capable de reconnaître la main d'un artiste dont les peintures et les dessins sont mal attribués.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Philippe Costamagna étudie à l'École du Louvre où il consacre sa thèse de troisième cycle aux portraits florentins du début du XVIe siècle en 1986. Il rejoint ensuite les bancs de l'Université Paris IV-Sorbonne et fait du peintre italien maniériste Jacopo da Pontormo, le sujet de recherche de sa thèse de doctorat, soutenue en 1994.

Spécialiste de la peinture italienne et particulièrement de la Renaissance florentine, il obtient plusieurs bourses d'études qui lui permettent de nourrir son parcours universitaire d'expériences à l'étranger[1]. Il étudie d'abord l'histoire de l'art en Italie, à Florence grâce à la bourse de la Fondazione di Storia dell'Arte Roberto Longhi en 1983, puis à l'École Française de Rome en 1998[2]. L'année suivante, il rejoint les murs de la villa Tatti, siège du Centre d'Histoire de l'Art de la Renaissance Italienne de l'Université d'Harvard.

Carrière universitaire[modifier | modifier le code]

En 1994, il entre dans le monde de l'enseignement en devenant chargé de cours à l'École du Louvre pour quatre ans. L'année suivante, il dispense un cours de spécialisation sur les dessins et les estampes de Francesco Salviati et l'époque de Pontormo à l'université de Florence, jusqu'en 1998. En 1999, il organise un séminaire consacré au portrait florentin au XVIe siècle à la Fondazione di Storia dell'Arte Roberto Longhi.

Philippe Costamagna a également bâti sa reconnaissance en tant que spécialiste du maniérisme, notamment du peintre toscan Pontormo, à travers ses ouvrages. Dès 1994, il est l'auteur d'un catalogue consacré à l'oeuvre de Pontormo[3]. Deux ans plus tard, il publie un ouvrage sur le maniérisme[4].

Il écrit de nombreux articles auprès de revues spécialisées en histoire de l'art, tant françaises comme Revue de l'Art, Cahiers d'Histoire d'Art ou La revue des musées du Louvre et de France, qu'étrangères comme Paragone, Nuovi Studi. Rivista di Arte Antica e Moderna ou encore Master Drawings [5],[6],[7],[8],[9],[10].

Il a également participé à l'élaboration de plusieurs expositions en France comme à l'étranger. Il se consacre notamment à l'exposition « Francesco Salviati et la Bella maniera » au musée du Louvre et à la Villa Médicis en 1998, à « Raphael, Cellini and a Renaissance Banker. The Patronage of Bindo Altoviti » au musée Isabella-Stewart-Gardner à Boston en 2004, et à « Plaisir de France » au musée national d'art d'Azerbaïdjan situé à Bakou, en 2012[11],[12],[13].

Son activité d' « œil »[modifier | modifier le code]

Bronzino, Christ en croix, vers 1540.

Il fait partie de ces historiens d'art à être capable d'authentifier une peinture non attribuée. Ils sont communément appelées « œils »[14],[15],[16],[17].

En tant qu'attributionniste, certaines découvertes peuvent être mises à son actif[18],[19].

En 2005, il retrouve le Christ en croix de Bronzino, oublié dans les collections du musée des Beaux-Arts de Nice. Il a également reconnu l'œuvre de Giorgio Vasari sur une peinture représentant Saint-Jérôme dans la sacristie de l'église de Vico[20],[21].

En 2016, il retrace son parcours et les multiples facettes de ce métier atypique dans un essai intitulé Histoires d'œil[22],[23]. Grâce à cet ouvrage traduit en italien, en anglais, et en coréen, Philippe Costamagna devient lauréat du Grand Prix du Mémorial en 2017[24],[25],[26].

La même année, il consacre un séminaire sur l'« œil » à Florence, une nouvelle fois à la Fondazione di Storia dell'Arte Roberto Longhi[27].

Direction du Palais Fesch - Musée des Beaux-Arts à Ajaccio[modifier | modifier le code]

Nommé à la tête du musée Fesch d'Ajaccio en 2006, il œuvre à la rénovation, la restructuration du bâtiment, la restauration et le déploiement des collections[28],[29]. Rebaptisé palais Fesch - musée des Beaux-Arts, l'établissement rouvre ses portes en juin 2010[30],[31].

Fort d'abriter la deuxième collection de peintures italiennes de France après celle du Musée du Louvre, Philippe Costamagna s'engage à exploiter le potentiel de ce lieu culturel. Dès 2011, il annonce une action qui conciliera la nécessité d'élargissement des publics et l'exigence de travailler au rayonnement national et international du musée à travers une recherche scientifique reconnue[32],[33].

En partenariat avec l'Institut national d'histoire de l'art, le Palais Fesch lance un programme de recherche sur les collections formées par le cardinal Fesch[34]. Depuis 2021, les résultats de cet inventaire sont mis en ligne sur la base de données « AGORHA »[35]. Porté par le musée et l'Institut national d'histoire de l'art, il participe également à la création du prix du Livre d'Art[36],[37],[38]. Depuis la première édition en 2020, il en est le vice-président[39].

Cette ambition de qualité et de reconnaissance s'illustre aussi dans une politique d'expositions remarquée[40]. Friand d'éclectisme, il fait régulièrement appel à l'art contemporain, en partenariat avec le Fonds Régional d'Art Contemporain Corse, ainsi que Andres Serrano ou encore Laurent Grasso pour offrir une mise en scène iconoclaste et inédite des collections de l'établissement, dans le cadre d'expositions comme « Andres Serrano »en 2014 ou « Para Museum »en 2016[41],[42]. La première d'entre elles a d'ailleurs suscité une certaine controverse dans l'opinion publique locale[43],[44].

En 2011, l'exposition « Florence au Grand Siècle : entre peinture et littérature », tout comme celle baptisée « La peinture en Lombardie au XVIIème siècle » en 2014, ou encore « Rencontres à Venise », consacrée à l'art vénitien du XVIIe siècle en 2018, sont trois réalisations inédites en France[45],[46],[47],[48]. Plus récemment, à l'occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon Ier, celle intitulée « Napoléon, Légendes » est remarquée [49],[50].

Outre le développement d'un service pédagogique à destination des enfants et des adolescents, notamment par des activités diversifiées, l'établissement cherche à mettre en valeur le travail artistique de jeunes talents, comme c'est le cas de l'exposition « Iconic Napo » dont les douze portraits de l'Empereur ont été repensés et conçus par des élèves de lycée professionnel entre 2019 et 2021[51].

Sa politique à destination des personnes en situation de fragilité sociale et économique, notamment la mise en place de la gratuité pour l'ensemble des publics « hors les murs », isolés comme empêchés, a été également récompensée par le troisième prix « Osez le musée » en 2019[52]. Son investissement dans les outils numériques au service de la démocratisation culturelle, notamment le site Internet et l'application « Musée Fesch », y a été salué [53].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Biographie et actualités de Philippe Costamagna France Inter », sur www.franceinter.fr (consulté le )
  2. « Philippe Costamagna dit Costamagna Philippe - Biographie », sur Le Journal Des Arts (consulté le )
  3. « Pontormo - Livres d'Art - GALLIMARD - Site Gallimard », sur www.gallimard.fr (consulté le )
  4. Costamagna (lire en ligne)
  5. « Revue de l'Art | Centre André Chastel », sur www.centrechastel.paris-sorbonne.fr (consulté le )
  6. « Nouvelles considérations sur Baccio Bandinelli peintre : la redécouverte de la Léda et le cygne », Les Cahiers d'histoire de l'art, no n° 1,‎ , p. 7–18 (lire en ligne, consulté le )
  7. (es) « La revue du Louvre et des musées de France. Nº. 5, 1991 », sur Dialnet (consulté le )
  8. (it) « Di alcuni problemi della bottega di Andrea del Sarto », Paragone, no n° 25,‎ , p. 15–28 (lire en ligne, consulté le )
  9. « NUOVI STUDI. Rivista di arte antica e moderna, 8. », sur Art&Libri (consulté le )
  10. Philippe Costamagna, « The Formation of Florentine Draftsmanship: Life Studies from Leonardo and Michelangelo to Pontormo and Salviati », Master Drawings, vol. 43, no 3,‎ , p. 274–291 (ISSN 0025-5025, lire en ligne, consulté le )
  11. « FRANCESCO SALVIATI O LA BELLA MANIERA CATHERINE MONBEIG GOGUEL ELECTA Catalogue d'exposition », sur www.librairie-descours.com (consulté le )
  12. « Raphael, Cellini and a Renaissance banker: The patronage of Bindo Altoviti at the Isabella Stewart Gardner Museum », sur The Art Newspaper - International art news and events, (consulté le )
  13. « « Plaisirs de France » en Azerbaïdjan et au Kazakhstan : un montage bien difficile », sur Le Journal Des Arts (consulté le )
  14. Marc Lambron, « Un œil écouté », sur Le Point, (consulté le )
  15. « Philippe Costamagna : itinéraire et secrets d'un "Oeil" », sur Franceinfo, (consulté le )
  16. Rachel Spence, « The Eye by Philippe Costamagna — informative, gripping and seductively gossipy », Financial Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  17. (en) Their Real Names, « The case for connoisseurship », sur newcriterion.com (consulté le )
  18. Marc Lambron, « Un œil écouté », sur Le Point, (consulté le )
  19. « Philippe Costamagna : devant un faux tableau "on se sent mal à l'aise" », sur Europe 1 (consulté le )
  20. « Le secret de la postérité d'un peintre », sur France Culture (consulté le )
  21. « Portrait : Philippe Costamagna, l’œil du musée Fesch », sur France 3 Corse ViaStella (consulté le )
  22. Alexandre Gefen, « Cet œil que tout le monde écoute », sur www.marianne.net, 2016-07-01utc10:00:00+0200 (consulté le )
  23. Didier Rykner, « Histoires d'œils », sur La Tribune de l'Art, (consulté le )
  24. « De l'art et de la manière, par Charles Jaigu », sur LEFIGARO, (consulté le )
  25. cità d'aiacciu, « Philippe Costamagna lauréat du Prix du mémorial », sur Site officiel de la Ville d'Ajaccio - Bienvenue à Ajaccio (consulté le )
  26. José FANCHI, « Philippe Costamagna, Prix du Mémorial 2017 : L’œil du maître ! », sur Corse Net Infos - Pure player corse (consulté le )
  27. (it) Angela Madesani, « Intervista allo storico dell’arte Philippe Costamagna | Artribune », (consulté le )
  28. Didier Rykner, « Philippe Costamagna nommé à la tête du Musée Fesch d'Ajaccio », sur La Tribune de l'Art, (consulté le )
  29. « Philippe Costamagna, conservateur des musées de la Ville d’Ajaccio », sur Le Journal Des Arts (consulté le )
  30. Didier Rykner, « Philippe Costamagna nommé à la tête du Musée Fesch d'Ajaccio », sur La Tribune de l'Art, (consulté le )
  31. « Après 2 ans de travaux le palais Fesch devient musée des Beaux-Arts ok », sur Corse Matin, (consulté le )
  32. « L'agora des arts - Expo en France - Les riches collections du Palais Fesch à Ajaccio », sur lagoradesarts.fr (consulté le )
  33. « Palais Fesch : « Un musée avant-gardiste et accessible à tous » », sur Corse Matin, (consulté le )
  34. INHA, « Les collections du cardinal Fesch, histoire, inventaire, historiques », sur www.inha.fr, (consulté le )
  35. INHA, « Agenda de l'INHA - Lancement de la base de données des collections du cardinal Fesch (1763-1839) », sur Agenda de l'INHA, (consulté le )
  36. « Pauline Chougnet et Jean-Philippe Garric remportent le Prix du livre d’art », sur daily.artnewspaper.fr (consulté le )
  37. « « Hypnose » de Pascal Rousseau reçoit le prix du Livre d’Art 2021 », sur L'Obs, (consulté le )
  38. « Le premier Prix du livre d'Art a son lauréat », Actualitté,‎
  39. « Ajaccio : Pascal Rousseau lauréat du 2ème prix du livre d’Art », Corse Net Infos,‎
  40. « "L'oeil" du Palais Fesch . Philippe Costamagna - Journal de la Corse », sur www.journaldelacorse.corsica (consulté le )
  41. « L'exposition du "Piss Christ" à Ajaccio réveille les intégristes », sur Les Inrocks (consulté le )
  42. « Le « voyage subjectif » de Laurent Grasso à Ajaccio », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  43. Charles Monti, « Ajaccio : L'exposition Serrano au musée Fesch suscite la polémique », sur Corse Net Infos - Pure player corse (consulté le )
  44. « Andres Serrano continue la "provoc" au musée Fesch d'Ajaccio », sur Franceinfo, (consulté le )
  45. Didier Rykner, « Florence au Grand Siècle entre peinture et littérature », sur La Tribune de l'Art, (consulté le )
  46. « "Florence au Grand Siècle entre peinture et littérature"Palais Fesch, Ajaccio, jusqu'au 3 octobre. », sur LEFIGARO, (consulté le )
  47. Didier Rykner, « La peinture en Lombardie au XVIIe siècle », sur La Tribune de l'Art, (consulté le )
  48. « Musée des Beaux-Arts d’Ajaccio : une exposition inédite sur l’art vénitien du XVIIe siècle », sur France 3 Corse ViaStella (consulté le )
  49. « Exposition : à Ajaccio, la seconde vie de l’Empereur », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  50. « Napoléon, la légende à l'affiche au palais Fesch », sur Corse Matin, (consulté le )
  51. « Exposition "Iconic Napo" d’anciens élèves du lycée professionnel Jules Antonini au Palais Fesch », sur Journal Le Petit Corse, (consulté le )
  52. C.-V. M, « Ajaccio : le Palais Fesch - musée des beaux-arts a reçu le Prix "Osez le musée" », sur Corse Net Infos - Pure player corse (consulté le )
  53. Ministère de la Culture, « Franck Riester, ministre de la Culture, annonce les lauréats de la troisième édition du prix annuel Osez le musée », sur Ministère de la Culture,
  54. « Nominations ou promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres juillet 2010 », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]