Madame Sorgue

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Madame Sorgue
Madame Sorgue (assise à droite sur la photo), aux côtés de Benoît Broutchoux, en 1906 après la catastrophe de Courrières.
Biographie
Naissance
Décès
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Nom de naissance
Antoinette Durand
Nationalité

Antoinette Cauvin, connue sous le pseudonyme de Madame Sorgue et de Madame Trouble[1], née Antoinette Durand le à Paris et morte le à Londres, est une anarcho-syndicaliste française.

Biographie[modifier | modifier le code]

Denys Puech, Madame Cauvin ou Citoyenne Sorgue (1897), marbre, Rodez, musée des Beaux-Arts Denys-Puech.

Famille et identité[modifier | modifier le code]

Antoinette Durand est née le au 6, rue Balzac à Paris, chez ses parents Joseph Pierre Durand, rentier, et Elisabeth Chripkoff, son épouse, mariés à Londres[2]. Son père, médecin et philosophe fouriériste, se fait appeler Durand de Gros, d'après le domaine de Gros, situé à Arsac dans l’Aveyron, où il s'établit[3].

En 1885, Antoinette Durand épouse à Nice Jean Baptiste Auguste Cauvin, publiciste[4], qui signera plus tard sous le nom de plume Cauvin d'Arsac ou d'Arsac[3]. Elle adopte quant à elle le pseudonyme de Sorgue : il viendrait de l'allemand « Sorge » signifiant « soucis, problème », étant celle qui les apporte[1], ceci expliquant sa version anglicisée : Madame Trouble. Une autre interprétation quant à l'origine de son pseudonyme viendrait de la Sorgues, une rivière aveyronnaise à qui elle aurait emprunté son nom[5].

Parcours[modifier | modifier le code]

Après avoir eu un rôle prédominant dans la création de plusieurs groupes socialistes en Aveyron, et avoir rejoint le Parti socialiste révolutionnaire, à tendance blanquiste, elle représente trois de ces groupes en 1889 et 1890 au Congrès international socialiste à Paris[5]. Elle est toujours leur représentante en 1905, au Congrès du Globe, à Paris, qui verra l'apparition de la SFIO[5].

En 1905, elle participe à la grève des travailleurs et des travailleuses du textile à Limoges, dont la principale revendication allait à l'encontre du droit de cuissage en vigueur pour les travailleuses[5]. En 1907, c'est à Roquefort, au côté des travailleuses des fabriques de fromages de la ville qu'elle est présente. Celles-ci protestant moins pour de meilleures conditions de travail que contre les abus sexuels qu'elles subissaient[5].

Ayant participé à un grand nombre de grèves en Europe, elle voyage beaucoup en France, au Portugal, en Italie, au Pays de Galles, en Angleterre[6] et en Écosse, notamment durant la grève des dockers à Leith en 1913 [7].

Elle fut réputé être « la femme la plus dangereuse d'Europe »[1], en raison de son rôle dans la diffusion des idées et des méthodes syndicalistes françaises en Grande-Bretagne. Féministe, Madame Sorgue est en opposition avec les anti-parlementaires et les anarchistes sur la question du droit de vote des femmes, et est fortement critique du modèle familial dominant et du mariage[5]. Oratrice et journaliste, elle écrivit pour le Journal des débats.

En 1914, pendant la Première Guerre mondiale, elle fut l'une des rares anarchistes à être en faveur de la guerre.

Elle meurt d'une crise cardiaque le à Londres, à l'hôtel Bonnington situé sur Southampton Row (en)[5],[1],[8],[9].

Denys Puech, séduit par sa grande beauté, avait sculpté son buste en 1897[10],[11].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « Madame Sorgue dead. - Described by Italian as most dangerous Woman (Reuter's Message.) London, February 8. - Barrier Miner (Broken Hill, NSW : 1888 - 1954) - 9 Feb 1924 », Trove (consulté le ).
  2. Acte de naissance no 493, , Paris 8e, Archives de Paris.
  3. a et b Jean-Michel Cosson, Jean-Louis Prud’homme, « Cauvin d'Arsac Auguste dit D’Arsac », dans Le Maitron, Maitron/Éditions de l'Atelier, (lire en ligne).
  4. Acte de mariage no 73, , Nice, Archives des Alpes-Maritimes [lire en ligne] (vue 74/481).
  5. a b c d e f et g « Cauvin,( nee Durand de Gros) Antoinette aka Madame Sorgue 1864-1924 », libcom.org (consulté le ).
  6. (en) Alison Heath, The Life of George Ranken Askwith, 1861–1942, Routledge, (ISBN 978-1-317-32005-0, lire en ligne).
  7. (en) William Kenefick, Red Scotland! : The Rise and Fall of the Radical Left, c. 1872 to 1932 : The Rise and Fall of the Radical Left, c. 1872 to 1932, Edinburgh University Press, , 240 p. (ISBN 978-0-7486-3082-0, lire en ligne).
  8. Constance Bantman, The French Anarchists in London, 1880-1914 : Exile and Transnationalism in the First Globalisation, Oxford University Press, , 256 p. (ISBN 978-1-78138-658-3, lire en ligne).
  9. Zealand, « Papers Past | Madame Sorgue. (Marlborough Express, 1911-12-22) », paperspast.natlib.govt.nz (consulté le ).
  10. Denys Puech, Madame Cauvin ou Citoyenne Sorgue (1897), marbre, Rodez, musée des Beaux-Arts Denys-Puech.
  11. « Madame Cauvin ; Citoyenne Sorgue », notice no 05500001857, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Compère-Morel, Grand dictionnaire socialiste du mouvement politique et économique national et international, Paris, publications sociales, 1924, p. 883.

Liens externes[modifier | modifier le code]