Francesco Mengotti

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Francesco Mengotti
Titre de noblesse
Comte
Biographie
Naissance
Décès
(à 80 ans)
Milan
Nationalité
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Francesco, comte Mengotti, francisé en « François Mengotti » (né le à Fonzaso, dans l'actuelle province de Belluno, en Vénétie, alors dans la république de Venise et mort à Milan le ) est un avocat, économiste, ingénieur et homme politique italien des XVIIIe et XIXe siècles.

Biographie[modifier | modifier le code]

Célèbre ingénieur hydraulique, Francesco Mengotti naquit vers le milieu du XVIIIe siècle, dans les États de Venise. Il étudia d'abord dans sa patrie la jurisprudence et les lettres avec un succès brillant.

Économiste[modifier | modifier le code]

Ayant acquis une grande réputation comme jurisconsulte, il se fit presque aussitôt un nom dans les lettres par deux Mémoires qui remportèrent les prix proposés par des académies françaises.

Le premier sur le commerce des Romains, couronné par l'Académie des inscriptions et belles-lettres de France (prix 1787), « Del commercio de'Romani dalla prima guerra punica a Costantino » (Quel fut l'état du commerce chez les Romains depuis la derniere guerre punique jusqu'à l avènement de Constantin à l'empire)[1], où il s'exprime en ces termes[2] :

« Dans le petit nombre d'objets fabriqués par les Romains, il ne pouvait y avoir ni goût, ni dessin, ni finesse, ni grâce, parce qu'ils ne connaissaient ni les beaux-arts, ni les lettres, ni les sciences. La peinture fut presque inconnue pendant cinq siècles à Rome. Un certain Fabius fut surnommé le Peintre, pour avoir le premier, parmi les Romains, barbouillé les murs du temple de la déesse de la Santé, au milieu du cinquième siècle de la fondation de Rome, encore bien que, par rapport à lui, les premiers élèves de Cimabue eussent été des Titien et des Paul Véronèse. Ce Fabius et le poète Pacuvius forment la série des peintres de Rome tant que dura la république ; ils ont l'honneur d'être les premiers, les derniers et les seuls. Après eux, on ne trouve pas un seul peintre parmi les Romains, même dans les siècles de luxe, alors qu'ils faisaient étalage, dans leurs superbes portiques, des plus fameux tableaux de la Grèce dépouillée[3]. Cicéron avoue que la peinture fut toujours négligée à Rome, parce qu'on la regardait avec mépris, et comme un art qui ne convenait qu'à un peuple faible et avili[4]. »

Le second, sur l'administration du grand Colbert, « Il colbertitmo, ossia délia libertd di commercio de' prodolli delta terra, diseertazione di Francesco Mengotti. » (Le colbertisme, ou de la liberté du commerce des produits de la terre), fut provoqué par un concours[5] de l'Accademia dei Georgofili de Florence, qui le couronna en 1791. Cet écrit, divisé en douze chapitres, traite successivement de l'importance du sujet, de la richesse d'une nation, de la concurrence, des manufactures, des productions de la terre, de l'industrie manufacturière, de l'exportation des matières premières, des corps d'arts et métiers, de l'origine du colbertisme. L'auteur combat les entraves apportées au commerce dans des vues de protection pour les arts manufacturiers ; il montre que l'or et l'argent ne sont pas les seules richesses, que la richesse réside dans une grande production, et que la meilleure manière d'accroître cette production, c'est la liberté. Il y discute de la question de savoir s'il valait mieux protéger l'agriculture que le commerce, et conclut par l'affirmative.

Sénateur du Royaume[modifier | modifier le code]

Dès l'origine de la Révolution, il s'en montra, comme tant d'autres, le zélé partisan, et fut membre du gouvernement provisoire de Venise. Après le traité de Campo-Formio, il se retira dans ses foyers et s'y livra à l'étude et à l'exercice de sa profession.

Napoléon Ier, informé de son mérite, voulut mettre ses lumières à profit. Il l'invita à se rendre à Milan, l'employa dans l'administration, et le nomma ensuite sénateur dès la formation de ce corps, le .

Mengotti avait déjà reçu les décorations de chevalier de la Légion d'honneur et de l'ordre de la Couronne de fer ; et alors, il fut créé comte du Royaume et membre du collège électoral de la Piave.

Ingénieur hydraulicien[modifier | modifier le code]

En 1810, il publia le premier tome in-4° d'un grand ouvrage scientifique, qui, les années suivantes, fut porté à trois volumes, sous le titre modeste de « Saggio sulle acque correnti » (Essai sur les eaux vives). Dans cet écrit, non seulement il offrit tout ce que les Italiens ses prédécesseurs, qui ont donné naissance à la « science de régler et maîtriser les fleuves impétueux » (voir Hydraulique fluviale), avaient enseigné pour empêcher leurs ravages ; il y ajouta encore des idées nouvelles, et l'on jugea qu'il avait surpassé les Cornaro, les Lupicini, les Cartelli, par la profondeur des vues et surtout par l'agrément et l'élégance du style. Le second tome parut en 1811. Dans le troisième, qui fut publié en 1812, l'auteur exposa diverses expériences faites sur les cours des fleuves, sur leurs confluents, leurs déviations, les causes de l'élévation et de la vélocité qu'ils acquièrent en diverses circonstances. C'est là qu'il fait sentir combien il importe de remonter jusqu'au berceau des fleuves, sur les montagnes, pour commencer à les maîtriser, en les y environnant d'obstacles tels que des arbres ou des arbustes, comme la nature y avait pourvu à l'origine ; par où l'on comprend que Mengotti se récriait fort contre la cupidité si ardente à dépouiller les montagnes de ces ornements utiles.

Ce dernier volume est enrichi de cinq tables arithmétiques, où sont calculées, d'après des expériences, les hauteurs et les vélocités diverses des eaux courantes. En Allemagne, on se hâta de traduire cet important ouvrage, qui méritait de l'être en français. Gaspard de Prony, qui exécuta sur le , en même temps que Mengotti, des travaux analogues, faisait beaucoup de cas de son livre.

Le comte Mengotti était, à l'époque de la chute de Napoléon Ier, l'un des secrétaires du Sénat, et membre de l'Institut de Milan.

En 1814, il incorpora l'Académie nationale des sciences (Italie). Il était également membre de l'Accademia Galileiana di Scienze Lettere ed Arti in Padova (Padoue), de l'Académie des géorgophiles de Florence, de l'Académie d'agriculture de Vérone (it).

Œuvres[modifier | modifier le code]

Liste non exhaustive :

  • (it) Francesco Mengotti, Il Colbertismo,  ;
  • (it) Francesco Mengotti, Del commercio de'Romani ed il Colbertismo, Soc. Lettere e Tipograf., , 4e éd., 380 p. (lire en ligne) ;
  • (it) Francesco Mengotti, Scrittori classici italiani di economia politica, Nella stamperia e fonderia di G. G. Destefanis, (lire en ligne) ;
  • (it) Francesco Mengotti et Francesco Cardinali, Nuova raccolta d'autori italiani che trattano del moto dell'acque : Idraulica fisica e sperimentale, vol. 1, Marsigli, , 4e éd., 304 p. (lire en ligne) ;
  • (it) Francesco Mengotti et Cesare Beccaria, Elementi Di Economia : Pubblica Di Cesare Beccari, Tipografia economica, , 355 p. (lire en ligne) ;
  • (it) Francesco Mengotti, Ragionamento Presentato Alla Real Società Economica Fiorentina Pel Concorso Al Problema Del 1791 E D, BiblioBazaar, , 188 p. (ISBN 978-1-117-67734-7) ;

Titres[modifier | modifier le code]

Armoiries[modifier | modifier le code]

Figure Blasonnement
Armes de comte du Royaume,

Écartelé : au 1, des comtes sénateurs (du Royaume) ; au 2, d'azur au fleuve personnifié versant de l'eau d'une urne et attaché d'une chaîne, le tout d'argent ; au 3, gueules à deux plumes et une griffe d'argent ; au 4, de sinople à deux barres d'argent.[6],[7]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Louis Pascal de Jullian, Galerie historique des contemporains : Nouvelle biographie dans laquelle se trouvent réunis les hommes morts ou vivans, de toutes les nations, qui se sont fait remarquer à la fin du XVIIIe siècle et au commencement du XIXe, par leurs écrits, leurs talens, leurs vertus ou leurs crimes, vol. 7, , 2e éd. (lire en ligne) ;
  • Charles Jean Lafolie, Histoire de l'Administration du royaume d'Italie pendant la domination française, Audin, , 316 p. (lire en ligne) ;
  • Charles Coquelin et Gilbert-Urbain Guillaumin, Dictionnaire de l'économie politique, vol. 2, Guillaumin et Cie., , 2e éd. (lire en ligne) ;
  • Joseph François Michaud et Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne : ou, Histoire, par ordre alphabétique, de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, vol. 73, Michaud frères, (lire en ligne) ;
  • Pierre Clément, Histoire du système protecteur en France : Histoire du système protecteur en France depuis le ministère de Colbert jusqu'à la révolution de 1848 suivi de pièces, mémoires et documents justificatifs, Guillaumin, , 371 p. (lire en ligne) ;
  • Antoine Jules Dumesnil, Histoire des plus célèbres amateurs italiens (français, étrangers) et de leurs relations avec les artistes, (lire en ligne) ;
  • (it) Oscar Nuccio, Francesco Mengotti : in Scrittori classici, cit., parte moderna, t. 33, Rome, , p. I-XL. ;

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Du commerce des Romains depuis la première guerre punique jusqu'à Constantin, Vérone, imprimerie de Giuliari. 1797. Une édition a été faite à Venise en 1803 : elle est annoncée comme augmentée et revue par l'auteur; mais cette indication serait fausse, au dire de Cuslodi, éditeur de la collection des Scrittori italiani di Economia politica.
  2. M. D., Académie des inscriptions et belles-lettres, Tableau général, raisonné et méthodique des ouvrages contenus dans le recueil des Mémoires de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres, depuis sa naissance jusques et compris l'année 1788, servant de supplément aux tables de ce recueil, de l'imprimerie de Pierre Didot l'Ainé, , 416 p. (lire en ligne)
  3. « Pictura posteà non est spectata honestis manibus ; ea res in risu et contumelia erat. »
    Source
    (la) Pline l'Ancien, Naturalis Historiæ, Livre XXXV, Chap. VII
  4. « An censemus si Fabio laudi datum esset quod pingeret, non multos, etiam apud nos, Polyeletos et Parrhasios fuisse ? Honos ulit artes... »
    Source
    (la) Cicéron, Tusculanes quœst., Livre I, Chap. II
  5. En 1791, l'Académie des georgophiles de Florence mis au concours la question suivante : Si un État susceptible de voir augmenter sa population et les productions de son territoire, arrive mieux à ces deux buts en favorisant les manufactures par des entraves sur le commerce ou par une entière et parfaite liberté commerciale.
  6. Armorial du Souvenir
  7. Albert Révérend, Armorial du Premier Empire : titres, majorats et armoiries concédés par Napoléon Ier, vol. 3, Paris, (4 vol. in 2) Au bureau de L'Annuaire de la noblesse, (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]