La Fraternité de 1845

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La Fraternité
Pays France
Langue français
Périodicité mensuel (1er dimanche du mois)
Date de fondation 1845
Date du dernier numéro 1848
Ville d’édition Paris

La Fraternité de 1845[1], « organe des intérêts du peuple, journal de réorganisation sociale et de politique générale »[2] puis « organe du communisme »[3],[4],[5], est une publication ouvrière mensuelle éditée en France de à .

Le journal défend tout à la fois la liberté, l’égalité et la fraternité. « Communiste » anti-autoritaire pré-marxiste, il affirme l’espoir politique de « tout ce qui travaille et souffre », l’horizon des manœuvriers, des terrassiers, des agriculteurs, des couturières et des petits commerçants qui peinent tandis que les banquiers et les agioteurs réalisent « des gains énormes »[6].

Pour le journal, le communisme est « la voix du peuple revendiquant pour tous des droits et des devoirs égaux », « une protestation des déshérités, une négation d'un ordre social mauvais »[7].

Éléments historiques[modifier | modifier le code]

Après L'Humanitaire, en , c'est le second titre de presse, en France, à se réclamer explicitement du « communisme ».

Dans son ouvrage, Le mouvement littéraire socialiste depuis 1830, J.-M. Gros, le décrit comme l' « organe du communisme athée et absolu »[8].

Dans le deuxième numéro (en ), il est annoncé que le premier numéro a été tiré à 1200 exemplaires et qu'il est déjà épuisé. Comme on le réclame et que les formes ont été détruites, il est demandé aux lecteurs de le ramener au bureau du journal afin de le remettre en circulation[9]. Par ailleurs dans ce même deuxième numéro, il y a une publicité pour un artiste qui effectue des « bustes de Babeuf et de Buonarroti de même grandeur » (Gracchus Babeuf et Philippe Buonarroti sont des pères fondateurs du communisme)[5]. En , un rédacteur du journal La Réforme a évoqué la renaissance de La Fraternité en qualifiant le journal d'« organe intelligent des intérêts du Peuple » et de « sentinelle avancée dans le champ des théories sociales »[10].

Dans le troisième numéro (en ), les ouvriers dénoncent l'expulsion de « plusieurs littérateurs socialistes allemands, qui n’avaient pas cessé de prêcher dans le journal le Vorwartz (En avant) la sainte alliance des deux peuples. Parmi eux se trouve le philosophe communiste M. Charles Marx, de Trèves »[5].

En , ils dénoncent l'enfumade commise par les troupes du lieutenant-colonel Pélissier dans des grottes de Dahra : « Un horrible sacrifice au dieu des carnages a été consommé en Algérie, non par les hordes arabes, mais, ô honte ! au nom de la civilisation européenne, par des Français ! »

Dans son neuvième numéro (septembre 1845), La Fraternité affirme qu'avec elle « c'est l'intelligence populaire qui fait son avènement dans le domaine social et s'élève à la conception des principes de liberté, d'égalité et de fraternité véritables »[11],[12].

En décembre 1846 (numéro 24, page 202), le journal fustige les avocats de La réforme, les « Messieurs » du journal Le National qui se servent des ouvriers comme d'un « marche-pied » à des « ambitions en expectative » et qui « cherchent à [les] envelopper par leurs manœuvres cauteleuses »[13].

En , le journal critique le premier départ des disciples d’Étienne Cabet au Texas car un communiste ne devrait pas « abandonner le foyer où s’élaborent toutes les grandes idées qui, de ce point, rayonnent et se répandent sur le monde qu’elles doivent régénérer ».

Jacques Grandjonc estime que le journal « pouvait subsister avec 300 exemplaires »[5]. Les tirages sont en moyenne de 1500[14].

Fondateurs et collaborateurs[modifier | modifier le code]

  • Denis
  • Joseph Benoît[20]
  • André-Marie Savary (ex-cordonnier)[5]
  • Louis Adam (cambreur)
  • Fontan (cordonnier)
  • Narcy (serrurier)
  • Pinault (commis en librairie)
  • Stévenot (compositeur typographe)
  • Voinier (teneur de livres)

Homonymie[modifier | modifier le code]

Bien d'autres organes de presse portent ce titre.

  • En , Richard Lahautière fonde son propre journal, La Fraternité, journal moral et politique, dont il est rédacteur en chef[21]. Après L'Égalitaire, cette publication est pendant quelques mois l'organe du courant le plus révolutionnaire du communisme français néo-babouviste, le courant plus pacifique et spiritualiste s'exprimant dans Le Populaire d'Étienne Cabet[22].

Bibliographie et sources[modifier | modifier le code]

  • Référence bibliographique appartenant à la bibliothèque de Flaubert : La Fraternité.
  • Alain Maillard, Égalité et communauté, la presse communiste. L’Intelligence, Le Moniteur républicain, L'Homme libre, L’Égalitaire, La Fraternité de 1841, Le Travail, L'Humanitaire et La Fraternité de 1845, in Collectif, Quand les socialistes inventaient l'avenir, 1825-1860, La Découverte, 2016, page 309, cairn.info.
  • Ian McKeane, Bibliographie sélective de la presse française (1825-1848), Université de Liverpool, lire en ligne.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. A ne pas confondre avec La Fraternité publié de 1841 à 1843
  2. La Fraternité, n°1, janvier 1845, lire en ligne.
  3. (BNF 36331382).
  4. Jean Wallon, La presse de 1848, ou Revue critique des journaux publiés à Paris depuis la Révolution de février jusqu'à la fin de décembre, Pillet fils aîné, Paris, 1849, page 119.
  5. a b c d et e Alain Maillard et Thomas Bouchet (dir.), Quand les socialistes inventaient l'avenir : presse, théories et expériences : 1825-1860, Paris, La Découverte, (ISBN 978-2-7071-8591-4 et 2-7071-8591-4, OCLC 908155334, lire en ligne), chap. 12 (« Égalité et communauté, la presse communiste. L’Intelligence, Le Moniteur républicain, L’Homme libre, L’Égalitaire, La Fraternité de 1841, Le Travail, L’Humanitaire et La Fraternité de 1845 »), p. 168-180
  6. Émile Carme, « La brèche communiste libertaire », Ballast,‎ (lire en ligne).
  7. La Fraternité, n°9, septembre 1845, page 77.
  8. J.-M. Gros, Le mouvement littéraire socialiste depuis 1830, A. Michel, Paris, page 4, lire en ligne.
  9. Alain Maillard, La communauté des égaux : le communisme néo-babouviste dans la France des années 1840, Kimé, 1999, page 264.
  10. François Fourn et Thomas Bouchet (dir.), Quand les socialistes inventaient l'avenir : presse, théories et expériences : 1825-1860, La Découverte, cop. 2015 (ISBN 978-2-7071-8591-4 et 2-7071-8591-4, OCLC 908155334, lire en ligne), chap. 15 (« L’utopie ou la barbarie. Contre la violence révolutionnaire. Le Populaire de Cabet »), p. 203-216
  11. Marcel David, Le Printemps de la fraternité : genèse et vicissitudes 1830-1851, Éditions Aubier, 1992, page 118.
  12. Jacques Rancière, La parole ouvrière : 1830-1851, Union générale d'éditions, 1976, page 11.
  13. Alain Maillard, L’actualité du saint-simonisme : Colloque de Cerisy, Paris, Presses Universitaires de France, (lire en ligne), « Communismes égalitaires et saint-simonisme », p. 131-147
  14. Vincent Bourdeau, Edward Castleton, François Jarrige, Thomas Bouchet (dir.) et Ludovic Frobert, Quand les socialistes inventaient l'avenir : presse, théories et expériences : 1825-1860, Paris, La Découverte, (ISBN 978-2-7071-8591-4 et 2-7071-8591-4, OCLC 908155334, lire en ligne), « Introduction », p. 141-150
  15. Collectif, Pour une généalogie du communisme français, Éditions L'Âge d'Homme, 1991, page 67, note 24.
  16. (BNF 15932799).
  17. Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social : Castagné.
  18. Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, « Le Maitron » : Pierre Leroux.
  19. Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social : Pouvret.
  20. Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social : Joseph Benoît.
  21. Lancé en mai 1841, le journal La Fraternité compte 23 numéros parus du 1er au 5 de chaque mois, jusqu'en . Les six premiers numéros sont in-folio. À partir du n° 7, il est sous-titré : « Journal mensuel », modifié au n° 17 en : « Journal mensuel, exposant la doctrine de la communauté ». Le siège du journal était au 60 rue du Four-Saint-Germain, à Paris.
  22. Pierre Haubtmann, Pierre-Joseph Proudhon: sa vie et sa pensée, 1809-1849, Éditions Beauchesne, , 1140 p. (lire en ligne), partie 2, p. 417

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]