Louis Gros (pilote)

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Louis Prosper Gros
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 79 ans)
FrontonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Louis Prosper GrosVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
Grade militaire
Conflit
Distinctions

Louis Prosper Gros (-) est un as français de la Première Guerre mondiale, crédité de 8 victoires aériennes.

Louis Gros devance son service militaire quelques mois avant le début du conflit. Il pendant un an et demi comme artilleur avant de demander à passer dans l'aviation. Au cours de sa carrière de pilote, Gros remporte la majorité de ses victoires contre des Drachens, de grandes cibles fixes mais très lourdement défendues. Après la guerre, il fait brièvement carrière dans l'aviation civile avant de devenir représentant en machines agricoles au Maroc.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Louis Prosper Gros naît à Paris le , dans un milieu modeste, étant donné que ses parents, domiciliés au 309 rue Lecourbe, sont tous deux maraîchers[1]. Dans sa jeunesse, il se passionne pour les moteurs de voitures, ce qui l'amène à devenir mécanicien et à obtenir son permis de conduire[1]. Avant son 20e anniversaire, il devance son service militaire en s'engageant pour trois ans dans l'armée le . Cinq jours plus tard, il est incorporé dans le 43e régiment d'artillerie de campagne en tant que simple artilleur, et est employé comme chauffeur[1].

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Artilleur[modifier | modifier le code]

Louis Gros occupe le même poste lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Il prend part aux premiers engagements avec son régiment, intégré à la 5e armée qui combat d'abord en Belgique avant de se replier jusqu'à la bataille de la Marne le . Trois jours avant le début de la bataille, Louis Gros est promu brigadier[1]. À la fin du mois, le , il est promu maréchal des logis. Il vit avec son régiment d'artillerie pendant plus d'un an, ce qui lui permet d'éviter de connaître les tranchées[1]. Le , alors que son régiment est stationnée à Mareuil dans la Somme, il est blessé au pied droit par un éclat d'obus[1].

Pendant sa convalescence, Louis Gros lit une note demandant des volontaires pour l'armée de l'air. Il dépose sa candidature le , avec le soutien de ses supérieurs. Elle est acceptée et Louis Gros devient élève-pilote le [1].

Pilote[modifier | modifier le code]

Louis Gros à droite avec les as Michel Coiffard (2e en partant de la droite) et Jacques Ehrlich (3e en partant de la droite) le .

La formation de Louis Gros suit les étapes habituelles des pilotes français : il obtient son brevet de pilote militaire no 3565 sur Farman le à Chartres, puis suit un stage complémentaire à l'école d'Avord[1]. Versé dans un groupe d'instruction le , Louis Gros est envoyé au front le , dans l'escadrille F41, stationnée dans la Somme[1].

Cette unité de reconnaissance est équipée de biplaces Farman F.40[1]. L'escadrille est partiellement rééquipée de Dorand AR.1 lors de son déplacement vers Sainte-Menehould, dans le secteur de Verdun, le [1]. Elle reçoit plus tard des Salmson-Moineau SM.1, là encore en petit nombre. Louis Gros effectue donc ses premières missions au front sur des F.40[1]. C'est avec un appareil de ce type qu'il remporte sa première victoire le  : attaqué par trois chasseurs allemands, il dégage son appareil et son mitrailleur abat un poursuivant, entraînant la fuite des autres[2],[1].

Pour cette première victoire, Louis Gros reçoit la médaille militaire le [3]. Jusqu'à la fin de l'année 1917, il effectue des missions de reconnaissance et de guidage d'artillerie[3]. Le , il est promu adjudant. Du au , Louis Gros suit une brève formation sur SPAD pour devenir pilote de chasse[3]. Dans la foulée, il est immédiatement affecté à l'escadrille SPA 154 (en), stationnée dans la Somme. Ses missions changent alors d'envergure : l'escadrille, avec les SPA 12, 31 (en) et 59 fait partie du Groupe de combat 11, sous le commandement d'Édouard Duseigneur[3].

SPAD XIII n°2782 de Louis Prosper Gros à La Ferté-Gaucher le . Il remporte 5 victoires à l'étranger sur cet avion de juin à août 1918.

Son chef d'escadrille, le capitaine Auguste Lahoulle, se spécialise à partir du dans des missions dangereuses : des chasses au Drachens[3]. Ces grands ballons captifs suspendus derrière les lignes allemandes servent au guidage d'artillerie et font de grandes cibles faciles à abattre avec des munitions incendiaires (qui enflamment l'hydrogène contenu dans le ballon)[3]. Mais ces grandes cibles fixes sont lourdement défendues par la DCA et la chasse allemande et sont donc très dangereuses pour les pilotes[3]. Sous le commandement de Lahoulle, l'escadrille SPA 154 commence à remporter beaucoup de victoires contre des ballons allemands. Après avoir remporté sa deuxième victoire contre un avion allemand, Louis Gros abat quatre ballons entre juin et juillet, devenant donc officiellement un as[2],[3]. La plupart de ces victoires sont remportées en collaboration avec d'autres as, comme Michel Coiffard, Robert Waddington, Paul Barbreau, Paul Armand Petit, Auguste Lahoulle ou Jacques Ehrlich[3]. Après avoir abattu un avion allemand le , Gros abat un dernier ballon le le , pour sa 8e victoire[3]. Il est également promu au grade de sous-lieutenant à titre temporaire à cette période[3].

L'habitude d'attaquer les ballons allemands coûte cher en vies humaines à la SPA 154[3]. Le capitaine Lahoulle est gravement blessé le [4] et confie le commandement à Michel Coiffard, qui sera tué à son tour fin octobre[5]. La plupart des as de l'unité sont tués, blessés ou faits prisonniers[3]. Louis Gros, lui, est blessé à la cuisse par une balle venue du sol le . Il réussit néanmoins à ramener son appareil dans les lignes françaises et à se poser[3]. Évacué vers l'arrière, Louis Gros reste en convalescence jusqu'à la fin de la guerre[3].

Il reçoit la Légion d’Honneur avant l'armistice[3].

Retour à la vie civile[modifier | modifier le code]

Louis Gros est confirmé dans son grade de sous-lieutenant le [6]. Il est démobilisé le et se retire à Asnières-sur-Seine pour y rejoindre sa femme, qu'il avait épousé le [6]. Par la suite, Louis Gros trouve un emploi de pilote dans la compagnie aérienne Latécoère, plus tard connue sous le nom de compagnie générale aéropostale, en 1922. Il s'installe à Toulouse et séjourne fréquemment à Casablanca[6]. Gros accumule près de 2 500 heures de vol sur les appareils de la compagnie jusqu'au milieu des années 1920. Il quitte alors le domaine de l'aéronautique pour devenir représentant en machines agricoles à Rabat, au Maroc[6]. Une fois revenu à la vie civile, Louis Gros néglige ses périodes de stage dans la réserve de l'armée, ce qui ne l'empêche pas d'être promu lieutenant en 1922 et capitaine en 1936[6].

C'est avec ce dernier grade qu'il est mobilisé à nouveau au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale et affecté à l'école de pilotage de Meknès[7]. Il est peu apprécié de ses supérieurs en raison de ses manquements à la discipline et de ses prétentions à un traitement particulier en raison de son statut d'as de la précédente guerre mondiale. Démobilisé le , Louis Gros rentre à son domicile de Rabat[7]. L'abaissement des limites d'âge pour les grades en 1941 entraîne sa radiation de la réserve de l'armée de l'air. À la suite de cela, il ne joue aucun rôle combattant dans la Seconde Guerre mondiale[7].

Louis Gros rentre en France après la décolonisation du Maroc en 1954[7]. Il s'installe d'abord en Indre-et-Loire puis à Fronton en Haute-Garonne dans les années 1960, où il passe sa retraite jusqu'à son décès le , à 79 ans[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l et m Méchin 2021, p. 80.
  2. a et b « Louis Prosper Gros », sur www.theaerodrome.com (consulté le )
  3. a b c d e f g h i j k l m n o et p Méchin 2021, p. 81.
  4. « Auguste Lahoulle », sur www.as14-18.net (consulté le )
  5. « Michel Coiffard », sur www.as14-18.net (consulté le )
  6. a b c d et e Méchin 2021, p. 82.
  7. a b c d et e Méchin 2021, p. 83.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Norman L. R. Franks et Frank W. Bailey, Over the front : a complete record of the fighter aces and units of the United States and French Air Services, 1914-1918, Londres, Grub Street, , 296 p. (ISBN 978-0-948817-54-0 et 0-948-81754-2, lire en ligne)
  • (en) David Méchin, The WWI French Aces Encyclopedia, vol. 4 : Fraissinet to Hérisson, Aeronaut Books, , 254 p. (ISBN 978-1-953201-33-1), p. 80-86

Liens externes[modifier | modifier le code]