Guerre civile des Francs

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Guerre civile des Francs
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Carte du royaume des Francs à la mort de Pépin de Herstal (714). Paul Vidal de La Blache, Atlas général d'histoire et de géographie (1912).
Informations générales
Date -
Lieu Royaumes francs
Issue

Victoire de Charles Martel :

Belligérants
Neustrie et Bourgogne
Frise
Aquitaine et Vasconie
Austrasie
Commandants
Chilpéric II
Ragenfred
Radbod Ier de Frise
Eudes d'Aquitaine
Clotaire IV (717-719)
Charles Martel (716-719)
Plectrude (715-716)
Théodebald (715-716)

Batailles

Compiègne (715) - Cologne (716) - Amblève (716) - Vinchy (717) - Néry (719)

La guerre civile des Francs est une série de batailles échelonnées sur une période de quatre ans, entre 715 et 719. Provoqué par les morts successives du maire du palais Pépin de Herstal en 714 et du roi Dagobert III en 715, ce conflit de succession oppose la Neustrie et l'Austrasie.

Cette guerre marque un affaiblissement toujours plus significatif des Mérovingiens, qui ne sont plus que nommer par les maires du palais, et voit l'ascension de Charles Martel, dont le pouvoir grandissant est une amorce à l'arrivée future sur le trône de la dynastie des Carolingiens.

L'affrontement armé fut aussi marqué par la présence de belligérants étrangers, au travers des ducs Radbod Ier de Frise et Eudes d'Aquitaine, alliés à la Neustrie.

Contexte[modifier | modifier le code]

Après la bataille de Tertry en 687, le maire du palais d'Austrasie, Pépin de Herstal, affirme sa puissance en Neustrie et en Bourgogne défaites, mais échoue à s'imposer en Aquitaine. Il demeure au pouvoir sous les rois Clovis IV, Childebert IV et Dagobert III.

Il place son fils Grimoald II à la tête de l'Austrasie en 695 mais celui-ci meurt en 714. Il nomme donc le fils de Grimoald, Théodebald, comme maire du palais. La mort de Pépin de Herstal le suivant conduit son épouse Plectrude à favoriser son petit-fils Théodebald au détriment de l'autre fils de Pépin, Charles Martel, qu'elle enferme à Cologne. Elle détient alors le pouvoir en tant que régente de Théodebald et du roi Dagobert III, tous deux mineurs[1]. Certains historiens désignent le conflit qui s'ensuit comme la « crise de succession pippinido-carolingienne »[2].

Les Neustriens refusent de se voir ainsi gouverner et, à la mort de Dagobert en 715, appellent à la charge de maire du palais Ragenfred, qui fait monter sur le trône un clerc du nom de Daniel, renommé Chilpéric II. Dans cette situation, à partir de Cologne, Plectrude lève une armée au nom de son petit-fils et l'envoie soumettre les insurgés neustriens.

Résumé[modifier | modifier le code]

Les armées neustrienne et austrasienne se rencontrent dans la forêt de Cuise située entre Saint Jean de Cuise et Cuise-la-Motte. Le , les Neustriens vainquirent les Austrasiens à Compiègne. Le maire du palais d'Austrasie, le jeune Théodebald, est défait et rejoint sa mère Plectrude à Cologne. Les Neustriens s'emparent de Dagobert III et imposent leur chef Ragenfred comme nouveau maire du palais. Après la mort prématurée de Dagobert, âgé d'à peine 15 ans, en 715, les Neustriens élurent comme nouveau roi un moine, Daniel, qui porta désormais le nom de Chilpéric II. Ce dernier semble avoir tenté de s'impliquer activement dans les affaires du royaume et fut le dernier Mérovingien à se battre sur le champ de bataille. Chilpéric II et le maire du palais de Neustrie poursuivent ensuite Théodebald afin de soumettre l'Austrasie.

Entre-temps, Charles Martel avait réussi à s'échapper de sa prison. En 716, les Neustriens menés par Chilpéric et Ragenfred s'avancèrent jusqu'à Cologne et en firent le siège, alors que Plectrude et Théodebald s'y sont réfugiés. Dans cette situation, les principaux partisans de Plectrude se sont ralliés à Charles Martel[3]. En outre, le Carolingien put s'assurer le soutien du missionnaire anglo-saxon Willibrord[4]. L'ascension de Charles s'est appuyée sur l'allégeance traditionnelle de sa famille maternelle dans la région de Maastricht-Liège[5]. Alors que Radbod Ier, le duc des Frisons, s'allie aux Neustriens et envahit l'Austrasie , Charles dut subir sa seule défaite devant Cologne en 716 et s'enfuir du champ de bataille.

Carte néerlandaise inspirée de celle de Vidal de La Blache, affichant notamment les batailles de Tétry (687), Cologne (mars 616), Amblève (avril 616), Vinchy (717) et Néry (718).

Plectrude et Théodebald, enfermés à Cologne, qui est assiégée par Chilpéric et Ragenfred, capitulent finalement et reconnaissent Chilpéric II comme roi des Francs, le trésor royal revenant désormais à la coalition neustro-frisonne, qui se retire ensuite de Cologne. Charles rassembla quant à lui ses forces et vainquit les Neustriens au printemps 716 à Amblève, dans les Ardennes. Après le retrait des Frisons, il attaqua et vainquit de nouveau l'armée neustrienne à Vinchy, près de Cambrai, le [6]. Cologne fut ensuite prise par Charles, qui obligea sa belle-mère Plectrude à lui remettre le trésor royal. Celui-ci devint ainsi entièrement à la disposition des Carolingiens[7].

La remise du trésor symbolisait le passage du pouvoir de Plectrude à Charles. Le trésor royal était un instrument de pouvoir important pour l'obtention et l'établissement du pouvoir. Il permettait en outre à son propriétaire de récompenser matériellement ses fidèles et de s'assurer ainsi de leur loyauté. Le trésor était augmenté par le butin des campagnes militaires[8]. Plectrude dut renoncer à ses ambitions politiques et devint la fondatrice du couvent de Sainte-Marie-au-Capitole à Cologne.

Avant le , afin de légitimer son pouvoir, Charles éleva son propre roi, Clotaire IV, qui le nomma formellement maire du palais d'Austrasie[9]. La couronne du royaume des Francs se trouve alors avec deux têtes. Après leur défaite à Vinchy, le roi Chilpéric et son maire du palais Raganfred demandent l'aide du duc Eudes, à la tête des duchés d'Aquitaine et de Vasconie, et prennent la route de Soissons. Au printemps 718[10] ou le [11], Charles vainquit à nouveau Chilpéric II et Raganfred à Néry, proche de Soissons. À la suite de cette ultime défaite, Chilpéric II rejoint Eudes et le suit à Toulouse, alors que l'ancien maire du palais, Ragenfred, décide de partir à Angers.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Quelques mois plus tard, à la mort du roi Clotaire IV, Eudes d'Aquitaine, affaiblis par une invasion musulmane qui ravage la région de Toulouse, demande l'aide de Charles Martel et lui envoie en retour le roi Chilpéric II. Charles Martel se retrouvant sans ennemi, il réunis les charges de maire du palais de Neustrie et d'Austrasie et reprend le titre de duc des Francs créé par son père, affirmant ainsi sa puissance sur tout le royaume des Francs. Il évince définitivement Raganfred (qui dut se contenter d'une domination locale en Anjou jusqu'à sa mort, survenue en 731), tandis que Chilpéric II est confirmé comme roi de tous les Francs. Ainsi, les Neustriens purent s'accrocher à leur roi, tandis que Charles put faire davantage accepter sa prise de pouvoir à l'ensemble des royaumes francs[12]. Après la mort de Chilpéric en 721, Charles éleva un nouveau roi, Thierry IV, un fils de Dagobert III.

Sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Brigitte Kasten : Königssöhne und Königsherrschaft. Untersuchungen zur Teilhabe am Reich in der Merowinger- und Karolingerzeit. Haovre 1997, S. 65ff., 84ff. Theo Kölzer : Die letzten Merowingerkönige: Rois fainéants? Dans : Matthias Becher, Jörg Jarnut (Hrsg.): Der Dynastiewechsel von 751. Vorgeschichte, Legitimationsstrategien und Erinnerung. Münster 2004, S. 33–60. hier: S. 55f.
  2. Der Begriff geht auf den Aufsatz von Josef Semmler: Zur pippinidisch-karolingischen Sukzessionskrise 714 bis 723. dans : Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters 33 (1977), S. 1–36 (Digitalisat).
  3. Richard Gerberding : 716: A Crucial Year For Charles Martel. Dans : Jörg Jarnut, Ulrich Nonn, Michael Richter (Hrsg.): Karl Martell in seiner Zeit. Sigmaringen 1994, S. 205–216.
  4. Waltraud Joch : Legitimität und Integration. Untersuchungen zu den Anfängen Karl Martells. Husum 1999, S. 108ff.
  5. Wolfram Drews : Die Karolinger und die Abbasiden von Bagdad. Legitimationsstrategien frühmittelalterlicher Herrscherdynastien im transkulturellen Vergleich. Berlin 2009, S. 402. Richard Gerberding: The Rise of the Carolingians and the Liber Historiae Francorum. Oxford 1987, S. 116ff. Richard A. Gerberding: 716: A Crucial Year For Charles Martel. Dans : Jörg Jarnut, Ulrich Nonn, Michael Richter (Hrsg.): Karl Martell in seiner Zeit. Sigmaringen 1994, S. 205–216.
  6. Des doutes sur cette date ont été émis par Marco Kamradt : Die frühfränkische Historiographie und die Schlacht von Vinchy am 21. März 717. Dans : Concilium Medii Aevi 10, 2007, p. 153-166 (online)
  7. Daniel Carlo Pangerl : Der Königsschatz der Merowinger. Eine interdisziplinäre historisch-archäologische Studie. Dans : Frühmittelalterliche Studien Bd. 47 (2013), S. 87–127, hier: S. 104f.
  8. Andreas Fischer : Karl Martell. Der Beginn karolingischer Herrschaft. Stuttgart 2012, S. 24. Vgl. Matthias Hardt : Gold und Herrschaft. Die Schätze europäischer Könige und Fürsten im ersten Jahrtausend. Berlin 2004.
  9. Josef Semmler : Zur pippinidisch-karolingischen Sukzessionskrise 714 bis 723. Dans : Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters 33 (1977), p. 1-36. Paul Fouracre : The Age of Charles Martel. Harlow 2000, p. 69f.
  10. D'après Josef Semmler : Zur pippinidisch-karolingischen Sukzessionskrise 714 bis 723. In: Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters 33 (1977), S. 1–36, hier: S. 10 (Digitalisat) vorherrschende Meinung.
  11. Selon Roland Zingg: Zur Datierung von Karl Martells Sieg in der Schlacht bei Soissons. In: Deutsches Archiv für Erforschung des Mittelalters 68 (2012), S. 127–136 (Digitalisat)
  12. Andreas Fischer : Karl Martell. Der Beginn karolingischer Herrschaft. Stuttgart 2012, S. 170.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Herre Halbertsma (nl), Frieslands oudheid. Het rijk van de Friese koningen, opkomst en ondergang, Utrecht, 2000, pp. 85-90.