Grange cistercienne d'Ithe

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La ferme d'Ithe vue de l'ouest.

La grange puis ferme cistercienne d'Ithe située dans les Yvelines était une des dépendances agricoles de l'abbaye des Vaux-de-Cernay, fondée vers 1150, mise en ferme au XVe siècle puis rachetée en 1692 par Louis II Phélypeaux de Pontchartrain, chancelier de France.

Histoire[modifier | modifier le code]

De la propriété monastique à la carrière de pierre (v.1150-1960)[modifier | modifier le code]

La toponymie est incertaine : une hypothèse évoque le nom germanique Aita, trouvé sous la forme d'Aytam dans la charte de 1162 et récurrent pour désigner le lieu-dit[1].

Fondée grâce à diverses donations[2] sur des ruines romaines entre 1150 et 1162, date à laquelle la grange apparaît dans un diplôme de confirmation de Louis VII et donc peu après la "révolution agricole médiévale" qui trouve un point d'orgue dans les défrichements du XIIIe siècle[3], l'établissement est édifié à une journée de marche de son abbaye mère, les Vaux-de-Cernay, pour éviter des liens de domination trop lâches. De lui dépendaient des établissements plus petits, comme Chamborz, Lapendie, Tronchay ou Sablon de Berchères. Confiée à une dizaine de frères convers ou "frères lais", c'est-à-dire des moines dévolus aux tâches physiques et aux travaux des champs, la grange totalisant 130 hectares est affermée dans les années 1450 et régulièrement visitée par les moines, comme en 1517 lorsque le bailleur du moment, un certain Jean Hervé, détaille minutieusement les réparations qu'il a effectué sur les bâtiments en échange d'une remise en fermage. Au moins jusqu'au XIXe siècle, le domaine dispose ainsi d'un étang aménagé de vannes, d'un moulin encore non localisé et d'une chapelle Sainte-Anne patronnant l'importante foire de Jouars jusqu'au XVIIIe siècle[4].

Vue de l'église Saint-Martin de Jouars-Pontchartrain depuis la ferme d'Ithe, au nord-ouest.

En 1692, le futur chancelier Louis II Phélypeaux rachète les terres pour les rattacher au domaine du Château de Pontchartrain et ainsi faire émerger un ensemble foncier cohérent dans la région, qui devient un laboratoire d'agronomie pour physiocrates[5]. La famille doit abandonner ses biens en 1801, qui passent de propriétaires en propriétaires avant deux incendies accidentels en 1944 et 1960, menant à la désertion du site qui sert alors de décor pour Paris brûle-t-il ? de René Clément (1966).

Mises en valeur[modifier | modifier le code]

Construite en majorité en pierre meulière très recherchée pour sa solidité, la ferme est pillée pendant des années et est utilisée comme carrière de pierres par le voisinage. La découverte du site antique de Diodurum en 1975 y met en lumière le potentiel archéologique, et le groupe Rempart incarné par l'APSADiodurum fouille régulièrement les bâtiments depuis 2003.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Lucien Merlet, Auguste Moutié et Albert de Luynes, Cartulaire de l'abbaye de Notre-Dame des Vaux de Cernay..., Paris, Plon, (lire en ligne), p. 329
  2. Auguste Moutié, Chevreuse: Recherches historiques, archéologiques et généalogiques, première partie, Rambouillet, Imprimerie de Raynal, , 572 p. (lire en ligne), p. 524
  3. Georges Duby, « La révolution agricole médiévale », Revue de géographie de Lyon, vol. 29, n°4.,‎ , p. 361-366 (lire en ligne)
  4. Jérôme Blachon, « Des cisterciens aux seigneurs laïques : histoire de la ferme d'Ithe (XIIe – XVIIIe siècles). », Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et Île-de-France, vol. 49,‎
  5. Olivier Blin, « Le site de la Ferme d’Ithe et l’agglomération antique de Diodurum (Le Tremblay-sur-Mauldre / Jouars-Pontchartrain, 78, Yvelines). Sources historiques, sources archéologiques et données architecturales pour un projet d’étude et de mise en valeur. », Circé, n°5,‎ (lire en ligne)

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]