Mosquée Emir Zade

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Mosquée Emir Zade
Image illustrative de l’article Mosquée Emir Zade
La façade principale de la mosquée depuis le nord.
Présentation
Nom local Τζαμί του Εμίρ Ζαδέ
Culte Musulman
Type Mosquée
Rattachement Ministère de la Culture
Début de la construction Après 1470
Fin des travaux Fin du XVe siècle
Autres campagnes de travaux Rénovation : Ire moitié du XVIIIe siècle
Restaurations : 19711972, 2013
Style dominant Ottoman
Date de désacralisation Peu après 1831
Protection Bâtiment protégé en Grèce
Géographie
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Périphérie Grèce-Centrale
District régional Eubée
Ville Chalcis
Coordonnées 38° 27′ 41″ nord, 23° 35′ 29″ est

Carte

La mosquée Emir Zade (en turc : Emirzade Camii, « mosquée du fils de l'émir[1] », en grec moderne : Τζαμί του Εμίρ Ζαδέ / Tzamí tou Emír Zadé) est un édifice ottoman situé dans la ville de Chalcis, sur l'île grecque d'Eubée. Construite à la fin du XVe siècle, la mosquée constitue l'un des principaux vestiges de la domination ottomane sur l'île d'Eubée.

Histoire[modifier | modifier le code]

Si la date précise de construction de la mosquée est inconnue, les travaux ont probablement lieu à la fin du XVe siècle, quelques années après la prise de Négrepont (appellation latine de l'actuelle Chalcis) par les Ottomans en 1470[1]. Le monument fut érigé à l'intérieur des fortifications[2], à l'emplacement d'une ancienne église probablement dédiée à saint Marc[3] ou sainte Parascève[4],[5]. Le monument fut mentionnée pour la première fois par le voyageur Evliya Çelebi, qui visita la Grèce entre 1667 et 1669. Il compte alors parmi les onze mosquées de la ville[1]. Appelée Eğriboz par les Ottomans, la cité est à l'époque la capitale du vaste sandjak du même nom et l'un des quartiers d'hiver de la flotte ottomane[6].

La mosquée fut vraisemblablement reconstruite durant la première moitié du XVIIIe siècle[7]. Désacralisé après la guerre d'indépendance grecque, l'édifice fit office de caserne pour deux bataillons[8]. Il servit également d'entrepôt à foin pour l'armée[9]. Le porche et le minaret furent détruits au milieu du XIXe siècle[10],[note 1].

La mosquée Emir Zade fut déclarée monument historique en 1937[12]. À la fin des années 1950, des travaux de restauration furent conduits en vue de transformer l'ancienne mosquée en musée de l'Art et de l'Architecture médiévale[13]. Les travaux inclurent notamment la rénovation des espaces intérieurs et des fenêtres[14], complétés par la reprise de l'enduit de plâtre et du parvis pavé entre 1971 et 1972 par l'Éphorat des antiquités byzantines d'Eubée. L'ancienne mosquée fut par la suite utilisée comme espace de stockage d'artéfacts archéologiques[13], notamment des pierres tombales de l'époque ottomane[2]. À l'issue d'une campagne de travaux qui s'est achevée en 2013, le lieu fut transformé en espace d'exposition abritant notamment la collection de gravures de Ioánnis Karakóstas[5].

Architecture[modifier | modifier le code]

La mosquée Emir Zade présente un important dôme, complété à l'origine par trois dômes plus petits. En façade nord, ceux-ci surmontaient le porche à trois arcs reposant sur quatre colonnes. Le minaret, dont il ne reste aujourd'hui que la base, est situé à l'angle nord-ouest[11]. La porte d'entrée en marbre comporte une inscription qui présente des similarités avec un fragment du mihrab de la mosquée Altunizade (en) à Üsküdar[15],[note 2]. À l'intérieur, la coupole sur pendentifs intègre quatre trompes aux angles de la salle de prière[13]. Le mihrab révèle quelques traces de polychromie.

Une fontaine ottomane, construite en 1655 par Khalil Pacha et réparée en 1796, est conservée sur le parvis de la mosquée[16]. Elle fut déplacée à cet endroit en 1960[2].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Ces destructions interviennent nécessairement après la visite de l'architecte Antoine-Marie Chenavard entre 1843 et 1844, dans la mesure où celui-ci produisit sur place une gravure sur laquelle le porche et le minaret figurent intacts[11].
  2. Cette proximité artistique résulte de la réutilisation d'un élément de la mosquée Bayrakdar-Moustafa-Pacha de Chalcis, aujourd'hui disparue, pour le monument stambouliote au milieu du XIXe siècle[15].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Kanetáki et Stylianou 2009, p. 85.
  2. a b et c (tr) Machiel Kiel (en), « Eğriboz », dans Türkiye Diyanet Vakfı İslâm Ansiklopedisi, vol. 10, (lire en ligne), p. 491–493.
  3. (el) Giórgos Kourmádas et Panagióta Taxiárchi, « Νέα στοιχεία για την αστική αρχιτεκτονική στη Βενετσιάνικη Χαλκίδα. Το παράδειγμα του κτηρίου Βαΐλου » [« Nouveaux éléments pour l'architecture urbaine dans la Chalcis vénitienne. L'exemple du bâtiment Vaḯlos »], Papers and Monographs from the Norwegian Institute at Athens,‎ , p. 639–652 (lire en ligne), p. 640.
  4. Kytinoú 2013, p. 57.
  5. a et b (el) « Τζαμί Εμίρ Ζαδέ στην Χαλκίδα » [« Mosquée Emir Zade à Chalcis »] (consulté le ).
  6. (en) Nikos D. Kontogiannis et Stefania S. Skartsis, « Reading social change on a potter's wheel: Chalcis (Euboea) from the Byzantine to the Modern Greek era », Byzantine and Modern Greek Studies, vol. 45, no 2,‎ , p. 199–221 (ISSN 0307-0131 et 1749-625X, lire en ligne, consulté le ), p. 211.
  7. (en) Ahmed Ameen, Islamic architecture in Greece: Mosques, Alexandrie, Center for Islamic Civilization studies, Bibliotheca Alexandrina, , 271 p. (lire en ligne), p. 19.
  8. (el) Kóstas Akrívos, Πότε διάβολος πότε άγγελος [« Parfois un diable, parfois un ange »], Athènes, Metaichmio Publications,‎ , 256 p. (ISBN 978-618-03-2697-0, lire en ligne), p. 104.
  9. (el) Zacharoúla Dourmá et Kógia Soníla, Αποτύπωση και μελέτη των εγκαταστάσεων του κτιρίου «Α.Σ.Α.Χ» [« Schéma et étude des installations du bâtiment « ASAH » »] (mémoire de master de l'université des sciences appliquées du Pirée),‎ , 135 p. (lire en ligne), p. 28.
  10. (el) Valádis Basoúkos, Αποκατάσταση και επανάχρηση αρχοντικού οδού Παίδων στη Χαλκίδα [« Restauration et réutilisation du manoir de la rue des Enfants à Chalcis »] (mémoire de master de l'université polytechnique nationale d'Athènes),‎ , 113 p. (lire en ligne), p. 25.
  11. a et b (el) Vassílis Papadópoulos, « Τα τεμένη της Χαλκίδας » [« Les mosquées de Chalcis »],‎ (consulté le ).
  12. (el) « Διαρκησ καταλογοσ κηρυγμενων αρχαιολογικων χωρων και μνημειων » [« Liste permanente des sites et monuments archéologiques déclarés »], sur listedmonuments.culture.gr,‎ (consulté le ).
  13. a b et c Kanetáki et Stylianou 2009, p. 86.
  14. Georges Daux, « Chronique des fouilles et découvertes archéologiques en Grèce en 1960 », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 85, no 1,‎ , p. 601–953 (lire en ligne, consulté le ), p. 753.
  15. a et b (tr) Abdülhami̇t Tüfekçi̇oğlu, Türk-İslâm Sanatında Devşirme Malzeme Kullanımına Farklı Bir Örnek:Üsküdar Altunizâde Camii Son Cemaat Yeri Mihrabı [« Un autre exemple d'utilisation de spolia dans l'art turco-islamique : le dernier mihrab de la mosquée Altunizade à Üsküdar »] (papier présenté lors du XXe Symposium international sur les fouilles et l'histoire de l'art de la période médiévale et ottomane (2–5 novembre 2016)), , 13 p. (lire en ligne), p. 6–7.
  16. Kytinoú 2013, p. 57 et 58.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Eléni Kanetáki et Helen Stylianou (trad. du grec moderne par Elizabeth Key Fowden), « Emir Zade complex », dans Érsi Broúskari (dir.) et al., Ottoman Architecture in Greece, Athènes, Ministère de la Culture et des Sports, , 494 p. (ISBN 9789602147931, lire en ligne), p. 85–87. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (el) Evangelía Kytinoú, Ιστορική αναδρομή και πολεοδομική εξέλιξη της πόλης της Χαλκίδας [« Contexte historique et développement urbain de la ville de Chalcis »] (mémoire de licence en génie civil de l'université polytechnique nationale d'Athènes), Athènes,‎ , 224 p. (lire en ligne), p. 57. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]