Mobilité militaire

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Le concept de Mobilité militaire, plus souvent connue sous l'expression de « Schengen militaire » est apparu en Europe avec l'invasion de la Crimée par la Russie en 2014. Vu comme une nécessité sur le plan opérationnel militaire, la création d'un plan de mobilité militaire par l'Union européenne n'est restée qu'un vœu pieux jusqu'à ce jour.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le concept de « Schengen militaire » est né dans le milieu des années 2010. Il s'est inscrit comme une nécessité face aux velléités russes de relancer les tensions en Europe. Préalablement identifié dans les milieux militaires à l'aide d'un rapport rédigé en 2017, l'idée s'est répandue parmi les responsables européens qu'un conflit pouvait survenir avec la Russie. Selon ce rapport militaire, les capacités de mobilité militaire se sont amenuisées depuis l'agrandissement de l'OTAN vers l'est. En mars 2018 la Commission européenne présente un plan pour créer cet espace au sein de l'Union européenne[1],[2].

Objectifs[modifier | modifier le code]

Cette idée d'améliorer la mobilité militaire à travers l'Europe est née d'un constat de terrain, identifié dans le rapport militaire de 2017 au sein de l'OTAN.

  1. Les infrastructures des anciens pays du Pacte de Varsovie sont différentes des normes en vigueur dans les pays occidentaux (robustesse des ponts, hauteur des tunnels ne suivent pas les normes occidentales).
  2. L'absence de points d'approvisionnement et la déficience des réseaux ferroviaires pour faire circuler le matériel militaire constituent un point d'achoppement pour la mobilité militaire en Europe.
  3. Les contraintes administratives en vigueur dans les différents pays paralysent la circulation des troupes et du matériel militaire[2].

Fort de ce constat, le général Ben Hodges (en), commandant de l'US Army en Europe, plaide pour la création d'un plan Mobilité militaire à l'image de l'espace Schengen. Dans la foulée, l'OTAN crée le JSEC (en) (« Commandement interarmées du soutien et de la facilitation » ou « Joint Support and Enabling Command » en anglais)[2].

Plan sur la mobilité militaire[modifier | modifier le code]

En 2018 un plan pluriannuel 2021-2027 est esquissé, doté d'une enveloppe originelle de 6,5 milliards d'euros. Cette enveloppe est dans un premier temps ramenée à 2,5 milliards d'euros, puis encore ramenée à 1,5 milliard d'euros[2],[3]. Il s'agit d'un projet qui s'inscrit dans le cadre européen de la Coopération structurée permanente (CSP) et dont les Pays-Bas assurent la direction. Les États-Unis, la Norvège et le Canada sont intégrés au projet en 2021[4].

Un « plan d'action pour la mobilité 2.0 » est rédigé par la Commission Européenne en novembre 2022[5].

En 2023, le commandant du JSEC, le général allemand Alexander Sollfrank (en) déplore que le plan Mobilité militaire ne se soit pas plus concrétisé sur le terrain[2]. Responsable de la logistique de l'OTAN en Europe, Alexander Sollfrank est d'autant mieux placé pour connaitre les avantages d'un tel plan qu'il expérimente chaque jour des problèmes de logistique au sein de l'alliance[6].

Un premier pas a été franchi le 31 janvier 2024 entre les Pays-Bas, l'Allemagne et la Pologne pour la création d'un corridor militaire. Destiné à faciliter la mobilité des troupes entre l'ouest et l'est de l'Europe, cet événement a été vu d'un mauvais œil par la Russie[7]. Dmitri Peskov, porte-parole du gouvernement russe, a précisé à cet égard « Je voudrais souligner une fois de plus que c’est l’Otan qui se déplace constamment, avec son infrastructure, vers notre frontière. Cela ne peut que nous inquiéter. Et cela ne peut que conduire à des mesures de rétorsion pour assurer notre sécurité »[8].

Participants[modifier | modifier le code]

Membres de la Mobilité militaire du PESCO Coordinateur
  • Participant
  • Observateur
  • Autre membre du PESCO
  • Depuis le lancement de la PESCO en décembre 2017, le projet de mobilité militaire est le seul projet à compter presque tous les États de la PESCO parmi les participants (seule la France est absente, se contentant initialement d'observer). Le projet « Mobilité militaire » est dirigé par les Pays-Bas[9],[10].

    Depuis novembre 2020, les pays tiers peuvent participer à la PESCO. Le Canada, la Norvège et les États-Unis ont postulé pour participer au projet visant à améliorer la mobilité militaire en Europe. En mai 2021, l'Union européenne a autorisé les trois pays à participer au projet de mobilité militaire. Le Royaume-Uni a demandé à rejoindre le projet en juillet 2022 et l'Union européenne lui a accordé l'autorisation de participer en novembre 2022[11],[12],[13].

    La Turquie a également demandé à rejoindre le projet. L'Autriche s'est néanmoins opposée à la candidature turque, le ministre autrichien de la Défense arguant que la Turquie « ne remplit pas les conditions d'admission pour les pays tiers ». En juin 2022, la Finlande et la Suède ont signé un accord trilatéral avec la Turquie lors du sommet de Madrid de 2022, selon lequel les deux pays soutiendraient l'inclusion de la Turquie dans la mobilité militaire dans le cadre d'un accord plus large qui permettrait à la Finlande et à la Suède de rejoindre l'OTAN[14],[15],[16].

    Notes et références[modifier | modifier le code]

    Traduction[modifier | modifier le code]

    Références[modifier | modifier le code]

    1. « L’Union européenne veut créer un «Schengen militaire» pour sa défense » Accès libre, Le Soir, (consulté le )
    2. a b c d et e Laurent Lagneau, « Pour l’Otan, les progrès en matière de « mobilité militaire » en Europe sont encore insuffisants » Accès libre, OPEX 360, (consulté le )
    3. Alexandra Brzozowski, « La mobilité militaire, dernière victime du budget de l’UE » Accès libre, Euractiv, (consulté le )
    4. Laurent Lagneau, « Les États-Unis, la Norvège et le Canada s’invitent dans le projet européen relatif à la mobilité militaire » Accès libre, OPEX 360, (consulté le )
    5. « Plan d’action sur la mobilité militaire 2.0 » Accès libre [PDF], Commission Européenne, (consulté le )
    6. Thomas Romanacce, « Face à la Russie, l'Otan pourrait créer un espace Schengen militaire » Accès libre, Capital (magazine), (consulté le )
    7. « Ce projet de “Schengen militaire” qui agace de plus en plus Moscou » Accès payant, Courrier International, (consulté le )
    8. « "Schengen militaire" : les dessous d’un projet qui inquiète la Russie » Accès libre, L'Express, (consulté le )
    9. (en) « Declaration on PESCO projects » Accès libre [PDF],
    10. (en) « Military Mobility » Accès libre, Communauté Européenne (consulté le )
    11. (de) Christoph B. Schiltz, « "Historische Entwicklung": USA wollen sich aktiv an EU-Verteidigungspolitik beteiligen », DIE WELT,‎ (lire en ligne, consulté le )
    12. (en) « EU lets US, Canada, Norway join military mobility project » [archive du ], Brussels, Associated Press, (consulté le )
    13. (en) « PESCO: the UK will be invited to participate in Military Mobility project », sur www.consilium.europa.eu (consulté le )
    14. (en) Steven Blockmans et Dylan Macchiarini Crosson, « PESCO: A Force for Positive Integration in EU Defence », European Foreign Affairs Review,‎ , p. 107 (lire en ligne)
    15. (en) Olivier Noyan, « Austria opposes Turkey's bid to join EU military project », sur euractiv.com,
    16. (en) Alexandra Brzozowski, « Turkey drops resistance to Sweden and Finland joining NATO » [archive du ], sur Euractiv, Madrid, (consulté le )

    Liens externes [modifier | modifier le code]