Génia Lioubow

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Génia Lioubow
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Génia Lioubow (née le à Champigny-sous-Varennes[1], décédée le 19 août 1944 à Villeneuve-lès-Avignon[2]), ou Marie Louise Eugénie Mazelin de son nom civil[3], est une personnalité française de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle.

Biographie[modifier | modifier le code]

Génia Lioubow arrive à Paris à l'âge de 25 ans, sans famille et sans connaissance, après, selon ses propos, avoir beaucoup voyagé notamment en Russie[4]. Installée 6 rue Gustave-Courbet[5], elle est rapidement connue, sous le surnom qu'elle s'est donné[4], comme une chiromancienne en vogue dans les milieux politique et artistique parisiens[6],[7].

Elle signe en 1902, dans la rubrique « Physiognomonie » de la revue de Gaston Méry L'Écho du merveilleux, un article consacré à Édouard Drumont[8]. Suivent dans la même rubrique au cours de l'année 1902 des articles consacrés sous sa signature à Jean Jaurès, Nicolas II, François Joseph, Édouard VII, Victor-Emmanuel III, François Coppée, Jules Lemaître, Henri Rochefort[9], Paul Kruger, Wilhelmine de Hollande Élisabeth de Roumanie, Paul Decauville, Henrik Ibsen, Gabriele D'Annunzio, Léon Tolstoï, Eleonora Duse et Camille Pelletan[10]. Édouard Drumont préface son ouvrage L'Art divinatoire. Les visages et les âmes publié l'année suivante par Flammarion[11]. Elle annonce la préparation d'un essai de théosophie, le Désir infini, d'un volume de contes et de nouvelles en vers, les Heures d'Éros et d'un roman, Béatrice[4] qui semblent ne pas avoir paru.

En 1914 Génia Lioubow rencontre Elsa Koeberlé à l'occasion d'une conférence qu'elle donne à Strasbourg à propos de son ouvrage[12] à la demande du docteur Koeberlé[13]. Les deux femmes se retrouvent à Paris qu'elles quittent fin 1915 pour le Midi de la France. Elles font la connaissance, au Grand-Hôtel des Lecques[14] à Saint-Cyr-sur-Mer, de Gustave Fayet qui acquiert pour elles au printemps 1916 l'abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon[12]. Prétendant appartenir à la famille impériale russe et fuir les persécutions bolchéviques[3], elle apprend à Gustave Fayet, qui avait dû abandonner les forêts de séquoias acquises en Perse dans le sud de la mer Caspienne, leur station balnéaire étant bombardée par une canonnière russe, qu'elle se trouvait à bord de cette canonnière avec le grand-duc Paul qui n'admettait pas d'ingérence sur ses territoires[15]. Elsa Koeberlé et Génia Lioubow vivent à l'abbaye jusqu'à leur mort, entourées d'intellectuels et d'artistes tels que le grand couturier avignonnais Jean Sully-Dumas[3].

Selon Roseline Bacou, Génia Lioubow, née « de parents décédés », pourrait être l'enfant illégitime d'un membre de la famille impériale russe. Elle aurait vécu en Russie jusqu'en 1898 ce qui expliquerait le fait qu'elle parle et écrive aussi bien le russe que le français et, qu'appartenant à un milieu aisé, elle ait pu commencer des études de médecine. Lors de son retour en France une rente lui aurait été versée, ne lui permettant pas une vie facile[13]. Elle est patronnée par la comtesse Greffulhe qui semble être la seule à connaître ses origines et à pouvoir expliquer son titre d'« Altesse impériale »[15].

Charles Terrin, président de l'académie de Nîmes, évoquant le mont Andaon dans La Croix en 1936, présente Génia Lioubow comme la maîtresse d'œuvre avec Elsa Koeberlé de la restauration de l'abbaye mais également comme un grand peintre qui ne se réclame d'aucune école mais retrouve les procédés des primitifs et prend pour modèle les frères Hubert et Jan van Eyck, qualifiant son art de « panréalisme », terme qu'elle revendique[16]. L'article de Charles Terrin est publié la même année dans La Phalange, la revue du symbolisme[17].

Génia Lioubow meurt le [13]. Elsa Koeberlé fait appel au gendre de Gustave Fayet, Paul Bacou, ministre plénipotentiaire, qui obtient l'autorisation de faire enterrer leur amie dans les jardins de l'abbaye[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. État civil numérisé de Champigny-sous-Varennes, vue 16/112.
  2. « Il y a près d’un siècle à l’abbaye, Elsa et Génia », Midi libre,
  3. a b et c Nelcya Delanoë, D'une petite rafle provençale..., Paris, Éditions du Seuil, , 219 p. (ISBN 978-2-02-111383-9, BNF 43586818, lire en ligne), note 16
  4. a b et c Aliane Jacobson, « Nos célébrités contemporaines. Une chiromancienne », Le Journal du dimanche : gazette hebdomadaire de la famille,‎ , lire en ligne sur Gallica
  5. « Annuaire des gens de lettres », Annuaire des gens de lettres et des dessinateurs,‎ , lire en ligne sur Gallica
  6. Santillane, « La vie parisienne. Une chiromancienne », Gil Blas,‎ , lire en ligne sur Gallica
  7. « À la Bodinière », La Justice,‎ , lire en ligne sur Gallica
  8. Génia Lioubow, « Physiognomonie. VIII. Édouard Drumont », L'Écho du merveilleux,‎ , lire en ligne sur Gallica
  9. Table des matières lire en ligne sur Gallica
  10. Table des matières lire en ligne sur Gallica
  11. Génia Lioubow (proposé par Édouard Drumont), L'Art divinatoire. Les visages et les âmes, Paris, Flammarion, , 532 p. (BNF 30822875)
  12. a b et c Gisèle Loth, « Elsa Koeberlé. Une vie comme un poème », sur gisele-loth.com
  13. a b et c Roseline Bacou (dir.), « L'abbaye Saint-André de la Révolution à nos jours », dans Guy Barruol, Roseline Bacou, Alain Girard, L'Abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon : histoire, archéologie, rayonnement : actes du colloque interrégional tenu à l'occasion du millénaire de la fondation de l'Abbaye, 999-1999, Villeneuve-lès-Avignon, 24-26 septembre 1999, Mane, Les Alpes de lumière, coll. « Les cahiers de Salagon », , 448 p. (ISBN 2-906162-54-X, BNF 37644971, lire en ligne)
  14. « Station balnéaire des Lecques », notice no IA83000432, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  15. a et b Mario d'Angelo, La Musique à la Belle-Époque : autour du foyer artistique de Gustave Fayet, Béziers-Paris-Fontfroide, 1898-1914, Paris, Le Manuscrit, , 173 p. (ISBN 978-2-304-04152-1, BNF 43625731, lire en ligne)
    Textes réunis et édités par Mario d'Angelo avec le concours de l'Observatoire musical français publiés à l'occasion de la journée d'étude du 22 novembre 2008, Fontfroide, organisée par l'Association du musée d'art-Gustave Fayet
  16. Charles Terrin, « Terrasses sur le Rhône », La Croix,‎ , lire en ligne sur Gallica
  17. Le même article du même auteur dans La Phalange, 15 juin 1936, lire en ligne sur Gallica