Heures Lamoignon

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Livre d'heures dites Lamoignon
Jeanne de France en prière, O Intemerata, f.202v.
Artiste
Date
Entre et Voir et modifier les données sur Wikidata
Technique
enluminures sur parchemin
Dimensions (H × L)
26,3 × 19,3 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Format
291 folios reliés
No d’inventaire
LA 237Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation

Le Heures dites Lamoignon sont un livre d'heures manuscrit enluminé peint à Paris vers 1414-1416 par le Maître de Bedford et son atelier pour la fille du roi Charles VI de France, Jeanne de France. Il est actuellement conservé au musée Calouste-Gulbenkian à Lisbonne.

Historique[modifier | modifier le code]

Le manuscrit est probablement commandé par Jeanne de France (1391-1433), seule fille du roi Charles VI et d'Isabeau de Bavière parvenue à l'âge adulte et duchesse consort de Bretagne. Le personnage est représenté en prière au folio 202 verso, habillé de bleu et d'hermine, il suggère en effet un personnage royal. Par ailleurs, les armes représentées sur la miniature du folio 216 verso sont un mélange des armes de France et de celle de Bretagne, les armes de Jeanne. Par la suite, le manuscrit entre en possession de sa fille, Isabelle de Bretagne, après son mariage avec Guy XIV de Laval en 1430 : elle fait repeindre ses armes sur celles de sa mère. Voilà pourquoi les observateurs du manuscrit ont longtemps pensé qu'elle en avait été le commanditaire[1].

Par la suite, le manuscrit est en possession de Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, qui donne son nom au manuscrit. Il appartient ensuite au duc de Newcastle (conservé dans sa résidence de Clumber Park (en)) qui le passe en vente chez Sotheby's le 21 juin 1937. Calouste Gulbenkian en fait alors l'acquisition et le lègue à sa fondation à sa mort à Lisbonne[2].

Attribution[modifier | modifier le code]

Le manuscrit a été réalisé dans une série de trois livres liturgiques richement décorés réalisés pour différents aristocrates dans les années 1420 par le même atelier : le manuscrit de Jeanne de France est le plus ancien, avant le livre d'heures Cod.1855 de la Bibliothèque nationale d'Autriche, qui pourrait avoir été destiné à son frère Charles VII et peut-être les Heures de Bedford. Le programme iconographiques des deux premiers est très proche : on retrouve les mêmes grandes miniatures représentées au verso des feuillets et indépendantes du texte. Tous ces ouvrages sont attribués au Maître de Bedford, parfois identifié à Haincelin de Haguenau[2].

Description[modifier | modifier le code]

Texte[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'un livre d'heures à l'usage de la liturgie parisienne. Il contient les chapitres suivant[3] :

  • Calendrier en français, f.1-12
  • Péricope des évangiles, f.14-20
  • Extrait de l'évangile de Matthieu (1, 1-15), f.22-23
  • Passion selon saint Jean, f.24
  • Heures de la Vierge, f.25v.-93v.
  • Psaumes pénitentiels, f.94v.-116
  • Litanies, f.116-121v.
  • Offices des morts à l'usage de Paris, f.122v.-164
  • Diverses prières en français et en latin, f.165v-206
  • Suffrages de sainte Anne, f.206-207
  • Diverses heures pour les jours de la semaine : Trinité (dimanche), office des morts (lundi), Tous les saints (mardi), Saint-Esprit (mercredi), Sacrement (jeudi), la Croix (vendredi), la Vierge (samedi), f.209-266
  • Psautier de saint Jérôme, f.266v.-286
  • Symbole d'Athanase, f.286v.-290

Décoration[modifier | modifier le code]

Le manuscrit contient 32 grandes miniatures entourées chacune de plusieurs petites miniatures présentant chacune une scène en lien avec la grande. Cette particularité est caractéristique de l'art du Maître de Bedford au sommet de son art. L'ensemble est entouré de décorations de marges faites de rinceaux, de fleurs, de personnages, d'anges, de monstres et de grotesques. Le calendrier est décoré de 12 miniatures représentant les signes du zodiaque et 12 allégories des mois. Les marges sont décorées de 84 scènes représentant les travaux des mois, ainsi que du portrait d'une vingtaine de saints. Enfin, dans le reste du texte, pas moins de 414 lettrines historiées[4].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Elisabeth Taburet-Delahaye (dir.), Paris 1400 : Les arts sous Charles VI, Paris, Fayard/RMN, , 413 p. (ISBN 2-213-62022-9), p. 353-354 (Notice 220)
  • (en) Ragnhild Marthine , « Owner Portraits and Heraldry in the Lamoignon Hours », Revista de História da Arte, no 7,‎ , p. 69-77 (lire en ligne)
  • (en) Illuminated manuscripts from Europe in the Calouste Gulbenkian Collection, Lisbonne, Calouste Gulbenkian Museum, , 346 p. (ISBN 978-989-8758-72-9)
  • Jean-Luc Deuffic, Le Livre d'heures enluminé en Bretagne : Car sans heures ne puys Dieu prier, Turnhout, Brepols, coll. « Manuscripta Illuminata » (no V), , 742 p. (ISBN 978-2-503-58475-1), p. 114-115 (notice 25)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bø 2009, p. 70-72.
  2. a et b Taburet-Delahaye 2004, p. 353-354.
  3. Deuffic 2020.
  4. Description du site du musée