Massacre de Therhi

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Massacre de Therhi
Localisation Therhi, Sindh, (Drapeau du Pakistan Pakistan)
Cible Chiite duodécimain
Coordonnées 27° 35′ 10″ nord, 68° 46′ 55″ est
Date
Morts 118
Auteurs Madrassa sunnite deobandi
Mouvance Anti-chiisme
Géolocalisation sur la carte : Pakistan
(Voir situation sur carte : Pakistan)
Massacre de Therhi

Le massacre de Therhi est un massacre qui s'est déroulé le dans la ville de Therhi dans la province du Sindh au Pakistan. Au cours des violences, au moins 118 musulmans chiites ont été tués par des musulmans sunnites deobandi. Bien qu'il ne s'agisse pas du premier incident entre sunnite et chiite dans la région, cette attaque est considérée comme le premier grand massacre interconfessionnel de l'histoire contemporaine du Sindh.

Contexte[modifier | modifier le code]

Tout au long de l'histoire islamique, il y a eu des conflits et une inimitié entre d'un côté les sunnites et de l'autre côté les chiites, que cela soit pour des raisons idéologiques ou bien politique.

En Asie du Sud, la majorité des musulmans se réclament de la théologie sunnite, au Pakistan, énormément de personnes s'affilie a la jurisprudence Deobandi, qui considère le chiisme comme une hérésie et du polythéisme, et prônant comme le wahhabisme une épuration total du polythéisme dans le dogme, ce qui a conduit a des violences interreligieuses dans la région, on estime qu'au moins 4 000 personnes chiites ont été tuées entre 1987 et 2007[1].

Selon certaines sources[réf. nécessaire] environ 20% des sunnites pakistanais se considère déobandi, et environ 65% des écoles coraniques sont gérées par des déobandi.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Le , alors que les chiites duodécimains de la localité de Therhi était en train de commémorer l'Achoura, bon nombre de chiites ont commencé à se rassembler afin de parader tout en procédant à des rituels en signe de deuil pour l'imam Hussayn, comme par exemple s'autoflageller, ou réciter des chants religieux chiites[2].

Procession religieuse chiite au Bahrein en 2011.

Lorsque cette nouvelle parvint aux oreilles d'une madrassa d'obédience deobandi de la ville voisine de Khairpur, des musulmans et des étudiants de la madrassa se rendirent en nombre à Thehri et brulèrent la Ta'zieh (une sorte représentation de la bataille de Kerbala), s'en sont découlés des affrontements entre les deux groupes[2]

Grâce à des couperets à viande et des machettes, les sunnites ont réussi à submerger la procession religieuse. Plus de 118 chiites duodécimains ont été tués lors des violences[2].

Malheureusement la presse n'a pas couvert correctement les incidents[3]. Le , six organisations deobandi ont organisés un meeting à Lahore, blâmant les chiites d'être la cause des violences. En juillet, une commission gouvernementale été nommé afin d'enquêter sur les émeutes, mais jamais personne n'a été condamné ou blâmé pour les violences[4].

Conséquence[modifier | modifier le code]

Ses violences ont ouvert la voie dans la région à de nombreux conflits. En 1969 par exemple, des sunnites ont attaqué des chiites lors du même type de procession lors d'Achoura[4].

Le 26 février 1972 à Dera Ghazi Khan lors d'achoura, les chiites se sont fait caillasser par des sunnites en signe de rejet. En mai 1973, le quartier chiite de Gobindgarh à Sheikhpura a été attaqué par une foule de sunnite[4].

En 1974, plusieurs villages chiites ont été attaqués par des sunnites armés. En janvier soixante-quinze, plusieurs cortèges chiites dans les villes de Lahore, Chakwal et Gilgit ont été attaqués[4].

Hors la violence, de nombreux savants et dirigeants sunnites comme le Mufti Mahmud, Mawlana Sami-ul Haqq, Ihsane Ilahi Zaher ont galvanisé la haine anti-chiite parmi les foules musulmanes sunnites[4].

Encore aujourd'hui, beaucoup de sunnites ont une profonde aversion contre les chiites dans la région, particulièrement le mouvement deobandi, ou des groupes djihadiste comme l'État islamique, le Lashkar-e-Jhangvi ou encore le Tehrik-e-Taliban Pakistan.

Régulièrement, des violences et des attentats ont lieu à l'encontre des chiites duodécimain en particulier contre la minorité Hazara. L'attentat de Kocha Risaldar, les attentats de Quetta ou encore l'attentat de Kaboul le prouvent.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) David Montero, « Shiite-Sunni conflict rises in Pakistan », The Christian Science Monitor,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  2. a b et c Eamon Murphy, Islam and Sectarian Violence in Pakistan: The Terror Within, Taylor & Francis, , 100– (ISBN 978-1-351-70961-3, lire en ligne)
  3. Abbas Zaidi, "Covering Faith-Based Violence: Structure and Semantics of News Reporting in Pakistan", in: J. Syed et al. (eds.), Faith-Based Violence and Deobandi Militancy in Pakistan, Palgrave Macmillan, (2016).
  4. a b c d et e A. Rieck, "Les chiites au Pakistan", pages 109 – 114, Oxford University Press, (2015)