Francisca Sandoval

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Francisca Sandoval
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Francisca Sandoval, née à Santiago le et décédée le , était une journaliste du média chilien Señal 3 La Victoria, après avoir été grièvement blessée par un tir à la tête le 1er mai 2022, alors qu'elle couvrait la manifestation pour la journée internationale des travailleurs. Son assassinat a profondément heurté le Chili, puisqu'il s'agit de la première journaliste assassinée depuis le retour de la démocratie dans le pays. Sa mort a suscité une crise politique dans les communes du Quartier Meiggs et Gare Centrale à Santiago.

L'affaire Francisca Sandoval est toujours ouverte et le principal suspect de son assassinat, Marcelo Oranger, se trouve en détention provisoire en l'attente de son jugement. Au début considéré comme une tentative de meurtre, le chef d'accusation a été requalifié en homicide après la mort de la journaliste le 12 mai 2022[1].

Contexte[modifier | modifier le code]

La manifestation pour la journée internationale des travailleurs a occasionnée des affrontements entre des manifestants et des vendeurs de rue, lesquels ont fait usage d'armes à feu[2]. D'après certaines médias, l'affrontement aurait débuté après que certains manifestants aient pillé certains marchands ambulants.

Le quartier Meiggs connaît des problèmes de sécurité à cause d'un groupe criminel organisé ayant pris le contrôle de certains lieux et activités commerciales[3]. Un des leaders du groupe est arrêté en mars 2022 après l'assassinat d'un marchand ambulant du quartier[4].

Rue Bascuñán Guerrero dans le quartier Meiggs

En raison de l'apparition de ce groupe criminel dans le quartier, le Gouvernement du Chili avec la Municipalité de Santiago , a mené des opérations policières pour stopper les activités des marchands aux auvents bleus, affiliés à ce groupe criminel[5]. Si l'opération semble avoir été un succès pendant quelques temps, le groupe a repris ces activités et certains marchands aux auvents bleus (signe caractéristique de l'appartenance à ce groupe criminel) sont réapparu la veille de la célébration de Halloween en 2022[6].

Barricade contre l'expulsion des marchands auvents bleus

Les évènements[modifier | modifier le code]

Francisca Sandoval reçoit un tir dans la tête en marge de la manifestation[7]. Elle est emmenée en urgence à l'Hôpital de la Posta Central[8]. Au moins deux autres journalistes, Roberto Caro, du site Piensa Prensa et Fabiola Moreno, journaliste de Radio 7 de Puente Alto sont également blessés par balles

Les carabiniers annoncent que deux personnes suspectées d'avoir tirées les coups de feux, de nationalité colombienne et vénézuélienne, ont été arrêtées et emmenées au troisième commissariat de Santiago[9].

Au total, 11 personnes ont été vues en train de faire usage d’armes à feu contre les manifestants[10].

Dans la nuit du 1 mai, le président du Chili, Gabriel Boric, est interviewé par la Télévision Nationale et il délivre un message de soutien à la famille de Francisca Sandoval, en signalant que le gouvernement fera tout ce qui est nécessaire pour justice soit faite.

Le 2 mai, L'hôpital communique un rapport médical indiquant que l'état de santé des deux autres personnes blessées c'est amélioré mais que Francisca Sandoval se trouve dans un état critique[11].Dans la matinée, les deux suspects de la fusillade sont assignés à résidence.

Dans la nuit du 2 mai, le principal suspect est arrêté par la police judiciaire de la commune de Pedro Aguirre Cerda.

Le 3 mai, le Président Gabriel Boric a rendu visite à Francisca Sandoval à l'hôpital de la Posta Centrale et s'est entretenu avec la famille[12].

Le 7 mai, des manifestations spontanées s'organisent sur la place Baquedano et à proximité de l'hôpital de la Posta Centrale, en soutien à la journaliste et pour réclamer que la justice soit faite sur cette affaire[13].Finalement, le 12 mai, La chaîne de télévision Canal 3 la Victoria annonce le décès de la journaliste à l'hôpital de la Posta Centrale.

Avec la mort de Francisca Sandoval, le principal suspect est désormais suspecté de d'homicide d'involontaire et demeure en détention provisoire dans l'attente de son procès.

Victime[modifier | modifier le code]

Jusqu'à sa mort, Francisca Sandoval a travaillé comme reporter pour le média communal Signal 3 de la Victoria, un média indépendant situé dans la commune de Pedro Aguirre Cerda et fondé en 1997[14].

Bien que n'ayant pas fait d'étude de journalisme, Elle a terminé ses études secondaires en 2009 puis a étudié la psychologie à l'Université d'Arcis en 2011[15]. C'est au cours de ses études universitaires qu'elle commencera à participer plus activement aux manifestations et développera également un fort sens de la justice sociale, ce qui l'amènera à participer aux pots communaux et aux assemblées locales.

Par exemple, le 28 novembre 2012, alors que Francisca Sandoval manifestait contre la loi sur la pêche devant l'ancien Congrès national, elle a été renversée par un motocycliste de la police et a dû être transférée dans un centre d'assistance[16].

Le coupable de l'accident, le lieutenant Nicolás Martin, qui avait également renversé 3 autres personnes, a été condamné à 41 jours de prison, qu'il a purgé en liberté. En raison de ce qui s'est passé, Sandoval a exprimé son sentiment de ne pas se sentir protégée par les carabiniers et a également indiqué que l'accident qu'elle a subi était intentionnel[17].

Impact de sa mort dans le classement de la liberté de presse[modifier | modifier le code]

Francisca Sandoval est devenue la première journaliste assassinée depuis le retour de la démocratie. Suite à son décès, le Chili a considérablement chuté dans le classement de la liberté de la presse établi par l'Association de la presse interaméricaine[18]. Par ailleurs, dans le classement mondial 2022 de Reporters sans frontières, le Chili a perdu 28 places et se classe 82e en termes de liberté de la presse[19].

José Carrasco Tapia (1943 – 1986) était le dernier journaliste assassiné au Chili. Carrasco faisait parti de la liste des 36 journalistes assassinés et disparus sous la dictature d'Augusto Pinochet[20].

Réactions[modifier | modifier le code]

Le décès de Francisca a entraîné des réactions de nombreuses personnalités publiques. Parmi elles, la médecin et ancienne ministre de l'Intérieur, Izkia Siches[21], la porte-parole du gouvernement, Camila Vallejo[22] et l'avocate Antonia Urrejola.

La lauréate du Prix national de journalisme, Mónica González, a présenté ses condoléances ainsi qu'un message de réflexion sur le journalisme au Chili, affirmant que : « lorsque des journalistes sont tués, c'est la démocratie qui meurt », et a également souligné que ce qui est arrivé à la journaliste constituait une étape importante dans l'histoire du journalisme au Chili[23].

Le Collège des Journalistes du Chili s'est déclaré en deuil et a également annoncé l'élaboration d'une loi pour protéger les journalistes et les personnes travaillant dans le secteur des médias[24].

Le 18 mai 2022, L'UNESCO publie un communiqué de presse demandant une enquête sur la mort de la journaliste Francisca Sandoval au Chili[25]. La directrice générale de l'UNESCO, Audrey Azoulay déclare :

« Je déplore la mort de Francisca Sandoval. Il est à la fois légitime et nécessaire pour les journalistes de rendre compte des événements, y compris les manifestions, et il incombe aux autorités de les protéger. Les auteurs du meurtre de Francisca Sandoval doivent être traduits en justice. »

Le lendemain de son décès, des échauffourées avec les forces de l'ordre ont éclaté après un rassemblement d'hommage[26].

Le principal suspect[modifier | modifier le code]

Le meurtrier présumé de Francisca Sandoval est Marcelo Naranjo Naranjo, né en 1980, un marchand ambulant du quartier de Meiggs, connu dans le monde criminel sous le surnom de "el tab". Ce n'est pas la première fois que Marcelo Naranjo doit comparaître devant la justice. Il a été condamné à 4 ans de prison pour trafic de stupéfiant et est sorti de prison en 2019. Le meurtrier présumé a également un casier judiciaire à cause de la violation de la loi sur le port d'armes et pour vol.[27]

Marcelo est père de deux enfants. Pendant son enfance il accompagnait sa mère travailler comme marchande ambulante à la Gare Centrale. À l’âge de 13 ans, il abandonne ses études scolaires et tombera dans la délinquance et la consommation de drogue[28].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Marcelo Naranjo será reformalizado por homicidio consumado a periodista Francisca Sandoval », BioBioChile Televisión (consulté le )
  2. José Carvajal y Leslie Ayala, « Expediente Meiggs: el minuto a minuto de una jornada violenta en el epicentro del comercio ilegal », La Tercera, (consulté le )
  3. (es) « "Toldos azules" vuelven al barrio Meiggs: comercio establecido acusa poca presencia de Carabineros », BioBioChile - La Red de Prensa Más Grande de Chile, (consulté le )
  4. (es) « Detienen a acusado por homicidio de líder de banda que arrienda toldos azules en Barrio Meiggs », BioBioChile - La Red de Prensa Más Grande de Chile, (consulté le )
  5. (es) El Mercurio S.A.P, « Realizan operativo nocturno para retirar toldos azules del barrio Meiggs: En uno se hallaron armas blancas | Emol.com », Emol, (consulté le )
  6. (es) CHVNoticias.cl, « En la previa de Halloween: Crece preocupación por retorno de toldos azules a Meiggs », CHVNoticias.cl (consulté le )
  7. Christophe Paget, « A la Une: au Chili, la mort de la journaliste Francisca Sandoval », (consulté le )
  8. T13, « Día del Trabajador: Periodista de medio independiente en riesgo vital tras ser baleada », https://www.facebook.com/teletrece (consulté le )
  9. (es) « Quién es Francisca Sandoval, la periodista baleada en Meiggs el 1 de mayo », EL DÍNAMO (consulté le )
  10. Reporter sans frontières, « Chili : Blessée par un tir lors des manifestations du 1er mai, la journaliste Francisca Sandoval succombe à ses blessures à l'hôpital » (consulté le )
  11. (es) « ExPosta Central actualiza estado de salud de periodista baleada en barrio Meiggs », El Desconcierto - Prensa digital libre (consulté le )
  12. (es) « Presidente Boric visitó a Francisca Sandoval, periodista herida durante ataque en Meiggs | Crónica », La Cuarta (consulté le )
  13. (es) El Mercurio S.A.P, « Manifestaciones en Plaza Italia y fuera de la Posta Central: Un detenido, tres carabineros lesionados y saqueo a una farmacia | Emol.com », Emol, (consulté le )
  14. (es) « Nosotros – Canal 3 La Victoria » (consulté le )
  15. Gianluca Parrini y Paz Radovic, « Los años universitarios de Francisca Sandoval », La Tercera, (consulté le )
  16. (es) C. N. N. Chile, « Motorista de Carabineros atropelló a una joven en plena protesta contra la Ley de Pesca », CNN Chile (consulté le )
  17. (es) La Voz de los que Sobran, « El atropello que en 2012 sufrió la periodista Francisca Sandoval a manos de Carabineros », La Voz De Los Que Sobran, (consulté le )
  18. « Sombrío escenario para la libertad de prensa en la región », La Tercera, (consulté le )
  19. (es) El Mercurio S.A.P, « Chile baja 28 puestos en ranking mundial de libertad de prensa: Situación es catalogada de "problemática" | Emol.com », Emol, (consulté le )
  20. « PERIODISTAS MUERTOS Y DESAPARECIDOS EN CHILE », www.infoamerica.org (consulté le )
  21. (es) ADN, « Ministra Siches y muerte de Francisca Sandoval: », ADN (consulté le )
  22. (es) Cooperativa.cl, « Camila Vallejo y el asesinato de Francisca Sandoval: "No descansaremos hasta que haya justicia" », Cooperativa.cl (consulté le )
  23. (es) ADN, « El mensaje de Mónica González por la muerte de Francisca Sandoval: », ADN (consulté le )
  24. « Comunicado Público: Colegio de Periodistas de Chile se declara en duelo por asesinato de Francisca Sandoval » (consulté le )
  25. UNESCO, « La Directrice générale de l’UNESCO demande une enquête sur la mort de la journaliste Francisca Sandoval au Chili », (consulté le )
  26. Euronews, « Chili : mobilisation et incidents après le décès de la journaliste Francisca Sandoval », (consulté le )
  27. John Bartlett, « Chilean journalist dies after being shot while covering Workers’ Day marches », sur The Guardian, (consulté le )
  28. (es) « Informe de Gendarmería: El perfil sicológico y delictual del comerciante acusado de disparar a una periodista en el Barrio Meiggs | Ex-Ante », www.ex-ante.cl, (consulté le )