François Willème

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François Willème
François Willème, Autoportrait (détail), photosculpture,
Rochester, George Eastman House[1].
Naissance
Décès
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RoubaixVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Schéma explicatif de la technique de la photosculpture[2].

François Willème, né à Sedan le , mort à Roubaix le [3], est un peintre, photographe et sculpteur français, inventeur de la photosculpture[4] vers 1859-1860.

Biographie[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

François Willème est le fils d’un débitant de boissons. Il est l'élève d'Henri Félix Emmanuel Philippoteaux à l’École des beaux-arts de Paris.

Photosculpture[modifier | modifier le code]

François Willème invente la photosculpture vers 1859-1860. Il en dépose le brevet en France le [5], et aux États-Unis le [6].

Le , dans un article du Moniteur de la photographie intitulé « La photo-sculpture, art nouveau imaginé par M. François Willème »[7], François Moigno donne la description d'un procédé inventé par Willème qui combine l'usage de la photographie et du pantographe[8] et lui permet d'obtenir « de la sculpture exactement semblable au modèle (vivant ou inerte) ». Théophile Gautier qualifie son invention de "prodige" dans le Moniteur universel en 1863[9].

Willème participe à l'Exposition universelle de 1867. Son procédé est l'ancêtre de l'impression 3D[réf. nécessaire]. C'est un grand succès qui amène la célébrité de son inventeur. Parmi ses clients on peut distinguer Charles de Morny, Rainulphe d'Osmond, Sosthène II de La Rochefoucauld, Théophile Gautier, Bernard Pierre Magnan, Ferdinand de Lesseps ou Augustine Brohan. L'atelier parisien de photosculpture ouvert par Willème en 1862 au no 42 avenue de Wagram (alors appelé boulevard ou avenue de l'Étoile) ferme en 1867, malgré le soutien des critiques, artistes et entrepreneurs[10]. Après le départ de Willème en 1869, la société de photosculpture poursuit son activité sans lui. Sa succursale au no 35 boulevard des Capucines fonctionne au moins jusqu'en août 1874[11].

Retour à Sedan[modifier | modifier le code]

Willème retourne vivre dans sa ville natale en 1869. Là, il s'associe avec un photographe, puis donne des cours de dessin au collège Turenne. Il meurt à Roubaix le .

Récompenses[modifier | modifier le code]

Au cours de sa carrière de photosculpteur, François Willème est récompensé par des médailles aux expositions, et reçoit les insignes de l'ordre de Charles III d'Espagne[4].

Postérité[modifier | modifier le code]

Le Temps, [12].
Le Rappel, [13].

En 1899, L. P. Clerc, dans La Science française[14] reconnait que la photosculpture est « la tentative la plus ancienne » pour « obtenir une image en relief sculptural, ronde bosse ou bas-relief du modèle vivant, par l'emploi de méthodes photographiques », mais qu'elle « échoua par suite de sa complication inouïe ». Et lui oppose une nouvelle technique, à son avis plus simple et facile d'emploi, inventée par le photographe Lernac et développée par Nadar : la photostérie.

Après avoir connu la célébrité, l’œuvre de François Willème est par la suite oubliée. Sa nécrologie en 1905, dans Le Rappel, la réduit à une technique concernant seulement portraits en bustes et statuettes[13]. Un article du journal Le Temps, le , parlant d'un nouveau procédé de photosculpture, l'évoque comme une parfaite nouveauté. Et ignore l'invention de François Willème[15].

Le , Gabriel Cromer présente à la Société française de photographie une communication intitulée François Willème, inventeur de la photosculpture.

La ville de Sedan conserve, œuvres de Willème, des bustes (Cunin-Gridaine, 1890), un tableau (L’Église du collège : chapelle Saint Louis), et trois albums « Depaquit » avec ses photographies des fortifications qu'il réalise après 1880, lors de leur démolition, après la bataille de Sedan. Des photosculptures sont conservées, notamment à Rochester à la George Eastman House, à Paris au musée Carnavalet et au musée Albertina à Vienne en Autriche.

Une version en réalité augmentée a été réalisée et présentée en 2023 dans le cadre de l'exposition Dimensions - Art numérique depuis 1859 à Leipzig[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Reproduction dans Image, Journal of photography and motion picture of the George Eastman House, n°61, mai 1958, p.100.
  2. Illustration de l'article de Gaston-Henri Niewenglowski La Photosculpture, La Science française, Paris 1897, p.293.
  3. Le Figaro, 6 février 1905, p. 2, 2e colonne. Voir l'annonce du décès reproduit sur la base Commons. La date exacte du décès est indiquée sur la notice d'autorité personne de la BNF.
  4. a et b Précisions rapportées imprimées au dos d'une photo de Charles Willème.
  5. The Grove Encyclopedia of Materials and Techniques in Art, publié par Gerald W. R. Ward, page 500, 2e colonne.
  6. Le brevet déposé aux États-Unis porte le n°43 822 et la date du 9 août 1864. Voir la première page du brevet américain reproduit sur la base Commons.
  7. Abbé François Moigno, « Photo-sculpture, art nouveau imaginé par M. François Willème », in Revue photographique, tome 6, 1861, p. 136. Réédition d'un article de la revue Le Cosmos, tome XVIII, 1861, p. 54.
  8. « Nouvelles et faits divers, Bulletin des sciences », in Journal de l'instruction publique, 1861, p. 122.
  9. « PHOTOSCULPTURE - Encyclopædia Universalis », sur www.universalis.fr (consulté le )
  10. Paris en 3 D : de la stéréoscopie à la réalité virtuelle 1850- 2000, dossier de presse de l’exposition tenue du 4 octobre au 31 décembre 2000 à Paris, au musée Carnavalet (en ligne), p. 7.
  11. Argus Chronique, La Semaine des familles, 1er août 1874, page 288, 2e colonne.
  12. Extrait de la rubrique Nécrologie, Le Temps, 6 février 1905, p.3, 5e colonne.
  13. a et b « M. François Willême, l'inventeur de la photosculpture, procédé ayant pour objet la transformation d'une série d'images photographiques d'un même portrait en un buste ou en une statuette, vient de mourir à Roubaix. » Extrait de la rubrique Nécrologie, Le Rappel, 7 février 1905, p.4, 1re colonne. Voir cette nécrologie reproduite sur la base Commons.
  14. L. P. Clerc, « La Photostérie », in La Science française, 1899, p.17-18.
  15. Feuilleton du Temps, 21 janvier 1909, Causerie scientifique, Sciences appliquées, Le Temps, 21 janvier 1909, page 3, 4e et 5e colonnes. Voir l'article reproduit sur la base Commons.
  16. (en-GB) « 'Dimensions: Digital Art Since 1859' by Juliette Wallace » (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François Willème, « La sculpture photographique », Le Moniteur de la photographie, .
  • Jean-Luc Gall, « Photo/sculpture L'invention de François Willème », Études photographiques,‎ (lire en ligne).
  • « La photosculpture », in Dictionnaire mondial de la photographie, Larousse, 2001.
  • Wolfgang Drost, « La photosculpture entre art industriel et artisanat. La réussite de François Willème (1830-1905) », Gazette des Beaux-Arts, no 106,‎ , p. 124-127.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]