Mitiarjuk Attasi Nappaaluk

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Mitiarjuk Nappaaluk
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinctions
Membre de l'Ordre du Canada
National Aboriginal Achievement Awards (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Mitiarjuk Attasi Nappaaluk (en inuktitut : ᒥᑎᐊᕐᔪᒃ), née en 1931 et décédée en 2007, est une autrice, sculptrice et enseignante Inuk originaire de Kangiqsujuaq (Nunavik, Québec, Canada) et connue surtout pour la publication d’un des premiers romans en inuktitut, Sanaaq[1]. Elle est considérée comme une pionnière de la littérature inuite.

Biographie[modifier | modifier le code]

Village de Kangiqsujuaq au Nunavik

Mitiarjuk est née en 1931 à Kangiqsujuaq, au nord du Québec, dans ce qui est aujourd’hui connu comme étant le Nunavik. Étant l'aînée de la famille et comme elle a des sœurs mais pas de frères, elle apprend très jeune à faire des tâches qui sont habituellement réservées aux hommes[2]. Son père, Ullatuarusiq Atassi, lui apprend ainsi la chasse et la pêche qu'elle pratique parfois seule, ce qui n'est pas commun pour une femme Inuk[3]. Pendant sa jeunesse, elle ne fréquente pas l’école des missionnaires, ce qui aurait permis moins d’interférences culturelles dans son écriture[2]. Elle apprend plus tard l’écriture syllabique inuktitute au contact des missionnaires catholiques[4]. À l'âge de 16 ans, elle épouse Naalak Nappaaluk, avec qui elle a sept enfants, dont deux morts en bas âge, en plus d'en adopter deux autres[5].

À la demande du missionnaire oblat Robert Lechat, elle débute dès les années 1950 l’écriture de récits racontant le quotidien de sa communauté[6]. En 1961 elle fait la connaissance de l’anthropologue Bernard Saladin d’Anglure avec qui elle travaille plus étroitement en 1965 alors que l’anthropologue passe un peu plus d'un an au Nunavik[4]. Au début des années 1970, Saladin d'Anglure rédige une thèse de doctorat intitulée Sanaaq, récit esquimau composé par Mitiaryuk dans le cadre d'un doctorat en ethnologie de l'École pratique des hautes études à Paris. Mitiarjuk et lui collaborent pendant de nombreuses années.

Ayant des problèmes de santé, Mitiarjuk doit passer deux longs séjours dans le sud du Québec[2]. Elle a enseigné la culture inuite et l’inuktitut tant aux missionnaires qu'aux habitants (Nunavimmiut) du Kativik[7].

Mitiarjuk meurt le 30 avril 2007 dans le village où elle est née[8].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Comme autrice[modifier | modifier le code]

Les récits de Mitiarjuk sont parfois publiés dans la revue Tumivut, mais son œuvre la plus connue est le roman Sanaaq. L’écriture se fait en inuktitut et débute en 1952 alors qu'elle rédige des récits pour le Père Robert Lechat[9]. À la suite du départ de Lechat, elle continuera à rédiger son roman au contact du missionnaire Joseph Méeus et terminera la seconde partie du roman encouragée par Saladin d'Anglure qui effectue alors une recherche terrain à Kangiqsujuaq[7]. La seconde partie du roman, rédigée avec Saladin d'Anglure plutôt qu'avec des religieux, laisse place à des sujets qui n'étaient pas abordés dans la première partie tels que la sexualité, la violence conjugale ou les êtres invisibles[7]. Ce n’est qu'en 1984, qu’une première édition est publiée[10]. Il faut attendre 2002 pour qu’une édition en français soit publiée[11]. La traduction du roman s’est faite sur une période de 20 ans par Saladin d’Anglure. En 2014, une version anglaise est publiée par les Presses de l'Université du Manitoba. En 2022 a paru une édition entièrement revue et corrigée par Bernard Saladin d'Anglure aux éditons Dépaysage.

Vers la fin des années 1960, elle rédige l'Encyclopédie inuit de Mitiarjuk qui ne sera publiée qu'en partie dans la revue de l'Institut culturel Avataq, Tumivut[12]. Elle est également auteure de plusieurs ouvrages portant sur la culture et la mythologie inuite qui sont utilisés en classe par les élèves du Kativik[13].

Mitiarjuk a travaillé à l'élaboration d'un dictionnaire inuktitut-français avec le Père Lucien Schneider[7].

En 1992 est publié le texte L'histoire de Tukirqiq dans Tumivut[14].

Comme sculptrice[modifier | modifier le code]

Dans les années 1960 et 1970, elle réalise des sculptures sur pierre pour lesquelles elle se mérite différents prix[réf. nécessaire].

En 2004, certaines de ses œuvres sont présentées lors d’une des dernières expositions à avoir lieu dans l’édifice Saint-Sulpice de la Bibliothèque nationale du Québec[11]. Intitulée Mythologies fondatrices, l'exposition est organisée par Bernard Saladin d'Anglure dans le cadre du festival Présence autochtone.

Musées et collections publiques[modifier | modifier le code]

Distinctions[modifier | modifier le code]

  • Prix national d'excellence décerné aux Autochtones en 1999[18]
  • Diplôme honorifique de l'Université McGill en 2000
  • En 2001, l'UNESCO a honoré ses œuvres littéraires lors d'une conférence internationale des écrivains autochtones à Paris[19]
  • En 2004, elle a été nommée membre de l'Ordre du Canada[20]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Sanaaq | Littératures inuites ᐃᓄᐃᑦ ᐊᓪᓚᒍᓯᖏᑦ Inuit Literatures », sur inuit.uqam.ca (consulté le ).
  2. a b et c Solange Lapierre, « Sanaaq, premier roman inuit », Circuit / Société des traducteurs du Québec,‎ , p. 20 (lire en ligne)
  3. Alain Gerbier, « Qui a lu Nappaaluk? Portrait d’une Inuite que le destin fit écrivaine », Le Devoir,‎
  4. a et b Thierry Bissonnette, « La parole venue au froid », Le soleil,‎ , p. D6 (lire en ligne)
  5. Francon, G. et Desjardins, A.. (1977). Femme d’aujourd’hui, Mitiarjuk: femme inuit du Québec arctique [émission télévisée]. Lieu de production : Radio-Canada.
  6. Didier Fessou, « Querelle d’Inuits », Le soleil,‎ , B3 (lire en ligne)
  7. a b c et d Caroline Montpetit, « Mitiarjuk Nappaaluk - Désert blanc », sur Le Devoir, (consulté le ).
  8. « Nappaaluk, Mitiarjuk | Littératures inuites ᐃᓄᐃᑦ ᐊᓪᓚᒍᓯᖏᑦ Inuit Literatures », sur inuit.uqam.ca (consulté le ).
  9. Cécile Pachocinski, « NAPPAALUK, Mitiarjuk, 2002 Sanaaq, roman translittéré et traduit de l’inuktitut au français par Bernard Saladin d’Anglure », Études/Inuit/Studies,‎ , p. 245 (lire en ligne)
  10. Mitiarjuk Nappaaluk et Bernard Saladin d'Anglure, Sanaaq: Sanaakkut Piusiviningita unikkausinnguangat : mitiarjuup allatangit, Association Inuksiutiit Katimajiit : Département d'anthropologie, Université Laval, (OCLC 427118262, lire en ligne)
  11. a et b Bernard Saladin d'Anglure, « Art inuit : Mythologies fondatrices à la BNQ », À rayons ouverts,‎ , p. 30 (lire en ligne)
  12. « Les traces de nos pas », Tumivut,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  13. (en) Virginia Paine, « MITIARJUK NAPPAALUK », Bitch Magazine: Feminist Response to Pop Culture,‎ , p. 80 (ISSN 1524-5314)
  14. Mitiarjuk, « L'histoire de Tukirqiq », Tumivut,‎ , p. 22 (lire en ligne)
  15. « Mitiarjuk Nappaaluk | Collection Musée de la civilisation », sur collections.mcq.org (consulté le ).
  16. « Mitiarjuk Nappaaluk | Collection Musée national des beaux-arts du Québec », sur collections.mnbaq.org (consulté le ).
  17. (en) Collection Winnipeg Art Gallery, « Mitiarjuk Nappaaluk » (consulté le ).
  18. « Saviez-vous que ? », Rencontre,‎ , p. 21 (lire en ligne)
  19. (en) Margery Fee, « Mitiarjuk Nappaaluk », sur thepeopleandthetext.ca, (consulté le ).
  20. « Mme. Mitiarjuk Attasie Nappaaluk », sur gg.ca (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]