Jazz du Maghreb

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Le jazz du Maghreb est un genre du jazz et des musiques du monde caractérisé par une combinaison du jazz traditionnel et de la culture musicale du Maghreb, une vaste collection de sons et de styles aux racines maghrébines. Il s’agit d’un type de crossover musical relativement nouveau qui est actuellement développé par divers musiciens du monde entier.

Parmi les exemples notables de jazz maghrébin, on peut citer des artistes tels que Karim Ziad[1], Jan Wouter Oostenrijk[2],[3], Mohamed Rouane, Nguyen Le et Jah Wobble.

Origines[modifier | modifier le code]

Le monde arabe possède une culture musicale riche et étendue au sein de laquelle la région du Maghreb a sa propre identité particulière. La région comprend la partie nord-ouest de l’Afrique, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Mauritanie et le Sahara occidental. Le mot « Maghreb » veut dire « couchant », le lieu où le soleil se pose, vu depuis la péninsule arabique. La population originale de cette région sont les Berbères, qui ont une forte identité propre qui comprend leur propre langue (dont plusieurs dialectes) et des traditions musicales riches. Bien que la majorité des Maghrébins vivent dans les grandes villes, un lien fort avec le désert du Sahara et sa culture bédouine demeure.

Au fil du temps, la musique de ces régions s'est mêlée à de nombreux autres genres musicaux. On peut citer par exemple le croisement de la musique berbère avec des influences du Proche-Orient, de l'Afrique de l'Ouest et de l’Occident (de l'Europe notamment)[4]. Parmi les artistes, on trouve Malika Zarra, qui combine la musique berbère avec le jazz américain et d'autres musiques occidentales, ou Ammouri Mbark, qui la mélange avec du rock, du reggae et des sons latins.

Styles de jazz maghrébin[modifier | modifier le code]

Jazz arabo-andalou[modifier | modifier le code]

Les racines de ce style se trouvent dans l'Espagne du XIIe siècle, lorsque l'Andalousie était occupée par les Maures et que la musique arabe et la musique classique arabo-andalouse s'y mêlaient. La chanteuse marocaine Nabyla Maan mélange ces vieilles traditions musicales andalouses avec le jazz dans une forme contemporaine.

Jazz melhoun[modifier | modifier le code]

Le mot « melhoun » veut dire littéralement « poème mélodique ». Il s’agit de la plus importante forme de chant ancien dans la musique folklorique traditionnelle du Maghreb. Elle a de nombreuses variantes et est liée à la musique andalouse et à la musique malouf tunisienne. Dans ce style, les mélodies sont monophoniques, et le chant est souvent accompagné et augmenté par un orchestre avec des violes de gambe, des ouds, des loutars et des instruments de percussion comme la taârija ou la darbouka. L'un des groupes particulièrement connus pour ce style spécifique est le Mohamed Ahaddaf Quartet[5].

Jazz gnaoua[modifier | modifier le code]

La musique gnaoua trouve son origine dans la musique jouée par les esclaves qui faisaient l’objet d’une traite sur les routes des caravanes de l'Afrique de l'Ouest, du Mali, du Sénégal et du Niger au sud du Maroc. Il s’agit d’une forme de musique de transe soufie (voir soufisme) dans laquelle les traditions ouest-africaines sont mélangées aux cultures islamiques ainsi que berbère.

Les instruments de musique caractéristiques de ce style sont le guembri, une sorte de luth bédouin également connues sous les noms de hajhouj ou sentir, et les castagnettes en métal appelées qraqebs ou krakebs.

Parmi tous les crossovers du Maghreb, c’est le jazz gnaoua qui est le plus populaire. Il a aussi été adopté par divers artistes internationaux, dont Wayne Shorter et Marcus Miller[6],[7].

Chaque année en juin, depuis 1998, la ville marocaine d'Essaouira célèbre la musique gnaoua lors du célèbre Festival Gnaoua et Musiques du monde[8]. Le célèbre batteur algérien Karim Ziad a programmé le festival pendant dix ans, période durant laquelle il a considérablement renforcé les crossovers et l'innovation musicale au Maghreb.

Jazz chaâbi[modifier | modifier le code]

Le mot « chaâbi » signifie « peuple ». La musique chaâbi est présente dans toute l'Afrique du Nord ; dans le Maghreb, on l’entend principalement durant les fêtes et les mariages. Le style est caractérisé par des rythmes chaâbi superposés de façon polyrythmique, avec des instruments de percussion berbères typiques comme le bendir ou la taârija.

Parmi les artistes célèbres dans ce genre, on peut citer Karim Maurice avec son projet Koum Tara[9], Othman El Kheloufi[10] et les Français de l’Arbaa Quartet[11].

Jazz raï[modifier | modifier le code]

Le raï est l'un des types de musique nord-africaine les plus connus. Il comprend des influences occidentales et trouve ses racines dans la musique bédouine de l’Algérie de l’Ouest. Bien qu'elle soit internationalement connue comme une forme de musique pop, elle a ses racines dans le folk et le jazz. La fanfare Fanfa RAi[12],[13] en est un bon exemple. Un autre exemple est la musique de Cheikha Remitti[14].

Jazz ahouach[modifier | modifier le code]

L'ahouach est un type de danse et de musique folklorique des Berbères du Souss au Sud du Maroc[15]. Le saxophoniste Abdelhak Mabrouk est un artiste reconnu dans ce domaine[16].

Langues, peuples et culture berbères[modifier | modifier le code]

L'identité ethnique de certains crossovers de jazz maghrébins est exprimée par la langue berbère. Le groupe des langues berbères, également connues sous le nom collectif de tamazight, compte plusieurs dialectes répartis dans toute l'Afrique du Nord. Les plus courants sont le tarifit ou rifain des montagnes du Rif marocain, le tachelhit ou chleuh du Sud du Maroc (Souss berbère), le kabyle d'Algérie et un groupe de langues touarègues parlées par les Berbères bédouins du Sahara.

Jazz berbère[modifier | modifier le code]

Parmi les plus grands noms du jazz berbère, on trouve Hindi Zahra[17], Malika Zarra[18] et Iness Mezel[19].

Jazz kabyle[modifier | modifier le code]

Le kabyle est la langue d'un des plus grands groupes berbères du nord de l'Algérie. Ses locuteurs se trouvent dans tout l'Atlas ainsi qu'en France et, dans une moindre mesure, au Canada. Parmi les artistes qui se produisent dans cette langue, on trouve Tala[20] et Haffyd H[21],[22].

Musique touarègue[modifier | modifier le code]

Le type de musique touarègue le plus populaire de nos jours est le blues touareg. Des artistes comme Tinariwen du Mali ou Bombino du Niger ont une large base de fans internationaux et se produisent dans le monde entier depuis de nombreuses années.

Festivals[modifier | modifier le code]

Un rôle important dans le développement des crossovers du jazz du Maghreb est joué par les divers festivals de musique organisés tous les ans dans les pays de la région. Ces festivals proposent une scène aux meilleurs musiciens de jazz d'Europe et du reste du monde, qui sont invités à venir jouer avec leurs propres héros musicaux, créant ainsi un mélange unique de sons folkloriques et de jazz contemporain. Voici quelques exemples :

Algérie – Dima Jazz Festival[23]

Tunisie – Sicca Jazz Festival[24], Tabarka Jazz Festival[25] et Jazz à Carthage[26]

Maroc – Tanjazz[27], Jazzablanca[28], le Festival Gnaoua et Musiques du monde à Essaouira[29] et Jazz au Chellah

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Karim Ziad », sur Discogs (consulté le ).
  2. « Jan Wouter Oostenrijk - JWO », sur Spectacles et musiques du monde (consulté le ).
  3. « Maghreb Jazz ou la passion d'un guitariste néerlandais pour la musique marocaine », sur Yabiladi (consulté le ).
  4. « Berber », sur Music of Morocco (consulté le ).
  5. « Jazz/ Melhoune-Sanaa Marahati avec Ahaddaf Quartet-Taj Lemlah-Tournée Pays Bas » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  6. « Mâalem Kouyou ft Wayne Shorter Quartet ( Moroccan Gnawa fusion Jazz) » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  7. « Marcus MILLER Feat Moustapha BAQBOU at Gnawa Festival Morocco » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  8. (en) « The Worlds's Biggest Music Festivals », sur cnbc.com, (consulté le ).
  9. « KOUM TARA - teaser album - Chaâbi, Jazz & Strings » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  10. « Diapo. Jazzablanca : le jazz-chaabi d’Othman El Kheloufi épate la scène BMCI », sur Le360.ma, (consulté le ).
  11. « ArbaA Experimental Chaâbi », sur Léo Fabre-Cartier (consulté le ).
  12. (en) « / Fanfarai / The Bloom Effect », sur The Bloom Effect (consulté le ).
  13. « FANFARAÏ Big Band, concert en direct » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  14. (en) Jon Pareles, « Cheikha Rimitti, 83, Rebel of Algerian Music, Is Dead », The New York Times,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  15. (en) « ‘Ahwach Jazz’ : Artist Revisits Morocco’s Past with Modern Musical Fusion », sur Morocco World News (consulté le ).
  16. « Ahwach Jazz - Abdelhak MABROUK "ABDEL SAX" (Clip Officiel) » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  17. (en) Alison Hird, « World Tracks - Hindi Zahra and the psychedelic Berber jazz connection », sur rfi.fr, (consulté le ).
  18. « Le jazz berbère de Malika Zarra / DW / 14.07.2015 », sur DW.COM (consulté le ).
  19. Karim Kherbouche, « Iness Mezel, le parfait mariage entre tradition berbère et Jazz », sur over-blog.com, Tadukli, le Kabyle Magazine, (consulté le ).
  20. (en) « ►tala - jazz kabyle ⵣ » [vidéo], sur Dailymotion (consulté le ).
  21. « Haffid h - Idhouar (Jazz Kabyle) » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  22. (en) « Haffyd H : un chanteur Jazz-kabyle virtuose », sur KabyleUniversel.com, (consulté le ).
  23. (en) « Dima Jazz Festival - International Jazz Day », sur International Jazz Day (consulté le ).
  24. « Festival mixes jazz with traditional Tunisian music » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  25. « Tabarka Jazz Festival 2019 : du 20 au 24 Août 2019 », sur tabarkajazzfestival.com (consulté le ).
  26. « Jazz à Carthage : épisode 13 du 06 au 15 Avril 2018 - Website powered by Same Team & Cyberesa », sur jazzacarthage.com (consulté le ).
  27. « Tanjazz / festival de jazz de Tanger », sur Tanjazz Festival (consulté le ).
  28. « Jazzablanca Fest / Jazzablanca Festival / Maroc », sur Jazzablanca Festival (consulté le ).
  29. « Accueil / Gnaoua », sur festival-gnaoua.net (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]