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Nari adalat

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Les nari adalat (tribunaux de femmes) sont des structures de justice informelles en Inde, établies pour traiter les différends familiaux et les violences domestiques, en offrant un accès à la justice à des femmes souvent marginalisées par le système juridique traditionnel et étatique. Ces tribunaux sont principalement composés de femmes et fonctionnent sur une base communautaire, visant à fournir un espace sûr et équitable pour la résolution des conflits.

Historique et contexte[modifier | modifier le code]

Les nari adalat ont émergé dans les années 1990, principalement dans l'État du Gujarat, en réponse aux lacunes des systèmes judiciaires formels pour traiter les questions de violences conjugales et d'injustice de genre. Ils sont issus du programme Mahila Samakhya, un programme d'éducation et d'autonomisation des femmes rurales, lancé par le gouvernement indien en 1988. Le but était de créer des forums locaux où les femmes pourraient se réunir, discuter de leurs problèmes et chercher des solutions collectives[1],[2].

Fonctionnement et structure[modifier | modifier le code]

Les nari adalat sont généralement constitués de membres de la communauté, principalement des femmes, qui sont formées aux aspects juridiques et à la médiation. Ces tribunaux se réunissent régulièrement pour entendre et résoudre des cas de violences domestiques, de disputes familiales, de questions de propriété et d'autres problèmes sociaux. Les décisions sont prises de manière collective, en s'efforçant de parvenir à des solutions acceptables pour toutes les parties impliquées[3].

Objectifs[modifier | modifier le code]

Offrir une alternative aux systèmes judiciaires formels
Les nari adalat sont conçus pour être plus accessibles et moins intimidants que les tribunaux traditionnels, permettant aux femmes de chercher justice sans craindre la stigmatisation ou les répercussions.
Renforcer la sensibilisation juridique
En éduquant les femmes sur leurs droits et les lois, ces tribunaux aident à autonomiser les femmes et à promouvoir l'égalité de genre[4].
Promouvoir la médiation et la réconciliation
En favorisant le dialogue et la médiation, les nari adalat cherchent à résoudre les conflits de manière pacifique et constructive, en évitant autant que possible les longues procédures judiciaires[5].

Impact[modifier | modifier le code]

Des études montrent que ces tribunaux ont traité des milliers de cas de violences domestiques et de disputes familiales, contribuant ainsi à la réduction de la violence et à l'amélioration du bien-être des femmes[6],[7].

Critiques[modifier | modifier le code]

Les critiques soulignent que ces tribunaux ne peuvent pas remplacer les systèmes judiciaires formels et que leurs décisions peuvent parfois manquer de légitimité juridique. De plus, il existe des préoccupations concernant la capacité de ces tribunaux à gérer des cas complexes nécessitant une expertise juridique approfondie[1].

Références[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Nandita Bhatla et Anuradha Rajan, « Private Concerns in Public Discourse: Women-Initiated Community Responses to Domestic Violence », Economic and Political Weekly, vol. 38, no 17,‎ , p. 1658–1664 (ISSN 0012-9976, lire en ligne)
  • (en) Sesha Kethineni, Murugesan Srinivasan et Suman Kakar, « Combating Violence against Women in India: Nari Adalats and Gender-Based Justice », Women & Criminal Justice, vol. 26, no 4,‎ , p. 281–300 (ISSN 0897-4454 et 1541-0323, DOI 10.1080/08974454.2015.1121850, lire en ligne)
  • Sally Engle Merry, « Transnational Human Rights and Local Activism: Mapping the Middle », American Anthropologist, vol. 108, no 1,‎ , p. 38–51 (ISSN 0002-7294, lire en ligne)
  • (en) Vasudha Nagaraj, « Local and Customary Forums: Adapting and Innovating Rules of Formal Law », Indian Journal of Gender Studies, vol. 17, no 3,‎ , p. 429–450 (ISSN 0971-5215 et 0973-0672, DOI 10.1177/097152151001700306, lire en ligne)
  • Sushma Pandey, « A Critical Study of Mahila Samakhyas as a Movement for Feminist Identity in North India », International Interdisciplinary Research Journal, vol. 4, no 2,‎ , p. 326–336 (lire en ligne, consulté le )
  • (en) Sarah Potthoff, « Women within Family Disputes in Rural Northern Karnataka, India: Making and Negotiating Claim at Nari Adalat », ASIEN: The German Journal on Contemporary Asia, no 138,‎ , p. 109–125 (ISSN 2701-8431, DOI 10.11588/asien.2016.138.18596, lire en ligne)
  • (en) Sarah Potthoff, « Interpretations of Justice: Conceptions of Family and Gender Justice at a Nari Adalat (Women’s Court) in South India », Social & Legal Studies, vol. 28, no 6,‎ , p. 755–773 (ISSN 0964-6639 et 1461-7390, DOI 10.1177/0964663918815943, lire en ligne)
  • (en) Sylvia Vatuk, « The “women's court” in India: an alternative dispute resolution body for women in distress », The Journal of Legal Pluralism and Unofficial Law, vol. 45, no 1,‎ , p. 76–103 (ISSN 0732-9113 et 2305-9931, DOI 10.1080/07329113.2013.774836, lire en ligne)