En algèbre commutative, la norme d'un idéal est une généralisation de la notion de norme d'un élément dans une extension de corps. Il est particulièrement important en théorie des nombres puisqu'il mesure la taille d'un idéal d'un anneau d'entiers R a priori compliqué en fonction d'un idéal dans un anneau plus simple. Lorsque l'anneau plus simple est Z, la norme d'un idéal non nul I de R est simplement le cardinal de l'anneau quotient fini R/I.
Soit A un anneau de Dedekind, K son corps des fractions et B sa fermeture intégrale dans une extension finie séparable L de K. (Cela implique que B est aussi un anneau de Dedekind.) Soit
et
les groupes d'idéaux fractionnaires non nuls de A et B, respectivement. Suivant Jean-Pierre Serre, la norme relative est l'unique morphisme de groupes
![{\displaystyle N_{B/A}\colon {\mathcal {I}}_{B}\to {\mathcal {I}}_{A}}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/7c6f4c690d9ba05004844aff2d3fa7660fa43ef9)
qui satisfait
pour tout idéal premier non nul
de B, où
est l'idéal premier de A situé en dessous
.
De manière équivalente, pour tout
on peut définir de
comme étant l'idéal fractionnaire de A engendré par l'ensemble
des normes d'éléments de B.
Pour
, on a
, où
.
La norme d'un idéal principal est donc compatible avec la norme d'un élément :
![{\displaystyle N_{B/A}(xB)=N_{L/K}(x)A.}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/3bb9af457fb26e5db0d2005330762b855e9c32ae)
Soit
une extension galoisienne de corps de nombres avec pour anneaux d'entiers
.
Alors ce qui précède s'applique avec
, et pour tout
on a
![{\displaystyle N_{{\mathcal {O}}_{L}/{\mathcal {O}}_{K}}({\mathfrak {b}})=K\cap \prod _{\sigma \in \operatorname {Gal} (L/K)}\sigma ({\mathfrak {b}}),}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/797b817f1880bb0057388b5efcd5b97527da714f)
qui est un élément de
. La notation
est parfois abrégée en
.
Dans le cas
,
est à valeurs dans
, en identifiant tout idéal fractionnaire non nul de
à l'unique rationnel strictement positif qui l'engendre. Selon cette convention, la norme relative de
sur
coïncide avec la norme absolue définie ci-dessous.
Soit
un corps de nombres,
l'anneau de ses entiers, et
un idéal non nul de
.
La norme absolue de
est
![{\displaystyle N({\mathfrak {a}}):=\left[{\mathcal {O}}_{L}:{\mathfrak {a}}\right]=\left|{\mathcal {O}}_{L}/{\mathfrak {a}}\right|.\,}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/aa96449b00cca034de1b256dfbeefd2212abe6a1)
Par convention, la norme de l'idéal zéro est prise égale à zéro.
La norme absolue s'étend de manière unique en un morphisme de groupes
.
La norme d'un idéal
peut être utilisée pour majorer la norme du plus petit élément non nul qu'il contient :
La borne de Minkowski énonce qu'il existe toujours un
non nul tel que
![{\displaystyle \left|N_{L/\mathbb {Q} }(a)\right|\leq \left({\frac {2}{\pi }}\right)^{s}{\sqrt {\left|\Delta _{L}\right|}}N({\mathfrak {a}}),}](https://wikimedia.org/api/rest_v1/media/math/render/svg/567f83490a0c774a07c38422ffaf0853fcd1ccac)
où
Fonction zêta de Dedekind