Makinti Napanangka

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Makinti Napanangka
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Biographie
Naissance
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Kintore (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Nationalité
Activité

Makinti Napanangka (née vers 1930 et morte le 9 janvier 2011[1]) est une artiste aborigène Pintupi de la région australienne du désert occidental. Après sa mort, elle est appelée Kumentje, dans le respect de la tradition indigène de ne pas parler d’un défunt par son vrai nom pendant un certain temps[2]. Elle vit dans les communautés de Haasts Bluff, Papunya, et plus tard à Kintore (en), à environ 50 kilomètres au nord-est de la région du lac Macdonald (en) où elle est née, à la frontière entre le Territoire du Nord et l'Australie-Occidentale.

Makinti Napanangka commence à peindre de l'art contemporain australien indigène à Kintore au milieu des années 1990, encouragée par un projet d'art communautaire. L'intérêt pour son travail se développe rapidement et elle expose dans la plupart des galeries d'art publiques australiennes dont la National Gallery of Australia. Finaliste du Prix Clemenger d'art contemporain 2003, elle remporte le Prix national d'art aborigène et insulaire du détroit de Torres en 2008. Son travail est représenté dans la grande exposition d'art indigène Papunya Tula: Genesis and Genius, à la Galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud.

En polymère synthétique sur du lin ou de la toile, les peintures de Makinti Napanangka prennent principalement pour sujet un site de trou de roche, Lupul, et une histoire indigène (ou temps du rêve) sur deux sœurs, connues sous le nom de Kungka Kutjarra . Elle est membre de la coopérative des artistes Papunya Tula.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Daytime landscape photo, showing a range of hills with the nearest rising to a rocky red peak, below a blue sky with a few white strings of cloud, and above the tops of eucalyptus trees.
Haasts Bluff, où Makinti a vécu pendant les années 1940 et 1950

L'année de naissance de Makinti Napanangka est incertaine. La biographie de la galerie de Japingka évoque une naissance « vers 1932 »[3], le recensement des artistes de Papunya évoque une naissance « c. 1922 »[4] et la vaste majorité des autres sources place sa naissance vers 1930[5],[6]. Elle naît probablement au trou de roche de Lupul[7],[8],[9], bien qu’un ouvrage de référence la place plutôt à Mangarri. Il est cependant certain qu’elle est originaire de la région de Karrkurritinytja, près du lac Macdonald (en)[10]. Cette incertitude vient du fait que les Australiens autochtones estiment souvent les dates de naissance par rapport à d'autres événements, en particulier pour les personnes nées avant le contact avec les Australiens d’origine européenne. Ils peuvent également citer le lieu de naissance comme étant l'endroit où la mère a senti le fœtus pour la première fois, plutôt que l'endroit où la naissance a eu lieu[11].

Makinti est membre du groupe aborigène Pintupi[12], qui est surtout représenté dans les communautés de Papunya, Kintore et Kiwirrkura. Son nom, Napanangka, est un des huit skins utilisés pour désigner les sous-groupes du système de parenté Pintupi, et non un nom de famille au sens utilisé par les Occidentaux[13]. Elle est très petite, mais musclée[9].

Vie adulte et famille[modifier | modifier le code]

Makinti découvre des personnes blanches pour la première fois alors qu’elle vit à Lupul, les voyant monter à dos de chameau[9]. Elle arrive à Haasts Bluff au début des années 1940, avec son mari Nyukuti Tjupurrula[7]. Vers 1940, leur fils, Ginger Tjakamarra, naît. À Haasts Bluff, ils ont un deuxième enfant en 1949, appelé Narrabri Narrapayi. Le groupe arrive à Papunya à la fin des années 1950, et Makinti a un troisième enfant, Jacqueline Daaru, en 1958, et une dernière, Winnie Bernadette, en 1961 à Alice Springs[10].

La famille de Makinti déménage à Kintore au début des années 1980, à la fondation de la communauté.

En 1996, Makinti peint pour la coopérative d’artistes Papunya Tula[10].

Elle meurt à Alice Springs en janvier 2011.

Carrière artistique[modifier | modifier le code]

Des artistes du mouvement Papunya Tula peignaient à Haasts Bluff à la fin des années 1970, mais la mort de certains des principaux peintres au début des années 1980 a entraîné une période de déclin[14]. En 1992, le Centre des femmes Ikuntji ouvre à Haasts Bluff et un nouveau mouvement de peinture se développe rapidement, soutenu par la fondatrice Marina Strocchi[15],[8]. C'est grâce à cette initiative que Kumentje commence à peindre en 1994 pour le Minyma Tjukurrpa et, en 1997, son travail est exposé par des grandes galleries[16]. Elle est l'une des « dames de Kintore » qui ont rejoint les rangs des artistes de Papunya Tula[17], et est désignée comme "numéro un" du mouvement par ses collègues artistes[9]. Elle peint avec la Papunya Tula Artists Cooperative, dont elle est actionnaire, à partir de 1996[10],[18].

La seule interruption de sa carrière a été en 1999, lorsqu'elle subit une opération de la cataracte. Selon le journaliste Nicolas Rothwell, la maladie cause un changement distinct dans son travail, y compris l'utilisation croissante de lignes épaisses. Johnson déclare que l'opération aboutit à « une collection de toiles inondées de lumière » ; la conservatrice de la Galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud, Hetti Perkins, estime qu'après son rétablissement, « son travail a montré une vigueur renouvelée »[19].

Les œuvres de Makinti sont sélectionnées pour cinq expositions consécutives du National Art and Torres Strait Islander Art Award (NATSIAA) à partir de 1997[8],[10]. En 2000, elle fait sa première exposition en solo et ses œuvres sont incluses dans la grande exposition Papunya Tula: Genesis and Genius à la Galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud. L'année suivante, elle est finaliste du NATSIAA. En 2003, elle est nommée par le magazine Australian Art Collector (en) comme l'une des 50 artistes les plus à collectionner du pays[20], une évaluation répétée par ce magazine en 2004[21], 2005[22] et 2006[23]. Toujours en 2003, elle est finaliste du prix Clemenger pour l'art contemporain (en)[24]. En 2006, ses œuvres occupent le haut de l'échelle des prix, bien que les valeurs de revente de ses œuvres non vendues par les artistes de Papunya Tula soient instables en raison de leur qualité variable[9].

En août 2008, Makinti remporte la NATSIAA et un prix de A$40 000 mais son âge et son état de santé l'empêchent de l'accepter en personne[18]. En octobre 2008, ses œuvres figurent dans une vente aux enchères caritative garantissant des fonds pour l'université Charles-Darwin. Sa peinture se vend pour A$18 500, soit près d'un dixième du montant total amassé[25]. En 2009, elle est de nouveau finaliste à la NATSIAA avec une peinture sans titre[26] et finaliste au Togart Contemporary Art Award la même année[27]. En 2011, elle est finaliste du 36e prix d'art Alice (en) et la même année, elle reçoit à titre posthume l'Ordre d'Australie, pour service aux arts en tant qu'artiste indigène contemporaine, aux femmes peintres du mouvement Western Desert Art, et à la communauté du Territoire du Nord[28].

La plupart des collections publiques d'Australie contiennent une ou plusieurs œuvres de Makinti, notamment la Galerie nationale d'Australie, la Galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud, la National Gallery of Victoria, la Queensland Art Gallery, le Musée de Brisbane et la Galerie d'art du Territoire du Nord. Elle a participé à quelques grandes expositions de groupe, telles que Papunya Tula: Genesis and Genius à la Galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud, et Color Power à la Galerie nationale de Victoria, ainsi que des expositions solo dans des galeries privées, y compris la galerie de Gabrielle Pizzi (en)[8],[29]. La National Portrait Gallery of Australia possède dans sa collection un portrait photographique de Kumentje pris par l'artiste australien d'origine malaisienne Hari Ho[30]. Son travail est inclus dans la Biennale de Sydney en 2012[31].

Style de peinture[modifier | modifier le code]

Les œuvres de Makinti, y compris ses peintures Prix Clemenger et NATSIAA, sont créés avec un polymère synthétique sur toile de lin ou toile[24],[32].

De nombreuses peintures des artistes du désert occidental évoquent l'eau, tandis que le temps du rêve le plus populaire dans le mouvement est Kungka Kutjarra, qui raconte le voyage de deux soeurs[8],[33]. Les travaux de Makinti n'y font pas exception et représentent souvent le trou de roche de Lupul[24]. La peinture sans nom exposée au sein de Genesis and Genius est basée sur Kungka Kutjarra, tandis que la peinture qui remporte le prix Telstra en 2008 représente Lupul.

D'après Hetti Perkins, le travail de Makinti est, comme elle, « très dynamique et charismatique ». Bien qu'elle soit membre des artistes de Papunya Tula, Makinti semble plus spontanée dans sa représentation des mythes traditionnels[10]. Son style évolue avec le temps[34], gagnant plus d'ordre et représentant plus en détail les jupes de crin et les peintures corporelles. Sa palette de couleurs reste toujours majoritairement jaune et rose, avec des touches orange et blanches[8].

Expositions et prix[modifier | modifier le code]

  • 1997 – 14th National Aboriginal & Torres Strait Islander Art Award[10]
  • 1998 – 15th National Aboriginal & Torres Strait Islander Art Award[8]
  • 1999 – 16th National Aboriginal & Torres Strait Islander Art Award
  • 2000 – 17th National Aboriginal & Torres Strait Islander Art Award
  • 2000 – Utopia Art, Sydney
  • 2001 – finaliste, 18th National Aboriginal & Torres Strait Islander Art Award
  • 2001 – Utopia Art, Sydney
  • 2002 – Gallerie Gabrielle Pizzi, Melbourne
  • 2003 – Utopia Art, Sydney
  • 2003 – finaliste, Clemenger Contemporary Art Award à la Galerie nationale de Victoria[24]
  • 2007 – finaliste, 24th National Aboriginal & Torres Strait Islander Art Award[35]
  • 2008 – gagnante, 25th National Aboriginal & Torres Strait Islander Art Award

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Makinti Napanangka », Art Gallery NSW (consulté le )
  2. Dussart, « Notes on Warlpiri women's personal names », Journal de la Société des Océanistes, vol. 86,‎ , p. 53 (DOI 10.3406/jso.1988.2842, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  3. « Makinti Napanangka » [archive du ], Japingka Gallery, (consulté le )
  4. Vivien Johnson, Lives of the Papunya Tula Artists, Alice Springs, NT, IAD Press, , 316–318 p. (ISBN 978-1-86465-090-7)
  5. Hetti Perkins et Hannah Fink, Papunya Tula: Genesis and Genius, Sydney, Art Gallery of New South Wales in association with Papunya Tula artists, , 184, 295 (ISBN 0-7347-6306-9)
  6. « Makinti Napanangka – Pintupi Artist » [archive du ], Aboriginal Art Online (consulté le )
  7. a et b « Tradition and transformation: Indigenous art in the NGV collection: Makinti Napanangka » [archive du ], National Gallery of Victoria (consulté le )
  8. a b c d e f et g Alan McCulloch et Susan McCulloch, Emily McCulloch Childs, The New McCulloch's Encyclopedia of Australian Art, Fitzroy, Victoria, Aus Art Editions in association with The Miegunyah Press, (ISBN 0-522-85317-X), p. 117
  9. a b c d et e Isaacs, « Makinti Napanangka: under the desert sky », Australian Art Collector, vol. 37,‎ , p. 116–123
  10. a b c d e f et g Margo Birnberg et Janusz Kreczmanski, Aboriginal Artist Dictionary of Biographies: Australian Western, Central Desert and Kimberley Region, Marleston, South Australia, J.B. Publishing, (ISBN 1-876622-47-4), p. 231
  11. Margo Birnberg et Janusz Kreczmanski, Aboriginal Artist Dictionary of Biographies: Australian Western, Central Desert and Kimberley Region, Marleston, South Australia, J.B. Publishing, , 10–12 p. (ISBN 1-876622-47-4)
  12. « NGV collection: Makinti Napanangka » [archive du ], National Gallery of Victoria (consulté le )
  13. « Kinship and skin names » [archive du ], People and culture, Central Land Council (consulté le )
  14. Vivien Johnson, The Oxford Companion to Aboriginal Art and Culture, Oxford University Press, (ISBN 0-19-550649-9), « Desert art », p. 219
  15. Susan McCulloch, Contemporary Aboriginal Art: A guide to the rebirth of an ancient culture, St Leonards, NSW, Allen & Unwin, , 103–105 p. (ISBN 1-86448-631-7)
  16. « Makinti Napanangka, Snake Dreaming, 1996 » [archive du ], National Gallery of Victoria, (consulté le )
  17. Geoffrey Bardon et James Bardon, Papunya – A place made after the story: The beginnings of the Western Desert painting movement, University of Melbourne, Miegunyah Press, (ISBN 0-522-85110-X)
  18. a et b Papunya Tula Artists, « Statement on behalf of Makinti Napanangka by Papunya Tula Artists » [archive du ], Northern Territory Department of Natural Resources, Environment and The Arts, (consulté le )
  19. Napanangka, « Untitled », AGNSW collection record, Art Gallery of New South Wales, (consulté le )
  20. « 50 Most Collectible Artists », Australian Art Collector, vol. 23,‎ jan–mar 2003 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  21. « 50 Most Collectible Artists », Australian Art Collector, vol. 27,‎ jan–mar 2004 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  22. « 50 Most Collectible Artists », Australian Art Collector, vol. 31,‎ jan–mar 2005 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  23. « 50 Most Collectible Artists », Australian Art Collector, vol. 35,‎ jan–mar 2006 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  24. a b c et d « Clemenger Contemporary Art Award: Makinti Napanangka » [archive du ], National Gallery of Victoria, (consulté le )
  25. « A special art auction raises thousands for kids‘ health » [archive du ], Deadly Vibe, Vibe Australia / Menzies School of Health Research (consulté le )
  26. 26th Telstra national Aboriginal & Torres Strait Islander Art Award, Catalogue, Northern Territory Government,
  27. Togart Contemporary Art Award (NT) 2009, The Toga Group, Darwin, NT, p. 33
  28. « Napanangka, Kumantjayi » [archive du ], It's An Honour, Australian Government (consulté le )
  29. Alan McCulloch et Susan McCulloch, Emily McCulloch Childs, The New McCulloch's Encyclopedia of Australian Art, Fitzroy, Victoria, Aus Art Editions in association with The Miegunyah Press, (ISBN 0-522-85317-X), p. 136
  30. Sarah Engledow et Andrew Sayers, The Companion, Canberra, National Portrait Gallery, (ISBN 978-0-9775761-2-8), p. 179
  31. « 18th Biennale of Sydney posthumously presents leading Western Desert artist » [archive du ], Media Release, Papunya Tula Artists, (consulté le )
  32. « 25th Silver Jubilee National Aboriginal & Torres Strait Islander Art Awards » [archive du ], Room brochure, Museums and Art Galleries of the Northern Territory, (consulté le )
  33. Jennifer Isaacs, Australian Aboriginal paintings, Sydney, NSW, Weldon Publishing, , 9–16 (ISBN 1-86302-011-X, lire en ligne)
  34. « Forging a language of emotion », The Australian,‎ (lire en ligne)
  35. « Sales information » [archive du ], National Aboriginal and Torres Strait Islander Art Awards, Museums and Art Galleries of the Northern Territory, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]